jeudi 30 mars 2017

ETUDE RECHERCHE ESPAGNE Exposition à la violence, risque de suicide chez les jeunes et les jeunes adultes

Article : Conséquences fatales d’une exposition précoce à la violence ordinaire
Publié le 28/03/2017 sur jim.fr
Maltraitances physiques, psychologiques, abus sexuels, harcèlements, affrontements entre groupes... Triste catalogue de la violence ordinaire ! À l’échelle mondiale, « plus d’un million de décès et des souffrances plus nombreuses encore » (infligées par des blessures graves) sont imputables chaque année à des violences entre individus, rappellent les auteurs d’une méta-analyse, réalisée en Espagne, pour évaluer l’influence d’une exposition précoce (dès l’enfance ou l’adolescence) à de telles violences sur le risque de suicide ultérieur (ou de tentative de suicide).
Ce sujet est d’autant plus important que les enfants, adolescents et jeunes adultes constituent des cibles fréquentes pour des individus violents.
Parmi près de 24000 publications sur ce thème dans la littérature médicale (un nombre donnant la mesure dramatique du problème !), les auteurs retiennent finalement 29 études longitudinales qui correspondent tout de même à plus de 143 000 victimes de « toute forme de violence entre personnes », et en se limitant encore aux seuls cas concernant des sujets entre 12 et 26 ans. Comme on pouvait le craindre a priori, cette étude confirme que ces antécédents de violences subies augmentent le risque ultérieur de tentative de suicide (Odds ratio [OR] ; intervalle de confiance 95 %) :
OR=1,48 [1,16–1,87] en cas de « violences communautaires » (community violence) ;
OR=1,65 [1,40–1,94] en cas de violence dans une relation (dating violence) ;
OR=1,99 [1,73–2,28] pour toutes formes de violences confondues ;
OR=2,25 [1,85–2,73] en cas de mauvais traitements dans l’enfance ;
OR=2,39 [1,89–3,01] en cas de harcèlement.

Un risque de suicide décuplé

Mais si cette recherche épidémiologique montre ainsi que « les abus sexuels dans l’enfance et le harcèlement constituent les contributeurs principaux pour des tentatives de suicide ultérieures », son résultat le plus inattendu et le plus inquiétant consiste dans la mise en évidence d’un risque de mort par suicide décuplé, voire davantage, chez les « jeunes victimes de violences entre personnes » : OR=10,57 [4,46–25,07]. Vu cet accroissement très important du risque suicidaire, les auteurs proposent de mener des recherches pour évaluer l’efficacité des actions de dépistage et de prévention contre les violences précoces.
Dr Alain Cohen