Quatorze Heures
Fourteen Hours
Comédie dramatique de Henry Hathaway,
avec Paul Douglas (Dunnigan), Richard Basehart (Robert Cosick), Barbara
Bel Geddes (Virginia), Debra Paget (Ruth), Agnes Moorehead
(Mrs. Cosick), Robert Keith (Mr Cosick), Howard Da Silva (lieutenant
Moksar), Jeffrey Hunter (Danny), Martin Gabel (Dr Strauss), Grace Kelly
(Mrs. Fuller).
- Scénario : John Paxton, d'après l'histoire de Joel Sayre The Man on the Ledge article sur The New Yorker
- Photographie : Joseph MacDonald
- Décor : Lyle R. Wheeler, Leland Fuller, Thomas Little, Fred J. Rode
- Musique : Alfred Newman
- Montage : Dorothy Spencer
- Pays : États-Unis
- Date de sortie : 1951
- Son : noir et blanc
- Durée : 1 h 32
Résumé
À New York, un agent de police fait sa ronde. Il aperçoit un jeune homme perché sur le rebord d'une fenêtre au 18e étage
d'un building, prêt à sauter dans le vide. Dunnigan tente de l'en
empêcher en bavardant avec lui. La foule stationne. La radio et la
télévision s'emparent de l'affaire. Ruth et Danny, deux jeunes gens, se
rencontrent, sympathisent, se perdent… Plusieurs heures d'effort sont
nécessaires à Dunnigan pour sauver Cosick que l'arrivée de sa fiancée
Virginia fait renoncer à ses projets de suicide. Ruth et Danny partent
enlacés et Dunnigan retrouve le calme d'un foyer heureux.
Avis sur http://leblogdecathy.over-blog.fr/2014/08/mon-film-du-mois-aout-2014.html
Un jeune homme veut se suicider en se jetant de la chambre de son hôtel, située au 16ème étage d'un immeuble new-yorkais. Alerté par les cris d'une femme, un policier donne l'alarme et va discuter avec le dépressiif. Renvoyé à la circulation par son chef, le dépressif ne veut discuter qu'avec ce policier qui a établi le dialogue.
Henry Hathaway signe un pur chef d'oeuvre avec ce film à suspense. Au départ on se dit qu'on va avoir un film en flashback, le suicidaire va discuter avec le policier et va lui raconter sa vie, mais ce n'est pas du tout ce qui va se passer. On va avoir une critique des médias qui se pressent pour avoir des témoignages et espérer une issue fatale, du voyeurisme des spectateurs qui restent amassés pendant des heures mais qui peut avoir finalement des conséquences positives sur la vie des personnes. C'est bien du cinéma avec cette femme qui veut divorcer et est totalement perturbée par les évènements qui se passent dans l'immeuble voisin, ou encore cette jeune fille qui ne veut pas aller travailler et veut sauver le jeune homme, mais finalement va faire une rencontre qui va changer quelque peu sa vie. Pendant une heure et demie, on suit les discussions, les états d''âme des différents protagonistes. Il y a les psychologues qui donnent leurs conseils, les policiers qui veulent "foncer", ceux qui veulent prendre le temps de discuter, les chauffeurs de taxi qui font dans le morbide en pariant sur l'heure où le jeune homme se jettera dans le vide.
Et puis il y a l'évocation de la vie de ce jeune homme par bribes, au travers de quelques dialogues particulièrement efficaces, avec cette mère indigne, qui pense que son heure de gloire est arrivée, ce père qui n'a pas forcément été à la hauteur, cette fiancée qui vient sauver celui qu'elle n'a jamais cessé d'aimer et puis surtout il y a ce policier partagé entre sa "tendresse" pour le dépressif et les ordres qu'il reçoit.
La force du film est sans doute ce rythme parfait de la narration, sublimée par une photographie fort originale multipliant les contre-plongées, cette vision sur les pieds de l'homme, et puis aussi ces discussions vues à travers l'écran d'une caméra de télévision, ou encore par les reflets des fenêtres, où l'action principale de la scène ne fait jamais oublier le drame qui se joue dans l'hôtel, il y a tous ces coups de théâtre, notamment quand le dénouement est presque acquis et que le suicidaire est prêt à rentrer dans l'hôtel.
Mais ce qui fait la force de ce film, c'est ce casting absolument sans faille, d'abord tous ces seconds rôles brillants avec Grace Kelly dans son tout premier rôle au cinéma et qui joue déjà le rôle d'une femme sophistiquée, Debra Paget en spectatrice malgré elle, Jeffrey Hunter qui tombe sous son charme. Il y a aussi ces parents campés par Agnes Moorehead qui est épatante en mère, Robert Keith touchant dans son rôle de père. Il ne faut pas oublier l'apparition de Barbara Bel Geddes touchante dans son rôle de fiancée. Puis il y a Richard Basehart impressionnant dans ce rôle quand même étouffant et surtout Paul Douglas, l'anti-héros par excellence qui est sensationnel en policier touché finalement par le sort de ce jeune homme dont on ne comprendra les motivations de son geste qu'à travers les explications des psychiatres.
Un film prenant, captivant et sans doute mon coup de coeur du mois !"