lundi 8 septembre 2025

INITIATIVE Un marathon par jour pour lever le tabou sur le suicide dans les métiers de l'uniforme "et ouvrir la parole dans les casernes"

Un marathon par jour pour lever le tabou sur le suicide dans les métiers de l'uniforme "et ouvrir la parole dans les casernes"

La troisième étape de la course a démarré ce mercredi 3 septembre, au Centre de secours d'Epernay (Marne) • © Paul-Antoine Boudet - France Télévisions

Écrit par  Thomas Scordia Publié le04/09/2025  https://france3-regions.franceinfo.fr/grand-est/*


Depuis le lundi 1ᵉʳ septembre, Swami Fontaine, s'est lancé dans une course à pied de près de 1 400 km à travers la France. L'objectif de cette course ? Lever le tabou sur la santé mentale et le suicide chez les pompiers.

Ce mecredi 3 septembre, devant le Centre de Secours d'Epernay (Marne), Swami Fontaine, prépare le départ de sa course accompagné d'une dizaine de pompiers. Cet entraîneur sportif de 25 ans a entamé depuis lundi, un marathon de près de 1 400 kilomètres à travers la France afin de récolter des fonds pour l’association Suicide Écoute.“Le déclencheur était le décès de mon ami, Rémy Duvelle, qui était pompier et marathonien“, explique-t-il. Ce dernier ayant mis fin à ses jours, fin 2024.

Rencontrés lors d'une formation de militaire marin dans le Var, les deux amis, devenus voisins, ne se lâchaient plus. "On courait tout le temps ensemble. Désormais, Il ne se passe pas une course, sans que j’aie des frissons en passant devant chez lui", témoigne-t-il ému.

Swami Fontaine (à droite) serrant la main des sapeurs-pompiers d'Epernay (Marne) avant le départ de l'étape. • © Paul-Antoine Boudet 

"Ouvrir la parole dans les casernes"

Pour l'ancien pompier marin, cette course est l’occasion de briser le tabou de la santé mentale dans les métiers de la sécurité notamment chez les pompiers : “c’est un métier où l'on doit porter une solide armure au quotidien et certains ne sont pas prompts à l'enlever."

Ces six dernières années, 273 pompiers se sont suicidés ou ont tenté de le faire selon l’inspection générale de la sécurité civile. Un chiffre “correspondant à un taux de suicide sept fois supérieur à la moyenne nationale” affirmait le sénateur Sébastien Pla (Parti Socialiste) à l’occasion de la conférence nationale des services d’incendie et de secours en mars dernier.

Si la santé mentale peut rester un sujet sensible dans une partie de la profession, Geoffroy Legrele, médecin chef de service d'incendie et de secours des Ardennes, assure que "de plus en plus de pompiers demandent un soutien psychologique". Malgré cette évolution, "le sujet de la santé mentale n'est jamais assez traité“ selon Swami Fontaine.

Pour “ouvrir la parole dans les casernes“, l'ancien marin pompier a réalisé à la fin de sa première étape de course lundi, une intervention sur la santé mentale au Centre de secours principal de Châlons-en-Champagne (Marne). Les problèmes rencontrés par les sapeurs-pompiers sur le terrain et les dispositifs à mettre en place pour s’en protéger, ont été évoqués lors de cet échange : “Les langues ont pu se délier. Plusieurs pompiers ont évoqué les phases très noires qu'ils ont connus dans leur carrière.”
Un projet soutenu par l’entourage de son ami

Cette campagne de sensibilisation s'est faite, grâce au soutien de la famille de Rémy, en particulier son père, Charles Duvelle, présent ce matin devant la caserne d'Épernay, vêtu d'un short et de chaussures de sport. Pour cet ancien militaire, la course à laquelle il a décidé de participer lui aussi, est "presque accessoire". "L'objectif est vraiment l'éducation sur ce sujet [de la santé mentale]. Il y a un tabou, il faut en parler." détaille-t-il.

En hommage à Rémy Duelle, son ami, Swami Fontaine (à droite) et son père, Charles Duvelle (à gauche) ont pour objectif de parcourir 1 400 kilomètres à travers la France. • © Thomas Scordia

Outre la famille de Rémy, Swami Fontaine a reçu le soutien de plusieurs casernes depuis le départ de sa course, lundi. Une dizaine de pompiers châlonnais l'avait notamment accueilli, mardi, après son départ de Suippes (Marne), où se trouve le camp du 132e régiment d’infanterie cynotechnique dont son ami était membre : “Rémy avait un passé de pompier et de militaire. La jonction était assez forte symboliquement”.

L'entraîneur sportif continuera sa course avec le père de Rémy. Ils devraient atteindre leur dernière étape à Fréjus dans le Var, au début du mois d'octobre.

https://france3-regions.franceinfo.fr/grand-est/marne/un-marathon-par-jour-pour-lever-le-tabou-sur-le-suicide-dans-les-metiers-de-l-uniforme-et-ouvrir-la-parole-dans-les-casernes-3210359.html