mardi 19 novembre 2013

Quand les enfants dépriment - Documentaire ARTE Mercredi 20 novembre

Je ne veux pas mourir, en fait

Laura, 17 ans, et Luis, 10 ans, souffrent de dépression. Ils témoignent à coeur ouvert et nous confient leur mal-être quotidien.
Documentaire diffusé sur ARTE mercredi 20 novembre à 0h05 (53 min)
 
 

Eviter le pire – Prévention dans la pédopsychiatrie

A l’échelon mondial, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 10-24 ans, juste après les accidents. Les experts estiment qu’en Europe, chaque année, quelque 13 500 jeunes mettent fin à leurs jours. Souvent, les motifs du passage à l’acte sont des problèmes psychiques comme la dépression ou l’angoisse. Les personnes présentant une tendance à l’autodestruction - mutilations, excès d’alcool, consommation de stupéfiants - présentent souvent une tendance suicidaire. Afin d’éviter le pire, et aider les personnes concernées, il faudrait parvenir à reconnaître à temps ces conduites à risque.
Mais comment faire se faire entendre des enfants ou les adolescents en danger ?
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Etude : les programmes de prévention en milieu scolaire

« Il existe des programmes de prévention qui tentent de s’adresser aux parents via des campagnes publiques » explique le professeur Romuald Brunner, directeur adjoint de la clinique universitaire de Heidelberg en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Mais les résultats sont rarement au rendez-vous. Souvent, les parents passent à côté des perturbations psychiques qui vont de pair avec un comportement de mise en retrait, la déprime ou les angoisses. Afin d’atteindre les adolescents en danger, il existe des programmes de prévention spécifiques dans les écoles. Les résultats d’une première étude menée au niveau européen devraient montrer si cette approche est prometteuse.
Onze pays ont participé à cette étude, fournissant les résultats de plus de 12 000 jeunes scolarisés âgés de 14 à 16 ans. Les données collectées en Allemagne ont été recensées à Heidelberg par les pédopsychiatres. Les scientifiques ne se sont pas contentés de recenser les comportements des adolescents, ils ont également testé trois différents modèles de prévention. Ils espèrent ainsi parvenir à cerner la meilleure méthode pour ensuite l’envisager comme recommandation au niveau européen.

Les enfants français et allemands sont-ils plus exposés que les autres ?

Dans tous les pays, les participants ont rempli les mêmes questionnaires. Après cette enquête initiale, ils ont participé à l’un des trois programmes. Dans le premier groupe, des enseignants apprenaient à reconnaître les élèves en détresse pour les orienter vers des professionnels. Dans le deuxième groupe, les adolescents ont été sensibilisés à la santé mentale et ont pu tenter, à travers des jeux de rôle, de trouver une aide pour eux-mêmes ou d’aider un ami. Le troisième groupe a participé à un passage au crible professionnel où les experts évaluaient les questionnaires. Lorsqu’un cas laissait planer un doute, les experts invitaient les adolescents à un entretien de consultation. S’il en ressortait que l’adolescent était en danger, il était orienté vers un thérapeute. Les chercheurs ont suivi l’effet des mesures à l’échéance de trois mois et d’un an.
Les conclusions du questionnaire ont montré que, par rapport à leurs homologues européens du même âge, les enfants français et allemands présentaient plus de symptômes dépressifs que la moyenne. Ils évoquent également plus souvent des pensées suicidaires, des tentatives de suicides ou des comportements autodestructeurs : plus d’un tiers d’entre eux se sont déjà intentionnellement tailladés les veines, coupés ou brûlés. 12 % déclaraient même le faire régulièrement. Alors que la moyenne européenne n’est que de 8 %.

L’automutilation est-elle un indice de suicide ?

En plus de la dépression, ce groupe présente également des chiffres élevés en termes d’anxiété et de consommation d’alcool. Les facteurs expliquant ce comportement ne figurent pas dans l’étude. « Certains disent juguler des tendances suicidaires en se tailladant, ce qui les délesteraient de sensations désagréables » explique le professeur Brunner. Et comme ces gestes les délestent de leurs sensations désagréables, ils ont tendance à les reproduire. Mais comme ils ont honte, ils le vivent mal. Ce qui conduit à un cercle vicieux. Car plus une personne se taillade, plus elle risque de faire une tentative de suicide. Pourquoi la moyenne des adolescents pratiquant l’automutilation est bien plus élevée dans certains pays que dans d'autres ? Pour l’heure, les chercheurs ne sont pas en mesure d’expliquer ces écarts. De même, le type d’intervention à recommander dans les pays reste à déterminer.
En Allemagne, les conduites à risques et comportements suicidaires ont diminué après chacune des trois interventions. Les chercheurs ont plus particulièrement observé un effet significatif chez les filles présentes dans le groupe qui visait à développer les facultés des adolescents. « On peut évidemment se demander si ce programme n’a pas donné un poids trop important aux problèmes des filles » concède Brunner.  Il estime qu’une prévention efficace doit non seulement tenir compte des différences entre les sexes, mais également envisager les spécificités culturelles ou nationales ainsi que l’origine sociale.
Article du Dr Laura Vöhringer, psychiatre