Par Europe1.fr avec Raphaële Schapira
Publié le 30 mai 2012 à 06h09 Mis à jour le 30 mai 2012 à 06h09
Il est appelé dès qu'un drame survient dans une entreprise. Le cabinet Technologia, expert dans la prévention des risques professionnels, a relancé mardi son appel à la création d'un observatoire des suicides, pour mieux recenser et prévenir ces actes, après une série de drames sur le réseau ferroviaire pendant le week-end. La SNCF a indiqué mardi avoir été confrontée à douze suicides en quatre jours.
"Dans les conditions dramatiques que vient de connaître la France ce week-end, le cabinet Technologia et le professeur (en médecine légale) Michel Debout se félicitent de la récente prise de conscience autour de leur campagne pour la création d'un observatoire des suicides et des conduites suicidaires en France", écrit le cabinet dans un communiqué.
"Rien sur l'impact du surendettement"
Selon Technologia, qui est notamment intervenu chez France Télécom, Renault ou Alstom après des vagues de suicides, "l'absence de données" en matière de suicide rend difficile la prévention sur ce point qui prend "une nouvelle ampleur" avec la crise. En effet, les chiffres du suicide, qu'on estime mino
rés d'environ 10% en raison d'une sous-déclaration des familles et des médecins, parviennent aujourd'hui avec un délai de deux ans à travers la collecte de données générale sur les décès de l'Inserm.
"Il n'est pas normal que nous n'avons rien sur l'impact du surendettement sur le suicide, sur la question de la précarité, des plans sociaux. Les statistiques remontent à trois ou quatre ans. Si on fait la comparaison avec la grippe H1N1, vous aviez à l'unité près, jour par jour, le nombre de décès liés à cette grippe. Aujourd'hui, la question des suicides, on ne sait pas", affirme Jean-Claude Delgenes, directeur général de Technologia, interviewé par Europe 1.
Le Conseil économique et social s'est saisi du dossier
Selon le cabinet, "ce sont pas moins de 4 millions de Français qui sont concernés plus ou moins directement par les 200.000 tentatives de suicides enregistrées chaque année", le nombre de suicides annuels étant d'environ 10.000. L'appel à créer un observatoire, relayé notamment sur le site observatoire suicides.fr, a été signé par plus de 2.000 personnes. Il a également reçu le soutien des confédérations syndicales CGC et Force ouvrière, du Centre des jeunes dirigeants (CJD) ou de l'Association nationale des DRH (ANDRH).
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s'est également saisi de la question de la prévention du suicide, tandis que le groupe communiste au Sénat vient de déposer un projet de résolution appelant à la création d'un observatoire des suicides, indique Technologia.
Une augmentation chez les 40-50 ans
Les 12 suicides dénombrés durant les trois jours du week-end constituent un chiffre "exceptionnel" selon la SNCF, alors qu'en moyenne sur l'année on compte "environ un suicide par jour" sur l'ensemble du réseau ferré français.
Pour les professionnels de santé, cette vague de suicides reflète la dureté de la crise économique et traduit une forme de protestation "pas forcément consciente", selon un médecin spécialiste du phénomène, le Pr Michel Debout. "Ces suicides ajoutés à d'autres" sont aussi en partie le reflet "de la situation de crise avec les menaces sur l'emploi, la pauvreté, le surendettement et un nombre croissant de personnes ayant du mal à faire face aux réalités de la vie", indique-t-il.
Le Pr Debout relève une "augmentation préoccupante" des suicides parmi les hommes âgés de 40 à 50 ans, tranche d'âge particulièrement concernée par le chômage, la précarité et les pressions professionnelles en tous genres.
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Suicides sur les rails : le reflet de la crise ? Douze suicides sur les voies de chemin de fer sur les trois jours du week-end de Pentecôte en France. Un chiffre que la SNCF qualifie d'« exceptionnel ». Mais pour certains spécialistes, ces suicides reflètent la dureté de la crise économique. La Rédaction avec Benjamin Smadja | RMC.fr | 30/05/2012
lien http://www.rmc.fr/editorial/261302/suicides-sur-les-rails-le-reflet-de-la-crise/
Chaque année environ 11.000 personnes mettent fin volontairement à leurs jours en France. Le professeur Michel Debout, médecin spécialiste du suicide et ancien président de l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS) explique sur RMC que les nombreux suicides de ces derniers jours ne sont pas une surprise.
« La crise explique ces gestes de désespoir »
D'après lui, cette situation de crise, avec les menaces sur l'emploi, la pauvreté, le surendettement, provoque ces passages à l'acte. Mais le professeur voit aussi dans ces suicides une signification. Il y a, d'après lui, une sorte de protestation, de prise à témoin de la société. Un peu comme dans le cas d'une immolation : « Je crois que la crise économique et sociale explique pour beaucoup les gestes de désespoir de nos concitoyens. En ce qui concerne le mode lui-même c’est-à-dire sous le train, je crois que l’on peut y voir un signe de protestation en cette période de départ en vacances et que eux, qui malheureusement sont sous les rails, ne peuvent pas partir. S’ils partent, c’est pour leur dernier voyage ».
« Il est possible d'agir »
Depuis 2008, le professeur Debout estime que la crise aurait provoqué 750 morts de plus par suicide par an. Mais cela reste une estimation. C'est pourquoi il milite depuis 1993 pour créer un "observatoire du suicide", qui permettrait par exemple de comprendre les causes, pour agir et éviter des drames : « On pourrait connaitre l’évolution du taux de suicide dans certaines populations : les chômeurs, les retraités, les surendettés. Cela permettrait de mener des politiques de prévention. On développe peu la prévention alors que l’Angleterre développe ce système depuis très longtemps et ils arrivent à faire baisser les chiffres de la mortalité. Les taux anglais sont deux fois inférieurs aux nôtres. Ça veut dire qu’il est possible d’agir. Je ne comprends pas pourquoi, après des années de réclamations, nous n’avons toujours pas droit à cet observatoire ».
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Suicides sur les rails : une manière de prendre à témoin la société, selon des psychiatres
lequotidiendumedecin.fr 29/05/2012
source http://www.lequotidiendumedecin.fr/information/suicides-sur-les-rails-une-maniere-de-prendre-temoin-la-societe-selon-des-psychiatres
AFP
Comment expliquer la mort par suicide de 12 personnes ce week-end de Pentecôte sur les rails de la SNCF ? Le chiffre est « exceptionnel » souligne l’entreprise ferroviaire, qui compte environ un suicide par jour annuellement. Reflet de la crise, protestation, prise à témoin de la société, revendication ... Les psychiatres alertent sur l’augmentation de la souffrance psychique de nos jours.
« Ces suicides sont en partie le reflet de la situation de crise, avec les menaces sur l’emploi, la pauvreté, le surendettement et un nombre croissant de personnes ayant du mal à faire face aux réalités de la vie », analyse le Pr Michel Debout, chef du service de médecine légale du CHU de Saint-Étienne.
Le médecin repère aussi dans ces gestes « quelque chose de l’ordre d’une protestation, pas forcément consciente, une sorte de prise à témoin de la société ». « C’est la même problématique quand il y a une immolation, on prend à témoin toute la société », insiste-t-il.
« Les personnes qui veulent socialiser leur suicide dans des morts violentes sont de plus en plus nombreuses », souligne, dans le Figaro, le Pr Michel Botbol, secrétaire général de l’association des psychiatres français. « Ce qui est très paradoxal puisque se tuer, c’est refuser le monde, c’est l’acte le plus anti-social qui soit », fait-il remarquer.
Mais pour lui, la comparaison avec l’immolation est à nuancer. « Il n’y a pas dans le suicide par le train le côté protestataire, revendicatif ou altruiste de l’immolation par le feu mais la même violence et le même caractère de destruction absolue, en prenant les autres à témoin ».
L’urgence d’un Observatoire des suicides
Quelque 12 000 décès par suicide sont comptabilisés chaque année en France, classée par le Haut conseil de la santé publique dans le groupe des États d’Europe de l’Ouest « à forte mortalité par suicide ». Mais aucun outil d’observation existe à ce jour, qui puisse, par exemple, établir des rapprochements entre suicide, chômage, surendettement, voire météo, à des fins de prévention. « On ne sait pas aujourd’hui combien de ceux qui meurent de suicides étaient au chômage. C’est un des éléments dont on aurait besoin » pour développer la prévention, estime le Pr Debout. « J’ai annoncé que la crise aurait provoqué 750 morts de plus par suicide par an... Mais c’est une estimation depuis le début de la crise en 2008 qu’on ne peut vérifier faute d’un outil véritable de compréhension du suicide », conclut-il.
Avec Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet Technologia, le Pr Debout fait partie des signataires (et fondateurs) de « l’appel des 44 » pour la création d’un observatoire des suicides, indépendant et pluridisiciplinaire.
Une idée qui semble avoir trouvé écho auprès des sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen qui a présenté une proposition de résolution à ce sujet la semaine passée.
› COLINE GARRÉ
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Que peut faire la SNCF pour éviter les suicides sur les rails ?
Le Monde.fr avec AFP | 29.05.2012 à 21h14 • Mis à jour le 29.05.2012 à 21h14
Par Pauline Pellissier
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/05/29/que-peut-faire-la-sncf-pour-eviter-les-suicides-sur-les-rails_1709150_3224.html
Le week-end de la Pentecôte a été endeuillé par douze suicides sur les rails. Un phénomène en forte progression, estime la SNCF, qui tente de sécuriser au mieux les voies, sans pour autant envisager de "plan" anti-suicide.
"Il existe toute une panoplie de mesures pour garantir la sécurité des passagers, mais pas de plan suicide spécifique", annonce la SNCF. De même, aucune statistique précise sur le sujet n'est disponible. La SNCF explique ne pas pouvoir en recueillir, car ce sont les services de police, après enquête, qui déterminent s'il s'agit d'accidents ou de suicides.
IMPOSSIBLE DE SÉCURISER 30 000 KM DE RAILS
Hors zones urbaines, les voies ne sont pas obligatoirement protégées par des barrières ou des grillages. Avec plus de 30 000 km de voies, gérées par Réseau ferré de France (RFF), impossible d'en mettre partout. D'autant que ce n'est pas toujours efficace selon la SNCF. "On aura beau mettre les grilles les plus élevées qui soient, si quelqu'un souhaite les franchir, il y arrivera", indique un porte-parole.
Seule spécificité prévue par l'entreprise, un accompagnement psychologique pour les conducteurs de train. "C'est le plus grand traumatisme qu'un conducteur puisse avoir. Le cheminot est relevé, ce n'est pas lui qui fait repartir son TGV", précise l'entreprise. Rien n'est en revanche prévu pour les passagers. Leur billet n'est pas remboursé, car la SNCF n'est pas responsable. Sauf dans certains cas exceptionnels, comme hier, où la SNCF a expliqué qu'elle rembourserait les passagers du train Marseille-Paris, arrivés à destination avec plus de trois heures de retard.
70 % DE TENTATIVES ABANDONNÉES FACE À UN OBSTACLE
Loin d'être un phénomène français, les suicides du rail sont aussi en hausse chez nos voisins belges et britanniques. Le quotidien belge Le Soir y consacrait un dossier en janvier 2012. Et pour cause, le nombre de suicides sur le réseau belge atteignait en 2011 un record avec 101 cas, 21 % de plus qu'en 2010 (84 suicides).
Dans le pays, des travaux sont menés pour interdire ou rendre plus malaisés des accès au domaine ferroviaire en milieu urbain, le plus propice. "Des barrières, des grillages, on rehausse les garde-corps sur les ouvrages d'art... Parfois, une barrière un peu symbolique suffit. Devoir la contourner donne le temps de réfléchir. Et les spécialistes reconnaissent que 70 % des tentatives abandonnées l'ont été à cause d'un petit obstacle à franchir", explique au Soir Arnaud Reymann, porte-parole d'Infrabel, le gestionnaire du réseau ferré belge.
Outre-Manche, l'association Samaritans, qui œuvre pour la prévention du suicide, tente de sensibiliser au problème en distribuant une plaquette d'information dans les gares. L'organisme avance des solutions : placer aux abords des voies des panneaux renvoyant vers des associations, mais surtout travailler avec la presse sur la façon dont sont relatés les faits.
LES MÉTHODES COPIÉES
"Un nombre important d'études font le lien entre la description des suicides dans les médias et l'augmentation des comportements suicidaires. Les recherches indiquent que quand les détails sont précis ou que l'incident est raconté de manière sensationnelle, il y a un risque que ces suicides soient copiés", signale l'association. Elle propose un guide de bonne conduite, pour que le suicide ne soit plus considéré comme banal, mais comme un sujet sensible, nécessitant des reportages de qualité.
Au niveau européen, différentes recherches ont été lancées pour développer des campagnes de prévention du suicide "ferré", notamment le programme Restrail, qui liste des idées de prévention et d'action - 2 750 personnes en Europe se seraient tuées sur les rails en 2010 -, mais aussi un volet "pratique" visant à aider les gestionnaires à diminuer les conséquences de ces actes sur la gestion des réseaux.
Pauline Pellissier
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Vague de suicides sans précédent sous les trains
Le Point.fr - Publié le 29/05/2012 à 16:30 - Modifié le 29/05/2012 à 16:31
Les douze suicides dénombrés durant les trois jours du week-end constituent un chiffre "exceptionnel", selon la SCNF.
Par Armin Arefi
La vague de suicides observée sur les voies de chemin de fer pendant le week-end de Pentecôte en France reflète la dureté de la crise économique et traduit une forme de protestation "pas forcément consciente", selon un médecin spécialiste du suicide, le Pr Michel Debout. Les douze suicides dénombrés durant les trois jours du week-end constituent un chiffre "exceptionnel", selon la SNCF, alors qu'en moyenne sur l'année on compte "environ un suicide par jour" sur l'ensemble du réseau ferré français.
Pour le Pr Debout, chef du service de médecine légale au CHU de Saint-Étienne et ancien président de l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS), il s'agit là d'"un phénomène marquant". Il y a dans ces gestes désespérés "quelque chose de l'ordre d'une protestation, pas forcément consciente, une sorte de prise à témoin de la société", explique ce professeur de médecine légale. "C'est la même problématique quand il y a une immolation, on prend à témoin toute la société", explique-t-il.
"Reflet de la crise" (Pr Debout)
"Ces suicides ajoutés à d'autres" sont aussi en partie le reflet "de la situation de crise avec les menaces sur l'emploi, la pauvreté, le surendettement et un nombre croissant de personnes ayant du mal à faire face aux réalités de la vie", indique-t-il. "J'ai annoncé que la crise aurait provoqué 750 morts de plus par suicide par an... Mais c'est une estimation depuis le début de la crise en 2008 qu'on ne peut vérifier, faute d'un outil véritable de compréhension du suicide", explique le médecin légiste.
Le Pr Debout milite depuis 1993 pour la mise en place d'un "observatoire du suicide", alors que chaque année environ 11 000 personnes mettent fin volontairement à leurs jours en France. La France se situe dans le groupe des pays d'Europe de l'Ouest "à forte mortalité par suicide", soulignait la semaine passée le Haut Conseil de la santé publique dans un rapport sur la santé des Français. Pour les hommes, la France présente même des "taux particulièrement élevés, avec la Finlande et l'Autriche", et affiche un taux 2,5 fois plus élevé qu'au Royaume-Uni, selon le rapport.
Les 40-50 ans en tête
Le Pr Debout relève une "augmentation préoccupante" des suicides parmi les hommes âgés de 40 à 50 ans, tranche d'âge particulièrement concernée par le chômage, la précarité et les pressions professionnelles en tout genre. Faute d'un vrai outil d'observation, aucune statistique n'est disponible pour, par exemple, faire le lien entre surendettement ou chômage et suicide. "On ne sait pas aujourd'hui combien de ceux qui meurent de suicide étaient au chômage. C'est un des éléments dont on aurait besoin" pour mieux comprendre, agir et prévenir le suicide en France, plaide le Pr Debout.
Les chiffres du suicide, qu'on estime minorés d'environ 10 % en raison d'une sous-déclaration des familles et des médecins, parviennent aujourd'hui avec un délai de deux ans à travers la collecte de données générale sur les décès CépiDc de l'Inserm. Aucune corrélation n'a été faite en France entre météo et suicide. On note cependant "plus de suicides au printemps et à l'automne" que durant le reste de l'année, mais sans véritables pics. "La réalité du suicide est assez étale tout au long de l'année", note le Pr Debout.
Le Point.fr - Publié le 29/05/2012 à 16:30 - Modifié le 29/05/2012 à 16:31
Les douze suicides dénombrés durant les trois jours du week-end constituent un chiffre "exceptionnel", selon la SCNF.
Par Armin Arefi
La vague de suicides observée sur les voies de chemin de fer pendant le week-end de Pentecôte en France reflète la dureté de la crise économique et traduit une forme de protestation "pas forcément consciente", selon un médecin spécialiste du suicide, le Pr Michel Debout. Les douze suicides dénombrés durant les trois jours du week-end constituent un chiffre "exceptionnel", selon la SNCF, alors qu'en moyenne sur l'année on compte "environ un suicide par jour" sur l'ensemble du réseau ferré français.
Pour le Pr Debout, chef du service de médecine légale au CHU de Saint-Étienne et ancien président de l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS), il s'agit là d'"un phénomène marquant". Il y a dans ces gestes désespérés "quelque chose de l'ordre d'une protestation, pas forcément consciente, une sorte de prise à témoin de la société", explique ce professeur de médecine légale. "C'est la même problématique quand il y a une immolation, on prend à témoin toute la société", explique-t-il.
"Reflet de la crise" (Pr Debout)
"Ces suicides ajoutés à d'autres" sont aussi en partie le reflet "de la situation de crise avec les menaces sur l'emploi, la pauvreté, le surendettement et un nombre croissant de personnes ayant du mal à faire face aux réalités de la vie", indique-t-il. "J'ai annoncé que la crise aurait provoqué 750 morts de plus par suicide par an... Mais c'est une estimation depuis le début de la crise en 2008 qu'on ne peut vérifier, faute d'un outil véritable de compréhension du suicide", explique le médecin légiste.
Le Pr Debout milite depuis 1993 pour la mise en place d'un "observatoire du suicide", alors que chaque année environ 11 000 personnes mettent fin volontairement à leurs jours en France. La France se situe dans le groupe des pays d'Europe de l'Ouest "à forte mortalité par suicide", soulignait la semaine passée le Haut Conseil de la santé publique dans un rapport sur la santé des Français. Pour les hommes, la France présente même des "taux particulièrement élevés, avec la Finlande et l'Autriche", et affiche un taux 2,5 fois plus élevé qu'au Royaume-Uni, selon le rapport.
Les 40-50 ans en tête
Le Pr Debout relève une "augmentation préoccupante" des suicides parmi les hommes âgés de 40 à 50 ans, tranche d'âge particulièrement concernée par le chômage, la précarité et les pressions professionnelles en tout genre. Faute d'un vrai outil d'observation, aucune statistique n'est disponible pour, par exemple, faire le lien entre surendettement ou chômage et suicide. "On ne sait pas aujourd'hui combien de ceux qui meurent de suicide étaient au chômage. C'est un des éléments dont on aurait besoin" pour mieux comprendre, agir et prévenir le suicide en France, plaide le Pr Debout.
Les chiffres du suicide, qu'on estime minorés d'environ 10 % en raison d'une sous-déclaration des familles et des médecins, parviennent aujourd'hui avec un délai de deux ans à travers la collecte de données générale sur les décès CépiDc de l'Inserm. Aucune corrélation n'a été faite en France entre météo et suicide. On note cependant "plus de suicides au printemps et à l'automne" que durant le reste de l'année, mais sans véritables pics. "La réalité du suicide est assez étale tout au long de l'année", note le Pr Debout.
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12 suicides en trois jours, le vrai "week-end noir" de la SNCF
- le 29 Mai 2012 source http://www.humanite.fr/societe/10-suicides-en-trois-jours-le-vrai-week-end-noir-de-la-sncf-497468
Passées les grosses perturbations qu'ont connues les TGV entre Paris et le Sud, ce week-end de Pentecôte, reste un chiffre pour expliquer les difficultés, qui en dit peut-être long sur l'état de la société française: une douzaine de personnes se sont suicidées sur les voies ces trois derniers jours.
Dans la nuit de dimanche à lundi, un homme de 34 ans s'est tué avec sa fillette de 19 mois en se jetant sous un train dans la Haute-Vienne. Un "drame de la séparation", estime la police. Presque au même moment, l'axe Quimper-Paris a été perturbé par le suicide d'un jeune homme de 29 ans.
Dimanche matin, deux frères avaient été happés par un train dans l'Aisne. L'un est mort, l'autre grièvement blessé. Toujours dimanche, à l'aube, une personne avait également péri sous les roues d'un TGV dans l'Oise. Elle s'était allongée sur la voie. Quant au TGV 6181 (provenant de Paris et roulant vers Marseille), il a, selon la police, "percuté une personne aux environs de la gare de Valence TGV" (Drôme).
"Tout le monde doit s'interroger"
Le porte-parole de la SNCF a évoqué "un week-end noir" durant ces trois jours de Pentecôte, "avec une dizaine de morts et de suicides sur les voies". "Maintenant, tout le monde doit s'interroger, y compris à la SNCF. Mais, je crois aussi que tout le monde au sein de la société doit se poser la question de savoir pourquoi dans une période comme celle-là, on assiste à une vague d'accidents qui surprend tout le monde et qui laisse sans doute, tout le monde un peu désorienté", a insisté Michel Pronost , sur Europe 1.
Pour information, le trafic ferroviaire était normal ce mardi matin sur l'ensemble de la France."
source http://www.humanite.fr/societe/10-suicides-en-trois-jours-le-vrai-week-end-noir-de-la-sncf-497468
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Série de suicides sur les voies de la SNCF pour la Pentecôte
Par Delphine de Mallevoüe Mis à jour le 29/05/2012 à 12:53 | publié le 29/05/2012 à 12:48
source http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/05/29/01016-20120529ARTFIG00470-serie-de-suicides-sur-les-voies-de-la-sncf-pour-la-pentecote.php
Pas moins de douze suicides ce week-end sur les voies de la SNCF. Une série «supérieure à la normale», dit-on à la SNCF. En France, 12.000 décès par suicide sont comptabilisés chaque année.
Un suicide vendredi, trois samedi, cinq dimanche, trois lundi… Avec pas moins de douze suicides sur les rails, la SNCF a déploré «un week-end noir» de la Pentecôte. Dans un acte tout particulièrement tragique, un homme de 34 ans s'est tué avec sa fillette de 19 mois en se jetant sous un train à Condat-sur-Vienne, dans la Haute-Vienne. L'homme qui s'était caché dans un abri le long de la voie ferrée s'est placé surla voie au moment du passage du train, roulé en boule avec son bébé dans les bras. Dans l'après-midi de dimanche, ses parents auxquels il avait laissé une lettre pour expliquer son geste, avaient alerté les forces de police sans qu'elles aient pu empêcher l'irréparable.
«Cette série de suicides est supérieure à ce que l'on constate habituellement», observe la direction de la SCNF qui, pour autant, ne dispose pas de statistiques sur le sujet. «Nous ne pouvons pas en recueillir car ce sont les services de police qui, après enquête, déterminent s'il s'agit d'accidents ou de suicides, explique un porte-parole de la SNCF. Nos compétences se limitent à mettre en œuvre les meilleures opérations de prise en charge et de sécurisation».
Un suicide comme une démonstration pour interpeller la société
Intervention, coordination des secours, réacheminement des voyageurs immobilisés, communication sur l'événement… Plusieurs réunions se sont succédé au siège durant le week-end «pour vérifier que les processus ont été efficients», dit la SNCF qui évalue à une heure et demi en moyenne la durée de ce genre d'intervention.
Selon les psychiatres, le suicide sur les voies ferrées, comme dans tout autre lieu public, relèverait «d'une démonstration» pour «interpeller l'indifférence de la société» et «rendre visible au plus grand nombre un désespoir personnel».
Une démarche qui peut s'apparenter à celle du suicide par immolation, encore plus spectaculaire, qui est en hausse ces dernières années. «Les personnes qui veulent socialiser leur suicide dans des morts violentes sont de plus en plus nombreuses», souligne le Professeur Michel Botbol, secrétaire général de l'association des psychiatres français. «Ce qui est très paradoxal puisque se tuer c'est refuser le monde, c'est l'acte le plus anti-social qui soit.»
Pour ce spécialiste, «il n'y a pas dans le suicide par le train le côté protestataire, revendicatif ou altruiste de l'immolation par le feu mais la même violence et le même caractère de destruction absolue, en prenant les autres à témoin. Ce n'est pas seulement mourir, c'est s'éradiquer».
En France, 12.000 décès par suicide sont comptabilisés chaque année, soit 17 suicides en moyenne pour 100.000 habitants. Une tentative de suicide sur dix aboutit à la mort.
source http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/05/29/01016-20120529ARTFIG00470-serie-de-suicides-sur-les-voies-de-la-sncf-pour-la-pentecote.php