vendredi 13 décembre 2024

FORMATION Marseille (13) 11et 12 mars 2025 Repérage de la crise suicidaire : Module Intervention de crise

Repérage de la crise suicidaire : Module Intervention de crise
Au CoDEPS13, les 11 et 12 mars 2025

 Public cible

Cette formation s’adresse aux professionnel.le.s de santé (médecins, infirmier.e.s, psychologues, etc.) formé.e.s à l’entretien clinique et réalisant de l’intervention de crise de façon régulière (SMUR, urgences générales et psychiatriques, services de psychiatrie, CMP, équipes de recontact type Vigilan’S, équipes mobiles...)
Objectif

Cette formation vise à améliorer les compétences cliniques et les habiletés en intervention ponctuelle de crise suicidaire mais aussi à constituer un réseau de personnes formées pour contribuer à la lutte contre la crise suicidaire dans les Bouches-du-Rhône.
Compétences visées Distinguer l’état de la personne (vulnérabilité, état de crise)
Evaluer au moyen d’une investigation clinique adéquate le degré de dangerosité (létalité du moyen), d’urgence (imminence du passage à l’acte) et de risque de passage à l’acte
Faire baisser l’intensité de la crise
Prévenir le passage à l’acte
Organiser la prise en charge à court terme en fonction de la nature de la crise
Être en lien avec le réseau des sentinelles pour que l’accompagnement des personnes soit fluide
Intervenants Dr Aurélie Tort, psychiatre au CH de Martigues
Dr Thierry Bottaï, chef de service de psychiatrie au CH de Martigues

Cette formation est animée par le réseau des formateurs régionaux validés par l’ARS Provence Alpes Côte d’Azur.
Inscriptions

Cette formation n'engendre pas de frais pour les participant.e.s grâce au financement de l’ARS PACA.

Un chèque de caution de 50€ est demandé pour réserver sa place, qui sera rendu à l’issue de la formation. La prise en compte des inscriptions sera définitive une fois le chèque de caution reçu. La présence aux 2 jours de formation est obligatoire pour obtenir une attestation de formation.
Les frais de restauration et de déplacement sont à la charge du stagiaire.
Session de 8 à 12 personnes.

Pour vous inscrire, merci d'envoyer votre bulletin d'inscription accompagné du chèque de caution à :

Lucie Beyriere

CoDEPS 13

25B av. Jules Cantini - 13006 Marseille






Bulletin d'inscription et charte d'engagement (1.3 Mo)




Plaquette de formation (237.3 Ko) 

source https://www.codeps13.org/formations-ateliers/reperage-de-la-crise-suicidaire-module-intervention-de-crise-2025 

Polynésie française Suicide : une exposition pour la prévention et le soutien des familles endeuillées

 Suicide : une exposition pour la prévention et le soutien des familles endeuillées

Exposition de SOS Suicide
L'association SOS tient une exposition de plantes et de créations artisanales à la mairie de Pirae. L'occasion pour elle de sensibiliser à la prévention du suicide.

L'association SOS suicide en Polynésie organisait ce jeudi 12 décembre, une exposition artisanale et florale à la mairie de Pirae. Loin d'une opération commerciale, l'événement est plutôt une invitation à sociabiliser. En Polynésie, cette année le haut-commissariat a recensé 174 tentatives de suicide pour 100 000 habitants. Le nombre de morts, lui, était de 40 en 2023 selon l'association.   

Exposition de SOS Suicide

Face à cette tendance à la hausse, l'association SOS suicide qui est en relation avec les familles endeuillées organise cette exposition pour manifester son soutien. Annie Tuheiava Mairau, la présidente de l'association, a organisé une grande exposition avec la participation des « mamas de l'artisanat », ainsi que les « mamas des plantes ». L'occasion pour la population de venir sociabiliser et pour les personnes qui sont dans une passe difficile de venir s'informer et trouver un soutien. « La dépression des jeunes est différente de celle des adultes, différencie Annie. Les jeunes, ça intervient souvent à la suite d'une rupture amoureuse, ou bien à une mauvaise gestion de la colère et des émotions. L'adulte, lui, vient plutôt poser des questions. Il s'exprime. Les jeunes en revanche pensent tout de suite au suicide sans en parler ».  

L'artisanat et les plantes, deux activités qui ne sont pas choisies au hasard   

Exposition de SOS Suicide

C'est un conseil qu'on donne souvent aux personnes en dépression : se mettre au vert, faire des activités manuelles. Les plantes, permettent aux personnes en difficulté de se mettre au vert, de se rapprocher de la nature, il est même conseillé d'aller s'immerger dans les bruits de la nature, les senteurs... L'artisanat également peut être bénéfique. « La personne qui est dépressive, elle a besoin de retrouver une estime de soi, explique Annie. Il peut réaliser des choses avec ses mains, et quand il a fini de faire un panier par exemple, il peut se dire « ouah ! j'ai réussi ! Je peux faire quelque chose, je peux vivre avec ce que je fais ». C'est un moyen de restaurer la valeur de soi ».  

Cette exposition c'est aussi l'occasion pour l'association de sensibiliser les visiteurs à la prévention du suicide.

https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/tahiti/polynesie-francaise/suicide-une-exposition-pour-la-prevention-et-le-soutien-des-familles-endeuillees-1544884.html

Le cabinet de curiosités d'Infosuicide.org USA Analyser le clavier des ados pour éviter les suicides ? C'est l'idée de ce logiciel pour repérer les comportements à risque

Le cabinet de curiosités d'Infosuicide.org

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Aidez nous à alimenter une réflexion...  


Analyser le clavier des ados pour éviter les suicides ? C'est l'idée de ce logiciel pour repérer les comportements à risque

Anne Pinsolle
Publié le 11/12/2024 https://www.femmeactuelle.fr/*
 
Un logiciel inclus dans les claviers des ordinateurs portables des adolescents pourrait permettre de prévenir des idées suicidaires et ainsi éviter des drames, a révélé The New York Times le 9 décembre 2024.

L’intelligence artificielle au service du meilleur. Oui, c’est possible. Depuis l’apparition de ces technologies, on se pose parfois des questions sur leurs bienfaits pour la population. Mais cette fois, un logiciel pourrait permettre de sauver de nombreux adolescents. En effet, il permet de détecter les automutilations et les idées suicidaires chez les jeunes. Toutefois, pour en bénéficier, il faut pour l’instant posséder un ordinateur portable fourni par l’école.

Aux États-Unis, une loi exige que ces appareils soient équipés de filtres pour garantir une utilisation sûre d’Internet. Des entreprises spécialisées dans la technologie éducative responsables de ces filtres ont également trouvé un moyen de lutter contre les comportements suicidaires et d’automutilation, a révélé The New York Times le 9 décembre 2024. Comment ? En utilisant un outil qui scanne ce que les élèves saisissent sur leur clavier. Les membres du personnel scolaire sont alertés s’il y a des mots ou expressions inquiétants et peuvent alors agir.

Un logiciel qui mérite d’être amélioré

Des millions d’écoliers américains sont aujourd’hui soumis à ce type de surveillance. Si des mots-clés ou des phrases utilisés sont déterminés comme étant graves, certains élèves peuvent être retirés de leur classe pour faire l’objet d’un contrôle. En dehors des heures de cours, et si les parents ne peuvent pas être contactés par téléphone, les forces de l’ordre ont alors la possibilité de se rendre au domicile de l’élève concerné pour faire un état des lieux de son état mental. Mais ces filtres mériteraient des améliorations, puisqu’il y a de nombreuses erreurs, perturbant notamment les élèves.
Un logiciel néfaste pour la vie privée des élèves ?

Il est aujourd’hui impossible de révéler dans quelle mesure ces outils sont précis, ou de mesurer leur impact, positif ou négatif. En effet, leurs données restent entre les mains des entreprises technologiques privées. Mais les alertes peuvent avoir des conséquences néfastes. Les organisations de défense des droits de l’homme ont notamment mis en garde contre les risques pour la vie privée et l'équité des élèves. Si ce logiciel permet de révéler des élèves luttant silencieusement et d’en sauver d’autres, certaines visites des forces de l’ordre au domicile d’élèves les ont aussi traumatisés.

https://www.femmeactuelle.fr/vie-pratique/high-tech/analyser-le-clavier-des-ados-pour-eviter-les-suicides-c-est-l-idee-de-ce-logiciel-pour-reperer-les-comportements-a-risque-2185398

jeudi 12 décembre 2024

"Ni cinglées, ni folles amoureuses : le suicide féminin démystifié par les écrivaines du XIXᵉ siècle"

Ni cinglées, ni folles amoureuses : le suicide féminin démystifié par les écrivaines du XIXᵉ siècle
Publié: 11 décembre 2024, https://theconversation.com/*

Auteur  Juan Pedro Martín Villarreal
Profesor de Teoría de la Literatura y Literatura Comparada, Universidad de Cádiz
Déclaration d’intérêts

Juan Pedro Martín Villarreal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Partenaires


Universidad de Cádiz apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation ES.

Structurant l’imaginaire collectif, les stéréotypes confinent certaines catégories de personnes à des positions subalternes. Alors que les féministes contemporaines ont encore fort à faire avec les figures de la « salope », de la « fille chiante » ou de la belle-mère, les écrivaines du XIXe siècle se sont attaquées à celui de la suicidée.


« Je ne suis pas cinglée, j’en ai juste ras-le-clito. »

Cette phrase, devenue virale grâce à un mème tiré de la série espagnole Paquita Salas, aurait pu être prononcée par une protagoniste de romans publiés au XIXe siècle par des autrices comme Rosalía de Castro, Gertrudis Gómez de Avellaneda, Mary Ann Evans (plus connue sous le pseudonyme de George Eliot), Kate Chopin ou Marie d’Agoult – en d’autres termes, nous le concédons.

Ces autrices ont en commun d’avoir abordé le thème de la femme suicidaire, en soulignant leur malaise face aux stéréotypes de la folle amoureuse ou de la femme éternellement malade. Elles ont montré comment ces clichés, inscrits dans un discours culturel, ont permis de dissimuler les violences faites aux femmes.


Des Ophélie suicidaires

L’image de la femme suicidaire s’est popularisée aux XVIIIe et XIXe siècles, symbole des passions amoureuses dévorantes et de la fragilité de la psyché féminine. Elle doit l’essentiel de son succès au fait que cette représentation confortait le discours médical. Celui-ci définissait la femme comme un être mentalement inférieur à l’homme, très sensible et irrationnel, et concevait le suicide comme l’effet d’une maladie mentale à laquelle elles étaient davantage prédisposées.

Ces autrices du XIXe siècle étaient confrontées à un imaginaire qui les préférait belles et mortes plutôt qu’émancipées. Si l’on en croit le dicton selon lequel une image vaut mille mots, penchons-nous sur un tableau dépeignant la plus illustre des suicidées afin de mieux cerner la représentation culturelle que ces écrivaines ont dû écorner. Il s’agit du personnage shakespearien d’Ophélie, mis en scène dans de nombreux tableaux tout au long du XIXe siècle. Le portrait le plus connu a été réalisé par le peintre préraphaélite John Everett Millais en 1852.

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La vision fantasmée d’Ophélie, vouée à une mort certaine par noyade, offre un exemple évident des risques que représentaient la réification et l’esthétisation de l’image féminine pour les femmes concernées (la poétesse Elizabeth Siddal tomba gravement malade en posant pour ce tableau). Cette icône esthétique glorifie la faiblesse et la passivité en tant qu’attributs féminins – une représentation qui révèle l’évolution de la conception du suicide comme résultant d’une instabilité mentale.


Médicalisées
Dessin d’une femme sur son lit de mort
La mort de madame Bovary, dessin d’Alfred de Richemont. Wikimedia

On assistait en effet à l’époque à une médicalisation du suicide qui consistait à établir un lien entre cet acte et la folie. On passait alors de la condamnation chrétienne à une vision plus empathique qui considérait la suicidaire comme une victime. J’écris « la suicidaire » car cette médicalisation s’est accompagnée d’une féminisation qui venait étayer les idées médicales alors en vogue sur la psyché féminine. C’est ainsi que s’est construite une fiction autour de la prévalence du suicide chez les femmes, bien que les statistiques de l’époque comme celles d’aujourd’hui contredisent cette version des faits.

En outre, le cadavre féminin est devenu une sorte de fétiche dans l’imaginaire masculin. [Edgar Allan Poe](https://www.eapoe.org/works/essays/philcomp.htm](https://www.eapoe.org/works/essays/philcomp.htm/) écrivait ainsi :

« La mort d’une belle femme est incontestablement le plus poétique sujet au monde. »

Cette idée s’illustre dans d’innombrables œuvres picturales représentant des femmes suicidées, ainsi que par l’omniprésence dans la presse et les récits de l’époque de femmes suicidées – qu’elles soient réelles ou fictives.

La littérature de l’époque regorge ainsi de femmes folles qui se sont suicidées, comme dans le poème The Bridge of Sighs de Thomas Hood, The Blithedale Romance de Nathaniel Hawthorne, Madame Bovary de Gustave Flaubert, Amor de Perdição de Camilo Castelo Branco ou El audaz de Benito Pérez Galdós. Ces œuvres ont tissé un imaginaire dans lequel la femme vivait et mourait pour l’homme.


La version des femmes

La représentation du suicide que livrent les écrivaines du XIXe siècle ne véhicule pas du tout cette image stéréotypée. Au contraire, on y perçoit une remise en question du mythe de la femme aliénée et suicidaire, de cette vision « médicale », comme de la justification amoureuse de cet acte.

Des romans comme Dos mujeres de Gertrudis Gómez de Avellaneda, La hija del mar, première œuvre de la Galicienne Rosalía de Castro, Le moulin sur la Floss de Mary Ann Evans, Valentia de Marie d’Agoult ou L’Éveil de Kate Chopin ont en commun de tenter d’expliquer le suicide féminin en allant au-delà de la simple idée d’une conséquence de la démence.

Dessin d’une jeune femme en noir et blanc
Maggie Tulliver, l’héroïne du Moulin sur la Floss, dessinée par Frederick S. Church. Wikimedia

La mort volontaire – auxquelles ces femmes ne sont pas génétiquement prédisposées – apparaît comme un moyen de se libérer des violences qui les oppriment et les contraignent à mener une existence malheureuse dont elles ne voient pas l’issue. Si l’argument amoureux reste présent dans ces narrations, il sert plutôt à souligner le rôle de la société patriarcale dans la naturalisation de l’oppression féminine. Ce faisant, ces écrivaines ont fait de ce thème prétendument poétique une question essentiellement politique.

Même si ces autrices ne se connaissaient pas, les protagonistes de leurs romans revendiquent par la mort la nécessité de mettre un terme à un ensemble d’oppressions dont elles pâtissent du fait de leur sexe : opprobre social lié à des normes morales qui empêchent toute réalisation dépassant le modèle de la fée du logis, manque de liberté physique et symbolique, manque d’éducation, oppression intrinsèque à l’institution du mariage auquel elles n’accèdent pas sur un pied d’égalité, etc.

Le suicide y est aussi décrit comme une décision sage. Cette approche dénonce le discours médical dominant qui réduisait l’insatisfaction inhérente à l’oppression patriarcale à une névrose féminine. Les autrices luttent contre l’idée simpliste selon laquelle le suicide n’était qu’une affaire médicale.

Par leur destin funeste, Edna, Valentia, Maggie, Esperanza et Catalina, héroïnes de ces fictions sur le suicide, prennent peut-être la seule décision qu’elles puissent prendre librement. Ces exemples littéraires montrent la nécessité d’envisager un avenir dans lequel leur identité ne se construit pas seulement en fonction de leurs relations aux hommes, mais aussi l’urgence d’enrayer les mécanismes qui empêchent les femmes de mener une existence digne.

Cette revendication unit des autrices qui, en différents lieux du globe, rencontraient des obstacles à leurs ambitions littéraires et à l’expression de leur pensée politique, à une époque où elles n’étaient que des citoyennes de seconde zone. Lire et perpétuer leurs œuvres est la meilleure manière de voir ce qui se cache derrière l’image ophélienne de la femme en proie à une folie amoureuse.

La version originale de cet article a été publiée en espagnol

https://theconversation.com/ni-cinglees-ni-folles-amoureuses-le-suicide-feminin-demystifie-par-les-ecrivaines-du-xix-siecle-245629

ETUDE RECHERCHE Suicide : le taux de passage à l’acte a-t-il évolué depuis 2000 ?

Suicide : le taux de passage à l’acte a-t-il évolué depuis 2000 ?

Caroline Guignot | Publié 12 déc. 2024 https://www.univadis.fr/*

Une étude nationale confirme que, sur les 20 dernières années, les 18-25 ans, les personnes ayant les plus faibles revenus ainsi que celles ayant des antécédents de passage à l’acte restent les trois groupes de population les plus vulnérables face aux risques de tentative de suicide. Ce sont à leur égard que les actions de prévention doivent être orientées, comme le rappelle la Stratégie nationale de prévention du suicide, le maintien d’une évaluation régulière des dynamiques à l’œuvre au cours du temps permet à la fois d’apprécier l’efficacité des stratégies de prévention déjà mises en œuvre et d’identifier des leviers d’action émergents.

C’est dans cet objectif que lors de l’étude parue récemment dans European Psychiatry, les deux auteurs ont évalué le taux de transition dans la population française adulte sur les 21 dernières années afin de déterminer si les facteurs de risque cliniques ou sociodémographiques permettant d’expliquer cette transition avaient évolué au cours du temps. Pour cela, ils ont exploité les résultats des éditions successives du Baromètre santé, menées en population adulte auprès des personnes âgées de 18 à 75 ans vivant en France (2000, 2005, 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021), soit un total de 133 827 personnes ayant répondu (51,3 % de femmes).
Il faut porter attention aux jeunes, précaires et suicidants

Le taux d’idéation suicidaire sur 12 mois était de 4,7 %, oscillant entre 4 % en 2010 et 5,9 % en 2000, avec une baisse notable entre 2005 et 2010, suivie d’une hausse en 2014. Une tentative de suicide dans les 12 derniers mois était rapportée par 0,5 % de la population, valeur comprise entre 0,3 % en 2005 et 0,8 % en 2014.

Ainsi, le taux de transition suicidaire depuis 2000 a été de 7,7 %, compris entre 4,5 % en 2005 et 11,9 % en 2014. L’augmentation avait été statistiquement significative en 2010 et la diminution significative en 2017. L’augmentation du taux de transition après la période de Covid était non significative (7,9 % en 2020 versus 6,5 % en 2017, puis à 9,3 % en 2021). L’analyse multivariée montre une association significative entre la transition suicidaire et trois principaux facteurs : les 18-25 ans avaient 80 % de risque supplémentaire de passage à l’acte (odd ratio ajusté [ORa] du taux de transition de 1,8 [1,2-2,8]) par rapport aux 26-55 ans. Les auteurs reconnaissent que l’une des limitations de ce travail est de ne pas avoir pris en compte les adolescents, une population vulnérable, chez laquelle le taux d’automutilation est relativement élevé ;
les patients ayant un revenu appartenant au plus bas tertile avaient 70 % de risque supplémentaire de passage à l’acte (ORa 1,7 [1,0-2,7]) par rapport à ceux ayant un revenu appartenant au tertile le plus élevé ;
toutefois, les antécédents de tentatives antérieures restaient le facteur prédictif le plus fort, les personnes concernées ayant 11 fois plus de risque que les autres de réitérer l’acte (ORa 11,1 [7,8-15,6]). Le dispositif VigilanS, dont le déploiement a encore été récemment renforcé sur le territoire, est précieux dans ce contexte, permettant de diminuer de 38 % le risque de réitération suicidaire (passage aux urgences ou hospitalisations pour tentative de suicide, ou décès par suicide) dans les 12 mois suivant une tentative, par rapport à des sujets n’en ayant pas bénéficié.

S’aider d’indicateurs pour orienter les actions

« Cette étude vient s’ajouter à la littérature, sans équivoque, qui montre qu’une très grande majorité (plus de 80 % et généralement 90 %) des personnes ayant des idées suicidaires dans la population générale ne tentent pas de se suicider », insistent les auteurs qui rappellent toutefois que le taux de transition est un indicateur très sensible sur lequel de petites fluctuations du numérateur ou du dénominateur peuvent avoir un impact important.
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Ce travail est essentiel, car le concept de transition suicidaire diffère de celui de suicidalité, qui englobe les idées suicidaires et les passages à l’acte. Ce dernier reste rare chez les personnes ayant des idées suicidaires (prévalence à 12 mois en France en 2021 : 0,5 % contre 4,2 %). En effet, les idées suicidaires ont une faible valeur prédictive de passage à l’acte (0,3 à 3,9 %) et celui-ci ne peut être déterminé par la seule présence concomitante d’une dépression, qui n’a de valeur prédictive que sur les idées suicidaires. Une prise en charge médicale indifférenciée pourrait être évitée en ciblant les personnes à haut risque.

Citer : Caroline Guignot. Suicide : le taux de passage à l’acte a-t-il évolué depuis 2000 ? - Univadis - 12 déc. 2024.
https://www.univadis.fr/viewarticle/suicide-taux-passage-%25C3%25A0-lacte-t-il-%25C3%25A9volu%25C3%25A9-2000-2024a1000muw?uuid=1583a6fe-4763-4f2b-873e-4779cef6ac75

mardi 10 décembre 2024

Pensées suicidaires et tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois chez les personnes en activité professionnelle en France métropolitaine entre 2010 et 2021 : résultats du Baromètre santé

N° 25 | 10 décembre 2024
BEH 25 | 10 décembre 2024 | 559
ARTICLE // Article  Pensées suicidaires et tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois chez les personnes en activité professionnelle en France métropolitaine entre 2010 et 2021 : résultats du Baromètre
santé
p. 560 Christine Chan-Chee et coll. Santé publique France, Saint-Maurice

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VOIR LE NUMERO

Résumé
Introduction –
L’objectif de cet article est de décrire, chez les actifs occupés en France métropolitaine, la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide déclarées, les raisons auxquelles celles-ci sont attribuées, les évolutions de 2010 à 2021, ainsi que les facteurs associés aux pensées suicidaires.

Méthodes –
Les données sont issues des Baromètres de Santé publique France 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021. Les prévalences des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois ont été décrites selon l’année d’enquête, la classe d’âge, la catégorie socioprofessionnelle et le secteur d’activité. L’association entre les pensées suicidaires et les caractéristiques sociodémographiques, socioprofessionnelles et de santé a été étudiée sur les données du Baromètre 2021.

Résultats –
Chez les hommes, les employés présentaient la prévalence la plus élevée de pensées suicidaires en 2020 et 2021. Chez les femmes, la prévalence ne différait pas selon la catégorie socioprofessionnelle. Le secteur de l’hébergement et de la restauration était le plus concerné par les pensées suicidaires en 2010, 2017 et 2021. Une augmentation significative des pensées suicidaires a été observée chez les jeunes de 18-24 ans entre 2020 (3,4%) et 2021 (7,1%), qui présentaient ainsi la plus forte prévalence en 2021. Les 18-24 ans, et dans une moindre mesure les 25-34 ans, les adultes ne vivant pas en couple, ceux vivant sans enfant et ceux ne se déclarant pas à l’aise financièrement avaient un risque plus élevé de pensées suicidaires. Les raisons données pour les pensées suicidaires étaient avant tout professionnelles et familiales, dans des proportions similaires autour de 40%. Pour les tentatives de suicide, les raisons étaient professionnelles dans 9% à 14% des cas.

Conclusion –
Ces résultats en population active occupée permettent de fournir des éléments pour cibler les populations au travail et les secteurs d’activité les plus à risque. Cette étude confirme la forte dégradation de la santé mentale des adultes les plus jeunes observée en population générale depuis la pandémie de Covid-19.

lundi 9 décembre 2024

MANIFESTATION Rennes (35) 4/02/25 Journée départementale de prévention du suicide (Ille-et-Vilaine)

Journée départementale de prévention du suicide (Ille-et-Vilaine)



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Détails


4 février 2025 9h00 - 17h30 

Infos complémentaires

L’Agence Régionale de Santé Bretagne et la Maison Associative de la Santé ont le plaisir de vous inviter à la Journée départementale de prévention du suicide « Repérer, écouter, évaluer, orienter : en parler peut tout changer »

⏰ Mardi 4 février 2025 de 9h à 17h30

📌 À la Maison des Associations (Auditorium) 6, cours des Alliés, à Rennes

PROGRAMME : (programme complet ici)

Qu’est-ce que la crise suicidaire ? Quels sont les dispositifs de prévention existants sur le territoire ? Quelles sont les ressources à mobiliser ?

Cette journée amènera les actrices et acteurs concerné.es (élues et élus locaux, professionnel.les du social, du médico-social, de la santé, de l’éducation, associations…) à connaître la stratégie multimodale de prévention du suicide et à partager une culture commune sur la thématique.

Il sera également question de présenter les ressources (dispositifs, formations, expérimentations, actions…) mobilisables en Ille-et-Vilaine. Je m’inscris

Merci de vous inscrire sur le lien avant le vendredi 29 novembre 2024.

Le nombre de places étant limité, les organisateurs se réservent la possibilité de limiter le nombre d’inscriptions pour un même organisme pour qu’un maximum de structures différentes puissent participer.

Votre inscription vous sera confirmée ou non, par mail, environ 1 mois avant l’événement.

Les inscrit.es s’engagent à assister à l’intégralité de la journée. Journée gratuite / Déjeuner libre et non pris en charge.

https://cpts-ille-et-flume.fr/agenda/journee-departementale-de-prevention-du-suicide-ille-et-vilaine/

RAPPORT FINAL ONPE 2024 État suicidaire de jeunes en structure collective de protection de l’enfance : Quelles ressources partenariales, de prévention et d’intervention pour les professionnels ?

RAPPORT FINAL ONPE 2024, Observatoire National de la protection de l'enfance


État suicidaire de jeunes en structure collective de protection de l’enfance :  Quelles ressources partenariales, de prévention et d’intervention pour les professionnels ?

Coordination : Charlène Charles
Équipe : Myriem Auger, Christophe Trombert

presentation https://onpe.france-enfance-protegee.fr/rapport-recherche/etat-suicidaire-de-jeunes-en-structure-collective-de-protection-de-lenfance-quelles-ressources-partenariales-de-prevention-et-dintervention-pour-les-professionnels/

Acces rapport https://onpe.france-enfance-protegee.fr/wp-content/uploads/2024/11/rapport-final-2024-2.pdf

Résumé
Ce travail explore la prise en charge du risque suicidaire des mineurs placés, à la croisée du champ de la santé mentale et de la protection de l’enfance. Il rend compte des pratiques, des dilemmes et des épreuves des professionnels par une approche qualitative (N=74 entretiens), en étant à l’écoute des catégories pratiques et des référentiels théoriques qu’ils mobilisent pour mettre en sens les discours et le vécu suicidaire des enfants et adolescents. Au-delà des enjeux auxquels sont confrontés les professionnels face à ce risque, leurs connaissances, leur implication de première ligne donnent accès à des données précieuses pour saisir les contextes sociaux du risque suicidaire des mineurs en lien avec les institutions qu’ils fréquentent et leurs trajectoires.
En décrivant les quelques caractéristiques repérables dans les cas de suicide ou de tentative de suicide, nous avons mis en avant les propriétés souvent associées à ces gestes (mode opératoire, lieux, sexe, etc.) et rendu compte des grands motifs de suicide perçus par les professionnels.
L’enquête fait apparaître une minimisation du phénomène par les intervenants sociaux de première ligne et la difficile localisation de la souffrance ou de la qualification du degré de risque souvent brouillée par un continuum de conduites à risque. À l’impossible nomination du phénomène suicidaire, vient s’ajouter son périlleux traitement dans les circonstances d’un accueil collectif où les particularités d’attention, la reconnaissance de la vulnérabilité, de la souffrance, entrent souvent en tension avec la gestion du quotidien, du collectif et le mandat éducatif qui vise l’autonomisation. Le refoulement du risque suicidaire s’il peut donner l’impression d’être structurel par manque de formation et dans les conditions d’exercice en foyer, s’impose pourtant comme une réalité qui ne peut plus être déniée au moment des crises.
Dans ce contexte, le surcroît d’inquiétude généré pour les intervenants de première ligne, concomitant au sentiment d'impuissance et de désarroi, marque le désaveu du travail éducatif et semble conduire inéluctablement au besoin impérieux et rapide de la pédopsychiatrie. Comparativement, les professionnels des services et établissements de soin sont mieux formés au repérage, à la qualification de la problématique suicidaire et à sa mise en mots. Leur approche des adolescents est, en outre, plus individualisée. Ils semblent plus à même de rendre compte du point de vue de ces derniers sur ce qu’ils vivent et plus renseignés quant à leur histoire familiale, médicale et même de placement. Pour autant, les prises en charge des soignants n’en sont pas moins marquées par l’épreuve du silence et la difficile verbalisation des mineurs, la non captivité de ce public et la précarité de leur trajectoire de soin qui obligent à trouver des pratiques en dehors des répertoires d’actions classiques, du colloque singulier en face à face. L’autre enjeu central réside surtout dans les difficultés d’accordage entre les professionnels des deux secteurs autour des situations à risque suicidaire. Nous avons ainsi identifié les processus de grippement du travail collaboratif. Ainsi, les tendances (à envisager à l’aune du contexte actuel de pénurie) des professionnels du soin à sous-estimer les limites qui s’imposent aux professionnels de la protection de l’enfance, à faire preuve de défiance vis-à- vis de leurs discours, à minimiser leurs besoins de relais et les tendances, du côté des professionnels de la protection de l’enfance, à se décharger sur les professionnels du soin et à s’illusionner sur leurs moyens.
Enfin, si le risque suicidaire apparaît si difficile à identifier, c’est aussi parce que la souffrance professionnelle et le sentiment d’impuissance agissent comme effet de brouillage. En effet, le risque suicidaire a de fortes répercussions sur les vécus des intervenants de première ligne dont nous avons montré quelques déclinaisons comme la culpabilité, la sidération, l’arrêt des prises en charge ou des carrières. À cet égard, l’enjeu est de taille sur le traitement des risques psychosociaux pour maintenir la stabilité des prises en charge.

Interview de la ligne de prévention contre le suicide en direct des Zazimuts 2024

Interview de la ligne de prévention contre le suicide en direct des Zazimuts 2024
09min |06/12/2024

Écouter https://podcast.ausha.co/radio-campus-rouen/interview-de-la-ligne-de-prevention-contre-le-suicide-en-direct-des-zazimuts-2024

Le jeudi 14 novembre, Radio Campus Rouen, les étudiants et le monde associatif ont fait vibrer l'Hôtel de Ville de Rouen pour une nouvelle édition des Zazimuts !

Plusieurs associations se sont défilée au micro dont ici l'interview de la ligne de prévention contre le suicide !
Une émission à retrouver comme toutes celles de la station sur radiocampusrouen.fr 🎙️
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

À propos de Radio Campus Rouen

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ARTICLE PRESSE Le 3114 met en lumière les inégalités face au suicide

 Le 3114 met en lumière les inégalités face au suicide

 https://www.jdpsychologues.fr*
Actualités professionnelles le 6 décembre 2024

 À l’occasion d’un séminaire organisé par la Revue française des affaires sociales, Kushtrim Bislimi, chargé de mission pour le numéro de prévention du suicide, le 3114, discutait d’inégalités sociales et territoriales de la santé mentale.

 Si le suicide est en baisse tendancielle depuis 30 ans, il représente en 2020 environ 10 000 décès et 200 000 tentatives par an en France, ce qui constitue un des taux les plus élevés d’Europe, selon le ministère de la Santé[1]. En 2021, ce dernier ouvrait une ligne nationale de prévention du suicide, le 3114, inscrit dans la feuille de route Santé mentale et psychiatrie de 2018. Depuis, 700 000 personnes ont contacté le numéro vert, soit plus de 600 appels par jour. La ligne est ouverte 7j/7, 24h/24, avec au bout du fil, des psychologues cliniciens ou des infirmiers formés, qui ont pour mission d’accueillir, de soutenir et d’orienter. Kushtrim Bislimi, chargé de mission du 3114 au Pôle inégalités sociales et territoriales rappelle qu’outre les personnes ayant des idées suicidaires, le numéro est également dédié aux « proches, aux professionnels qui accompagnent, ou encore aux dirigeants d’institutions ou à toute personne affectée par un suicide dans son entourage… »

Fort de trois ans d’expérience et en s’appuyant sur les recherches existantes, Kushtrim Bislimi distingue trois niveaux d’inégalités face au suicide. Au niveau sociétal, des politiques sociales protectrices mais aussi une bonne santé économique du pays sont associées à de meilleurs indices de santé mentale. Il cite l’exemple inverse de la Grèce : « Pendant la crise économique de 2008, les chercheurs ont constaté une augmentation du taux de suicide de 55,8 % ». Au niveau communautaire, Kushtrim Bislimi note que les comportements discriminants, envers les personnes LGBTQI+ par exemple, induisent un stress répété avec un effet délétère sur la santé mentale.

 Le suicide, un phénomène socialement déterminé

Au niveau individuel enfin, il note que la précarité est un facteur à risque, et cite la définition qu’en fait le psychiatre Jean Furtos, fondateur de l'Observatoire national des pratiques en santé mentale et précarité (ONSMP) : « la situation de risquer de perdre quelque chose, qui peut être économique, psychique, voire existentielle.» Selon Kushtrim Bislimi, « le fait d’être exposé de manière continue à des facteurs stressants peut user le psychisme. Il faut prendre en compte dans l’accompagnement l'impact de l'absence de logement stable, la pauvreté ressentie, les discriminations, les violences. » Deuxième cause de mortalité chez les adolescents, les décès liés aux suicides concernent principalement les hommes, tandis que les tentatives de suicides concernent principalement les femmes. D’après l’atlas de la santé mentale de l’IRDES, les personnes âgées, les personnes atteintes de troubles psychiques, ou les personnes détenues sont également particulièrement à risque. En France métropolitaine, les territoires qui connaissent le plus de tentatives de suicide au cours d’une vie sont situés dans le nord et l’ouest.

Pour lutter contre ces inégalités, Kushtrim Bislimi propose de se baser sur l’universalisme proportionné du chercheur Michael Marmot, qui stipule que « les actions doivent être universelles, mais avec une ampleur et une intensité proportionnelle au niveau de défaveur sociale. » En Bretagne par exemple, région qui affiche un des taux de suicide les plus élevé en France, l’équipe du 3114 réfléchit aux déterminants les plus importants, au maillage existant, et cherche à s’appuyer sur les partenaires locaux. Pour les prochaines années, le 3114 souhaite entrer dans une phase de recherche, rendue aujourd’hui difficile par la confidentialité des appels reçus.

 Sophie Bourlet

 [1] https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/plaquette_strategie_nationale_de_prevention_du_suicide__sept23.pdf

https://www.jdpsychologues.fr/actualites/le-3114-met-en-lumiere-les-inegalites-face-au-suicide

Santé mentale des élèves, du repérage à la prise en charge, l’académie se mobilise

 Santé mentale des élèves, du repérage à la prise en charge, l’académie se mobilise
https://www.ac-clermont.fr/*

Depuis janvier 2024, le plan santé mentale des élèves se met en place dans l’académie, conformément aux annonces ministérielles qui font du bien-être des élèves une priorité.

Il comprend trois volets :

  • un protocole santé mentale, diffusé à l’ensemble des collèges et lycées publics de l’académie, qui clarifie le « qui-fait-quoi-quand-comment », du repérage des signes de mal-être et de souffrance psychique des élèves à la prise en charge des situations, en appui des pratiques et des réseaux existants.

Les professionnels de santé, de service social et les psychologues de l’Éducation nationale, référents des établissements scolaires, sont les professionnels ressources experts en santé mentale, recevant l’alerte et chargés d’évaluer, d’orienter et d’assurer le suivi des situations.

Les personnels « secouristes », volontaires parmi les personnels enseignants, de vie scolaire, de direction, sont des relais pour repérer les situations et alerter les professionnels ressources.

  • un plan de formation hybride, qui se déploie sur plusieurs niveaux d’intervention, construit par l’équipe de pilotage*:
    • la formation des 22 formateurs académiques, infirmiers, assistants de service social et PsyEn volontaires des 4 départements de l’académie, chargés d’animer la formation des personnels « secouristes »,
    • la formation des « secouristes » vise à sensibiliser ces personnels volontaires à la santé mentale des élèves du 2d degré et à la mise en œuvre du protocole santé mentale : révision des pratiques existantes, outillage des personnels confrontés aux situations de souffrance psychique et de mal-être des élèves, clarification du « qui-fait-quoi-quand-comment ». Cette formation a démarré en mai 2024 en direction des collèges, puis se poursuivra en 2025, au bénéfice des des lycées et en renforcement des équipes de collèges.
  • la diffusion du 3114, numéro national de prévention du suicide, par son inscription dans les carnets de liaison ou les agendas, en plus des numéros nationaux de lutte contre le harcèlement (3018) et d’enfance en danger (119). 

* Composition de l’équipe académique chargée du pilotage du plan Santé mentale : directrice adjointe de l’EAFC, infirmière CTR, conseillère technique de service social auprès du recteur, infirmière CTD de la Haute-Loire, une psychologue de l’Éducation nationale. Son rôle : adaptation du protocole aux réalités des établissements, planning de déploiement du plan de formation.

En savoir plus : https://eduscol.education.fr/4063/agir-pour-favoriser-la-sante-mentale-et-le-bien-etre-des-eleves

 Mise à jour : novembre 2024

https://www.ac-clermont.fr/sante-mentale-des-eleves-du-reperage-a-la-prise-en-charge-l-academie-se-mobilise-127909

ETUDE RECHERCHE Utilité perçue des médicaments et de la psychothérapie chez les adultes ayant des idées suicidaires

Perceived helpfulness of medication and psychotherapy among adults with suicidal ideation
Mathilde M Husky 1 , Christophe Léon 2 , Enguerrand du Roscoät 2 3 , Helen-Maria Vasiliadis 4 5

Affiliations
1 Bordeaux Population Health Research Center, ACTIVE Team, INSERM U1219, Université de Bordeaux, Bordeaux, France.
2 Santé publique France, Saint-Maurice, France.
3 Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale (LAPPS), EA 4386, Université Paris Nanterre, Paris, France.
4 Département des sciences de la santé communautaire, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Canada.
5 Centre de recherche Charles-Le Moyne, Campus de Longueuil Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Canada. PMID: 39470094
Int Rev Psychiatry . 2024 Jun-Aug;36(4-5):503-507. doi: 10.1080/09540261.2024.2318252. Epub 2024 Feb 21.   DOI: 10.1080/09540261.2024.2318252

Abstract
The objective of the study is to examine perceived helpfulness of medication and psychotherapy among adults with suicidal ideation. Data were drawn from the 2017 Health Barometer, a nationally representative French survey (n = 25,319). Overall, 4.7% (n = 1,148) reported suicidal ideation in the prior 12 months. Logistic regressions were used to examine factors associated with perceived helpfulness among individuals reporting suicidal ideation in the past year who had received medication (n = 590) or psychotherapy (n = 247). Overall, 80.4% (n = 489) reported that medication was/is helpful, and 56.5% (n = 149) reported psychotherapy helped them a lot. In adjusted models, those with major depression were more likely than those without (AOR = 2.18, 95%CI = 1.39-3.421) to perceive medication as helpful. Those with a recent suicide attempt were less likely to report medication as helpful (AOR = 0.42, 95%CI = 0.21-0.84). Receiving psychotherapy was significantly associated with perceived helpfulness of medication (AOR = 1.89, 95%CI = 1.09-3.29). Additional larger studies are needed in France to assess perceived helpfulness by type and adequacy of psychotherapy received.

Keywords: Treatment helpfulness; pharmacotherapy; psychotherapy; suicidal ideation. 

https://hal.science/hal-04808709v1


Le cabinet de curiosités d'Infosuicide.org USA Le coût financier d’une tentative de suicide

Le cabinet de curiosités d'Infosuicide.org
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Le coût financier d’une tentative de suicide 

D'apres Article de  Devlin Epding 6 décembre 2024 sur Market Place*

De nombreux survivants d’une tentative de suicide se retrouvent avec une dette médicale écrasante.

Près de 20 ans après sa dernière tentative de suicide, Chris Wojnar était assis dans une salle d'attente avec sa femme de l'époque et un médecin des soins intensifs pour discuter des soins de fin de vie pour sa fille. Elle était reliée à un respirateur et à un équipement de surveillance des ondes cérébrales après sa tentative de suicide, avec des chances incertaines de survie ou d'invalidité à long terme.

Pour sa fille de 13 ans, Wojnar n'a jamais pensé au fardeau financier que représentait le traitement médical. Il se souciait avant tout de lui sauver la vie.

« Sur le moment, je m'en fichais complètement », a déclaré Wojnar. « Ce n'est qu'après sa guérison, peut-être deux mois plus tard, que tout d'un coup, les factures ont commencé à arriver et que vous vous êtes dit : "Oh, merde. C'est ridicule." »

La fille de Wojnar a passé six jours aux soins intensifs et une autre semaine à l'unité médicale, suivie de plusieurs semaines en hospitalisation, en hospitalisation partielle, en soins intensifs ambulatoires et en programmes ambulatoires. Au moment où elle a commencé le traitement ambulatoire et que Wojnar a reçu la facture finale, il devait environ 175 000 $.

Même après avoir lutté contre les hôpitaux et les agences d'assurance pour s'assurer que les factures étaient facturées au bon compte d'assurance, les frais à la charge de Wojnar se sont élevés à 35 000 $, un montant qu'il paie encore 175 $ par mois pour couvrir trois ans plus tard.

« Imaginez que vous traversez la période la plus sombre de votre vie, que vous ne voulez plus être là, et que vous survivez, explique Wojnar. Vous pouvez ressentir certaines choses, que vous soyez en colère, honteux, coupable ou que vous vous sentiez renouvelé et heureux d'être en vie. Et puis, tout d'un coup, vous recevez des factures par la poste. »

Selon une étude de l'American Journal of Preventive Medicine , le coût annuel des tentatives de suicide non mortelles aux États-Unis s'élevait à 26,3 milliards de dollars en 2020. Plus de 13 milliards de dollars de ce montant étaient dus aux frais médicaux, l'autre moitié étant due à la perte d'emploi et à la diminution de la qualité de vie et du risque de mortalité, comme les baisses de salaire pour les professions dangereuses.

Les personnes de moins de 45 ans représentent près de 75 % du coût économique des blessures auto-infligées non mortelles, et les visites à l’hôpital chez les plus jeunes ont augmenté depuis 2015.

À l'adolescence, Wojnar savait que ses quatre tentatives allaient coûter à ses parents des sommes à six chiffres, mais ses difficultés financières ne se limitaient pas aux factures médicales. Il était au chômage pour suivre son traitement et avait du mal à conserver un emploi pendant sa convalescence. Il paie toujours 4 000 dollars par an pour ses médicaments.
 Et Wojnar a déclaré que cela ne tenait pas compte de facteurs tels que les baisses de salaire dues à une invalidité de courte durée ou de mécanismes d'adaptation courants comme la consommation de substances qui peuvent compliquer davantage le processus de rétablissement.

Aujourd'hui, en tant qu'infirmière praticienne, Wojnar a vu des patients sans abri, sans emploi ou ruinés à la suite de leurs tentatives de suicide. Et sa promesse de ne pas nuire en tant que professionnel de la santé devient compliquée lorsque les personnes dans le besoin refusent les soins parce qu'elles n'en ont pas les moyens.

Qu'il s'agisse d'offrir des services à prix réduit ou de trouver des programmes de soins alternatifs, Wojnar a déclaré que sa réponse à ces personnes consistait à trouver des solutions créatives pour apporter aux gens l'aide dont ils ont besoin.

« Parfois, nous nous retrouvons dans des limites rigides et strictes, et le problème avec les limites, c'est qu'elles peuvent être bonnes, mais si nous n'avons pas une approche et une perspective individualisées, alors nous faisons la même chose pour tout le monde », a déclaré Wojnar. « Je ne pense pas que ce soit des soins individualisés. Je ne pense pas que ce soit des soins centrés. Je ne pense pas que ce soit des soins holistiques. »

Carson Spencer avait besoin de soins personnalisés. Il souffrait de troubles bipolaires et de graves crises de dépression depuis le début de sa vie et était devenu un homme d'affaires prospère. Mais en 2004, à l'âge de 34 ans, il a vécu son premier épisode maniaque et a sombré dans la spirale infernale.

La manie de Spencer l'a poussé à prendre des décisions commerciales imprudentes, dont les conséquences l'ont plongé dans un épisode dépressif qui l'a laissé ruiné financièrement et éloigné de sa famille. Tout au long de sa vie d'adulte, il a recherché des ressources externes comme une thérapie et des médicaments et a trouvé un psychiatre pour l'aider pendant son épisode. Il a dit à sa famille qu'il ne ferait rien qui puisse lui faire du mal.

En mai, il a même rédigé un testament et souscrit une assurance-vie, des choses qu’il considérait auparavant comme de mauvais investissements commerciaux et que sa famille de l’époque célébrait comme des décisions responsables et des progrès.

« Carson, nous allons nous en sortir », a déclaré Sally Spencer-Thomas, la sœur de Carson, la dernière fois qu'elle l'a vu.

« Mais Sally, c'est de la folie », a déclaré Carson.

Spencer-Thomas a trouvé plus tard un des journaux de Carson sur lequel était écrit : « Tiens bon », vers le 7 décembre.

« Je crois qu'il prenait des décisions à ce moment-là et qu'il essayait de tenir jusqu'à la date à laquelle la clause de la police d'assurance stipulait qu'elle n'était pas exemptée en cas de suicide », a déclaré Spencer-Thomas. « Il l'a ratée. C'était trop tôt. »

Carson est décédé le 7 décembre 2004.

Vingt ans plus tard, Spencer-Thomas a dirigé des organisations de prévention du suicide dans le monde entier et a déclaré que les meilleurs progrès qu'elle a vus pour maintenir les gens en vie et les aider à se remettre d'une tentative ont été réalisés grâce à la communauté.

« Je pense que nous constatons de plus en plus de soutien entre pairs dans nos systèmes hospitaliers et dans la communauté », a déclaré Spencer-Thomas. « Ce genre de progrès et de modèles alternatifs pour apporter du soutien aux personnes sont un peu plus rentables que l'hospitalisation intensive, qui est tout simplement ridiculement coûteuse. »

Ce soutien par les pairs a évolué au fil des ans, à mesure que les taux de suicide ont augmenté. Pour Sarah Gaer, militante de longue date en faveur de la prévention du suicide et membre actuelle du comité exécutif de la Coalition du Massachusetts pour la prévention du suicide, c'est une arme à double tranchant que de voir davantage de personnes s'identifier à un problème auquel elle souhaiterait que personne n'ait à s'identifier.

« C’est décourageant, les chiffres sont décourageants », a déclaré Gaer. « Mais les personnes dont la vie s’était améliorée n’en parlaient pas parce que cela pouvait détruire leur carrière. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes qui ont trouvé une forme de guérison s’expriment et transmettent le message aux personnes qui souffrent que la guérison est possible. »

Bien que de nombreuses institutions cherchent à aider les gens après une tentative de suicide, Gaer a déclaré que l'idée dominante selon laquelle les gens devraient demander de l'aide et laisser cette aide faire son travail n'a pas été suffisante pour maintenir les gens en vie. Et ce faisant, cela coûte de l'argent aux gens.

Selon un rapport de la Bibliothèque nationale de médecine , environ 8 % des survivants d’une tentative de suicide réessayeront, la moyenne étant de 18 mois plus tard, et il existe une forte relation entre les nouvelles tentatives et le fait que les survivants aient des personnes ou non vers qui se tourner.

Et si une personne réessaye, elle se retrouve immédiatement jetée dans le même labyrinthe financier où elle se trouvait la première fois.

Pour Gaer, éviter de nouvelles tentatives revient à avoir une communauté sur laquelle s'appuyer. Être un point d'ancrage à long terme pour votre proche peut être perçu comme une pression importante, surtout lorsque vous ne savez pas combien de temps ce soutien sera nécessaire. Mais Gaer a déclaré qu'il ne s'agit pas d'être le point d'ancrage constant de quelqu'un pour le reste de votre vie. Il s'agit d'être là pour les gens lorsqu'ils en ont le plus besoin.

« La première chose qui va empêcher que cela ne prenne cette direction, c'est d'avoir quelqu'un qui soit présent. Parfois, il s'agit d'une seule personne et parfois, ce n'est que pour un moment », a déclaré Gaer. « Les gens pensent souvent : "Si je dois être présent pour quelqu'un, être présent pour lui tous les jours, c'est un gros engagement". Souvent, ce n'est pas ce qu'il faut. Il faut être présent au bon moment. »

Si vous ou quelqu'un que vous connaissez êtes en crise de santé mentale, vous pouvez appeler la ligne d'aide en cas de crise de santé mentale et de prévention du suicide au 988.

https://www.marketplace.org/2024/12/06/financial-toll-of-suicide-attempt/

ETUDE RECHERCHE Danemark: Risque d'automutilation et de suicide à l'âge auquel un parent est décédé par suicide ou d'autres causes

Atteindre l’âge auquel le parent s’est suicidé augmente le risque de suicide chez les enfants

Plusieurs études ont montré que les personnes dont un parent s'est suicidé ont un risque plus élevé de se suicider ou de s'automutiler que les personnes dont les parents sont encore en vie ou dont le parent est décédé d'une autre cause. Une étude publiée dans Suicide and Life-Threatening Behaviors révèle que ce risque peut être particulièrement élevé lorsque la personne atteint l'âge auquel le parent s'est suicidé.

« Les modèles contemporains du deuil reconnaissent que les individus évoluent en avant et en arrière entre les phases ou les stades du deuil plutôt que de manière linéaire », ont écrit Yanakan Logeswaran, M. Sc., de la Division de psychiatrie de l’University College of London, et ses collègues. « Nos résultats étayent l’idée d’un processus de deuil dynamique, dans la mesure où le risque élevé de comportement suicidaire à l’âge [des parents] pourrait également représenter une période d’orientation vers la perte et de détresse accrue. »

Logeswaran et ses collègues ont utilisé les données nationales de cinq registres danois pour identifier les personnes dont les parents sont décédés entre 1980 et 2016. Les données comprenaient la cause du décès ainsi que les dossiers hospitaliers d’automutilation ou de tentative de suicide. Les individus ont été séparés en deux groupes : les 17 806 personnes dont les parents se sont suicidés et les 452 674 personnes dont les parents sont décédés pour d’autres raisons. Les chercheurs ont comparé le risque d’automutilation et de suicide au cours de l’année précédant et suivant le moment où les individus ont atteint l’âge du parent décédé avec les 15 années précédant et suivant cette période.

Les individus ont atteint l'âge de leur parent décédé en moyenne 24 ans après la perte. Les chercheurs ont constaté que les individus dont les parents se sont suicidés avaient environ deux fois plus de risques de s'automutiler ou de se suicider au moment où ils ont atteint l'âge du parent décédé par rapport aux 15 ans avant ou après. Ceux dont les parents sont décédés d'autres causes n'avaient pas de risque accru pendant cette période de correspondance d'âge

« Nos résultats soutiennent la pratique consistant à interroger les personnes endeuillées par suicide sur l’âge au moment du suicide de leurs parents, en identifiant cette période comme une période anticipée de risque accru et en prévoyant un soutien accru », ont écrit Logeswaran et ses collègues. « C’est également l’occasion de souligner que le suicide n’est pas inévitable après le suicide d’un parent, le risque absolu de suicide chez les enfants de personnes décédées par suicide étant estimé à moins de 1 %. »

source https://alert.psychnews.org/2024/11/reaching-age-at-which-parent-died-by.html

ETUDE RECHERCHE SUISSE Pensées et comportements suicidaires chez les hommes et conformité aux normes masculines

Le risque de suicide est plus élevé chez les hommes qui adhèrent à des stéréotypes de rôle
source https://www.snf.ch/* 28.11.2024

Le suicide concerne davantage les hommes que les femmes. Ceux qui adhèrent aux stéréotypes traditionnels – l’autonomie et la force – sont particulièrement vulnérables. Il faudrait mieux cibler la prévention sur ces profils.

Le taux de suicide est globalement deux à quatre fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, y compris en Suisse. Cet écart important s’explique notamment par le fait que le risque de suicide est souvent identifié trop tard chez les hommes. Mais les hommes ne sont pas tous exposés de la même manière à ce risque. Dans le cadre d’un projet soutenu par le FNS, un groupe de recherche de l’Institut de psychologie de l’Université de Zurich a identifié des facteurs socioculturels qui augmentent sensiblement le risque de suicide chez les hommes. « Nous devrions réfléchir à des mesures préventives ciblées pour ce sous-groupe », déclare le responsable de l’étude Andreas Walther.

Une étude américaine de longue durée menée auprès d’environ 10 000 jeunes hommes a déjà montré que ceux qui s’identifiaient fortement aux rôles masculins traditionnels étaient plus susceptibles de se suicider sur une période de vingt ans. Ces normes de masculinité sont profondément marquées par des représentations issues de l’ancienne structure sociale très patriarcale. Celles-ci prescrivent les qualités que les hommes doivent avoir et la manière dont ils doivent se comporter : faire preuve d’autonomie, contrôler leurs émotions et dissimuler leur vulnérabilité pour ne citer que quelques exemples. Dans le monde scientifique, c’est ce que l’on appelle les idéologies traditionnelles de la masculinité.

« Notre étude visait à étudier de manière très fine les aspects de ces idéologies qui jouent un rôle dans le risque de suicide », explique Andreas Walther. Pour ce faire, l’équipe a recruté près de 500 hommes dans des pays germanophones à l’aide de flyers et d’appels sur les médias sociaux. Les participants à l’étude ont rempli une série de questionnaires qui ont permis d’identifier, entre autres, des symptômes de dépression, une conformité aux idéologies traditionnelles de la masculinité et des comportements suicidaires.

Une combinaison de traits de caractère et d’attitudes qui conduit à une « vision en tunnel »

Il ressort de l’étude que 13% des participants avaient déjà fait une tentative de suicide, qu’un quart d’entre eux avaient reçu un diagnostic de dépression et qu’un cinquième avait déjà suivi une psychothérapie. Le premier auteur, Lukas Eggenberger, souligne que ces pourcentages élevés ne sont probablement pas représentatifs : « Un appel pour participer à une étude scientifique de ce genre a tendance à interpeler des personnes présentant déjà des troubles psychiques ». Ce biais n’a toutefois pas eu d’influence sur l’analyse des données relatives aux facteurs socioculturels. Les hommes dont les réponses trahissaient un risque suicidaire élevé ont été informés des offres d’aide à disposition.

« L’évaluation des résultats de l’enquête a permis de distinguer trois groupes », explique Lukas Eggenberger. Pour environ 60% des participants, la conformité aux idéologies traditionnelles de la masculinité ne joue pas un rôle essentiel. Les scientifiques ont choisi de désigner ce groupe par le terme égalitaristes. Environ 15% des participants, qualifiés de joueurs, ont une image de la masculinité qui se manifeste avant tout par une attitude patriarcale. Pour ces hommes, il est important de multiplier les conquêtes et d’être perçu comme hétérosexuel. Le dernier groupe, que les chercheuses et chercheurs appellent les stoïques, représente environ un quart des hommes : ils se conforment largement aux normes traditionnelles, notamment sur les aspects que sont le contrôle des émotions, l’autonomie et la prise de risque, comme la conduite rapide ou la pratique de sports extrêmes. Contrairement au groupe des joueurs, ils n’attachent pas une trop grande importante au statut et aux performances sexuelles.

Il ressort de l’analyse des résultats du questionnaire que le groupe des stoïques présente un risque de tentative de suicide plus de deux fois supérieur à celui des égalitaristes. En revanche, les joueurs ne courent pas significativement plus de risque que les égalitaristes. « C’est surtout dans une situation stressante ou une crise psychique que l’attitude des stoïques peut se révéler très problématique », explique Lukas Eggenberger. Les stoïques, enclins à dissimuler leurs sentiments, s’efforcent de résoudre leurs problèmes tout seuls. Une telle attitude, couplée à la forte propension au risque caractéristique des stoïques, peut entraîner une sorte de vision en tunnel, à tel point que le suicide semble parfois la seule issue possible.

L’étude montre en outre que les idées traditionnelles ne sont pas l’apanage de l’ancienne génération. Bien au contraire, le groupe des stoïques était significativement plus jeune que les autres groupes. Lukas Eggenberger formule une hypothèse pour expliquer ce phénomène : « Du point de vue de la théorie du développement, le jeune adulte est en pleine quête d’identité. Or, les idéologies traditionnelles de la masculinité offrent aux jeunes hommes une possibilité de se définir par leur sexe, d’appartenir en quelque sorte au club des hommes. »

Mieux identifier les signes de dépression à des fins de prévention

Sur la base des résultats de la recherche, l’équipe de l’étude recommande de développer des interventions ciblées sur le groupe des stoïques. Il faudrait par exemple sensibiliser davantage les professionnel·les de santé à ces profils. Une étude rétrospective portant sur près de 3000 suicides au Canada a montré que 60% des hommes concernés avaient sollicité de l’aide auprès de professionnel·les de la santé mentale l’année précédant leur passage à l’acte. « Mais il se peut qu’ils n’aient pas été correctement pris en charge et qu’ils soient passés à travers les mailles du filet », explique Andreas Walther. Il évoque une raison possible : « Chez ces hommes, la dépression ne s’exprime souvent pas par des symptômes classiques, mais par des problèmes somatiques tels que des maux de dos. Ils expriment aussi souvent leurs sentiments négatifs par un comportement agressif ou à risque au lieu d’en parler », poursuit Andreas Walther. Une conclusion à laquelle sont parvenues de nombreuses études menées par différents groupes de recherche.

Il est avéré que les dépressions non traitées contribuent à l’augmentation du taux de suicide chez les hommes. Dans le cadre du projet soutenu par le FNS, l’équipe développe et valide donc également une psychothérapie spécifique aux hommes atteints de dépression. « Celle-ci mise entre autres sur l’assouplissement de l’attachement aux normes traditionnelles de genre ».

(*) L. Eggenberger et al.: Men’s Suicidal thoughts and behaviors and conformity to masculine norms: A person-centered, latent profile approach. Heliyon (2024)

Avez-vous besoin d’aide ou de conseils ?
Pour les adultes : La Main Tendue / Ligne d’écoute téléphoniqueTéléphone (24 heures sur 24): 143
Courriel et chat: www.143.ch
Enfants et jeunes : Pro JuventuteTéléphone (24 heures sur 24) et SMS: 147
Courriel et chat: www.147.ch
Informations complémentaireswww.parler-peut-sauver.ch

Le projet sur le portail de données du FNS

ContactLukas Eggenberger Université de Zurich Institut de psychologie
Tél.: 044 634 06 81
E-mail: lukas.eggenberger@bli.uzh.ch

https://www.snf.ch/fr/HTIYFmVEjJyqgfkE/news/quand-masculinite-rime-avec-vulnerabilite




vendredi 6 décembre 2024

Adolescents et risques suicidaires - Emilie Olié - 2024

 Adolescents et risques suicidaires - Emilie Olié - 2024
Vidéo de l'ASLM Academie Sciences Lettres Montpellier

 

30 nov. 2024 CENTRE RABELAIS AUTEUR : Emilie Olié est Professeur des universités, Médecin, Présidente de l’Association française de psychiatrie biologique. RESUME : Le suicide à l'adolescence constitue une problématique majeure de santé publique, nécessitant une vigilance accrue et une prise en charge rapide. En France, il représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans, avec une progression inquiétante des idées suicidaires et des tentatives, notamment chez les jeunes filles. L’évaluation du risque suicidaire passe avant tout par une démarche active de dépistage. Poser des questions directes sur les pensées suicidaires est essentiel pour identifier les jeunes en difficulté, sans augmenter pour autant le risque de passage à l’acte. Cette évaluation doit s’accompagner d’une prise en compte du niveau de développement de l’adolescent et d’une écoute attentive. Il est crucial de ne jamais banaliser les idées ou tentatives de suicide, quel que soit leur contexte. Ces comportements peuvent révéler des troubles psychiques ou des vulnérabilités persistantes à l’âge adulte, augmentant le risque de récidive ou de difficultés sociales. Par ailleurs, les comportements auto-agressifs, avec ou sans intention suicidaire, sont des signaux d’alerte à prendre très au sérieux. Face à une tentative de suicide, une prise en charge immédiate et multidisciplinaire est indispensable. Cela inclut une orientation vers des services psychiatriques d’urgence, des soins renforcés, une psychoéducation familiale et un suivi structuré. L’implication conjointe des familles, des établissements scolaires et des professionnels de santé est primordiale pour protéger et accompagner ces jeunes vulnérables.

 

ILE DE LA REUNION Une journée pour aborder le sujet de la prévention du suicide

[Communiqué] Une journée pour aborder le sujet de la prévention du suicide

Ecrit par N.P. – le jeudi 5 décembre 2024 https://www.zinfos974.com*




À l’occasion de la venue des équipes nationales qui font référence dans le champ de la suicidologie, le Centre Régional de Prévention du Suicide (CRPS) de l’Établissement Public de Santé Mentale, avec le soutien de l’ARS La Réunion, organise une journée pour parler du sujet du suicide le mercredi 4 décembre avec les professionnels mais aussi le grand public.

Cet événement est aussi l’occasion pour le CRPS de pouvoir expliciter ses missions, de détailler l’ensemble des actions mises en œuvre sur le territoire, mais aussi de donner accès aux participants à une information actualisée dans un champ en pleine expansion.
Alors que les mesures de prévention du suicide prouvent, chaque jour, leur efficacité…

L’Île de la Réunion demeure le département ultramarin le plus impacté par ces décès évitables (87 décès par suicide en moyenne par an sur la période 2019-2021).

Convaincue que le suicide est évitable et que chacun a un rôle à jouer pour impulser une dynamique collective à sa prévention, la France a déployé une stratégie nationale de prévention du suicide avec la mise en place de plusieurs actions ayant montré leur efficacité.

Cette démarche multimodale prévoit le déploiement d’un ensemble d’actions concertées et simultanées dirigées vers tous les publics : L’ensemble de la population.
Les publics à risque (jeunes LGBTQIA+, personnes âgées isolées, etc.).
Les groupes à risque élevé (personnes ayant déjà fait une tentative de suicide, en situation de crise suicidaire…).

Sur notre territoire, le Centre Régional de Prévention du Suicide coordonne la mise en place de ces différentes actions, en articulation étroite avec l’Agence Régionale de Santé de La Réunion.
En 2022, la 1ère Journée Réunionnaise de Prévention du Suicide...


Elle avait permis de réunir les professionnels et partenaires pour présenter les dispositifs existants et échanger autour de cette thématique aux côtés des équipes expertes nationales.

Cette deuxième édition de 2024, placée sous le thème de l’innovation, approfondit ces thématiques, en présence des experts nationaux, en questionnant : Les coulisses de dispositifs tels que le 3114.
L’efficacité du dispositif VigilanS.
L’importance du travail sur les hotspots.

Des ateliers originaux sont également proposés, utilisant des médias tels que : Le théâtre.
Le cinéma.
L’intelligence artificielle pour la prévention.

Cet événement s’affirme comme un rendez-vous incontournable...
... pour renforcer la coopération entre professionnels, intégrer les avancées récentes et sensibiliser davantage le public à l’importance de la prévention du suicide à l’échelle locale et nationale
PROGRAMME DES CONFÉRENCES ET ATELIERS

(Le contenu exact de cette section est volontairement omis conformément à vos consignes.)
La prévention du suicide : une priorité

La prévention du suicide est une priorité et un enjeu majeur de santé publique qui doit être portée et développée dans tous les lieux de vie.

Cette thématique est inscrite dans la Feuille de route santé mentale et psychiatrie du ministère de la Santé et de la Prévention de juin 2018. Elle implique, à des niveaux différents : Des professionnels de différents horizons.
Des bénévoles œuvrant principalement en milieu associatif.
Le 3114 : une des actions intégrées de la stratégie nationale

Sa mise en place apporte une réponse à l’une des problématiques clés : celle de l’accès et du maintien du lien des personnes en souffrance psychique, non seulement avec le système de soins mais aussi avec les partenaires notamment du champ social, éducatif, médico-social et associatif.

Les dispositifs associatifs d’aide et d’écoute à distance qui contribuent à la prévention du suicide sont partenaires à part entière de la stratégie nationale.

Les modalités d’intervention du 3114 et celles des lignes d’écoute sont complémentaires. Leur diversité et leur complémentarité permettent d’offrir aux personnes le nécessitant un panel diversifié de ressources d’aide.
Signature d’une charte de valeurs communes


Cette complémentarité est soutenue par la signature d’une charte de valeurs communes qui constitue le socle éthique des protocoles d’articulation entre le 3114 et les lignes associatives locales.

SOS Solitude, association active à La Réunion depuis près de 40 ans, rejoint cette dynamique collective en signant cette charte.
Le dispositif VigilanS

Déployé à La Réunion depuis 2019, il s’agit d’un dispositif de veille et de recontact visant à prévenir les réitérations suicidaires. Organisé autour d’un algorithme d’actions.
Maintient un lien actif avec les patients via téléphone ou cartes postales.
Un numéro vert unique est spécifiquement dédié aux patients suivis.
D’autres mesures nationales

Le programme Papageno, visant la prévention de l’effet d’enchaînement suicidaire, s’articule autour de : Sensibilisation des médias.
Actions sur les lieux à risque (hotspots).
Postvention institutionnelle.
Interventions sur le web et les réseaux sociaux.



 https://www.zinfos974.com/communique-une-journee-pour-aborder-le-sujet-de-la-prevention-du-suicide/



INFO + :


Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les DROM

L’ORS La Réunion vous présente les synthèses régionales de l’étude "Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les départements et régions d’outre-mer (DROM)" portée par la Fédération nationale des observatoires régionaux de la santé (FNORS) et les observatoires régionaux de la santé (ORS) des cinq DROM : Le suicide à La Réunion. Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les DROM. Synthèse régionaleSuicide DROM synthèse La Réunion Le suicide à La Réunion. Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires dans les DROM. Fiche territorialeSuicide DROM fiche La Réunion

https://www.ors-reunion.fr/regards-croises-sur-le-suicide-et-les-conduites-suicidaires-dans-les-drom.html

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Prévention suicide: Accompagner la personne en souffrance

par Pascale Entz 5 décembre 2024 https://www.lequotidien.re*





La 2e journée Journée de prévention du suicide s'est tenue hier au centre de ressources en santé de La Réunion Payanké. (Photos DR)

Si la mortalité par suicide est ici deux fois plus importante que celle liée aux accidents de la route. Des outils mis en place visent à améliorer la prévention du suicide, tout comme la charte des valeurs communes signée hier entre le 3114 et SOS Solitude.

Quatre-vingt-sept. C’est le nombre moyen de suicides par an sur notre île entre 2019 et 2021. Et en 2023 on recense 1 300 tentatives de suicide. « En termes de mortalité on est sur des chiffres inférieurs à la métropole, mais on a les taux les plus importants par rapport aux autres territoires ultramarins», souligne le Dr Pauline Mascarel, psychiatre à l’établissement public de santé mentale de La Réunion (EPSMR) et responsable du Centre Régional de Prévention du Suicide (CRPS).

Les suicides sont ici deux fois plus nombreux qui les décès dus aux accidents de la route. Si les hommes sont plus nombreux à se suicider, les femmes, et surtout les jeunes femmes, sont plus représentées dans les tentatives de suicides. Et on note, souligne le Dr Mascarel, « une dégradation des indicateurs de santé, notamment chez les jeunes filles» qui n’a pour l’instant pas d’explication. « C’est sans doute un ensemble de facteurs», estime la psychiatre en évoquant plusieurs hypothèses comme le climat de violence (notamment intra-familiale), la précarité… Quoi qu’il en soit, « il n’y a pas de profil type, la personne qui veut se suicider c’est la personne qui est en souffrance, qui à un moment n’arrive plus à faire face aux difficultés parce qu’elle a un parcours de vie émaillé de souffrances, de traumatismes. À un moment son vase psychique est plein», dit-elle en précisant que la personne suicidaire «ne veut pas mourir mais arrêter de souffrir. À ce moment-là elle ne voit plus d’autre perspective». Alors qu’il existe des solutions.

Ne sont pas considérées ici les personnes qui se suicident parce qu’atteintes d’un mal incurable. « Les personnes atteintes d’une maladie chronique avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme dans des souffrances qu’aujourd’hui la science n’est pas en mesure d’apaiser mal incurable qui souhaitent mettre un terme à leur souffrance, c’est pour nous une question parallèle, ce n’est pas la même question», dit-elle. Il n’en reste pas moins que l’euthanasie ou l’aide à mourir n’étant pas légale en France, les chiffres englobent tous les suicides. Journée prévention suicide, Dr Pauline Mascarel, psychiatre à l’EPSMR, responsable du centre régional de prévention du suicide. (Photo D.R)

11 000 appels au 3114

La prévention s’adresse avant tout à la personne qui est en crise suicidaire, et elle semble porter ses fruits puisque « depuis vingt ans la mortalité par suicide a diminué de 20 % en France hexagonale, et ici aussi on est sur une diminution puisque au début des années 2000 on était à 94 ou 95 décès par suicide par an et aujourd’hui à 87». Et ce, grâce à plusieurs dispositifs qui ont été mis en place et sont coordonnés par le CRPS.Ainsi depuis 2019 l’EPSMR a déployé le dispositif VigilanS qui permet de recontacter et maintenir le lien avec la personne ayant fait une tentative de suicide, car celle-ci est « à haut risque de refaire une tentative dans les semaines ou les mois suivant ce passage à l’acte, car tout ce qui a conduit à ce passage à l’acte n’est pas forcément résolu», explique le Dr Mascarel.

Depuis 2021 il est également possible d’appeler le 3114, le numéro national de prévention du suicide. « À l’échelle nationale plus de 700 000 appels ont été recensés depuis son ouverture, et le centre de La Réunion a réceptionné 11 000 appels», dit-elle en précisant que ce sont des professionnels, infirmiers ou psychologues supervisés par un psychiatre, qui répondent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui vont proposer les orientations les plus pertinentes pour la personne qui appelle.

Même s’il n’est pas toujours facile d’obtenir un rendez-vous avec un psychiatre, il existe des structures comme les maisons des adolescents et « le médecin traitant qui peut repérer les signaux inquiétants, et le 31 14 peut aussi mobiliser les acteurs en urgence».

Ce service s’adresse aussi bien aux personnes ayant des idées suicidaires qu’à leurs proches. « Si je suis inquiet pour mon conjoint, pour ma copine au collège je peux appeler et on va réfléchir ensemble à comment faire pour venir en aide à cette personne qui ne va pas bien», dit-elle en soulignant qu’un gros travail a été fait auprès de l’éducation nationale pour que les jeunes connaissent ce numéro.

Enfin, depuis hier une charte de valeurs communes a été signée entre le 31 14 et SOS Solitude. « Car ce sont des dispositifs complémentaires. Il est important qu’on puisse collaborer», estime le Dr Mascarel. Ainsi des personnes s’adressant au 31 14 mais « qui n’auraient pas de besoins psychopathologiques, mais qui ont juste besoin de parler» pourront être orientées vers SOS Solitude, et inversement si les bénévoles de cette association « repèrent des signaux de souffrance et que selon eux il y aurait besoin d’une évaluation psychopathologique – mais ce sont des choses à définir et à co-construire – ils pourront orienter mes personnes sur le 31 14 pour qu’i y ait une véritable prise en charge», dit-elle en n’excluant pas à terme des partenariats avec d’autres associations.

La prévention du suicide, c’est également faire passer le message qu’il n’y a pas de fatalité et qu’on « peut aider les personnes qui ne vont pas bien».

https://www.lequotidien.re/actualites/sante/prevention-suicide-accompagner-la-personne-en-souffrance/