Mémoire : Crise suicidaire et maladie d’Alzheimer débutante : intérêt d’une analyse neuropsychologique détaillée
Suicidal crisis and Alzheimer's disease: Neuropsychological issues
Stéphane Richard-Devantoya, b, richarddevantoy@orange.fr, , Zied Kefia, Thierry Gallardac, Dominique Brossarda, d, Didier Le Galla, d, ea Laboratoire de psychologie des Pays-de-la-Loire EA 4638, université de Nantes et Angers, maison des sciences humaines, 5 bis, boulevard Lavoisier, 49045 Angers cedex 1, France
b McGill University, Department of Psychiatry, Douglas Mental Health University Institute, McGill Group for Suicide Studies Montréal (Québec), Douglas Institute, FBC building, 3rd floor, 6875, boulevard Lassalle, Montréal, Québec, H3W 2N1, Canada
c Service hospitalo-universitaire, centre d’évaluation des troubles psychiques et du vieillissement, CHS Sainte-Anne, 7, rue Cabanis, 75014 Paris, France
d University Memory Center, Angers University Hospital, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France
e Department of Neurology, Angers University Hospital, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France
- Annales Médico-psychologiques, revue psychiatriqueAvailable online 23 September 2014In Press, Corrected Proof Received 11 July 2013, Accepted 3 October 2013, Available online 23 September 2014
Résumé
Introduction
Le
risque de développer une maladie d’Alzheimer augmente avec l’âge. Le
rôle de celle-ci comme un facteur de risque indépendant de suicide n’est
pas bien compris et demeure complexe et mal élucidé. L’objectif de cet
article est d’envisager une compréhension neuropsychologique de la crise
suicidaire dans le cas d’une maladie d’Alzheimer débutante.
Méthode
Une
évaluation cognitive globale (Mini-Mental State Examination, Batterie
Rapide d’Évaluation Frontale) complétée de l’exploration de l’inhibition
cognitive selon ses fonctions d’accès (tâche de lecture en présence de
distracteurs), de suppression (Trail Making Test), et de freinage
(Stroop, Hayling, Go/No-Go) a été réalisée chez une femme souffrant
d’une maladie d’Alzheimer (MMSE à 21/30) avant et après réalisation
d’une tentative de suicide dans un contexte de dépression.
Résultats
L’échelle
d’Hamilton était cotée à 24/52, l’échelle de dépression de Cornell à
21/38. L’intentionnalité suicidaire était modérée avec un score à
15/25 à l’échelle d’intentionnalité suicidaire de Beck. Initialement
préservées, le déclin des fonctions exécutives a coïncidé avec
l’émergence d’une crise suicidaire dans un contexte de dépression chez
une patiente souffrant de maladie d’Alzheimer. Les fonctions de
l’inhibition cognitive étaient altérées dans ses trois composantes,
après ajustement des facteurs de confusion.
Conclusion
Une
évaluation détaillée des fonctions exécutives et singulièrement de
l’inhibition cognitive dans la population des patients atteints d’une
maladie d’Alzheimer permettrait de détecter les personnes les plus à
risque de passage à l’acte et de proposer une surveillance plus étroite
dans le cadre des soins généraux de leur maladie.
Mots clés
- Crise suicidaire;
- Dépression;
- Inhibition cognitive;
- Maladie d’Alzheimer;
- Prévention;
- Suicide
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003448713003727