lundi 19 octobre 2020

Le Puy-en-Velay : l’hôpital Sainte-Marie teste une application pour accompagner les malades schizophrènes

Santé mentale

Le Puy-en-Velay : l’hôpital Sainte-Marie teste une application pour accompagner les malades schizophrènes

Le Puy-en-Velay : l’hôpital Sainte-Marie teste une application pour accompagner les malades schizophrènes
Nadine Héritier-Branco, Clara Allemand et Maxime Gaultier, en charge de la communication au sein de l’hôpital, sont à l’origine du projet innovant. © L'Eveil


L’hôpital innove en développant une application mobile pour prévenir les rechutes de patients atteints de schizophrénie.

Le Centre hospitalier Sainte-Marie (CHSM) innove. L’équipe soignante et d’encadrement a récemment mis au point une application mobile de suivi, pour accompagner les personnes touchées par une maladie chronique, la schizophrénie, et ce dans le cadre de ce que l’on appelle le « programme d’éducation thérapeutique des patients ». Il s’agit ainsi de leur permettre de mieux vivre avec cette pathologie.

Un programme thérapeutique personnalisé et labellisé

L’équipe du CHSM, à l’origine du projet, en particulier le docteur Nadine Héritier-Branco, pharmacienne chef au centre hospitalier et coordinatrice du programme, ainsi que Clara Allemand, seconde coordinatrice, est aujourd’hui en lice pour remporter le prix Galien 2020 qui met à l’honneur l’excellence médicale. Le programme thérapeutique personnalisé pour la schizophrénie (il en existe dans le cas d’autres maladies chroniques) a été labellisé depuis 2016 par l’Agence régionale de santé. « Il permet d’optimiser le traitement médicamenteux, de prévenir les récidives et les rechutes, d’éviter aussi le traumatisme engendré par celles-ci. On limite également le nombre et la durée des réhospitalisations », précise Nadine Héritier-Branco.
En santé mentale, les soignants vont encore plus loin : ils s’engagent dans la voie de l’éducation en psychiatrie. lls ont constaté une baisse du risque suicidaire, une réduction des sentiments de culpabilité et de stigmatisation, une meilleure gestion du stress et la comorbidité (les addictions), liés à la maladie.
Le programme élaboré par une équipe pluridisciplinaire (éducateurs, psychiatres, infirmiers, assistants sociaux…) prend la forme de séances collectives qui portent sur la pathologie elle-même, les traitements médicamenteux, les toxiques, l’alimentation, la vie affective… Jusqu’à présent, les patients qui suivaient le programme étaient destinataires de documents papiers. Les coordinateurs ont donc imaginé faire appel au numérique. « Il existait en matière de santé mentale des applications d’information sur la maladie, mais rien au niveau du suivi », affirme le docteur Héritier-Branco.
Le projet, lancé au printemps 2019 a été encouragé par un prix, « les Pépites », au sein de l’association Sainte-Marie. Ce qui permet de financer à hauteur de 15.000 € le développement de l’application, mise au point par la société Logelis. Application qui est depuis ce printemps en phase de test avec un petit groupe d’une demi-douzaine de patients participant aux sessions thérapeutiques, lesquelles précèdent le programme d’éducation thérapeutique. « Au cours de ses sessions, les patients sont amenés à parler le plus possible, pour mettre des mots sur leur maladie, sur le traitement, afin de déterminer s’ils ne sont pas dans le déni », commente le docteur Héritier-Branco.

 Garder le lien avec le malade

L’application mobile devrait à l’avenir occuper une place plus importante. Elle permet d’ores et déjà d’apporter un suivi plus pointu. Le patient peut à tout moment consulter les informations qui lui ont été fournies au cours des séances. Les évaluations sur le mode de vie et de traitement sont faites en temps réel. Le malade garde le contact en permanence grâce à son téléphone ou sa tablette avec l’équipe thérapeutique, recevant des conseils en matière d’alimentation et de sommeil. Il partage son humeur du jour. Des liens vers d’autres contenus et d’autres applications peuvent être établis.
Les coordonnateurs du programme souhaitent aujourd’hui aller plus loin en intégrant dans cette application un peu d’intelligence artificielle. L’intérêt étant de répondre aux questions et aux besoins du patient à tout moment, d’anticiper l’état émotionnel du malade, d’ouvrir un jour l’application aux aidants, voire de l’étendre à d’autres programmes, d’autres pathologies : bipolarité, dépression, addiction…

 Les idées reçues sur les malades de la schizophrénie ont la vie dure

La schizophrénie est une affection psychotique, autrement dit, qui aboutit à une désorganisation de la personnalité et altère sévèrement le rapport à la réalité.
La schizophrénie prend des formes très variées. On estime que la maladie touche 1 % de la population mondiale, soit en France environ 600.000 personnes.
 Les troubles débutent entre 15 et 30 ans et évoluent sur la vie entière. De nombreuses hypothèses existent sur ses causes, mais son origine reste inconnue. Actuellement, les chercheurs pensent que l’addition de facteurs génétiques et de stress psychologiques et environnementaux créerait une vulnérabilité, permettant le développement des troubles.Les malades sont hospitalisés ou accueillis en ambulatoire.
 

Plus souvent victime qu’auteur de violence

La maladie peut avoir un impact important sur l’adaptation sociale et entraîner une grande souffrance chez la personne ainsi que ses proches. Parmi les manifestations : la pensée devient floue, discontinue (diffluence). 
Le discours est parfois illogique et difficile à suivre. La personne voit, entend, sent ou ressent des choses qui n’existent pas pour ceux qui l’entourent. Le risque suicidaire est important et peut être lié à des épisodes de dépression.
Contrairement à l’idée habituellement véhiculée, ces personnes sont beaucoup plus souvent victimes qu’auteurs de violences.
Même si la maladie peut augmenter le risque de passage à l’acte hétéro agressif, c’est surtout l’association d’une consommation de toxiques et d’alcool, également l’absence ou la rupture des soins qui favorisent les comportements agressifs et violents.


Philippe Suc

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