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Le décès par suicide des personnes souffrant de troubles mentaux Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique
Volume 68, Supplement 1, March 2020, Pages S31-S32
L2 Le décès par suicide des personnes souffrant de troubles mentaux
L.Plancke a C.Coton b A.Amariei a T.Danel ac C.-L.Charrel ad
a Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France, Lille, France
b École des hautes études en santé publique (M2), Rennes, France
c CHU de Lille, Lille, France
d Établissement public de santé mentale Lille-Métropole, Lille, France
Available online 27 February 2020.
Introduction
Le
suicide est très fréquent chez les personnes souffrant de troubles
mentaux et ne diminue pas, alors qu’il baisse en population générale,
notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, départements qui restent cependant
plus touchés qu’en moyenne nationale par le suicide. En l’absence
d’étude récente en France, nous avons mesuré la probabilité de décéder
de suicide chez des patients qui avaient été hospitalisés en psychiatrie
et de le comparer à celui observé en population générale.
Méthodes
Le
statut vital de patients majeurs hospitalisés dans les services de
psychiatrie de neuf établissements du Nord-Pas-de-Calais en 2008–2009 a
été recherché dans les bases de décès du CepiDc, au 31/12/2013. Ont été
calculés les probabilités de suicide (méthode de Kaplan–Meier) et des
Indices comparatifs de mortalité (ICM) par rapport à la population du
territoire d’étude.
Résultats
Sur les 13 979 patients de l’étude (7416 hommes et 6563 femmes ; âge moyen 43,6 ± 1,6),
286 étaient décédés par suicide 4,9 années en moyenne après leur date
d’inclusion, sur un total de 1454 décès. La probabilité cumulée de
suicide à un an était de 0,78 %, à deux ans de 1,28 % et à six ans de
2,46 %. La valeur de l’ICM était de 1492 pour l’ensemble des patients,
deux fois plus élevée chez les femmes (2494) que chez les hommes (1220),
décroissait avec l’avancée en âge (de 2078 chez les 18–34 ans à
1278 chez les 75 ans ou plus). Les ICM les plus élevés étaient
enregistrés chez les patients présentant des troubles anxieux (1821) et
des troubles dépressifs (1787) ; pour les addictions (1366) et les
troubles psychotiques (1209), les ICM étaient légèrement moins élevés.
Discussion/Conclusion
Notre
étude confirme la considérable surmortalité suicidaire de patients
ayant été hospitalisés en psychiatrie qui constituent cependant une
minorité des personnes prises en charge, connaissant les troubles les
plus graves. Cet excès de mortalité plaide pour des programmes
spécifiques de prévention des conduites suicidaires chez ces patients.