[Communiqué] Une journée pour aborder le sujet de la prévention du suicide
Ecrit par N.P. – le jeudi 5 décembre 2024 https://www.zinfos974.com*
À l’occasion de la venue des équipes nationales qui font référence dans le champ de la suicidologie, le Centre Régional de Prévention du Suicide (CRPS) de l’Établissement Public de Santé Mentale, avec le soutien de l’ARS La Réunion, organise une journée pour parler du sujet du suicide le mercredi 4 décembre avec les professionnels mais aussi le grand public.
Cet événement est aussi l’occasion pour le CRPS de pouvoir expliciter ses missions, de détailler l’ensemble des actions mises en œuvre sur le territoire, mais aussi de donner accès aux participants à une information actualisée dans un champ en pleine expansion.
Alors que les mesures de prévention du suicide prouvent, chaque jour, leur efficacité…
L’Île de la Réunion demeure le département ultramarin le plus impacté par ces décès évitables (87 décès par suicide en moyenne par an sur la période 2019-2021).
Convaincue que le suicide est évitable et que chacun a un rôle à jouer pour impulser une dynamique collective à sa prévention, la France a déployé une stratégie nationale de prévention du suicide avec la mise en place de plusieurs actions ayant montré leur efficacité.
Cette démarche multimodale prévoit le déploiement d’un ensemble d’actions concertées et simultanées dirigées vers tous les publics : L’ensemble de la population.
Les publics à risque (jeunes LGBTQIA+, personnes âgées isolées, etc.).
Les groupes à risque élevé (personnes ayant déjà fait une tentative de suicide, en situation de crise suicidaire…).
Sur notre territoire, le Centre Régional de Prévention du Suicide coordonne la mise en place de ces différentes actions, en articulation étroite avec l’Agence Régionale de Santé de La Réunion.
En 2022, la 1ère Journée Réunionnaise de Prévention du Suicide...
Elle avait permis de réunir les professionnels et partenaires pour présenter les dispositifs existants et échanger autour de cette thématique aux côtés des équipes expertes nationales.
Cette deuxième édition de 2024, placée sous le thème de l’innovation, approfondit ces thématiques, en présence des experts nationaux, en questionnant : Les coulisses de dispositifs tels que le 3114.
L’efficacité du dispositif VigilanS.
L’importance du travail sur les hotspots.
Des ateliers originaux sont également proposés, utilisant des médias tels que : Le théâtre.
Le cinéma.
L’intelligence artificielle pour la prévention.
Cet événement s’affirme comme un rendez-vous incontournable...
... pour renforcer la coopération entre professionnels, intégrer les avancées récentes et sensibiliser davantage le public à l’importance de la prévention du suicide à l’échelle locale et nationale
PROGRAMME DES CONFÉRENCES ET ATELIERS
(Le contenu exact de cette section est volontairement omis conformément à vos consignes.)
La prévention du suicide : une priorité
La prévention du suicide est une priorité et un enjeu majeur de santé publique qui doit être portée et développée dans tous les lieux de vie.
Cette thématique est inscrite dans la Feuille de route santé mentale et psychiatrie du ministère de la Santé et de la Prévention de juin 2018. Elle implique, à des niveaux différents : Des professionnels de différents horizons.
Des bénévoles œuvrant principalement en milieu associatif.
Le 3114 : une des actions intégrées de la stratégie nationale
Sa mise en place apporte une réponse à l’une des problématiques clés : celle de l’accès et du maintien du lien des personnes en souffrance psychique, non seulement avec le système de soins mais aussi avec les partenaires notamment du champ social, éducatif, médico-social et associatif.
Les dispositifs associatifs d’aide et d’écoute à distance qui contribuent à la prévention du suicide sont partenaires à part entière de la stratégie nationale.
Les modalités d’intervention du 3114 et celles des lignes d’écoute sont complémentaires. Leur diversité et leur complémentarité permettent d’offrir aux personnes le nécessitant un panel diversifié de ressources d’aide.
Signature d’une charte de valeurs communes
Cette complémentarité est soutenue par la signature d’une charte de valeurs communes qui constitue le socle éthique des protocoles d’articulation entre le 3114 et les lignes associatives locales.
SOS Solitude, association active à La Réunion depuis près de 40 ans, rejoint cette dynamique collective en signant cette charte.
Le dispositif VigilanS
Déployé à La Réunion depuis 2019, il s’agit d’un dispositif de veille et de recontact visant à prévenir les réitérations suicidaires. Organisé autour d’un algorithme d’actions.
Maintient un lien actif avec les patients via téléphone ou cartes postales.
Un numéro vert unique est spécifiquement dédié aux patients suivis.
D’autres mesures nationales
Le programme Papageno, visant la prévention de l’effet d’enchaînement suicidaire, s’articule autour de : Sensibilisation des médias.
Actions sur les lieux à risque (hotspots).
Postvention institutionnelle.
Interventions sur le web et les réseaux sociaux.
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INFO + :
Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les DROM
L’ORS La Réunion vous présente les synthèses régionales de l’étude "Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les départements et régions d’outre-mer (DROM)" portée par la Fédération nationale des observatoires régionaux de la santé (FNORS) et les observatoires régionaux de la santé (ORS) des cinq DROM : Le suicide à La Réunion. Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les DROM. Synthèse régionaleSuicide DROM synthèse La Réunion Le suicide à La Réunion. Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les DROM. Fiche territorialeSuicide DROM fiche La Réunion
https://www.ors-reunion.fr/regards-croises-sur-le-suicide-et-les-conduites-suicidaires-dans-les-drom.html
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Prévention suicide: Accompagner la personne en souffrance
par Pascale Entz 5 décembre 2024 https://www.lequotidien.re*
La 2e journée Journée de prévention du suicide s'est tenue hier au centre de ressources en santé de La Réunion Payanké. (Photos DR)
Si la mortalité par suicide est ici deux fois plus importante que celle liée aux accidents de la route. Des outils mis en place visent à améliorer la prévention du suicide, tout comme la charte des valeurs communes signée hier entre le 3114 et SOS Solitude.
Quatre-vingt-sept. C’est le nombre moyen de suicides par an sur notre île entre 2019 et 2021. Et en 2023 on recense 1 300 tentatives de suicide. « En termes de mortalité on est sur des chiffres inférieurs à la métropole, mais on a les taux les plus importants par rapport aux autres territoires ultramarins», souligne le Dr Pauline Mascarel, psychiatre à l’établissement public de santé mentale de La Réunion (EPSMR) et responsable du Centre Régional de Prévention du Suicide (CRPS).
Les suicides sont ici deux fois plus nombreux qui les décès dus aux accidents de la route. Si les hommes sont plus nombreux à se suicider, les femmes, et surtout les jeunes femmes, sont plus représentées dans les tentatives de suicides. Et on note, souligne le Dr Mascarel, « une dégradation des indicateurs de santé, notamment chez les jeunes filles» qui n’a pour l’instant pas d’explication. « C’est sans doute un ensemble de facteurs», estime la psychiatre en évoquant plusieurs hypothèses comme le climat de violence (notamment intra-familiale), la précarité… Quoi qu’il en soit, « il n’y a pas de profil type, la personne qui veut se suicider c’est la personne qui est en souffrance, qui à un moment n’arrive plus à faire face aux difficultés parce qu’elle a un parcours de vie émaillé de souffrances, de traumatismes. À un moment son vase psychique est plein», dit-elle en précisant que la personne suicidaire «ne veut pas mourir mais arrêter de souffrir. À ce moment-là elle ne voit plus d’autre perspective». Alors qu’il existe des solutions.
Ne sont pas considérées ici les personnes qui se suicident parce qu’atteintes d’un mal incurable. « Les personnes atteintes d’une maladie chronique avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme dans des souffrances qu’aujourd’hui la science n’est pas en mesure d’apaiser mal incurable qui souhaitent mettre un terme à leur souffrance, c’est pour nous une question parallèle, ce n’est pas la même question», dit-elle. Il n’en reste pas moins que l’euthanasie ou l’aide à mourir n’étant pas légale en France, les chiffres englobent tous les suicides. Journée prévention suicide, Dr Pauline Mascarel, psychiatre à l’EPSMR, responsable du centre régional de prévention du suicide. (Photo D.R)
11 000 appels au 3114
La prévention s’adresse avant tout à la personne qui est en crise suicidaire, et elle semble porter ses fruits puisque « depuis vingt ans la mortalité par suicide a diminué de 20 % en France hexagonale, et ici aussi on est sur une diminution puisque au début des années 2000 on était à 94 ou 95 décès par suicide par an et aujourd’hui à 87». Et ce, grâce à plusieurs dispositifs qui ont été mis en place et sont coordonnés par le CRPS.Ainsi depuis 2019 l’EPSMR a déployé le dispositif VigilanS qui permet de recontacter et maintenir le lien avec la personne ayant fait une tentative de suicide, car celle-ci est « à haut risque de refaire une tentative dans les semaines ou les mois suivant ce passage à l’acte, car tout ce qui a conduit à ce passage à l’acte n’est pas forcément résolu», explique le Dr Mascarel.
Depuis 2021 il est également possible d’appeler le 3114, le numéro national de prévention du suicide. « À l’échelle nationale plus de 700 000 appels ont été recensés depuis son ouverture, et le centre de La Réunion a réceptionné 11 000 appels», dit-elle en précisant que ce sont des professionnels, infirmiers ou psychologues supervisés par un psychiatre, qui répondent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui vont proposer les orientations les plus pertinentes pour la personne qui appelle.
Même s’il n’est pas toujours facile d’obtenir un rendez-vous avec un psychiatre, il existe des structures comme les maisons des adolescents et « le médecin traitant qui peut repérer les signaux inquiétants, et le 31 14 peut aussi mobiliser les acteurs en urgence».
Ce service s’adresse aussi bien aux personnes ayant des idées suicidaires qu’à leurs proches. « Si je suis inquiet pour mon conjoint, pour ma copine au collège je peux appeler et on va réfléchir ensemble à comment faire pour venir en aide à cette personne qui ne va pas bien», dit-elle en soulignant qu’un gros travail a été fait auprès de l’éducation nationale pour que les jeunes connaissent ce numéro.
Enfin, depuis hier une charte de valeurs communes a été signée entre le 31 14 et SOS Solitude. « Car ce sont des dispositifs complémentaires. Il est important qu’on puisse collaborer», estime le Dr Mascarel. Ainsi des personnes s’adressant au 31 14 mais « qui n’auraient pas de besoins psychopathologiques, mais qui ont juste besoin de parler» pourront être orientées vers SOS Solitude, et inversement si les bénévoles de cette association « repèrent des signaux de souffrance et que selon eux il y aurait besoin d’une évaluation psychopathologique – mais ce sont des choses à définir et à co-construire – ils pourront orienter mes personnes sur le 31 14 pour qu’i y ait une véritable prise en charge», dit-elle en n’excluant pas à terme des partenariats avec d’autres associations.
La prévention du suicide, c’est également faire passer le message qu’il n’y a pas de fatalité et qu’on « peut aider les personnes qui ne vont pas bien».
https://www.lequotidien.re/actualites/sante/prevention-suicide-accompagner-la-personne-en-souffrance/