Santé mentale
Le Puy-en-Velay : l’hôpital Sainte-Marie teste une application pour accompagner les malades schizophrènes
Publié le 04/10/2020 https://www.leveil.fr/*
Le Centre hospitalier Sainte-Marie (CHSM) innove. L’équipe soignante et d’encadrement a récemment mis au point une application mobile de suivi, pour accompagner les personnes touchées par une maladie chronique, la schizophrénie, et ce dans le cadre de ce que l’on appelle le « programme d’éducation thérapeutique des patients ». Il s’agit ainsi de leur permettre de mieux vivre avec cette pathologie.
Un programme thérapeutique personnalisé et labellisé
L’équipe du CHSM, à l’origine du projet, en
particulier le docteur Nadine Héritier-Branco, pharmacienne chef au
centre hospitalier et coordinatrice du programme, ainsi que Clara
Allemand, seconde coordinatrice, est aujourd’hui en lice pour remporter
le prix Galien 2020 qui met à l’honneur l’excellence médicale. Le
programme thérapeutique personnalisé pour la schizophrénie (il en existe
dans le cas d’autres maladies chroniques) a été labellisé depuis 2016
par l’Agence régionale de santé. « Il permet d’optimiser le traitement
médicamenteux, de prévenir les récidives et les rechutes, d’éviter aussi
le traumatisme engendré par celles-ci. On limite également le nombre et
la durée des réhospitalisations », précise Nadine Héritier-Branco.
En santé mentale, les soignants vont encore plus loin : ils s’engagent
dans la voie de l’éducation en psychiatrie. lls ont constaté une baisse
du risque suicidaire, une réduction des sentiments de culpabilité et de
stigmatisation, une meilleure gestion du stress et la comorbidité (les
addictions), liés à la maladie.
Le programme élaboré par une équipe
pluridisciplinaire (éducateurs, psychiatres, infirmiers, assistants
sociaux…) prend la forme de séances collectives qui portent sur la
pathologie elle-même, les traitements médicamenteux, les toxiques,
l’alimentation, la vie affective… Jusqu’à présent, les patients qui
suivaient le programme étaient destinataires de documents papiers. Les
coordinateurs ont donc imaginé faire appel au numérique. « Il existait
en matière de santé mentale des applications d’information sur la
maladie, mais rien au niveau du suivi », affirme le docteur
Héritier-Branco.
Le projet, lancé au printemps 2019 a été encouragé
par un prix, « les Pépites », au sein de l’association Sainte-Marie. Ce
qui permet de financer à hauteur de 15.000 € le développement de
l’application, mise au point par la société Logelis. Application qui est
depuis ce printemps en phase de test avec un petit groupe d’une
demi-douzaine de patients participant aux sessions thérapeutiques,
lesquelles précèdent le programme d’éducation thérapeutique. « Au cours
de ses sessions, les patients sont amenés à parler le plus possible,
pour mettre des mots sur leur maladie, sur le traitement, afin de
déterminer s’ils ne sont pas dans le déni », commente le docteur
Héritier-Branco.
Garder le lien avec le malade
L’application mobile devrait à l’avenir occuper
une place plus importante. Elle permet d’ores et déjà d’apporter un
suivi plus pointu. Le patient peut à tout moment consulter les
informations qui lui ont été fournies au cours des séances. Les
évaluations sur le mode de vie et de traitement sont faites en temps
réel. Le malade garde le contact en permanence grâce à son téléphone ou
sa tablette avec l’équipe thérapeutique, recevant des conseils en
matière d’alimentation et de sommeil. Il partage son humeur du jour. Des
liens vers d’autres contenus et d’autres applications peuvent être
établis.
Les coordonnateurs du programme souhaitent aujourd’hui
aller plus loin en intégrant dans cette application un peu
d’intelligence artificielle. L’intérêt étant de répondre aux questions
et aux besoins du patient à tout moment, d’anticiper l’état émotionnel
du malade, d’ouvrir un jour l’application aux aidants, voire de
l’étendre à d’autres programmes, d’autres pathologies : bipolarité,
dépression, addiction…
Les idées reçues sur les malades de la schizophrénie ont la vie dure
La schizophrénie est une affection psychotique,
autrement dit, qui aboutit à une désorganisation de la personnalité et
altère sévèrement le rapport à la réalité.
La schizophrénie prend
des formes très variées. On estime que la maladie touche 1 % de la
population mondiale, soit en France environ 600.000 personnes.
Les
troubles débutent entre 15 et 30 ans et évoluent sur la vie entière. De
nombreuses hypothèses existent sur ses causes, mais son origine reste
inconnue. Actuellement, les chercheurs pensent que l’addition de
facteurs génétiques et de stress psychologiques et environnementaux
créerait une vulnérabilité, permettant le développement des troubles.Les malades sont hospitalisés ou accueillis en ambulatoire.
La maladie peut avoir un impact important sur
l’adaptation sociale et entraîner une grande souffrance chez la personne
ainsi que ses proches. Parmi les manifestations : la pensée devient
floue, discontinue (diffluence).
Le discours est parfois illogique
et difficile à suivre. La personne voit, entend, sent ou ressent des
choses qui n’existent pas pour ceux qui l’entourent. Le risque
suicidaire est important et peut être lié à des épisodes de dépression.
Contrairement à l’idée habituellement véhiculée, ces personnes sont beaucoup plus souvent victimes qu’auteurs de violences.
Même si la maladie peut augmenter le risque de passage à l’acte hétéro
agressif, c’est surtout l’association d’une consommation de toxiques et
d’alcool, également l’absence ou la rupture des soins qui favorisent les
comportements agressifs et violents.
Philippe Suc