T. Fovet a, b, ⁎ , M. Eck a, b, D. Touitou c, M. Bodon-Bruzel c
a U1172 - LilNCog - Lille Neuroscience & Cognition, Inserm, CHU de Lille, Université de Lille, 59000 Lille, France
b Unité hospitalière spécialement aménagée, chemin du Bois-de-l'Hôpital, 59113 Seclin, France
c Unité
hospitalière spécialement aménagée Paul-Verlaine, Groupe hospitalier
Paul-Guiraud, BP 20065, 94806 Villejuif cedex, France
Auteur correspondant.
Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur.
Disponible en ligne depuis le Wednesday 19 August 2020
Résumé
La surmortalité par suicide en prison est un phénomène qui a été décrit dans de nombreux pays. En France, le taux de suicide en population carcérale est actuellement sept fois supérieur à celui observé en population générale, ce qui fait du suicide l'une des principales préoccupations pour les professionnels soignants exerçant en milieu pénitentiaire. Dans plus de 90 % des cas, le moyen utilisé est la pendaison. Les facteurs de risque de suicide en détention sont à la fois individuels (socio-démographiques, cliniques et psychologiques) et environnementaux (liés aux caractéristiques spécifiques de la prison et au parcours judiciaire des personnes incarcérées). L'évaluation du risque suicidaire en milieu carcéral repose en partie sur l'identification de ces facteurs de risque mais le repérage de la crise suicidaire doit surtout conduire à une évaluation rigoureuse par un professionnel de santé formé qui repose sur la triple évaluation : facteurs de risque, facteurs d'urgence, facteurs de danger. L'indépendance des professionnels de santé par rapport à l'administration pénitentiaire et à la Justice doit toujours être rappelée et la garantie d'une confidentialité stricte des échanges est indispensable pour une évaluation de qualité. Cette évaluation doit également s'inscrire dans un examen clinique psychiatrique complet tenant compte de la prévalence élevée des troubles psychiatriques en prison. La prise en charge de ces troubles constitue l'un des piliers de la prévention du suicide en milieu pénitentiaire. Celle-ci passe également par la formation du personnel (soignant et pénitentiaire) au repérage des situations de crise suicidaire. En ce qui concerne l'environnement carcéral, bien que des mesures d'urgence soient désormais possibles au sein des établissements (dotation de protection d'urgence, cellule de protection d'urgence), c'est la lutte contre les facteurs de risque liés aux conditions d'incarcération (agressions, isolement, inactivité contrainte, etc.) qui devrait être favorisée.
Mots-clés : Suicide, Psychiatrie, Prison, Tentative, Évaluation
Plan