19 décembre 2012 :Travaux parlementaires Sénat
Rapports d'information
Prise en charge psychiatrique des personnes atteintes de troubles mentaux Par M. Alain MILON, Sénateur, au nom de la commission des affaires sociales
Prise en charge psychiatrique des personnes atteintes de troubles mentaux Par M. Alain MILON, Sénateur, au nom de la commission des affaires sociales
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Extraits
"le développement des médicaments psychiatriques a accompagné, et non limité, l’essor de la prévalence des troubles mentaux, ce qui peut être considéré comme un échec. Le directeur du National Institute of Mental Health, chargé de la politique fédérale de santé mentale aux Etats-Unis, constate ainsi que malgré le « boom » des médicaments psychotropes depuis cinquante ans - ils représentent un chiffre d’affaires de 25 milliards de dollars en 2011 aux Etats-Unis -, il n’y a eu aucun impact significatif sur la morbidité, mesurée par la prévalence, ou la mortalité, mesurée par le taux de suicide" 1. Thomas R. Insel, “Next-Generation Treatments for Mental Disorders”, Science Translational
Medicine, 10 octobre 2012, Vol. 14, n° 155
"3. La question du suicide
D’après une étude publiée par la Drees en septembre 2012(2), la tendance suicidaire est une problématique importante en médecine générale de ville. Au cours des cinq dernières années, 80 % des médecins généralistes ont été confrontés à la tentative de suicide et près de la moitié à un suicide. Le rôle des généralistes dans le dépistage et la prise en charge des troubles est donc essentiel.
L’OMS mène depuis plusieurs années des campagnes pour la prévention du suicide et souligne la situation particulièrement préoccupante de l’Europe."
2 Dumesnil, Cortaredona et al., La prise en charge de la dépression en médecine générale de
ville, Etudes et résultats n° 810, septembre 2012.
Carte des taux de suicide
(pour 100 000, données les plus récentes depuis 2011)
" Face à cette situation le succès de la politique suédoise, souligné par Viviane Kovess-Masféty, paraît être un exemple à suivre. Elle repose sur la formation des médecins généralistes pour la détection de la dépression.
En 1983 et 1984, le comité suédois pour la prévention et le traitement de la dépression a organisé un programme de formation professionnelle sur le diagnostic et le traitement de cette pathologie destiné aux médecins généralistes de l’île de Gotland.
Les principaux résultats du programme deux ans après sa mise en place ont été les suivants :
• diminution des suicides de 60 % ;
• consommation d’antidépresseurs en augmentation de 52 % sur l’île
de Gotland (augmentation de 17 % en Suède sur la même période) ;
• diminution de la prescription de benzodiazépines et autres neuroleptiques
de 25 % comparé à la moyenne suédoise ;
• diminution de 50 % des consultations en psychiatrie ;
• diminution de 85 % des consultations pour état mélancolique ;
• diminution de 50 % des congés de maladie dus à la dépression.
Une analyse médico-économique de ce programme a également révélé une
balance très fortement excédentaire en faveur du programme, avec une économie évaluée
entre 17 et de 285 millions de couronnes pour un coût de 400 000 couronnes suédoises.
Source : Rihmer (Z.), Rutz (W.), Pihlgren (H.); “Depression and suicide on Gotland. An intensive study of all suicides before and after a depression-training programme for general practitioners”; Journal of affective disorders, vol. 35, n° 4, 1995.
« Comment évaluer le risque suicidaire et notamment l’imminence ou la gravité d’un passage à l’acte en médecine générale », Dr François Dumel, psydoc-fr.broca.inserm.fr
" Le colloque sur la mortalité due à la crise, organisé par France Prévention Suicide et Technologia le 11 février 2012 au Sénat, a été l’occasion de souligner le manque de données épidémiologiques fiables sur les suicides, qui sont pourtant particulièrement nécessaires pour leur étude et leur prévention. Votre rapporteur soutient donc l’initiative tendant à créer un observatoire des suicides, qui pourrait se fonder sur le Centre d’étude et de prévention du suicide de Stockholm. Votre rapporteur considère que cet observatoire devrait être rattaché à l’InVS qui est l’agence sanitaire compétente.