"Suite à un accident grave de voyageur " de Éric Fottorino, journaliste écrivain.
Collection Blanche, Gallimard
Parution : 28-02-2013
«En septembre 2012, à quelques jours de distance, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER, derrière chez moi, dans les Yvelines. Un vieillard, une mère de famille, un homme qui n’a pu être identifié. À la violence de leur mort a répondu le silence. Il ne s'est rien passé. Nul n’a désigné la souffrance par son nom. Une voix neutre a seulement résonné dans les haut-parleurs de la gare : "Suite à un accident grave de voyageur…" Nos vies ont pris un peu de retard. À cause de trois détresses qui n’ont jamais existé.»
Collection Blanche, Gallimard
Parution : 28-02-2013
«En septembre 2012, à quelques jours de distance, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER, derrière chez moi, dans les Yvelines. Un vieillard, une mère de famille, un homme qui n’a pu être identifié. À la violence de leur mort a répondu le silence. Il ne s'est rien passé. Nul n’a désigné la souffrance par son nom. Une voix neutre a seulement résonné dans les haut-parleurs de la gare : "Suite à un accident grave de voyageur…" Nos vies ont pris un peu de retard. À cause de trois détresses qui n’ont jamais existé.»
Article presse sur le sujet :
Petit traité des «accidents graves» sur les lignes du RER Mohammed Aissaoui Mis à jour le 02/04/2013 Publié le 01/04/2013 Sur http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/04/01/01016-20130401ARTFIG00304-petit-traite-des-accidents-graves-sur-les-lignes-du-rer.php
Chaque
année, 450 personnes se suicident sur le réseau francilien. Éric
Fottorino a été particulièrement touché par trois d'entre elles.
Chaque jour, plus d'un million de personnes prennent le RER A.
Cette ligne est la plus dense d'Europe, allant de l'ouest francilien
Saint-Germain-en-Laye et Cergy-Pontoise à l'est Marne-la-Vallée et
Boissy-Saint-Léger, en passant par les stations les plus fréquentées de Paris: Châtelet-Les Halles, Opéra, Charles-de-Gaulle Étoile, Gare de Lyon…
Parmi ce million d'usagers, un écrivain qui fut également directeur du quotidien Le Monde: Éric Fottorino, il emprunte cette ligne depuis trente ans. L'auteur de Baisers de cinéma, prix Femina, habite dans une belle ville des Yvelines. Au début de l'automne 2012, tout près de chez lui, trois personnes se sont jetées sur les rails: «Un vieillard. Une jeune femme, du moins l'ai-je cru. Une mère de famille», écrit-il. Il ne les connaît pas, peut-être les a-t-il croisés. Des anonymes. Il enquête auprès des voisins, des pompiers, de la presse locale… Quelques pensées. Il raconte tout cela dans Suite à un accident grave de voyageur.
Homme de mots, Fottorino remarque d'abord que chaque fois qu'il y a un suicide, la SNCF ou la RATP prennent un grand soin à ne jamais prononcer le mot. Il ne peut s'empêcher de souligner le double sens du terme «personne»: que veut-on dire quand on parle «des accidents de personne»? De même, les pompiers qui interviennent après un suicide usent de l'expression «Personne sous un train». Qui s'est jeté sous un train, s'interroge Fottorino? Personne?
Ce récit de 63 pages est extrêmement touchant. Il nous rappelle que chaque année en Ile-de-France, plus de 450 de ces inconnus se suicident sur le réseau francilien, soit plus d'un par jour. Désormais, quand on entendra la voix synthétique résonner dans les haut-parleurs «suite à un accident grave…», on réfléchira à deux fois avant de râler.
«Suite à un accident grave de voyageur», Éric Fottorino. Éd. Gallimard, 8,20 euros.
Parmi ce million d'usagers, un écrivain qui fut également directeur du quotidien Le Monde: Éric Fottorino, il emprunte cette ligne depuis trente ans. L'auteur de Baisers de cinéma, prix Femina, habite dans une belle ville des Yvelines. Au début de l'automne 2012, tout près de chez lui, trois personnes se sont jetées sur les rails: «Un vieillard. Une jeune femme, du moins l'ai-je cru. Une mère de famille», écrit-il. Il ne les connaît pas, peut-être les a-t-il croisés. Des anonymes. Il enquête auprès des voisins, des pompiers, de la presse locale… Quelques pensées. Il raconte tout cela dans Suite à un accident grave de voyageur.
Homme de mots, Fottorino remarque d'abord que chaque fois qu'il y a un suicide, la SNCF ou la RATP prennent un grand soin à ne jamais prononcer le mot. Il ne peut s'empêcher de souligner le double sens du terme «personne»: que veut-on dire quand on parle «des accidents de personne»? De même, les pompiers qui interviennent après un suicide usent de l'expression «Personne sous un train». Qui s'est jeté sous un train, s'interroge Fottorino? Personne?
Romans autobiographiques
Bien sûr, ces histoires de suicide résonnent en lui. Ne l'a-t-il pas évoqué dans plusieurs de ses romans autobiographiques, notamment dans L'homme qui m'aimait tout bas? Mais l'écrivain a surtout voulu aller à la rencontre de ces détresses qu'on n'écoute pas, qui n'existent pas. Par ce texte, il a émis le vœu de déchirer ce voile du silence. «La mort des inconnus passe vite», dit-il.Ce récit de 63 pages est extrêmement touchant. Il nous rappelle que chaque année en Ile-de-France, plus de 450 de ces inconnus se suicident sur le réseau francilien, soit plus d'un par jour. Désormais, quand on entendra la voix synthétique résonner dans les haut-parleurs «suite à un accident grave…», on réfléchira à deux fois avant de râler.
«Suite à un accident grave de voyageur», Éric Fottorino. Éd. Gallimard, 8,20 euros.