ADA 2022 — Mise en évidence du danger dissimulé de suicide et d’automutilation dans le diabète Univadis
Conference Report
9 juin 2022 https://www.univadis.fr*
Lors d’un symposium présenté lors des 82e sessions scientifiques de l’Association américaine du diabète (American Diabetes Association, ADA), la professeure Katharine Barnard-Kelly, PhD, présidente du comité directeur de la communauté de collaboration RESCUE (Reducing Suicide Rates Among Individuals with Diabetes, Réduire les taux de suicide chez les diabétiques) de l’Agence des produits alimentaires et médicamenteux des États-Unis (Food and Drug Administration, FDA), discute de la relation entre le suicide/l’automutilation et le diabète de type 1 (DT1).
Le risque de suicide est significativement plus élevé chez les personnes diabétiques, en particulier dans le cadre du DT1, et pourrait représenter jusqu’à 7 % des décès dans cette population. Toutefois, en réalité, il ne pourrait s’agir que de la partie émergée de l’iceberg.
Ce que les données révèlent
Des idées suicidaires sont présentes chez 15 % des personnes atteintes d’un DT1 contre 9,4 % dans la population générale. Ce chiffre peut atteindre jusqu’à 61 % chez les adolescents et les jeunes adultes atteints d’un DT1. Les personnes atteintes d’un DT1 sont 3 à 4 fois plus susceptibles de tenter de se suicider. L’Organisation mondiale de la Santé estime que pour chaque décès par suicide, il y a au moins 20 tentatives de suicide chez les personnes atteintes de diabète.
Les complexités du comportement d’automutilation intentionnelle (AI) sont différentes pour les personnes atteintes d’un DT1. Outre les actes d’automutilation typiques, ces personnes sont également susceptibles de se livrer à une mauvaise gestion de l’insuline dans l’intention de se faire du mal.
Les taux de suicide et d’AI sont susceptibles d’être significativement sous-estimés chez les personnes atteintes d’un DT1. Une étude portant sur 160 cas de surdosage d’insuline a révélé que 90 % des cas étaient soit suicidaires soit parasuicidaires et que 5 % seulement étaient accidentels. Un autre problème est que les certificats de décès ou les codes de la Classification Internationale des Maladies utilisés pour rapporter les causes de décès sont souvent peu fiables, ce qui ajoute à la sous-déclaration des suicides dans le cadre du DT1.
En outre, il existe des différences entre les sexes en termes de risque de suicide. Les hommes sont plus susceptibles de se suicider que les femmes ; les femmes font toutefois plus de tentatives de suicide. Les hommes sont également moins susceptibles de demander de l’aide pour leurs problèmes de santé mentale.
Pourquoi le risque est-il plus élevé en cas de diabète ?
La prise en charge du diabète devient de plus en plus lourde et complexe, et pour beaucoup, elle peut être associée à une dépression, à de l’automutilation et à des pensées et actes suicidaires. Le diabète en lui-même est une affection difficile sur le plan psychologique. Malgré les améliorations apportées à la prise en charge médicale du DT1, la charge émotionnelle et psychologique que représente le fait de vivre avec le diabète n’est toujours pas prise en considération.
Les personnes qui prennent en charge leur diabète sont souvent préoccupées par leur estime de soi, la solidité de leurs relations, ce que leur réserve l’avenir et leurs possibilités en matière d’éducation et d’emploi.
Le rôle de la technologie
Des avancées technologiques importantes dans le domaine du diabète ont permis d’améliorer le contrôle de la glycémie, la qualité de vie et le fonctionnement psychosocial, mais le fardeau psychologique associé à l’utilisation de ces systèmes complexes reste méconnu.
La professeure Barnard-Kelly souligne que la technologie n’est « PAS » la cause du suicide et de l’AI mais qu’elle a plutôt permis aux cliniciens d’identifier l’ampleur du problème. Cependant, les technologies facilitent les comportements préjudiciables en simplifiant l’administration d’insuline et sa mauvaise utilisation potentielle.
Difficultés d’identification
Les outils de dépistage de la dépression et du suicide actuellement disponibles ne sont pas suffisamment efficaces pour identifier le risque de suicide chez les personnes atteintes d’un DT1.
Non seulement les professionnels de santé ne parviennent pas à estimer correctement le risque de suicide chez leurs patients, mais ils se sentent souvent peu soutenus pour s’attaquer à ce problème.
Communauté de collaboration RESCUE de la FDA
La communauté de collaboration RESCUE de la FDA a été créée dans le but de faciliter la collaboration entre les différentes parties prenantes impliquées dans la prise en charge du diabète afin d’améliorer l’identification du suicide et de l’AI chez les personnes atteintes de diabète et de fournir le soutien nécessaire aux personnes à risque.
Symposium: Suicide and Self-Injury—Unveiling and Addressing the Hidden Nightmare in Diabetes. Chaired by Katharine Barnard-Kelly. Presented at the 2022 American Diabetes Association (ADA) 82ndScientific Sessions on 4 June 2022.
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