sur http://www.jim.fr* Publié le 21/03/2017
The Canadian Journal of Psychiatry consacre plusieurs
articles à un “problème de santé brûlant” pour la société
canadienne et d’autres pays (comme la Nouvelle-Zélande) où les
populations indigènes ou aborigènes connaissent des taux de suicide
particulièrement élevés. Par exemple, la fréquence des suicides
chez les Inuits est “l’une des plus grandes au monde, dix fois plus
élevée que pour la population générale du Canada.” Avec des
éclairages complémentaires sur la question, ces articles proposent
des réflexions sur les mécanismes de ce “phénomène complexe” et les
solutions possibles pour le contrer.
Pour remédier à cette situation dramatique, des stratégies de prévention du suicide (et de “promotion de la santé et du bien-être”) sont élaborées, parfois au sein même des communautés concernées, comme les Inuits avec l’Inuit Tapiriit Kanatami[1] (Fraternité inuite) visant notamment à préserver la culture et la langue inuite (l’inuktitut), dans l’espoir de réduire le risque (psychiatriquement nocif) d’une acculturation radicale.
[1] https://www.itk.ca/what-we-do/
Dr Alain Cohen
La perte de l’identité culturelle
L’importance du taux de suicide chez les autochtones s’apparente
à un indicateur de “détresse sociale” comparable, pour certains
auteurs, à celle du “canari dans la mine de charbon”, c’est-à-dire
un signal d’alerte sur un environnement périlleux. S’il n’existe
sans doute pas de cause unique à l’origine de ce grave problème de
société, certains facteurs contribuent à l’entretenir : fréquence
des dépressions (en lien avec le manque de lumière naturelle
près de six mois par an à des latitudes hyperboréales, pour les
Inuits?), fréquence des abus sexuels dans l’enfance, fréquence de
l’alcoolisme ou des addictions à d’autres produits... Mais c’est
surtout la perte de l’identité culturelle qui sous-tendrait cette
flambée des suicides parmi les populations autochtones. On a
remarqué ainsi un lien direct entre le déclin massif des langues
indigènes et le taux des suicides ou des comportements
auto-agressifs ; à l’inverse, en Colombie Britannique où les
langues vernaculaires sont encore souvent employées (comme pour
faire écho à la devise de cette province du Canada, Splendor
Sine Occasu, Éclat sans déclin), le taux de suicide reste plus
faible. Probablement car la persistance du langage chez ces
autochtones favorise celle de leur cohésion culturelle.
Un phénomène de mimétisme?
Une autre “caractéristique distinctive” accrédite l’hypothèse
d’une dimension culturelle dans les suicides des populations
indigènes : le fait qu’ils surviennent “souvent par groupes
(clusters)”, un phénomène rappelant (à moindre échelle) le
mimétisme comportemental sournoisement à l’œuvre dans des
sectes.Pour remédier à cette situation dramatique, des stratégies de prévention du suicide (et de “promotion de la santé et du bien-être”) sont élaborées, parfois au sein même des communautés concernées, comme les Inuits avec l’Inuit Tapiriit Kanatami[1] (Fraternité inuite) visant notamment à préserver la culture et la langue inuite (l’inuktitut), dans l’espoir de réduire le risque (psychiatriquement nocif) d’une acculturation radicale.
[1] https://www.itk.ca/what-we-do/
Dr Alain Cohen
Références
Tempier R : Suicide among Aboriginals: a “burning” public health issue in need of solutions. Can J Psychiatry, 2016; 61: 682–683.Hatcher S : Indigenous suicide: a global perspective with a New Zeland Focus. Can J of Psychiatry, 2016; 61: 684–687.
Kral MJ : Suicide and suicide prevention among Inuit in Canada. Can J Psychiatry, 2016, 61(11): 688–695.
Mehl-Madrona L : Indigenous knowledge approach to successful psychotherapies with aboriginal suicide attempters. Can J Psychiatry, 2016, 61(11): 696–699.
http://www.jim.fr/e-docs/des_taux_tres_eleves_de_suicides_dans_les_populations_autochtones__164442/document_actu_med.phtml