Leur fils Gabriel, âgé de 21 ans, s'est suicidé le 9août, en enjambant la balustrade du viaduc. Noémie et Jean-Pierre Hervé ont alors entrepris une démarche singulière: faire pression sur les élus locaux, afin de mettre la question taboue du suicide à l'agenda politique. Leur proposition d'aménager des protections anti-chutes a été évoquée, hier soir, lors du conseil municipal.
Courriers et pétition
«On a envoyé 50 courriers aux conseillers municipaux, communautaires, généraux, députés sénateurs... Pour que le problème des suicides à partir du viaduc soit enfin évoqué», explique Jean-Pierre Hervé. «On a demandé que cette question soit abordée en conseil municipal, à la suite de la réception du courrier du couple Hervé. Il faut prendre acte que le viaduc est un lieu où il y a un nombre important de suicides et de tentatives, et qu'il n'y a jamais eu de débat public sur le sujet. Lesouhait est qu'une étude technique et financière soit lancée, en lien avec les communes de Dinan et Lanvallay, et le conseil général, propriétaire de la route franchissant le viaduc», estime, quant à lui, Michel Forget, chef de file de l'opposition municipale.
«Diminution radicale des suicides impulsifs»
Noémie et Jean-Pierre Hervé font également circuler une pétition, depuis mi-octobre, qui sera remise début décembre à Claudy Lebreton, président du conseil général.
Aménager les édifices d'où des personnes désespérées se donnent la mort, le procédé est déjà utilisé dans certaines villes, notamment à Paris, sur la tour Eiffel, qui est équipée de filets. ÀDinan, l'argument souvent avancé est celui du transfert des suicides, du viaduc à un autre lieu. «Quand il y a une protection, on observe une diminution radicale des suicides dits "impulsifs", ceux qui se fontdans l'instant, lors d'un grand mal-être. On ne peut évidemment pas empêcher de passer à l'acte tous ceux qui organisent leur fin de vie de façon déterminée», indique Jean-Pierre Hervé.
«On traiterait le moyen mais pas la cause»
«Il y a déjà eu des passagesàl'acte de la tour Sainte-Catherine, et même du donjon du château, l'année dernière, précise René Benoit, maire. Onencompte en moyenne cinqpar an, et c'est un chiffre àpeu près constant. Le voeu estformulé pour qu'une réflexions'engage, afin de déboucher sur un projet d'aménagement. Mais quelle protectionchoisir? Il y a des contraintes esthétiques. Il faut éviter lalaideur, tout en ayant l'efficacité. Cependant, avec ces protections, on traiterait le moyen, mais pas la cause des suicides.L'élément le plus important reste la prévention.» Coordonnée par le sous-préfet, une réunion est prévue prochainement entre les parties concernées.