mardi 23 février 2016

PROJET ETUDE RECHERCHE FRANCHE COMTE prévention du suicide des personnes âgées

Daprès un article "La prévention du suicide des personnes âgées progresse grâce à un chercheur franc-comtois" Par Lila Lefebvre, France Bleu Besançon lundi 22 février 2016*

L'isolement est une des principales causes de suicide chez les personnes âgées

En France, près de 11 000 personnes se suicident chaque année et 30% d’entre elles ont plus de 65 ans. Pierre Vandel est psychiatre et enseignant au CHRU de Besançon. Son projet d’étude sur le suicide des personnes âgées a été retenu par le ministère de la santé.

L’observatoire du suicide rendait début février son deuxième rapport annuel. Chaque année, près de 11 000 personnes mettent fin à leurs jours. Les personnes âgées sont un public à risque, car, à cette période de la vie, les facteurs de la dépression s’accumulent. Le corps fatigue, les maladies sont plus nombreuses, et parfois elles mènent au handicap. Les difficultés à se déplacer et la perte d’énergie renforcent l’isolement. Isolement qui est accentué par les pertes à répétitions qui caractérisent cette période de la vie : perte des proches, perte aussi du domicile et de tous ses souvenirs quand on doit aller en maison de retraite. La dépression touche également une part plus importante de personnes âgées.


Traditionnellement, il y a une surmortalité due au suicide en Franche-Comté »

La Franche-Comté est tout particulièrement touchée par le suicide des personnes âgées. « Traditionnellement il y une surmortalité due au suicide en Franche-Comté », nous explique Pierre Vandel, psychiatre spécialiste des plus de 65 ans au CHRU de Besançon. La région compte en moyenne 219 décès par suicide chaque année, 10% de plus qu’au niveau national. Le département de la Haute-Saône est le plus touché. Et pour le docteur Vandel la principale explication est la ruralité : « les personnes se retrouvent isolées, parfois dans des lieux reculés. Et souvent elles sont trop loin des centres de santé, elles échappent aux campagnes de prévention ».

En outre, il est parfois difficile de repérer les signes de mal-être chez les personnes âgées. Notamment la dépression qui se manifeste différemment. Plus qu’une forte fatigue ou une tristesse profonde, la dépression se traduit chez les personnes âgées par une grande agressivité. Mal diagnostiquée, la dépression entraine l’éloignement des proches. Les petits enfants espacent leurs visitent, les enfants appellent moins.
Une formation spécifique pour repérer les tendances suicidaires

Le CHRU de Besançon a mis en place une formation spécifique pour repérer les tendances suicidaires chez les personnes âgées, un « brevet de premiers secours psychiatriques ». Il s’adresse à toutes les personnes qui sont régulièrement au contact des anciens : les médecins généralistes, mais aussi les auxiliaires de vie, les infirmières, les pompiers et les policiers.
Contrôler les yeux pour lutter contre la dépression

Pour Pierre Vandel, la recherche doit aller plus loin. Peu d’études ont jusqu’ici été menées sur la souffrance psychique des personnes âgées, mais le chercheur tempère : « c’est en train de changer ! ». Le ministère de la santé a décidé de financer son étude sur le suicide des personnes âgées. Elle va durer près de deux ans. Au départ de l’étude il y a ce constat : les personnes âgées ont plus de mal que les autres à repousser les idées suicidaires qui les assaillent. Et pour Pierre Vandel, la raison n’est pas un manque de volonté, elle est physiologique. Le cerveau a plus de mal à contrôler ses pensées et notamment à repousser les pensées suicidaires, qui s’emparent plus facilement d’elles.

Les chercheurs ont découvert que ce phénomène est similaire à la baisse de la vue chez les personnes âgées, ou plus précisément, à la diminution de leur capacité à contrôler leur vue. C’est pourquoi son étude va tout d’abord observer ce phénomène oculaire. Quinze patients dépressifs et à tendance suicidaire et quinze patients dépressifs sans tendance suicidaire vont participer pendant six mois à des exercices de vue. Devant un écran ils devront suivre des points lumineux, et surtout à certains moments, ne pas les suivre. Résister au réflexe de regarder le point, c’est le même mécanisme que repousser une idée suicidaire.
Des entretiens avec trente patients

La deuxième phase de l’étude sera plus sociologique. Des chercheurs mèneront des entretiens avec les trente patients sélectionnés. Ils analyseront leurs interactions sociales, leur intégration, ou plutôt leur retrait du monde social. Pour expliquer si l’isolement est le facteur principal des envies suicidaires chez les patients âgés.

Il faudra attendre deux ans pour obtenir les résultats de cette enquête et pouvoir proposer de nouvelles solutions pour prévenir et guérir les personnes âgées qui pensent au suicide.

* https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/la-prevention-du-suicide-des-personnes-agees-progresse-grace-un-chercheur-franc-comtois-1456167156