Une étude française inédite GHU Paris/APHP, Santé Publique France & Météo France révèle la saisonnalité des suicides et l’efficacité de la prévention
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Existe-t-il un « temps des suicides » ? Une
collaboration inédite entre les chercheurs et cliniciens du GHU Paris et
APHP Bichat, des experts de Santé Publique France et de Météo France
révèle, dans le cadre d’une étude longitudinale de 10 ans, les facteurs
convergents liés aux suicides.
Pour la première fois en France, les chercheurs mettent en évidence un
pic saisonnier des tentatives et des suicides avérés au printemps, en
lien avec les facteurs météorologiques. De manière plus large, ils
observent également une diminution constante et régulière des actes
suicidaires sur la période observée. Cette décroissance atteste d’une
efficacité très probable des dispositifs de prévention et de soins mis
en œuvre.
Ce que l’on sait :
Le suicide compte pour environ 1,5% de la mortalité mondiale, 1% en France, soit 10 000 cas, qui concerne majoritairement la catégorie des 15-29 ans. Une sinistralité multipliée par 10 à 20 en ce qui concerne les tentatives de suicide.
Ce que l’on cherche à savoir :
Les investigateurs se sont efforcés de croiser les occurrences des suicides avec différents indicateurs potentiellement prédictifs, à savoir les caractéristiques géographiques, le genre, l’âge, le moyen recouru pour mettre fin à ses jours et enfin l’existence ou non d’une pathologie psychiatrique.
Ce que l’on apprend :
Un schéma saisonnier récurrent se dessine, avec une fréquence des
suicides accrue au printemps ; en terme de territoire, les personnes
vivant dans le nord de la France passent davantage à l’acte. On repère
une différence entre les genres : l’acte suicidaire se produit davantage
chez les hommes, dans 75% des cas, dans la tranche d’âge 45/54 ans
tandis que les tentatives de suicide, majoritairement des administration
de médicaments, sont plus observées chez des personnes de sexe féminin,
à la transition adolescente (15/19 ans) ou aux abords de la quarantaine
(40/45 ans). Dans la majorité (63%) des tentatives de suicide, des
troubles de l’humeur étaient présents.
Autre enseignement majeur du travail de recherche : au cours de la
période analysée (2008-2018, avant la Covid), les suicides et tentatives
observent une baisse de l’ordre de 12%. Un chiffre très encourageant à
l’égard des politiques de prévention, telles que la mise en place du
dispositif Vigilans.
Ce que cela change :
Les suicides sont particulièrement difficiles à anticiper et posent clairement une question de détection et de prévention ; par exemple, on sait que la moitié des personnes suicidaires ont consulté un médecin dans le mois précédant leur geste. Dès lors, l’étude, qui débouchera sur de nouveaux travaux, apporte des éléments objectivés de compréhension pour adapter des stratégies de prévention et de détection de signaux dits « prodromiques », avant-coureurs, chez certaines personnes à risque.
Auteurs : Marine Ambar Akkaoui1,2,3*, Christine Chan Chee4, Karine Laaidi4, Gregory Fifre5,
Michel Lejoyeux1,6, Guillaume Vaiva7,8, Hugo Peyre9,10 & Pierre A. Geoffroy1,6,11,
1Département de Psychiatrie et d’addictologie, AP-HP, GHU Paris Nord, DMU Neurosciences, Hôpital Bichat
- Claude Bernard, 75018 Paris, France. 2Centre Psychiatrique d’Orientation et d’Accueil (CPOA), Hôpital Sainte
Anne, GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences, 1 Rue Cabanis, 75014 Paris, France. 3Etablissement Publique de
Santé Mentale de Ville Evrard, 202 Avenue Jean Jaurès, Neuilly Sur Marne, France. 4Santé Publique France, 12 Rue
du Val d’Osne, 94415 Saint Maurice Cedex, France. 5Météo-France, Direction des Services de la Météorologie,
Avenue G. Coriolis, 31057 Toulouse, France. 6GHU Paris - Psychiatry & Neurosciences, 1 Rue Cabanis, 75014 Paris,
France. 7Univ Lille, INSERM U 1772, CHU Lille, General Psychiatry Department, Hôpital Fontan, 59037 Lille,
France. 8Centre National de Ressources et Résilience pour les Psychotraumatismes Cn2r Lille Paris, Lille,
France. 9Neurodiderot, INSERM UMR 1141, Paris Diderot University, Paris, France. 10Department of Child and
Adolescent Psychiatry, Robert Debré Hospital, APHP, Paris, France. 11Université de Paris, NeuroDiderot, Inserm,
75019 Paris, France. 12CNRS UPR 3212, Institute for Cellular and Integrative Neurosciences, 67000 Strasbourg
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