vendredi 27 décembre 2024

ETUD ERECHERCHE Effets à court terme d’un programme de formation par simulation à l’évaluation et la prise en charge du risque suicidaire chez les internes de première année de psychiatrie

Effets à court terme d’un programme de formation par simulation à l’évaluation et la prise en charge du risque suicidaire chez les internes de première année de psychiatrie

Océane Richard a, Marie-Aude Piot a b c, Fabrice Jollant d e f g h

a Université Paris-Cité, AP–HP, Academic Hospital Necker-Enfants Malades, Department of child and adolescent psychiatry, Reference center for autism and learning disorders, Paris, France
b Ilumens, Simulation Center, Paris, France
c Paris-Saclay University, UVSQ, INSERM 1018, CESP, Villejuif, France
d Department of Psychiatry, School of Medicine, Paris-Saclay University, le Kremlin-Bicêtre, France
e Department of Psychiatry, Academic hospital Bicêtre, AP–HP, Le Kremlin-Bicêtre, France
f Department of Psychiatry, CHU Nîmes, Nîmes, France
g McGill University, McGill Group for Suicide Studies, Montreal, Canada
h Moods Team, INSERM UMR-1178, CESP, Le Kremlin-Bicêtre, France

Received 31 August 2023, Accepted 8 November 2023, Available online 4 February 2024, Version of Record 4 December 2024.

https://doi.org/10.1016/j.encep.2023.11.017


Résumé

Objectifs
Une formation adéquate des professionnels de la santé mentale en matière d’évaluation du risque suicidaire et d’intervention est cruciale. La formation basée sur la simulation est une méthode pertinente pour acquérir des compétences dans des situations difficiles. Ici, nous avons cherché à évaluer les effets d’un programme de formation basé sur la simulation sur les compétences, les connaissances, les attitudes et la satisfaction des internes de première année en psychiatrie.

Méthodes
Nous avons mené des évaluations avant et immédiatement après la formation auprès de 153 internes en psychiatrie pendant leur premier ou deuxième semestre de troisième cycle à Paris en 2020 et 2021. La formation par simulation a eu lieu quelques semaines après un cours théorique de deux heures sur les comportements suicidaires. Elle consistait en une journée complète de formation en petits groupes (n = 5 à 9) avec six scénarios joués par des acteurs professionnels et animés par deux psychiatres formés, et une séance de débriefing de 45 à 60 minutes après chaque simulation. Les objectifs pédagogiques étaient axés sur les aspects fondamentaux de la relation patient-psychiatre, l’investigation des idées suicidaires et les interventions de base dans différents contextes (consultation externe, salle d’urgence, téléphone) et pour différents profils de patients. Les mesures des résultats comprenaient le Suicide Intervention Response Inventory (SIRI-2), un court questionnaire sur les connaissances de base, une échelle de confiance en soi à 4 items et un questionnaire de satisfaction.

Résultats
Les analyses montrent des améliorations significatives des compétences, des connaissances de base et de la confiance en soi entre avant et après la formation. Les internes ont également exprimé un haut niveau de satisfaction, une appréciation de cette pédagogie innovante et un souhait d’autres formations similaires.

Conclusions
Ce programme de formation pratique basé sur la simulation a amélioré la confiance en soi, les connaissances et les compétences en matière d’évaluation du risque suicidaire et d’intervention à court terme chez les internes de première année en psychiatrie. Les résultats de cette étude sont donc prometteurs. Des études longitudinales sont cependant nécessaires pour évaluer la persistance des changements dans le temps, les changements positifs dans les soins en milieu réel et les bénéfices pour la santé des patients. À une époque où les connaissances médicales factuelles sont facilement accessibles et se développent rapidement, où le besoin de professionnels ayant des compétences pratiques est indispensable et où la demande de soins en santé mentale augmente, le développement de la formation par simulation en psychiatrie devrait être une priorité pédagogique et de santé publique.