source article tetu.com*
1:54 vient du Canada en sprintant. S’il est présenté comme un film sur la compétition sportive, il révèle en réalité le harcèlement dont sont victimes les homos à l’école. Puissant.
C’est ce qu’on appelle un coup de génie : au lieu d’annoncer le sujet principal, à savoir le harcèlement homophobe à l’école, la bande-annonce du film (et son affiche) se focalisent sur la course et la rivalité entre deux ados charismatiques. Jeff, brun populaire et tête-à-claques, voit d’un très mauvais œil que Tim, blond à tendance geek qui passe son temps libre à réaliser des expériences chimiques avec son acolyte Francis, coure sur ses plates-bandes.
« Sale fif » [pédale en québécois, ndlr]
Depuis que Tim s’est réinscrit à la course, Jeff et sa bande le harcèlent : jet de nourriture à la cantine, mises en scènes sur les réseaux sociaux, intimidation physique et surtout insultes homophobes car son copain Francis, lui, a fait son coming-out. Et Tim est évidemment soupçonné d’être son « cheum ». Ce qu’il dément fermement au point de trahir son ami et de l’exposer à la pire des homophobies, alors que le spectateur, lui, connaît déjà l’attirance de Tim pour Francis, et inversement…Dans ce cauchemar adolescent qui rappellera à nombre d’entre vous les heures souvent peu glorieuses de la puberté, du collège au lycée, plusieurs adjuvants gravitent autour de Tim : Jen, une camarade de classe qui ne se laisse pas faire, comprend et accepte subtilement le « secret » de Tim; son prof de chimie, qui s’occupe aussi du club de course; et son père, seul à la maison depuis la mort de sa femme.
Allô l’Education nationale ?
Tout ce beau monde ne parvient toutefois pas à sauver Tim de son mal-être et le réalisateur Yan England excelle à dépeindre l’impuissance de l’entourage. Personne ne voit que le jeune homme crève de ne pas pouvoir révéler son homosexualité tout en étant menacé par ses bourreaux à l’école et à la maison. Et à cause de la multiplication des réseaux sociaux utilisés par les ados, la donne a changé : plus possible de bénéficier ne serait-ce que de quelques heures de répit.Que fait l’Ecole ? Pas grand chose. En France, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a lancé en 2016 une campagne de prévention distribuée aux établissements. En revanche, aucune obligation pour lesdits établissements d’aborder ces sujets en vie de classe, par exemple. Seules quelques associations comme SOS homophobie ou le MAG Jeunes LGBT interviennent sur invitation des profs, et dans les régions où elles sont présentes. En plus de cette campagne, les élèves disposent d’une ligne d’écoute 7j/7 de 8h à 23h, 0 810 20 30 40 (coût d’un appel métropolitain depuis un poste fixe) ou 01 58 91 12 92 (numéro gratuit selon les conditions définies par l’opérateur téléphonique) et d’un formulaire de contact en ligne. Après les multiples drames nationaux sur les ABCD de l’égalité accusés notamment de vouloir rendre les enfants homosexuels (sic), les candidats à la présidentielle sont plus que timorés sur les mesures à adopter pour lutter contre l’homophobie à l’école.
Une idée : mettre 1:54 au programme ?
1:54 de Yan England
Au cinéma le 15 mars 2017
Source http://tetu.com/2017/03/15/154-film-harcelement-homophobe-ecole/
INFO +
Bande Annonce
A noter également que Le comédien Antoine Olivier Pilon a, en 2015 scénarisé et réalisé le vidéoclip de la chanson Pourquoi tout perdre, qui met en vedette le chanteur adolescent Lenni-Kim et qui aborde la prévention du suicide.