Par Léa Drouelle , publié le 11 Septembre 2014 http://www.frequencemedicale.com/Article/1748/Soleil-un-bon-remede-contre-le-suicide
Selon des chercheurs autrichiens, les longues journées ensoleillées auraient pour effet de réduire le nombre de suicides.
DURAND FLORENCE/SIPA. Séance de luminothérapie, traitement qui consiste à soigner la déprime de l'hiver par une lumière artificielle
Partir vivre sur des îles ensoleillées qui ne connaissent jamais l’hiver. Voici une thérapie qui pourrait être efficace contre les idées suicidaires. En effet, selon une récente étude publiée dans le journal Jama Psychiatry, l'exposition quotidienne à la lumière du soleil aurait un impact positif sur notre humeur et diminuerait les taux de suicides.
Effet positif au-delà de 10 jours
Dirigée par Benjamin Vyssoki, professeur à l’université de médecine de Vienne, l’étude a porté sur 69 462 suicides officiellement déclarés sur une période de 40 ans, entre 1970 et 2010. A partir de 86 stations météorologiques, les chercheurs ont calculé le nombre d’heures de soleil par jour des lieux où se trouvaient les personnes mortes par suicide. Ces données ont été calculées à partir des variations du rythme des saisons. Dans les dix jours précédant le passage à l'acte, le soleil n'était pas au rendez-vous, ce qui, selon les chercheurs, « a facilité le suicide ». En revanche, dans les 14 à 60 jours précédant l’évènement, le soleil était plus présent et le taux de suicides moins important.
Plus de corrélation chez les femmes
Les longues journées ensoleillées semblent donc avoir un impact positif sur les personnes dépressives, puisque les suicides sont moins fréquents dans ces conditions météorologiques. Selon l’étude, les femmes sont plus sensibles à ce phénomène que les hommes. Les auteurs de l’étude restent cependant prudents quant aux résultats obtenus : « Il est impossible d’attribuer une relation directe entre l’exposition au soleil et le suicide, dix jours avant l'évènement. D’autres recherches sont nécessaires de manière à déterminer si le manque de soleil est plus susceptible de déclencher une tendance suicidaire chez des personnes souffrant de sévères dépressions. » considère le Pr Vyssoki.
sur le meme sujet
Publié le 22/09/2014 sur http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/coup_de_soleil_sur_le_suicide_147616/document_actu_med.phtml
Coup de soleil sur le suicide
On se souvient de la controverse ayant opposé, à la fin du
XIXème siècle, le sociologue Emile Durkheim à des chercheurs
italiens qui croyaient déceler un parallèle entre taux de suicide
et température : « Ferri et Morselli ont conclu que la
température avait sur la tendance au suicide une influence directe
; que la chaleur, par l’action mécanique qu’elle exerce sur les
fonctions cérébrales, entraînait l’homme à se tuer. » [1].
Mais Durkheim montra que la chaleur n’a pas d’incidence directe sur
le suicide : « L’influence des chaleurs anormales ou des froids
anormaux ne prouve rien, en l’absence de rapports entre le taux des
suicides et la température saisonnière ou mensuelle. »
Or curieusement, les travaux modernes semblent redonner crédit à ces conceptions anciennes accordant une influence sur le suicide à un facteur climatique. Mais désormais, l’ensoleillement tient le rôle prêté jadis à la température : « Il a été observé que le comportement suicidaire est influencé par le soleil et rythmé par les saisons » notent ainsi les auteurs d’une étude sur l’influence de la lumière solaire en matière de suicide, indépendamment d’autres variations saisonnières.
Documentée par le recueil d’informations climatiques provenant de 86 stations météorologiques, cette étude rétrospective porte sur plus de 69 000 suicides survenus en Autriche entre 1970 et 2010. Plusieurs modèles basés sur les coefficients de corrélation de Pearson [2] ont été calculés. Les auteurs observent une « forte corrélation » entre le nombre de suicides et celui des heures d’ensoleillement dans les « 14 à 60 jours » précédant le geste fatal (coefficient de corrélation r = 0,487 ; p < 10-9). Après ajustement mathématique des données pour d’autres facteurs liés aux effets des variations saisonnières, une « corrélation positive persiste entre le nombre de suicides et le nombre d’heures d’ensoleillement quotidien pour le jour du suicide et jusqu’aux dix jours qui le précèdent » (rmaximum = 0,037 ; p < 10-5).
Par contre, on constate une « corrélation négative entre le nombre de suicides et l’ensoleillement quotidien durant les 14 à 60 jours précédant le suicide » (rminimum = –0,0383 ; p < 10-5).
Les auteurs précisent que ces effets existent pour « la totalité des cas de suicide » comme pour « les suicides violents », et ils estiment que la durée d’ensoleillement quotidien est « significativement corrélée à la fréquence des suicides », mais que « la taille de cet effet reste faible. » De plus, l’impact de cet ensoleillement se révèle ambivalent : d’un côté, un plus fort ensoleillement le jour du suicide ou dans les dix jours précédents peut faciliter le passage à l’acte fatal ; mais à l’inverse, un meilleur ensoleillement dans les 14 à 60 jours avant le suicide peut diminuer son risque, et constituer ainsi un facteur protecteur. En matière de suicide, à l’instar de la lange d’Esope, le soleil représenterait donc selon les cas « la meilleure ou la pire des choses. »
[1] http://monoskop.org/images/0/01/Durkheim_%C3%89mile_Le_suicide_1897.pdf
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Corr%C3%A9lation_(statistiques )
Dr Alain Cohen
Or curieusement, les travaux modernes semblent redonner crédit à ces conceptions anciennes accordant une influence sur le suicide à un facteur climatique. Mais désormais, l’ensoleillement tient le rôle prêté jadis à la température : « Il a été observé que le comportement suicidaire est influencé par le soleil et rythmé par les saisons » notent ainsi les auteurs d’une étude sur l’influence de la lumière solaire en matière de suicide, indépendamment d’autres variations saisonnières.
Documentée par le recueil d’informations climatiques provenant de 86 stations météorologiques, cette étude rétrospective porte sur plus de 69 000 suicides survenus en Autriche entre 1970 et 2010. Plusieurs modèles basés sur les coefficients de corrélation de Pearson [2] ont été calculés. Les auteurs observent une « forte corrélation » entre le nombre de suicides et celui des heures d’ensoleillement dans les « 14 à 60 jours » précédant le geste fatal (coefficient de corrélation r = 0,487 ; p < 10-9). Après ajustement mathématique des données pour d’autres facteurs liés aux effets des variations saisonnières, une « corrélation positive persiste entre le nombre de suicides et le nombre d’heures d’ensoleillement quotidien pour le jour du suicide et jusqu’aux dix jours qui le précèdent » (rmaximum = 0,037 ; p < 10-5).
Par contre, on constate une « corrélation négative entre le nombre de suicides et l’ensoleillement quotidien durant les 14 à 60 jours précédant le suicide » (rminimum = –0,0383 ; p < 10-5).
Les auteurs précisent que ces effets existent pour « la totalité des cas de suicide » comme pour « les suicides violents », et ils estiment que la durée d’ensoleillement quotidien est « significativement corrélée à la fréquence des suicides », mais que « la taille de cet effet reste faible. » De plus, l’impact de cet ensoleillement se révèle ambivalent : d’un côté, un plus fort ensoleillement le jour du suicide ou dans les dix jours précédents peut faciliter le passage à l’acte fatal ; mais à l’inverse, un meilleur ensoleillement dans les 14 à 60 jours avant le suicide peut diminuer son risque, et constituer ainsi un facteur protecteur. En matière de suicide, à l’instar de la lange d’Esope, le soleil représenterait donc selon les cas « la meilleure ou la pire des choses. »
[1] http://monoskop.org/images/0/01/Durkheim_%C3%89mile_Le_suicide_1897.pdf
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Corr%C3%A9lation_(statistiques )
Dr Alain Cohen