18 décembre 2013 http://lorient.letelegramme.fr/local/morbihan/lorient/ville/ifsi-des-acteurs-dans-la-peau-des-patients-18-12-2013-2342817.php?utm_source=rss_telegramme&utm_medium=rss&utm_campaign=rss&xtor=RSS-21
Si le mannequin est un complice incontournable dans l'apprentissage des soins, des comédiens entrent désormais en scène à l'école d'infirmiers (IFSI) pour interpréter le rôle des patients et tester la patience des futurs soignants.
En l'espace d'un mois, ce sexagénaire alerte a accumulé les pépins de santé. Il a régulièrement souffert d'insuffisance respiratoire et de fractures aux doigts. Terrible fatalité ? Non, « ce patient standardisé » s'est porté volontaire pour subir, ou plus précisément simuler, ces pathologies.
Quatre comédiens
« Même standardisé, je ne suis pas un patient lambda », sourit François Guyon. Ce comédien amateur dans une troupe de théâtre amateur à Ploemeur est passé des planches au huis clos d'une chambre. Mais ces prestations, scrutées par un public très attentif, ne sont pas ponctuées par des applaudissements. Depuis la mi-novembre, il alterne les interventions à l'école d'infirmiers avec trois autres comédiens.« Cela s'inscrit dans la continuité des ateliers de simulation mis en place pour la formation des élèves infirmiers », précise Claudie Gautier, la directrice de l'Institut de formation de professionnels de santé (IFSI).En 2011, nous avons ouvert un plateau technique avec une chambre de soins intensifs pour la prise en charge de l'urgence. Désormais, nous ajoutons la dimension relationnelle avec le patient ».Et cet aspect de la formation ne se décline pas avec de simples mannequins. « Jusqu'alors, le patient était joué par un étudiant ou un formateur. Mais il était difficile d'établir une réelle distance pour de véritables mises en situation », confie Françoise Crossin, formatrice à l'IFSI.
« Comme des piècesde théâtre »
D'où l'idée de faire appel à des acteurs et de se rapprocher au plus près de l'univers professionnel des futurs infirmiers, confrontés aux attentes, aux angoisses, aux exigences de ces faux patients.Cette approche vivante est fréquemment utilisée dans les pays anglo-saxons mais aussi en Suisse ou en Belgique. En France, elle n'est encore qu'au stade de l'expérimentation.« Les CHU de Brest et Angers l'utilisent pour la formation des futurs médecins. Nous sommes les seuls en Bretagne à la proposer aux élèves infirmiers », souligne la directrice de l'IFSI qui souhaite l'étendre également aux médecins dans le cadre de la formation continue.Pour l'heure, les deux scénarios mis au point permettent de travailler la relation d'écoute et d'aide en dehors du cadre médical. « Ils sont écrits comme des pièces de théâtre. L'élève n'en connaît que les grandes lignes. Et nous ajoutons 20 % d'improvisation qui change en fonction de l'interlocuteur. D'ailleurs, on est à la fois acteur et spectateur des réactions de l'élève », indique François Guyon qui se définit comme « un mannequin indocile » pour mieux surprendre l'étudiant.
D'autres tranches de vieà écrire
« Il ne faut pas oublier que le relationnel fait partie des soins », rappelle Yves Mongin, coordonnateur pédagogique à l'IFSI.En effet, les patients ne laissent pas à la porte de l'hôpital leurs problèmes sociaux, familiaux, psychologiques. La prise en compte de leurs histoires peut aider à faire avaler la pilule d'une hospitalisation. Et en faisant face à des situations diverses, le futur infirmier se retrouve moins démuni. C'est pour cette raison que d'autres tranches de vie sont en cours d'écriture. « On va les complexifier, notamment en entrant dans le domaine de la psychiatrie avec des scénarios à venir sur le repérage de la crise suicidaire et les soins autour de la chambre d'isolement », déclare Claudie Gautier qui n'oublie pas, non plus, le public des médecins. « Nous avons le projet de développer le thème de la relation aux familles et l'annonce de mauvaises nouvelles ».
... A suivre..