jeudi 23 mars 2017

RECHERCHE ETUDE FRANCE L’étude DEPITAC : dépister précocemment le stress post-traumatique

L’étude DEPITAC : dépister précocemment le stress post-traumatique
Cet article fait partie du dossier : Compétences infirmières
L'association TraumaPsy a sollicité des infirmières hospitalières de traumatologie pour participer, via un outil spécifique, au dépistage précoce du stress post-traumatique de patients hospitalisés suite à un accident de la voie publique ; un besoin évident face à un diagnoctic trop tardif qui accroit notamment le risque suicidaire.
Les accidents de la circulation sont le principal pourvoyeur de stress post-traumatique
Rappelons-le en préambule, le stress post-traumatique survient lorsque le cerveau n’est pas à même de réagir correctement à une émotion trop forte. Le cortex préfrontal n’intègre alors plus les représentations et les perceptions en puisant dans les expériences vécues, l’amygdale et l’hippocampe ont sur-mémorisé les éléments émotionnels et factuels de l’évènement traumatisant. Ces mécanismes entraînent par la suite des troubles psychiques de non extinction du souvenir : des reviviscences de l’évènement traumatique, des cauchemars, de l’hypervigilance, de l’anxiété et de la panique, des évitements ainsi que des troubles psychosomatiques : eczéma, ulcères gastriques, douleurs diffuses… et surtout un risque suicidaire accru. Environ 30% de la population générale a été confronté à un évènement traumatique, et 2% présente un SPT chronique.
De nombreuses études scientifiques ont fait l’objet du soutien de notre association TraumaPsy, association indépendante créée en 2002 dans le but de soutenir toute action relative à la reconnaissance du syndrome Psychotraumatique et à l’amélioration de la prise en charge du traumatisme psychique. La dernière étude scientifique, DEPITAC, se démarque profondément de toutes celles menées préalablement car le personnel infirmier en a été le pivot. DEPITAC montre l’intérêt d’un outil de dépistage du Stress Post-Traumatique suite à un AVP (Accident de la Voie Publique). Le stress post-traumatique est le cancer de l’âme et du cœur, véritable maladie du silence car la personne qui en est victime ne peut exprimer ses ressentis et sa souffrance. Constatons que le stress post-traumatique est encore bien trop souvent diagnostiqué très tardivement ou, malheureusement même parfois, trop tard car le risque suicidaire est accru.
Les accidents de la circulation sont le principal pourvoyeur de stress post-traumatique, bien que cela ait été occulté par les récents évènements terroristes. En effet, on compte en 2015 :  57 251 accidents de la route et 3464 tués. La prévalence de la survenue d’un SPT après un AVP  oscille de 6 % à 45% selon les études mais 6% des chiffres suivants montrent déjà l’importance d’un dépistage précoce.  En effet, 3464 tués : un nombre d’endeuillés à multiplier par autant de proches du tué : 3, 4 ? plus ? 27 214 blessés hospitalisés, 44 985 blessés légers, soit par an environ 85 000 personnes X 6% : 5 000 personnes au minimum. Et combien de témoins et de personnels de secours choqués…
L’étude DEPITAC a visé à proposer un outil de dépistage précoce réalisé par des infirmières hospitalières.  Celles-ci ont posé dix questions à des patients hospitalisés dans leur service dans les 15 jours après leur AVP. Le nombre de patients inclus dans l’étude est de 275. Un chiffre considérable réalisé dans six centres de traumatologie : CHR de Lille,  CH Saint Vincent  et CH Saint Philibert  de l’Institut catholique de Lille, CH de Douai, CH Pompidou Paris, CH de Grenoble. Il n’a pas été facile de convaincre les services infirmiers de participer à cette étude, car en général, les états psychiques sont communément pris en charge par les services de psychiatrie de liaison. Et dans ce cas précis, aucun besoin n’était demandé par les patients, ni a priori nécessité. La peur bien légitime était de mal faire, de déclencher un trouble potentiellement latent et de ne pas savoir le gérer. Ce qui est tout à fait déstabilisant et, également, le fait d’empiéter sur un domaine médical hors-sujet, en dehors du périmètre de soin habituel, déjà très chargé, de la profession infirmière qui effectue en traumatologie des soins somatiques et où la part du psychique n'est pas la priorité. Nous sommes d’autant plus reconnaissants à ces pionnières.
Finalement, cela s’est bien passé. Les réticences du départ se sont peu à peu évanouies et les dix questions ont été posées à bien plus de 275 patients, car comme dans toute étude, il y a eu des abandons car le suivi a été long : les patients ont été recontactés à 8 semaines, 6 mois et 1 an par un psychologue attaché à l’étude. Les services de psychiatrie de liaison ont répondu présent à chaque demande formulée par les infirmières et les patients. Les résultats de l’étude sont très encourageants. Il semble que trois questions s’avèrent significatives dans le dépistage du stress post traumatique :
  • la Présence d’autres blessés ou décédés dans l’ AVP ;
  • la Présence d’une dissociation post-AVP ;
  • S’être vu mourir dans l’AVP.
La réponse positive à ces trois questions permet d’alerter précocement les équipes psychiatriques de liaison ou de psychotraumatologie.
Plus d’information sur notre site www.traumapsy.org et dans l’espace professionnel accessible sur mot de passe gratuit. 
Présidente de l'association TraumaPsyhttp://traumapsy.com
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