vendredi 30 octobre 2020

Suivi post-suicide : le rôle du vigilanseur(se)

Suivi post-suicide : le rôle du vigilanseur(se)

Dans le cadre du déploiement du dispositif national de prévention de la récidive suicidaire, VigilanS, le métier de « vigilanseur(se) » se déploie bien au-delà d’un simple suivi téléphonique post-suicide.

Depuis 2016, le dispositif VigilanS se déploie sur le territoire national. Inscrit dans la stratégie multimodale de la Direction générale de la santé (1) (DGS), il assure par téléphone une veille post-hospitalière des personnes ayant fait une tentative de suicide, population considérée comme particulièrement à risque de récidive. En pratique, 10 à 20 jours après leur sortie des services de soins, des professionnels contactent les patients et instaurent un suivi téléphonique pendant six mois, dans unmouvement « d’aller-vers ».
En parallèle, les médecins traitants et les psychiatres référents sont informés de l’entrée de leur patientdans le dispositif VigilanS. À l’issue de cette période, un bilan est effectué et une nouvelle période de veille de six mois est proposée si nécessaire. Les patients disposent également d’un numéro vert pour joindre le dispositif en cas de besoin. Ces appels permettent de réaliser un entretien clinique, semi-structuré, dont l’objectif est l’évaluation de la menace suicidaire, des facteurs de vulnérabilités et de protection. Il s’agit d’objectiver les risques, le danger ou l’urgence d’une éventuelle crise suicidaire. Au cours d’un échange bienveillant et sans tabou, les vigilanseurs soignent par l’écoute et la parole dans une « éthique de l’inquiétude » (2). La famille et les proches sont aussi des interlocuteurs privilégiés. Les Vigilanseurs contribuent également à la mise en oeuvre du « compromis de sortie » (soins formulés à la sortie de l’hospitalisation), que certains patients ont du mal à organiser. Les Vigilanseurs les accompagnent dans leur démarche et assurent le lien entre les différents acteurs de santé, sécurisant ainsi leur parcours de soin. Si la situation évolue vers un risque vital, le dispositif organise et coordonne la gestion de crise en lien avec les services de secours.
Pour les intervenants, le nouveau métier de vigilanseur (infirmier ou psychologue sous la coordination d’un médecin) (3), proche du travail de « case-manager » s’enrichit chaque année. Les compétences requises sont à rapprocher de celles des régulateurs des services de secours. Chaque vigilanseur maintient un équilibre subtil entre écoute bienveillante et attitude proactive, révélant tout l’intérêt de ce dispositif.

1– Instruction n° DGS/SP4/2019/190 du 10 septembre 2019 relative à la stratégie multimodale de prévention du suicide. Voir aussi : http://
dispositifvigilans.org. Rapport.
2– Vigilanseu.rs.ses : Un nouveau métier ? L’Encéphale, Volume 45, Supplement 1, January 2019, Pages S42-S44.
3– Vaiva G, Jardon V, Ducrocq F, et al. Surveillance is a powerful tool to prevent suicidal acts. In Courtet P, Ed. Springer International
Publishing. Understanding suicide. From diagnosis to personalized treatment. Switzerland ; 2016 : 269-279.
Contact : Mehdi Amini, Infirmier Vigilanseur, m.amini@ghu-paris.fr

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