lundi 26 novembre 2012

LIMOUSIN Stress et suicide, deux sujets à traiter

Devant le nombre croissant de suicides en agriculture, la MSA du Limousin a tenu une réunion en présence de professionnels de santé (*).
Surnommée la maladie du siècle, le stress touche tous les secteurs y compris le monde agricole. Le Dr Dupont Cuisinier a présenté les mécanismes du stress comme un facteur d'adaptation au changement. Un état de stress survient lorsqu'il y a déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face.
Plusieurs formes de stress Il existe plusieurs états de stress : le stress simple ou aigu, qui correspond à une menace de courte durée ou un enjeu ponctuel et qui cesse avec la fin de celui-ci (travail urgent, prise de parole…) ; le stress chronique qui s'inscrit dans la durée et dont les effets perdurent sur la santé de l'individu et le stress sur des personnes vulnérables qui correspond à une maladie mentale. La réaction face au stress varie en fonction du tempérament de la personne mais aussi de son environnement social et familial.
Le Dr Dupont Cuisinier a développé, lors de son intervention, les effets sur la santé tels que les symptômes physiques comme les maux de tête, les douleurs musculaires, les troubles du sommeil mais aussi les pathologies comme les risques d'hypertension artérielle, d'obésité, les troubles musculo-squelettiques. À long terme, le stress peut entraîner des manifestations psychologiques, troubles du sommeil mais aussi dépression.
Suite à une étude réalisée en France, le coût direct et indirect du stress peut être évalué entre 830 et 1.656 millions d'euros par an. Il serait à l'origine de 50 à 60 % des journées de travail perdues.
Le stress au travail a également été développé. Les salariés disent être obligés souvent de travailler dans l'urgence, avoir peu ou pas de reconnaissance, être victimes du management. Les exploitants, quant à eux, parlent de problèmes financiers, de crise agricole, de crises sanitaires, d'être pris dans un faisceau de contraintes dont ils ne voient pas le bout. Les personnes âgées ne sont pas non plus épargnées, maladie, solitude, manque d'argent…
Un taux de suicides élevé en Creuse Le suicide a fait l'objet d'un autre débat animé par le Dr Nubupko. Il concerne de plus en plus de personnes : environ 10.300 suicides par an et 180.000 tentatives en France dont 200 suicides en Limousin, et le taux est particulièrement élevé en Creuse. 75 % sont des hommes ; le pic de suicide se situe dans la tranche d'âge 45-64 ans (40 %), mais tous les âges sont concernés. Les hommes ont plus recours aux armes et les femmes aux médicaments, cependant le plus courant est la pendaison pour les deux sexes.
On peut parler de situation à risques lorsqu'il y a des problèmes financiers liés à la crise agricole, au chômage, des problèmes de couple, des violences familiales, la consommation de drogues ou alcool, mais aussi le manque de reconnaissance, la perte d'autonomie.
Le Dr Nubupko a expliqué que le suicidaire envoie des signaux d'alerte qui ne sont pas toujours interprétés par l'entourage. Les consommations abusives d'alcool, de drogues, l'agressivité, la violence peuvent être des repères. Il faut inciter la personne à parler à son entourage, à consulter. Si elle évoque le suicide, si elle pense n'avoir aucun recours que la mort, il faut l'obliger à rencontrer son médecin, même l'accompagner car elle ne peut faire la démarche seule.
Le Dr Danila, médecin psychiatre au CHS de La Valette à Saint-Vaury, a expliqué son rôle de référent de la Cellule d'urgence médico psychologique (CUMP). Le CUMP intervient dans le cas de catastrophes collectives (accidents routiers, attentats, etc) pour prendre en charge les victimes le plus rapidement possible.
(*) L'animation était assurée par le Dr Nubukpo, médecin psychiatre aux CHS de Saint-Vaury et d'Esquirol, ainsi que par le Dr Dupont Cuisinier, médecin du travail, chef du service santé au travail de la MSA du Limousin.