lundi 16 mai 2022

Le centre pénitentiaire d'Orléans-Saran s'engage dans la lutte contre le suicide : des détenus "premiers maillons de la chaîne de secours"


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Le centre pénitentiaire d'Orléans-Saran s'engage dans la lutte contre le suicide : des détenus "premiers maillons de la chaîne de secours"
Publié le 13/05/2022 https://www.larep.fr*

Claude Longombé, nouveau directeur du centre pénitentiaire d'Orléans-Saran, remet son diplôme à un codétenu de soutien, sous les yeux de Pascal Vion, directeur interrégional des services pénitentiaires et Laura Robin-Hébert, directrice des services pénitentiaires à Saran. © Alban GOURGOUSSE

Sept détenus, cinq hommes et deux femmes, du centre pénitentiaire d'Orléans-Saran, ont été formés dans le cadre d'un dispositif de la lutte contre le suicide en prison. Un vrai fléau depuis de nombreuses années que l'administration pénitentiaire entend bien juguler.

"On est régulièrement tenté (par le suicide). Maintenant, on surmonte tout ça. Mais, on n'oublie pas d'où l'on vient. Et de pouvoir apporter aux autres, c'est très important pour nous." Ce détenu est l'un des sept à avoir reçu son diplôme de codétenu de soutien.

En effet, le centre pénitentiaire d'Orléans-Saran est le premier établissement de l'interrégion de Dijon à mettre en œuvre ce dispositif (ils sont treize en France). Ces sept détenus auront un rôle "citoyen d'alerte et de soutien envers les autres détenus", explique Laura Robin-Hébert, directrice des services pénitentiaires à Saran.

Parce qu'on le sait, les risques suicidaires sont accrus en milieu carcéral. La lutte contre le suicide en prison est une priorité de l'administration pénitentiaire en France. Deux personnes détenues se sont suicidées en 2021 au centre pénitentiaire d'Orléans-Saran, et déjà une en 2022.

Le suicide en prison est "une vieille histoire", lance de son côté Pascal Vion, directeur interrégional des services pénitentiaires, présent à Saran, ce jeudi. "Quand je suis entré dans l'administration pénitentiaire en 1994, on en parlait très peu. Cela a changé il y a vingt ans. Des outils se sont mis en place progressivement. L'objectif est d'impliquer davantage les personnes détenues dans leur quotidien."

Ces détenus ont donc été formés pour prévenir les suicides de leurs camarades de cellule. Ils ont reçu leur diplôme ce jeudi 12 mai dans le gymnase du centre pénitentiaire d'Orléans-Saran sous les yeux du nouveau directeur, Claude Longombé (arrivé il y a à peine une semaine dans ses nouvelles fonctions), des associations, des surveillants, des représentants du service pénitentiaire d'insertion et de probation, d'un représentant du parquet d'Orléans, d'une juge d'application des peines et des sapeurs-pompiers.

Ces mêmes sapeurs-pompiers qui ont d'ailleurs participé à la formation : "Le suicide est quelque chose qu'on rencontre trop souvent à l'extérieur", souligne le formateur du service départemental d'incendie et de secours. "Il faut du monde pour réagir très vite (quand il y a un suicide)."
Les premiers maillons de la chaîne de secours

Puis, s'adressant aux sept détenus : "Vous serez les premiers maillons de la chaîne de secours." En plus d'une formation à base d'un stage de prévention et secours civique de niveau 1, ils ont bénéficié d'une formation repérage du risque suicidaire et une sur l'écoute et soutien psychologiques.

Pour l'instant, la maison d'arrêt 1, la maison d'arrêt femmes et le quartier arrivants à Saran auront des codétenus de soutien. Une convention en ce sens a été signée ce jeudi. En septembre 2022, le centre de détention hommes, la maison d'arrêt 2 et le quartier disciplinaire devraient suivre. "Je vous rappelle, sans vous mettre la pression, qu'il y a eu beaucoup de candidatures", rappelle un surveillant aux sept détenus. "On compte sur vous pour donner le maximum. "

C'est une grande responsabilité. Ils en sont conscients. "Je l'ai déjà fait dans ma cellule mais là je me sens légitime", conclut cette détenue. "J'ai déjà eu, dans ma cellule, quelqu'un qui avait une pathologie suicidaire. Ça peut aller très vite et ça revient souvent. Quelques minutes d'inattention et ma codétenue y serait passée..."

Alban Gourgousse 

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