mardi 4 mars 2014

RECHERCHE FRANCE La dépendance à la nicotine, la dépression et le risque de suicide

D'après article Info santé "La dépendance à la nicotine, la dépression et le risque de suicide"
du Lundi 3 Mars 2014 sur http://www.franceinfo.fr/sciences-sante/info-sante/info-sante-dif-rediff-nicotine-et-suicide-ok-1338179-2014-03-03
Néanmoins infosuicide.org n'a pas encore trouvé les références de l'article et la recherche citée



Extraits :

"Arrêter de fumer rend plus zen et plus heureux. C'est ce qu'indiquait une étude britannique publiée il y a quelques jours. Aujourd'hui, une étude française va plus loin et met en avant les liaisons dangereuses qui existent entre la dépendance à la nicotine, la dépression et le risque de suicide.

Ces deux études se répondent de façon étonnante. L'enquête britannique a porté sur des fumeurs moyennement dépendants. Elle a montré que ceux qui avaient réussi à arrêter de fumer se sentaient moins déprimés, moins anxieux. Ils avaient même une vision plus positive de la vie, que ceux qui n'avaient pas réussi à écraser leur dernière cigarette. Aujourd'hui l'étude, publiée par des médecins français, apporte une information complémentaire, mais une information essentielle: les fumeurs dépendants à la nicotine seraient exposés à un risque accru de suicide comme le confirme le Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Bichat à Paris.

Il a dirigé cette étude publiée dans la revue américaine Journal of Addiction. Il est arrivé à cette conclusion après avoir examiné 200 patients dans son service d'urgence après une tentative de suicide. "Nous avons mesuré leur dépendance au tabac par le test de Fagerström. Nous avons trouvé un taux de fumeurs étonnant : 57 %. Et nous avons aussi montré que les tentatives de suicide faites par les fumeurs sont plus graves. Les fumeurs font plus de tentative de suicide, se mettent en danger avec des gestes contre eux-mêmes plus agressifs et sont plus souvent hospitalisés en psychiatrie."

"Il y a deux manières d'interpréter ces résultats" ajoute-t-il. "Le fait de fumer est un indice de souffrance psychologique. Quand on fume, on est plus à risque d'être angoissé, déprimé et dépendant de l'alcool. Mais il y a une autre explication encore plus inquiétante. Peut-être que c'est la nicotine elle-même qui augmente le risque de dépression et même de suicide. Nous ne sommes pas les seuls à le penser. Les autres équipes travaillant sur le sujet le disent aussi."

D'après cette étude, les patients qui avaient fait une tentative de suicide et qui étaient dépendants au tabac, l'étaient aussi à l'alcool. "Les fumeurs buvaient plus d'alcool (4 verres par jour en moyenne contre seulement un verre chez les non-fumeurs). Ils étaient plus souvent dépendants de l'alcool. Plus d'un tiers des fumeurs sont dépendants de l'alcool."

Selon le Pr Lejoyeux, il est possible que la nicotine majore le risque suicidaire : "On ne peut évidemment pas en être sûr mais un faisceau d'étude montre l'effet déprimant et angoissant de la cigarette. La nicotine diminue les taux de neuromédiateurs régulant l'humeur, c'est-à-dire la bonne humeur en fait."

Son étude, ainsi que l'étude britannique qui vient de montrer qu'arrêter de fumer rend plus heureux, vont à l'encontre d'une idée reçue, qu'on a admise pendant des décennies : on croyait que le tabac avait un effet antidépresseur. C'est l'inverse ! On s'est donc trompé "peut être à cause de la publicité pour le tabac véhiculée par ses producteurs. Et puis il y a aussi des fausses idées sur les effets euphorisants du tabac."

Dans son dernier livre qui vient de paraître chez Plon, Reveillez vos désirs, le professeur montre bien qu'on réveille justement ses désirs en sortant de la dépendance. Puisqu'on sait aujourd'hui que le tabagisme ne rend pas plus zen ou plus heureux, qu'il peut même majorer le risque de suicide, est-ce que la prise en charge des patients qui veulent arrêter de fumer va changer ? Le Pr Lejoyeux répond par l'affirmative : "Oui nous ne dirons plus à un fumeur qu'il faut qu'il attende d'être de bonne humeur pour se sevrer. Nous lui dirons l'inverse. C'est en vous sevrant que vous allez vous réveiller vos envies et retrouver votre énergie."

En conséquence, les messages de prévention doivent aussi changer et mettre en avant ces risques peu connus du public liés au tabagisme : risque de déprime, risque de suicide et pas seulement risque de cancers. "Sans dramatiser ni faire peur, il faut quand même dresser un inventaire complet des effets nocifs du tabac y compris sur le risque de dépression et de suicide. On trouve plus de goût et de plaisir à la vie sans cigarette."
Lire l'integralité de l'article sur  http://www.franceinfo.fr/sciences-sante/info-sante/info-sante-dif-rediff-nicotine-et-suicide-ok-1338179-2014-03-03