DOSSIER DE PRESSE JMPS 2025
Pour les manifestations https://blogdinfosuicide.blogspot.com/2025/06/journee-mondiale-prevention-suicide.html
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REPLAY · C’EST LE MOMENT · 10/09/2025
Le 10 septembre DERNIER, le 3114 A ORGANISÉ SON PREMIER événement au Théâtre Sébastopol de Lille : « C’est le moment ».
« C’est le moment », c’était une soirée originale où il était question de libération de la parole, de témoignages, de sensibilisation autour d’un sujet encore très tabou dans notre société.
En cette année où la santé mentale est la Grande Cause nationale, le sujet du suicide et de sa prévention est essentiel et nous concerne toutes et tous.
Vous pouvez retrouver le replay de la soirée sur notre chaîne Youtube ou ci-dessous !
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Suicide : en parler pour mettre fin au tabouPédopsychiatrie • Psychiatrie, Prévention sur www.chu-media.info
11 Sep 2025
Auteur /Etablissement : Adrien Morcuende

A l’occasion du 10 septembre, journée internationale de prévention du suicide, de nombreux acteurs institutionnels et associatifs multiplient les opérations de sensibilisation. Au cœur d’une stratégie nationale, le 3114 et ses 18 centres, mis en place un peu partout en France pour répondre aux personnes en souffrance. Alors que le nombre de morts par suicide stagne depuis trois ans, l’enjeu consiste à faire tomber les verrous d’un sujet qui, s’il n’est pas évité, véhicule bon nombres d’idées reçues et stigmatisantes, de passer d’une parole publique à un sujet de discussion au sein des familles.
9 000 morts par an, soit trois fois plus que décès de la route. 200 000 tentatives chaque année. Ces chiffres sont le reflet d’une réalité française : le nombre de décès par suicide dans notre pays, contrairement à ce qui avait été le cas pendant vingt-ans (- 30%), ne baisse plus. Et lorsqu’on y regarde de plus près, certains indicateurs renforcent ce sombre tableau, notamment la hausse de la fréquence des idées suicidaires chez les jeunes, ou encore l’augmentation du risque de décès par suicide chez les personnes âgées. Pourtant, il reste difficile aujourd’hui de transformer cette appréciation statistique en véritable prise de conscience collective. Pour que le suicide soit considéré comme il doit l’être, à savoir un enjeu de santé publique, la prévention est plus nécessaire que jamais.
« Si on ne parle pas du suicide, les personnes qui ont des idées suicidaires ont l’impression que c’est interdit, que c’est tabou, explique Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’Enfant et de l’Adolescent au CHU de Lille. Le résultat est que ces personnes se sentent honteuses et coupables, ce qui empire leur état et ce qui les empêche d’aller vers les ressources d’aide. Il faut que ça s’arrête. On ne peut pas garder la souffrance des personnes qui ont des idées suicidaires sous silence. »

Informer, sensibiliser le grand public sur le suicide, c’est permettre au plus grand nombre de connaître l’existence d’outils et lieux ressources. Parmi eux, le 3114.
3114, un numéro qui sauve des vies
Dans la continuité de la feuille de route santé mentale et psychiatrie de 2018, le Ségur de la santé avait confirmé le mise en service d’un numéro national de prévention du suicide. Ouverte officiellement le 1er octobre 2021, le 3114 constitue une réponse essentielle à l’accès au soins des personnes en souffrance. A l’autre bout du fil, ces dernières se retrouvent, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, prises en charge par des psychologues ou infirmiers spécifiquement formés à la prévention du suicide. Cette ligne d’appel national apporte également une réponse aux personnes qui s’inquiètent pour un proche, aux personnes endeuillées ou encore aux professionnels.
Plus qu’un numéro, le 3114 est un véritable acteur de prévention, pierre angulaire d’une stratégie nationale : au côté des répondants, des chargés de missions territoriales et des travailleurs sociaux oeuvrent pour mobiliser les divers partenaires (sociaux, médico sociaux, associatifs) « afin d’apporter une réponse adaptée aux ressources du territoire, de faire réseau, de s’inscrire dans une prévention partagée et enfin d’oeuvrer en faveur de la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. » Tout au long du mois de septembre, qui se vêt de jaune pour la cause, de nombreuses actions sont organisées partout en France.
« Faire du mois de septembre un mois jaune n’est pas qu’un symbole… C’est aussi une façon d’éveiller les consciences, de libérer les paroles et de susciter une mobilisation collective. »poursuit Charles-Edouard Notredame, coordinateur national adjoint du 3114 et intervenant dans une ambitieuse série documentaire consacrée au sujet du suicide.
Le documentaire comme outil de pédagogie
A l’origine de ce projet, intitulé Suicide, brisons le tabou, Edgar Mermet, réalisateur. Lui a eu des idées suicidaires dès l’enfance. « Ma mère m’a emmené voir un pédopsychiatre lorsque j’avais 6 ans parce que j’avais des comportements dépressifs, qui se traduisaient notamment par des dessins. Cela a duré durant mon adolescence et lorsque j’étais jeune adulte. Il y a deux deux tentatives. », raconte celui qui ce 10 septembre, jour de la prévention du suicide, a fêté ses 30 ans. Choisissant au départ le format du court-métrage, il va, au fil de ses rencontres avec des spécialistes du sujet comme Nathalie Pauwels, responsable du déploiement du programme Papageno, délaisser la fiction au profit du documentaire. Découvrant ainsi le sujet du travail de prévention du suicide, Edgar Mermet est persuadé qu’il y a là un vide à combler. « J’ai voulu créer le film que j’aurais aimé voir lorsque j’étais en souffrance. A savoir le plus complet, le plus exhaustif possible sur un sujet dont personne ne parle. », confie-t-il, renforcé dans sa volonté par des dizaines de témoignages reçus sur LinkedIn.

Trois épisodes d’une cinquantaine de minutes sont actuellement en cours de réalisation en vue d’une diffusion nationale. Le premier donne une place importante à la problématique du suicide des jeunes, s’ouvrant avec courageux témoignage d’Hélène et Fabrice qui ont perdu leur fille Lou en 2021, morte par suicide à 20 ans. Derrière la douleur intime, surgit de manière rétrospective le spectre du tabou. Agression sexuelle, drogue, nombreux sont les sujets qui ont été discutés entre parents et enfant. Le suicide n’aura, comme très souvent, pas trouvé sa place dans l’échange, ne pouvant être envisagé comme un risque.
10 à 15% des ados ont des idées suicidaires, et ce dans une période où la santé mentale des jeunes s’est fortement dégradée. D’où l’importance d’en parler, d’appréhender le phénomène dès les premiers signaux. Car les facteurs de risque sont, de manière générale, nombreux : dépression, harcèlement scolaire, violences sexistes et sexuelles, maltraitances, handicap, deuil, handicap etc.
L’intervention d’experts, à l’image de Fabrice Jollant, professeur de psychiatrie et membre de l’Observatoire National du Suicide, ou de Charles-Edouart Notredame, vient apporter une autorité scientifique, en démystifiant les idées reçues : “parler du suicide favorise le passage à l’acte” ; “sauver une personne est impossible”, “seuls les professionnels de santé peuvent intervenir” etc. D’autres personnalités, professionels de dispositifs gouvernementaux comme le 3114, VigilanS (dispositif de veille dans la prévention des récidives suicidaires), Papageno, ou encore de diverses associations au rôle essentiel (Suicide écoute, PHARE Enfants-Parents, Le Trèfle 2.0, SOS Amitié France) interviennent dans les autres épisodes. De ces témoignages, ressort un message claire : le suicide est l’affaire tous.
Une unité dédiée au CHU de Dijon
Les établissements de santé, notamment les CHU, font partie des maillons de la chaîne de prévention du suicide. Nombreux sont ceux qui, pour Septembre jaune, ont tenu à déployer des messages de sensibilisation et à se faire les relais des actions menées par le 3114.
Cette unité, spécifiquement dédiée à l'accueil des personnes qui sont en crise suicidaire, est ce que j'appelle une unité d'inflexion de trajectoire.
Pr Jean-Christophe Chauvet-Gélinier, chef du service de psychiatrie pour adultes

Acteurs de terrains, les hospitaliers participent de manière active à lutter contre le suicide te sa récidive, en prenant part à VigilanS ou, comme c’est le cas au CHU Dijon Bourgogne, en communicant sur un dispositif dédié. Depuis décembre 2023, une Unité Interventionnelle de Thérapies Brèves (UITB) accueille des patients en crise suicidaire dans un environnement pensé pour l’apaisement et le respect. Des séjours courts (quatre jours en moyenne) pour stabiliser la crise, un accompagnement personnalisé par des équipes spécialisées ainsi qu’une orientation vers un parcours de soin adapté sont proposés aux patients en détresse psychique. Le Pr Jean-Christophe Chauvet-Gélinier, chef du service de psychiatrie pour adultes, parle « d’unité d’inflexion de trajectoire« . Car si chaque passage à l’acte est un drame, le suicide n’est pas une fatalité.
Adrien Morcuende
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https://www.lokko.fr/2025/09/10/dr-lucile-villain-la-prevention-du-suicide-est-efficace/
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Le mardi 10 septembre marque la la journée internationale de prévention du suicide.
https://www.chu-dijon.fr/actualite/septembre-jaune
Chaque année, le 10 septembre marque la Journée nationale de prévention du suicide, un temps fort pour sensibiliser à cet enjeu majeur de santé publique qui touche près de 9 000 familles. Pour briser le tabou et encourager chacun à parler de ses difficultés, le mois de Septembre Jaune met la prévention du suicide au cœur du débat public.
Au niveau national, le 3114, numéro de prévention du suicide, est accessible 24h/24 et 7j/7. Gratuit et confidentiel, il permet à toute personne en souffrance – ou à un proche inquiet – d’obtenir écoute, soutien et orientation vers les professionnels adaptés.
À Dijon, une unité dédiée au CHU
Au-delà de cette mobilisation nationale, le CHU Dijon Bourgogne agit concrètement sur son territoire. Depuis décembre 2023, l’Unité Interventionnelle de Thérapies Brèves (UITB) accueille des patients en crise suicidaire dans un environnement pensé pour l’apaisement et le respect.
- Séjours courts pour stabiliser la crise,
- Accompagnement personnalisé par des équipes spécialisées,
- Orientation vers un parcours de soins adapté.
Cette structure innovante complète les dispositifs régionaux existants (3114, VigilanS, urgences psychiatriques) et témoigne de l’engagement fort de notre établissement pour répondre aux situations de détresse psychique.
3114 – un numéro vital, gratuit et accessible 24h/24, 7j/7.
Pour en savoir plus sur l'UITB :
https://www.chu-dijon.fr/actualite/septembre-jaune
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"Le suicide reste tabou en société" : à l’occasion du mois de la prévention, une psychiatre du CHU de Montpellier explique pourquoi en parler, "c’est déjà agir"

Publié le 22/09/2025 Cathy Soun
A l’occasion de "Septembre jaune", le CHU de Montpellier propose des stands d’information tous les mercredis du mois. Le prochain a lieu ce 24 septembre à Gui de Chauliac. L’objectif : parler d’un sujet tabou pour diminuer le nombre de passages à l’acte et sensibiliser chacun à ce fléau sociétal. Lucile Villain, psychiatre au CHU, coordonne le centre du 3114 qui reçoit 150 appels par jour à Montpellier.
La rentrée sociale a éclipsé "Septembre jaune". Plusieurs animations prévues à l’occasion du mois de la prévention du suicide ont été annulées, notamment le 10 septembre, place de la Comédie à Montpellier, en raison du mouvement "Bloquons tout". "Ce mois de la prévention, dont c’est la 2e édition, sert à sensibiliser les gens. En parler, c’est déjà agir", assure Lucille Vilain, psychiatre au CHU et coordinatrice du centre 31 14 de Montpellier. Gratuit, le numéro national de prévention du suicide est accessible 24 h/24 et 7 J/7. "L’écoute, c’est la première aide. Des infirmiers et psychologues savent répondre pour apaiser la crise. Le problème, reconnaît Lucile Villain, c’est le temps d’attente. Chaque région possède son centre d’écoute, mais la ligne peut basculer ailleurs." Quoi qu’il en soit, chaque appel est tracé et fait l’objet d’un compte rendu d’entretien. "Une personne qui rappelle n’est pas obligée de tout raconter à nouveau." Le centre d’écoute de Montpellier reçoit 150 appels par jour. Le chiffre grimpe à 1 500 au niveau national. Un chiffre révélateur du mal-être au sein de la société.
Qui est susceptible d’être concerné par la crise suicidaire ?
"Personne ne peut dire que ça ne lui arrivera jamais. Les facteurs de risque correspondent à certaines périodes de la vie, comme l’adolescence ou la ménopause. En fonction de sa capacité à s’adapter, une séparation ou un licenciement peuvent causer des idées suicidaires. Un deuil brutal peut donner envie de rejoindre la personne." Avec 770 décès en Occitanie en 2023 et 9 200 suicides par an en France (et 200 000 tentatives), le nombre de cas dépasse largement celui des accidents de la route. Pourtant, le sujet est bien moins médiatisé. "Le suicide reste tabou en société." Trois quarts des personnes qui passent à l’acte sont des hommes. "L’éducation genrée ne les incite pas à demander de l’aide. Ils ont plus accès aux moyens létaux et ont plus de comportements à risque, précise l’experte. Une grande majorité de femmes demande de l’aide. Elles parviennent à reconnaître quand ça ne va pas."
Voir aussi :
Mobilisation du 18 septembre à Montpellier
Quels sont les signes avant-coureurs ?
"Les signes apparaissent dans les différentes sphères de la vie. Ce sont des signes de souffrance, avec des douleurs physiques parfois. La mort apparaît comme un moyen pour que ça s’arrête. Certains, en rupture avec les habitudes, doivent interpeller : moins de sorties, baisse des notes, anxiété, rumination, difficulté d’endormissement, diminution de la capacité à réfléchir, sommeil de mauvaise qualité…"
Quelle attitude l’entourage doit adopter ?
"Quand on s’inquiète pour un proche, il faut le verbaliser. Surtout, ne pas culpabiliser la personne déjà en souffrance. Sinon, cela ôte la possibilité de discuter de ce qui se passe. On a toujours envie de trouver des solutions, mais il faut déjà écouter pour que la personne vide son sac."
Guérit-on d’une crise suicidaire ?
Lucile Villain en est persuadée : "Oui, si on apaise la souffrance par d’autres moyens. On s’en sort quand on réussit à se projeter et qu’on parvient à mettre d’autres actions en place." Les patients accueillis aux urgences de Lapeyronie bénéficient d’une prise en charge psychologique. Les personnes sont orientées soit vers l’UCHD, entre un à deux jours, ou l’UPUP pour une hospitalisation d’une semaine.
Comment se remettre du suicide d’un proche ?
"C’est compliqué, il y a un mouvement de culpabilité. Il faut demander de l’aide et consulter un psychologue si nécessaire. La plateforme Espoir est dédiée aux personnes endeuillées. On peut y trouver beaucoup de réponses." Pour la coordinatrice régionale du 31 14, il est nécessaire de parler plus largement de la problématique. "Les personnes endeuillées par suicide ont un sentiment de honte. Or, la personne a été guidée par la souffrance, elle n’était pas son état cognitif normal, avec l’impression que ça va durer toute la vie…" La psychiatre montpelliéraine plaide pour davantage de prévention : "Ça marche. En vingt ans, il y a eu une diminution de 30 %." A l’occasion de septembre jaune, le CHU de Montpellier propose un stand de sensibilisation ce mercredi 24 septembre, de 9 h à 16 h, dans le hall Gui de Chauliac.
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Journée mondiale de prévention du suicide : en Corse, briser le silence pour sauver des vies
Léana Serve le Mardi 9 Septembre 2025 à 16:18
À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, organisée ce mercredi 10 septembre, les professionnels de santé mentale en Corse rappellent l’importance de briser le tabou. Si les données locales restent encore incomplètes, des dispositifs comme le 3114 ou VigilanS permettent déjà d’apporter écoute, soutien et accompagnement aux personnes en détresse.
« On est un petit territoire, mais on est aussi concernés par la question. » À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, qui se tient ce mercredi 10 septembre, les professionnels de santé mentale alertent sur un phénomène bien réel, qui touche chaque année plusieurs milliers de personnes en France. En Corse, le centre d’appel de prévention du suicide 3114 répond jour et nuit.
Selon les dernières estimations, environ 9 000 suicides sont recensés chaque année dans le pays, soit près de 25 décès par jour. En Corse, cette réalité dramatique est tout aussi présente, même si elle reste difficile à mesurer précisément. « Nous n’avons pas encore de chiffres exacts, nous oeuvrons avec Santé publique France pour améliorer toutes ces données et avoir une vraie base de travail », explique Marina Thibaut, chargée de missions territoriales au sein du centre 3114 et VigilanS Corse.
Entre 18 et 20 appels par jour au 3114
Au cœur de la prévention du suicide, la ligne téléphonique 3114 joue un rôle clé. Mise en place en 2022 en Corse, elle permet d’accueillir et d’accompagner une grande diversité d’appels. « On a vraiment tout type de cas : ça peut être une personne en détresse, avec des idées suicidaires, qui appelle pour la première fois, ou qui a pris l’habitude de nous joindre quand elle est en crise. Nous avons aussi des parents qui s’inquiètent pour leurs enfants, malheureusement l’inverse est aussi vrai. Des professionnels de santé se préoccupent encore pour l’un de leurs patients. Il peut arriver qu’une infirmière scolaire qui est avec un jeune qui émet des idées suicidaires et qui a la nécessité d’avoir un autre point de vue spécialisé rentre en contact avec nous. Nous écoutons aussi des individus endeuillés par le suicide, et qui se posent des questions. » Prévention du suicide : En Corse, des avancées qui sauvent des vies
Les répondants, des infirmiers ou des psychologues spécialisés dans la prise en charge par téléphone, ont pour mission d’évaluer la crise suicidaire et d’orienter les appelants en fonction de ses besoins spécifiques. « Leur mission est essentiellement axée sur ces deux domaines », précise-t-elle. « Ça peut être des idées suicidaires, ou une crise suicidaire, mais nous ne sommes pas sur les mêmes urgences. Pour évaluer la crise, ils vont toujours essayer d’avoir le numéro de la personne concernée, et ensuite, c’est du cas par cas. Parfois, il y a un déclenchement des secours, et parfois, il est suffit d'appeler une tierce personne, ou alerter les professionnels de santé et ramener l’appelant dans un cercle de soins. Le 3114, c’est un petit peu la porte d’entrée sur toutes les questions du suicide. » Le 3114 Corse, intégré à un réseau national de 18 centres, ne dispose pas encore de données assez solides pour identifier des tendances précises. Le service, qui peut répondre aux appels d’autres régions selon les horaires d’ouverture, reçoit en moyenne entre 18 et 20 appels par jour. Prévention du suicide : le centre hospitalier de Castelluccio au bout du téléphone
VigilanS : un suivi rapproché après une tentative de suicide
Complémentaire au 3114, le dispositif VigilanS vise à accompagner spécifiquement les personnes ayant fait une tentative de suicide. Ce programme, qui s’appuie sur un suivi téléphonique régulier, est mis en place dès la sortie des urgences. « C’est un numéro qu’ils peuvent joindre s’ils en ressentent le besoin », détaille Marina Thibaut. L’objectif est de créer un « filet de sécurité », pour ces personnes, en maintenant un contact régulier dix jours, trois mois et six mois après leur sortie de l’hôpital. Les appels ont pour but de vérifier l’état de la personne et de s’assurer qu’elle bénéficie d’un suivi adapté. « Ce n’est pas un soin à proprement parler, mais c’est une veille. Nous réalisons le lien avec les médecins psychiatres, les médecins généralistes et les centres médico-psychologiques pour échanger sur le suivi . » Le dispositif comprend aussi l’envoi de cartes postales, un geste symbolique pour rappeler à la personne qu’elle n’est pas seule.
L’année dernière, 282 personnes ont été intégrées au dispositif. Un chiffre en hausse, mais pas nécessairement lié à l’augmentation des tentatives de suicide. « On trouve petit à petit les bons liens avec les services d’urgence et les médecins pour avoir des entrées dans le dispositif », indique Marina Thibaut, avant de préciser que la réitération avait baissé de 38 % entre 2015 et 2017 dans les six premiers territoires ayant expérimenté VigilanS, selon des données de Santé publique France. Journée mondiale de prévention du suicide : « En Corse, jusqu’à dix appels d’urgence par jour »
https://www.corsenetinfos.corsica/Journee-mondiale-de-prevention-du-suicide-en-Corse-briser-le-silence-pour-sauver-des-vies_a86591.html
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Journée mondiale de prévention du suicide
Prévenir le suicide : une priorité nationale de santé publique à l’attention des jeunes, des personnes âgées et de toutes et tous.
publié le 10.09.25 https://sante.gouv.fr/*
Communiqués et dossiers de presse Santé mentale
Chaque année en France plus de 9 000 personnes meurent par suicide et près de 200 000 tentent de mettre fin à leurs jours. Les jeunes et les personnes âgées sont particulièrement touchés. Pour répondre à cet enjeu majeur de santé publique et en lien avec la Grande cause nationale Santé mentale 2025, le ministère du Travail, de la Santé, des solidarités et des Familles poursuit le déploiement de sa stratégie nationale de prévention du suicide, centrée sur des dispositifs concrets visant à réduire le risque suicidaire et à accompagner efficacement les personnes en détresse.
Les dispositifs clés pour agir au plus près des personnes à risque VigilanS : maintenir le lien après une tentative de suicide
Ce dispositif, opérationnel dans 17 régions dont 4 en Outre-mer, permet de recontacter les personnes ayant fait une tentative et réduit significativement [1] le risque de récidive (Prévention du suicide : VigilanS, un dispositif efficace face au risque de récidives des tentatives de suicide, article du Journal of the American Medical Association) Former au repérage et à l’intervention de crise
Des formations adaptées proposées aussi bien aux citoyens volontaires qu’aux professionnels de santé, favorisent la constitution de réseaux de vigilance capables d’assurer une prise en charge rapide et sécurisée des personnes en crise. https://www.geps.fr/ Prévenir la contagion suicidaire
Des actions ciblées pour prévenir les phénomènes de contagion suicidaire, notamment grâce au programme Papageno : identification des lieux à risque et sécurisation, accompagnement des personnes confrontées à des morts par suicide ou tentatives de suicides, formation des journalistes à un traitement responsable du sujet et accompagnement des institutions dans la gestion post-suicide, limitant ainsi la propagation des comportements à risque. Le 3114 : un numéro national d’écoute et d’orientation
Disponible 24h/24 et 7j/7 sur tout le territoire, ce service gratuit met en relation les personnes en détresse, leurs proches et les professionnels avec des professionnels formés (infirmiers, psychologues et psychiatres). Plus d’un million d’appels ont déjà été reçus.
À ces dispositifs nationaux s’ajoute l’action des associations partenaires (SOS Amitié, Nightline, Fil santé jeune, Union nationale de prévention du suicide, plateforme Espoir, etc.) qui apportent un soutien direct, gratuit et confidentiel aux personnes en souffrance et à leur entourage.
Des actions en faveur spécifiquement des jeunes et des personnes âgées
Cette stratégie a été récemment renforcée sur son volet « Jeunes » avec des actions visant à généraliser et améliorer la prise en charge des mineurs par les centres VigilanS, à expérimenter le programme de recherche « Equipe en Ligne d’Intervention et d’Orientation pour les Adolescents et les jeunes adultes en Souffrance » (ELIOS) qui prévoit l’intervention de web-cliniciens formés à la prévention du suicide directement sur les réseaux sociaux pour venir en aide aux jeunes en proie à des idées suicidaires, et à adosser un tchat à terme au 3114 afin d’en faciliter l’accès à ce public.
Concernant les personnes âgées, une expérimentation est en cours au niveau de l’agence régionale de santé d’Occitanie pour adapter le protocole de prise en charge du programme VigilanS à ce public (envoi de cartes postales personnalisées, inclusion avant tentative de suicide, etc.).
Une mobilisation continue
Informer, repérer plus tôt, maintenir le lien et renforcer l’accompagnement : tels sont les leviers concrets de la prévention du suicide, sur lesquels le ministère chargé de la Santé agit de manière constante pour protéger les jeunes, les personnes âgées et toutes les populations vulnérables.
Pour aller plus loin :
– Site Ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles
– Instruction du 6 juillet 2022 relative à la stratégie nationale de prévention du suicide
– Site du numéro national de prévention du suicide
– Pour plus d’informations et données récentes sur le suicide en France, consulter le rapport de la DREES : Observatoire national du suicide – 6e rapport (février 2025)
Contact presse :
presse-dgs@sante.gouv.fr - Tél : 01 87 05 92 12
[1] L’évaluation menée par SpF a montreé une diminution de 38 % du risque de réitération suicidaire (passage aux urgences ou hospitalisation pour tentative de suicide ou décès par suicide) dans les 12 mois suivant leur tentative de suicide chez les patients VigilanS. https://sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/journee-mondiale-de-prevention-du-suicide
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Côte-d’Or Prévention du suicide : 31 14, dispositif VigilanS, Samu… vous n’êtes pas seuls !
Amandine Robert - 10 sept. 2025 à 12:00 - Temps de lecture : 2 min

En cas de pensées suicidaires, ayez le réflexe de composer le 31 14. Une écoute et des solutions concrètes de sécurisation sont apportées à chacun. Le 31 14 est un dispositif national et gratuit de prévention du suicide ouvert depuis 2021 et piloté par le ministère de la Santé. Photo d’illustration Philippe Vacher
Septembre jaune est le mois de la prévention du suicide avec, en point d’orgue, mercredi 10 septembre, la Journée internationale de prévention du suicide. Une thématique de santé qui reste l’une des manifestations les plus graves des problèmes de santé mentale. En France, le suicide représente plus de 9 000 morts et 200 000 tentatives de suicide par an.
Le CHU de Dijon se mobilise sur cette thématique depuis des années et est à l’origine d’un dispositif de veille pour éviter la récidive en cas de tentative. Une bouée de sauvetage en plus, alors qu’existe un numéro de téléphone national de prévention du suicide : le 31 14.
On fait le point avec la Dre Maud Benetti, psychiatre au CHU dijonnais. « VigilanS Bourgogne, ouvert en décembre 2021 au CHU, a pris en veille un peu plus de 1 400 personnes ayant fait une tentative de suicide. Prendre des nouvelles de ces personnes dans les mois qui suivent l’acte, leur apporter notre aide en cas de nouvelle crise suicidaire, répondre et soutenir leurs proches ou leurs professionnels de santé permet de diminuer significativement le risque d’une nouvelle tentative et le risque de mourir par suicide. »
« La crise suicidaire est un phénomène complexe sur lequel on peut intervenir à condition de ne pas rester isolé »

Dre Maud Benetti, psychiatre au CHU de Dijon. Photo CHU de Dijon
Mais VigilanS n’est qu’un maillon de la grande chaîne d’acteurs et de dispositifs de prévention du suicide, avec qui le service psychiatrie du CHU travaille en lien étroit : « Professionnels de santé libéraux, équipes d’urgences, équipes de psychiatrie, 31 14 , Samu 21-58 et Samu 89, professionnels de l’accompagnement social, professionnels de santé de l’Éducation nationale, associations… » La Dre Benetti rappelle surtout que les pensées suicidaires peuvent concerner tout le monde : « Souffrir au point d’avoir des idées suicidaires peut arriver à chacun d’entre nous à un moment ou un autre de sa vie. La crise suicidaire est un phénomène complexe, multifactoriel, toujours très singulier, mais c’est un phénomène sur lequel on peut intervenir à condition de ne pas rester isolé et d’oser en parler. Cela ne veut pas dire que ce soit facile, mais en mobilisant nos forces tous ensemble, nous pouvons y parvenir et changer les trajectoires. »
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Journée mondiale de prévention du suicide : l'ARS rappelle les dispositifs d'accompagnement des personnes en souffrance à La Réunion
- Publié le 10 septembre 2025 https://imazpress.com/*
Chaque année à La Réunion près de 90 personnes meurent par suicide et près de 1.300 tentent de mettre fin à leurs jours. Les jeunes et les personnes âgées sont particulièrement touchés. A l’occasion de la journée internationale de prévention du suicide ce mercredi 10 septembre 2025 et en lien avec la Grande cause nationale Santé mentale 2025, l’ARS rappelle les dispositifs déployés à La Réunion pour accompagner les personnes à risque suicidaire et les professionnels qui leur viennent en aide. Nous publions le communiqué de l'ARS ci-dessous : (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
Le suicide à La Réunion Bien que le taux de suicide soit en baisse tendancielle depuis 20 ans, la France présente l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe. A La Réunion, le taux de mortalité par suicide demeure inférieur à la métropole. Le suicide touche principalement :
- Les personnes âgées de plus de 75 ans qui souffrent d’une perte
d’autonomie et d’un sentiment de solitude lié à la perte progressive de
leurs proches
- Les adolescents (Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes réunionnais)
o 47% des jeunes réunionnais présentent des signes de dépression modérée à sévère
o 30% des lycéennes déclarent avoir eu des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois
o +20% des lycéennes ont déjà fait une tentative de suicide
Des outils d’aide à disposition de tous
• Le 3114 : le numéro national de prévention du suicide Disponible 24h/24 et 7j/7, ce service gratuit met en relation les personnes en détresse, leurs proches et les professionnels avec des professionnels formés (infirmiers, psychologues et psychiatres). Depuis 2022, le Centre Régional de Prévention du Suicide de l’Etablissement Public de Santé Mentale de La Réunion (EPSMR) gère localement les appels provenant de La Réunion.
• Des actions de sensibilisation réalisées en collèges et lycées pour
informer les jeunes sur la nécessité de parler de leur mal-être, les
mettant en liant notamment avec des associations et des lignes d’écoute
dédiées aux jeunes :
o Association prévention suicide
o Association Sos Solitude
o Kozé Jeunes : 0 801 901 974 (numéro non surtaxé), appels possibles les
après-midis du lundi au vendredi du 13h30 à 16h30 et en nocturne le
jeudi à 19h.
• Développement du dispositif Mon soutien psy : Ce dispositif permet de bénéficier du remboursement de 12 séances d’accompagnement psychologique par an grâce à un réseau de psychologues libéraux conventionnés par l’assurance maladie. Pour en savoir plus rendez-vous sur le site Ameli.fr .
• VigilanS : maintenir le lien après une tentative de suicide Lancé en 2015, ce dispositif consiste en un système de recontact et d’alerte en organisant autour de la personne ayant fait une tentative de suicide un réseau de professionnels de santé qui assureront une veille et garderont le contact avec elle.
• Des formations en prévention suicide Des professionnels en contact
avec des jeunes ont été formés aux premiers secours santé mentale module
jeunes, spécialement conçu pour eux :
o 2 professionnels formés dans chaque établissement scolaire
o Une intégration dans les contrats locaux de santé entre l’ARS et les
communes pour former les animateurs d’activités socio-culturelles, les
clubs sportifs …
• Renforcement du temps de présence des psychologues au sein des structures Pour améliorer l’accès aux soins, 7 postes de psychologues ont été créés dans les centres médico-psychologiques pour enfants et ados (CMPEA) et dans les maisons des adolescents, ce qui a réduit les délais d’attente à 3 à 5 mois. L’ARS a aussi financé 2 postes de psychologues dans les centres de santé universitaires et mis en place un partenariat avec les 4 missions locales de l’île afin qu’elles disposent, elles aussi, de psychologues.
La santé mentale a été désignée Grande Cause nationale en 2025.
• 1 personne sur 4 va souffrir d’un trouble mental à un moment de sa vie.
• 23 % des Français ont le sentiment de ne pas prendre soin de leur santé mentale dont 36 % des femmes et 38 % des 18-24 ans.
• 70 % des Français ont un stéréotype concernant les personnes atteintes de troubles de santé mentale.
• 1 salarié sur 4 se dit en mauvaise santé mentale La santé mentale, une priorité de santé publique pour l’ARS.
La santé mentale est une priorité pour l’ARS La Réunion, inscrite dans
le Projet Régional de santé (PRS) La Réunion 2023-2033 pour :
• Lutter contre la stigmatisation et prévenir l’apparition des troubles psychiques
• Renforcer les capacités de repérage, d’orientation et de prise en charge précoce
• Organiser l’accès aux soins psychiatriques non programmés ou urgents
• Compléter l’offre de prise en charge
• Favoriser les droits et l’inclusion dans la société des personnes souffrant de troubles psychiques
• Disposer d’une capacité régionale d’évaluation des actions, de recherche et d’épidémiologie en santé mentale.
https://imazpress.com/toute-l-actu/ars-journee-mondiale-de-prevention-du-suicide
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"Il y a des vies à sauver" : sur le front de la prévention du suicide en Paca
Par Sandra LORENZO Publié le 10/09/25 https://www.laprovence.com/article/*
Blandine, infirmière écoutante du 31 14, le numéro national de prévention du suicide, un numéro gratuit, professionnel, confidentiel et disponible 24/24h et 7 jours sur 7.
À Marseille, des infirmières de l’APHM répondent au quotidien au 31-14, le numéro national de prévention du suicide. À l’autre bout du fil, des personnes en crise suicidaire ou des proches et spécialistes qui veulent leur venir en aide.
Blandine est infirmière et répondante du 31-14, le numéro national de prévention du suicide. Comme elle, chaque jour des écoutants se relaient pour pouvoir répondre aux appels autour du suicide. Dans le centre-ville de Marseille, dans l’un des 18 centres de réponses répartis dans toute la France, les écoutants du 31-14 sont réunis dans les locaux du Centre régional de prévention du suicide Paca (CRPS). Un centre qui accueille aussi les dispositifs VigilanS et Asma. Le premier est un service de veille et de re-contact des personnes après une tentative de suicide. Le second, un dispositif régional de prévention du suicide chez les adolescents.
Pour le 31-14, chaque jour, sept infirmières de l’AP-HM répondent aux appels, un psychiatre est aussi de garde dans les locaux en cas de besoin lors d’un appel. En une matinée, Blandine a déjà échangé avec six personnes. Parmi celles qui composent ce numéro, l’infirmière qui a exercé toute sa carrière dans des services de psychiatrie, voit se détacher quatre profils : en premier lieu, "les personnes qui traversent une crise suicidaire, qui vivent un mal-être suite à une rupture, un isolement ou autre et qui ont besoin de parler", détaille-t-elle.
"Pas une fatalité"
"Nous échangeons aussi avec des proches qui veulent savoir ce qu’il peut faire et dire pour aider une personne en crise." Le troisième profil, ce sont "des professionnels de santé, des psys, des infirmières, des généralistes qui appellent pour savoir comment orienter des patients". Enfin, le dernier profil, ce sont "des personnes endeuillées par le suicide" qui peuvent être redirigées vers la plateforme Espoir (Informations, ressources et soutien pour les endeuillé.e.s par suicide).
En France, on compte environ 9 000 suicides par an (près de 800 en région Paca) et environ 200 000 tentatives de suicides par an (soit 7 000 dans notre région). Autant de morts et de passages à l’acte qui ne "sont pas une fatalité et qui sont en grande partie évitable" assurait Yann Bubien, Directeur Général de l’ARS Paca, lors d’une conférence de presse le 9 septembre en marge de septembre jaune, mois de la prévention du suicide, rejoint par François Crémieux, directeur général de l’AP-HM : "Il y a des vies à sauver."
Car dans les faits, le suicide est la première cause de mortalité évitable chez les 25-34 ans, la première cause de mortalité maternelle dans la première année après la grossesse. Entre 2017 et 2023, la France a connu une hausse massive des hospitalisations pour gestes auto-infligés chez les adolescentes, + 70% de 10 à 14 ans, + 46% de 15 à 19 ans, + 54% de 20 à 24 ans.
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Prévention du suicide : la Bretagne agit pour les jeunes
À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre, focus sur la Mutualité Française Bretagne avec Perrine Le Bouffant, chargée de prévention et formatrice aux Premiers secours en santé mentale (PSSM). Elle revient sur le rôle des collectifs bretons, les actions mises en place et les perspectives autour de la santé mentale, principalement chez les jeunes.

La Mutualité Française Bretagne réalise depuis 25 ans de nombreuses actions de prévention du suicide. Ces actions ont débuté à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) qui souhaitait comprendre pourquoi le nombre de suicides était plus important en Bretagne.
Comment s’organisent vos actions de prévention ?

Aujourd’hui, nous avons cinq collectifs répartis sur différents territoires : le pays de Saint-Brieuc, Dinan Agglomération, le pays de Ploërmel, le pays de Cornouailles dans le sud Finistère autour de Quimper, et le Centre Bretagne qui englobe Loudéac et Pontivy. Ces collectifs rassemblent des professionnels de santé, des élus et des bénévoles qui œuvrent ensemble pour la prévention du suicide. Nous fonctionnons grâce à un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec l’ARS, complété par un financement de la Mutualité Française.
Les collectifs organisent chaque année une action grand public pour lever le tabou du suicide et ouvrir un espace d’échanges, ainsi qu’une action destinée aux professionnels de santé, élus et bénévoles pour enrichir leurs connaissances. Nous proposons aussi des formations à l’évaluation et à l’orientation de la crise suicidaire pour les professionnels de santé. Par ailleurs, nous créons des plaquettes diffusées au grand public, qui rappellent des informations sur la crise suicidaire et listent les contacts utiles. Les thématiques abordées varient selon les besoins exprimés au sein des territoires : elles peuvent concerner les agriculteurs, les personnes âgées, la souffrance au travail ou encore la jeunesse.
Quelles actions concrètes menez-vous auprès des jeunes ?
Cette année, beaucoup de collectifs ont choisi de travailler sur la prévention du suicide des jeunes, dans la mesure où il existe une véritable inquiétude à ce sujet. Sur le pays de Saint-Brieuc, par exemple, nous organisons un après-midi destiné aux professionnels de santé, élus et bénévoles avec une conférence animée par un sociologue, suivie d’un forum réunissant les acteurs de la santé, de l’éducation et de la jeunesse. Autre événement : une soirée grand public avec la diffusion d’un documentaire et un échange avec des professionnels de la jeunesse et de la psychiatrie. L’objectif est de favoriser le dialogue entre acteurs car plus ils se connaissent, mieux ils orientent les personnes en souffrance.
En parallèle, nous avons lancé l’initiative « La santé mentale, on en parle ? ». Initiée en 2023, elle s’adresse à des jeunes en voie de professionnalisation dans les missions locales, les lycées professionnels de santé, les chambres des métiers, les maisons familiales et rurales, ainsi qu’aux jeunes suivis par la protection de l’enfance. Concrètement, nous intervenons auprès de groupes de 15 à 20 jeunes pour une sensibilisation de deux heures sur la santé mentale. Nous leur expliquons comment elle fonctionne, comment la préserver et ce qui peut l’impacter. Ensuite, nous proposons des ateliers d’une heure en petits groupes, animés par un sophrologue, un diététicien, un psychologue ou un professeur en activité physique adaptée.
Entre 2023 et 2024, nous avons touché 144 participants. En 2025, nous en sommes déjà à près de 150. Nous recevons de nombreuses demandes. Les retours sont très positifs : 75 % des participants déclarent se sentir plus à l’aise pour parler de santé mentale et 90 % se disent satisfaits de l’animation.
Vous avez travaillé sur le rapport du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) de Bretagne. Quelles perspectives en découlent ?
En 2022, le Ceser de la région Bretagne a publié un rapport intitulé « Il faut toute une région pour favoriser le bien-être des jeunes en Bretagne », corédigé par notre présidente Fabienne Colas. Nous avons souhaité le rendre accessible au plus grand nombre. Nous avons donc travaillé avec l’école Lisa de Rennes et le collectif d’illustrateurs La Vilaine pour créer une exposition sur la santé mentale des jeunes, en illustration des propositions du rapport.
L’exposition circule dans des médiathèques, des mairies, des maisons de l’agglomération, mais aussi dans des structures jeunesse comme les missions locales, les chambres des métiers et de l’artisanat, les maisons des adolescents, les Points accueil et écoute des jeunes (PAEJ) ou les Maisons familiales rurales (MFR). Cette exposition appartient à la Mutualité française Bretagne mais peut être empruntée gratuitement. Certaines structures se contentent de l’exposer, tandis que d’autres l’accompagnent d’une action comme « La santé mentale, on en parle ? » afin de créer un temps fort autour de la santé mentale, parfois sur une ou deux semaines.
Elle sert également de support pour organiser des temps de réflexion avec les professionnels de santé, élus et bénévoles, autour de la jeunesse et des recommandations du rapport. Le but est d’imaginer ensemble comment ces préconisations peuvent être mises en œuvre sur le terrain.
Enfin, à l’automne prochain, nous déploierons des sessions spécifiques pour les jeunes qui souhaitent participer aux formations de Premiers secours en santé mentale (PSSM).
Les jeunes sont massivement touchés par les problèmes de santé mentale : 25% d’entre eux sont atteints de dépression, révèle une enquête publiée le 2 septembre 2025 par la Mutualité Française, avec les Instituts Montaigne et Terram. Cette étude dresse un état des lieux qui met notamment en lumière des inégalités entre les jeunes et des difficultés d’accès aux soins.
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Auteur / Autrice : Jeanne Mulot
https://www.mutualite.fr/actualites/prevention-du-suicide-la-bretagne-agit-pour-les-jeunes/
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Conduites suicidaires
https://www.fondation-fondamental.org*
→ 10/09/2025 : En cette journée internationale de prévention du suicide, la Fondation FondaMental rappelle des chiffres alarmants et fait le point sur l’avancée de la recherche.
Manifestation d’une souffrance psychologique intolérable, le suicide est la deuxième cause de mortalité des 15/24 ans et constitue un enjeu majeur de santé publique en France.
La recherche est indispensable pour identifier les facteurs de risques, permettre de mieux détecter les sujets à haut risque et prévenir les passages à l’acte.
Le suicide, une épidémiologie préoccupante
En France, un décès par suicide survient toutes les heures et une tentative de suicide toutes les 7 minutes. Ainsi, chaque année en France, ce sont près de 9 000 personnes qui décèdent par suicide et près de 80 000 qui tentent un geste suicidaire.
La situation française est particulièrement préoccupante : notre pays se situe au-dessus de la moyenne européenne et occupe le 7ème rang sur 27 pays. Plus alarmant, ces chiffres ne diminuent pas ou très lentement.
Lutter contre les idées reçues
Idées reçues et les préjugés accompagnent souvent la perception des conduites suicidaires par le grand public et les médias (acte d’autodétermination ou de libre arbitre, chantage vis-à-vis de l’entourage…) et font écran à une approche médicale et scientifique de ce problème de santé publique.
Les suicides ou tentatives de suicide sont la résultante d’une souffrance psychologique extrême, jugée insupportable par les personnes qui en sont victimes.
Connaître les mécanismes liés à la conduite ou l’acte suicidaire est essentiel à la mise en place de stratégies de prévention. Là encore, la recherche a un rôle majeur à jouer et a déjà apporté de premiers éléments de réponse encourageants.
La recherche a démontré que nous ne sommes pas tous égaux face au risque suicidaire : certaines personnes se révèlent plus vulnérables que d’autres.
Pr Philippe Courtet
Les principaux facteurs de risque
Certaines personnes se révèlent plus vulnérables que d’autres face au risque suicidaire.
Des travaux de recherche ont notamment démontré que près de 90% des personnes qui attentent à leur vie souffrent de troubles psychiatriques et que les antécédents de tentative de suicide sont associés à un risque accru de récidive.
Que sait-on aujourd’hui de la vulnérabilité au suicide ? Elle constitue une sorte de prédisposition ou de terrain « favorable » qui peut se traduire par un passage à l’acte sous l’effet d’un stress important (perte d’un emploi, problèmes familiaux ou conjugaux…). Elle serait liée à l’association de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux. En effet, plusieurs gènes liés aux conduites suicidaires ont déjà été identifiés.
Les travaux de recherche ont également démontré l’implication de différents facteurs environnementaux, parmi lesquels les situations de maltraitance dans l’enfance, les altérations du sommeil, la présence d’un trouble du stress post-traumatique, etc.
Vers des marqueurs biologiques du suicide ?
Des travaux prometteurs ont permis d’identifier des premiers marqueurs biologiques du risque suicidaire. Ainsi, des voies biologiques spécifiques (système sérotoninergique et axe du cortisol) ont été impliquées, qui influent sur l’impulsivité et l’anxiété, deux caractéristiques psychologiques fortement présentes chez les personnes ayant fait une tentative de suicide.
D’autres études ont également montré l’existence d’une inflammation chronique chez les patients ayant effectué une tentative de suicide (diminution des taux d’interleukine dans le sang, niveau élevé de protéine C réactive).
La neuro-imagerie apporte de nouvelle piste
L’implication de régions cérébrales dans les anomalies émotionnelles et cognitives associées à la vulnérabilité suicidaire a été démontrée chez l’homme. Les études de neuro-imagerie, en particulier d’IRM fonctionnelle, ont ainsi permis de mettre en évidence, chez les sujets ayant fait une tentative de suicide, une hyperactivité du cortex orbito-frontal en visionnant des visages exprimant la colère. Ils sont donc hypersensibles aux signaux de rejet social et de désapprobation.
Pour aller plus loin
Suicide : état des lieux, Les explications du Pr Phillipe Courtet.
Suicide : comment éviter le drame ? Les explications du Pr Phillipe Courtet.
Quoi de neuf en 2025 ?
La prévention du suicide reste insatisfaisante, ce qui impose de multiplier les innovations scientifiques et médicales. Au sein du Département d’Urgence et Post Urgence Psychiatrique du CHU de Montpellier, une stratégie prioritaire consiste à cibler les patients les plus à risque, facilement identifiables : ceux admis aux Urgences pour une tentative de suicide (TS) ou des idées suicidaires (IS). Une unité d’hospitalisation de courte durée leur est dédiée depuis 40 ans, afin de reconnaître cette souffrance trop souvent négligée et de réaliser des évaluations cliniques, sociales et familiales complètes avant d’organiser un suivi adapté.
La littérature récente montre d’ailleurs qu’une hospitalisation dans les 24 h suivant une tentative de suicide réduit le risque de récidive (Ross et al. Estimated Average Treatment Effect of Psychiatric Hospitalization in Patients With Suicidal Behaviors: A Precision Treatment Analysis. JAMA Psychiatry. 2024)
Pour renforcer la continuité des soins, des dispositifs ambulatoires intensifs ont été mis en place pour les patients sortant directement des Urgences : ils offrent un suivi paramédical et social rapproché avec des consultations répétées, avant de transmettre le relais aux structures conventionnelles. Une expérimentation récente, conduite dans le Département dédié du CHU de Montpellier, et qui fera bientôt l’objet d’une publication, suggère que ce modèle réduit le risque de tentative dans les 6 mois.
En parallèle, une perfusion intraveineuse de kétamine est proposée avant la sortie des Urgences : l’étude observationnelle menée à l’hôpital montre que la baisse des idées suicidaires une semaine après la perfusion est associée à une diminution substantielle des tentatives de suicide à 3 mois (Pastre et al. Early Response to Ketamine for Suicidal Crisis Reduces Suicidal Events at 3 Months. J Clin Psychiatry. 2025).
À plus large échelle, la France a développé, pour les patients admis pour des tentatives de suicide, le programme de télésurveillance VigilanS
, dont le Département du Chu de Montpellier a été pilote : ses résultats indiquent une réduction significative du risque de récidive à 6 mois (Gallien et al. Outcomes and Cost-Benefit of a National Suicide Reattempt Prevention Program. JAMA Netw Open. 2025).
Pour aller plus loin, l’équipe du Professeur Courtet a conçu, avec la Fondation FondaMental, l’application smartphone EMMA
, qui vise à détecter, en temps réel, les crises suicidaires et à déclencher une intervention digitale immédiate (Quellec et al. Predicting suicidal ideation from irregular and incomplete time series of questionnaires in a smartphone-based suicide prevention platform: a pilot study. Sci Rep. 2024 Sep 6;14(1):20870.).
Après plusieurs études pilotes prometteuses, une étude multicentrique randomisée va démarrer chez les patients inclus dans VigilanS. Une nouvelle application nommée BAE, spécialement dédiée aux enfants et adolescents, sera prochainement disponible.
Sur le plan scientifique, nous développons actuellement une approche de psychiatrie de précision dans le cadre du Programme Français de psychiatrie de précision (PEPR PROPSY, France 2030). Elle vise à dépasser les seuls outils cliniques en intégrant des biomarqueurs (inflammation, neuro-imagerie, génétique), des dimensions psychologiques (anhédonie, douleur psychique) et des facteurs sociaux (Lengvenyte & Courtet. Vascular Homeostasis in Suicidal Behavior: From Molecular Mechanisms to Clinical Implications. Biol Psychiatry. 2025, Courtet & Saiz. Let’s Move Towards Precision Suicidology. Curr Psychiatry Rep. 2025).
L’objectif est d’aboutir à un diagnostic individualisé, permettant d’identifier les patients les plus à risque et de personnaliser les stratégies de prévention et de traitement.
Pour aller plus loin
Les jeunes particulièrement vulnérables :
« 80% des tentatives de suicide chez les moins de 15 ans sont réalisées par des jeunes femmes. » | Grande Interview, Richard Delorme
Mieux comprendre
« L’impulsivité semble jouer un rôle indirect mais réel dans l’augmentation du risque suicidaire en ayant un impact sur l’estime de soi et les symptômes dépressifs. » | Point Recherche, Pr Antoine Yrondi
Mieux comprendre les tentatives de suicide chez les personnes âgées avec troubles bipolaires | Etude Fondation FondaMental
Les hospitalisations pour tentative de suicide pendant le premier confinement en France | Etude Fondation FondaMental
« L’inflammation, notamment intestinale, joue un rôle important dans les troubles psychiatriques et les comportements suicidaires » | Point Recherche, Julie Brouillet
«Discordances entre l’auto-évaluation et l’évaluation par le clinicien des idées suicidaires chez les patients présentant un trouble bipolaire.» | Point Recherche, Bénédicte Nobile
Mieux soigner
Prévention du suicide : vers une détection précoce grâce à l’IA | Point Recherche, Philippe Courtet
Thérapie d’acceptation et d’engagement : une approche prometteuse pour réduire la détresse liée à la perception d’exclusion sociale chez les patients suicidaires | Point Recherche, Emilie Olié
Impact économique
En France, l’impact économique annuel des suicides et des tentatives de suicide s’élève à 24 milliards d’euros | Point Recherche, Laeticia Blampain Segar
* https://www.fondation-fondamental.org/conduites-suicidaires
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"Libérer la parole, pour briser le tabou", présentation du 3114, numéro national de prévention du suicide à l'occasion de septembre jaune
Comme "octobre rose" est le mois de lutte contre les cancers du sein, "septembre jaune", vise à devenir celui de la prévention contre les suicides et tentatives. La journée internationale de prévention du suicide a d'ailleurs lieu ce 10 septembre 2025. Entretien avec Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent au CHU de Lille. Coordinateur national adjoint du 3114, un numéro d'aide aux personnes ayant des idées suicidaires.
En France, on a, à peu près, 9 000 suicides chaque année. C'est considérable, car c'est trois fois plus que les accidents de la voie publique, mais c'est aussi la pointe émergée de l'iceberg parce qu'on compte aussi à peu près 200 000 tentatives de suicide chaque année. Le suicide concerne trois hommes pour une femme tandis que la tentative de suicide concerne deux femmes pour un homme. En région, les Hauts-de-France figurent parmi les régions les plus touchées par les tentatives et les suicides. Le taux de suicide dans la région des Hauts-de-France est de 17 pour cent mille habitants, alors que la moyenne nationale est de 13-14 pour cent mille habitants.
Quelles sont les raisons de cette évolution ?
Le suicide est toujours extrêmement multifactoriel. Il n'y a jamais une réponse unique à l'explication de ces taux de tentatives et suicides. Cela dit, on sait qu'on a des indicateurs sociaux péjoratifs en termes de précarité et de consommation d'alcool qui sont des facteurs de risques très importants de conduites suicidaires. Mais le Nord, est un département qui enregistre les plus grandes baisses de tentatives de suicide et suicides dans la région.
Comment cela se fait-il ?
En amont, il existe une stratégie nationale de prévention du suicide en France depuis 2017, en 5 axes. Et la région déploie ces 5 axes.
- Un centre de réponse au CHU de Lille.
- Un dispositif contre la réitération suicidaire.
- La formation en prévention du suicide grâce à la fédération de recherche en psychiatrie et santé mentale.
- La prévention de la contagion suicidaire, le traitement du suicide par les médias.
- La prévention des "hot spots", lieux réputés favorables au suicide. Et enfin, elle communique.
Qu'est-ce que le 3114 ?
Le 3114, c'est un numéro national de prévention du suicide. La région des Hauts-de-France est en pointe concernant la prévention du suicide, car non seulement, elle met en place les dispositifs prévus par la stratégie nationale, mais elle porte aussi la coordination de la plupart de ces dispositifs au national. Le numéro 3114 est professionnel, ce sont des psychologues et des infirmiers, placés sous la supervision d'un médecin psychiatre. Ça répond 24h/24 et 7j/7, en tout point du territoire. Le professionnel accueille la personne qui appelle, évalue la situation, l'urgence de la crise suicidaire, qui oriente en fonction des besoins de la personne et qui intervient en désamorçant la crise ou en faisant intervenir une équipe de secours.
Sortir le suicide de la sphère taboue dans laquelle il est pour l'instant enfermé. Et de pouvoir parler du suicide dans la sphère publique pour en faire une cause sociale. L'idée, c'est qu'il y a des cancers qui ont leur mois de prévention. Il n'y a pas de raison que le suicide n'ait pas son mois de prévention
Charles-Edouard Notredame, psychiatre à propos du 3114
Quels sont ses objectifs ?
Notre objectif n'est pas en termes de nombre à atteindre. Car on sait que les suicides et les tentatives de suicide sont multifactoriels. Notre objectif au 3114 est de répondre à un maximum de personnes. Et de répondre aux personnes les plus touchées ou les plus à distance des soins. Et c'est pour cela qu'on est très attentifs aux inégalités territoriales de santé. Septembre jaune a aussi pour but de faire exister la prévention du suicide dans les représentations collectives. Sortir le suicide de la sphère taboue dans laquelle il est pour l'instant enfermé. Et de pouvoir parler du suicide dans la sphère publique pour en faire une cause sociale. L'idée, c'est qu'il y a des cancers qui ont leur mois de prévention. Il n'y a pas de raison que le suicide n'ait pas son mois de prévention.
Pourquoi jaune ?
C'est la couleur de l'espoir et la couleur officielle de la prévention du suicide. Le ruban jaune, c'est le ruban de la prévention du suicide.
Il faut parler du suicide, mais pas n'importe comment en somme...
Le plus simple est de se rendre sur le site du programme PapaGeno
dans lequel vous retrouverez toute une série de conseils et de
préconisations pour utiliser les bons mots pour réduire le risque de
contagion suicidaire. Exemples, éviter les titres sensationnalistes. On
évite de mettre "suicide" dans les gros titres, les photographies qui
représentent le moyen létal, la description du moyen létal. On promeut
les témoignages d'experts ou de personnes qui se sont sortis d'une crise
suicidaire. Et surtout, mettre un encart dans lequel on conseille d'appeler le 3114, si vous avez des idées suicidaires.
https://france3-regions.franceinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/liberer-la-parole-pour-briser-le-tabou-presentation-du-3114-numero-national-de-prevention-du-suicide-a-l-occasion-de-septembre-jaune-3213866.html
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prévention du suicide : le chrl engagé aux cotes du 3114
Mercredi dernier, à l’occasion de septembre jaune, le mois de la prévention du suicide, le CHRL vous proposait un stand d’information animé par l’équipe 3114 Centre-Val de Loire du CHRU de Tours.
Cette action a permis de sensibiliser les usagers, les visiteurs et les professionnels à la souffrance psychique, de briser les tabous et de faire connaître la plateforme 3114, ligne d’écoute nationale, confidentielle et gratuite, accessible 24h/24 et 7j/7.
Écoute, prévention, orientation : le 3114 est là pour toute personne en détresse ou toute personne s’inquiétant pour un proche.
Un grand MERCI à l’équipe du 3114 pour leur présence, leur écoute bienveillante et la qualité des échanges proposés.
Parce que parler peut sauver, restons mobilisés




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Le combat d’Edgar Mermet : « Il faut parler du suicide pour le prévenir »
Auteur d’un documentaire sur la prévention contre le suicide, dont c'est la journée mondiale ce mercredi 10 septembre, Edgar Mermet explique à ELLE son combat contre ce fléau érigé au rang de tabou.
Le suicide représente en France près de 10 000 décès par an. Ce mercredi 10 septembre se déroule la journée mondiale sur la prévention contre le suicide. Aussi, Edgar Mermet a voulu y consacrer un documentaire. Pour lever le tabou, national sur le sujet, et surtout promouvoir la prévention face à ce fléau. Car, dans une société d'images, la prévention du suicide en manque cruellement. Il explique auprès de ELLE son projet.
Lutter contre les idées reçues pour mieux informer« J'ai eu des idées suicidaires dès l'enfance. Je suis allé voir un pédopsychiatre quand j'avais 6 ans. Après, ça m'a poursuivi pendant mon adolescence, pendant ma vie de jeune adulte aussi. Comment ça se manifestait ? Par des envies de se faire du mal, par ce qu'on appelle des scénarisations d'idées suicidaires. J'étais tout seul, je n'avais pas d'informations et en fait, je n'étais pas tout seul, mais je croyais que je l'étais.
Du coup, j’ai réalisé un documentaire. Je l'ai fait aussi un peu pour moi parce que le tabou, c'est le silence et l'isolement. C'est un sujet qui est compliqué à aborder puisqu'on parle de la mort, il n'y a pas beaucoup d'informations. Vu qu'il y a peu d'informations qui circulent, il y a beaucoup d'idées reçues et en même temps ; il y a beaucoup de honte.
« En 2025, année de la grande cause de la santé mentale, le suicide reste tabou »
La première idée reçue qui va vraiment à l'encontre de la prévention du suicide, c'est le fait qu'en parler provoquerait des suicides. C'est vraiment scientifiquement faux. Il faut parler du suicide pour le prévenir. En revanche, il faut le faire avec les bons mots et pour le coup, ça, ça ne s'improvise pas.
Ce n'est pas facile, il faut avoir les informations, il faut donc de la formation. Pour ça, il faut que toute la société s'en empare puisque le suicide, c'est quelque chose de dur à porter à la fois pour les familles et pour les personnes qui sont en souffrance.
Quand on a envie de mettre fin à ces jours, on n'a pas envie de le dire à ses parents qui se battent toute leur vie pour nous. On n'a pas envie de le dire à ses frères ou à ses sœurs si on en a parce que ça pourrait les inquiéter. Pareil pour ses proches, pareil pour ses amis. On a du mal à en parler à la fois dans la famille et dans les sociétés.
Déstigmatiser le mot même de « suicide »En France, on est à plus de 9 000 suicides par an. Ça représente un peu moins de trois fois le nombre de morts sur les routes pour donner une comparaison. Pour les morts sur la route, on a tous vu des campagnes télévisées avec “Sam c'est celui qui ne boit pas”. Il y a eu beaucoup, beaucoup de travail de prévention qui a été fait. Pour le suicide, on n'a rien. Nous sommes en 2025, l'année dont la grande cause est la santé mentale. Pour autant, on voit que le suicide reste tabou.
Le mot “suicide” reste encore difficile même à prononcer. On manque de campagnes politiques d'envergure sur le sujet du suicide. Mais on a des gens qui sont quotidiennement engagés sur le sujet. Donc, le langage est important parce que c'est aussi important de déstigmatiser. Et donc, c'est pour ça qu'on ne parle plus de fou.
« La seule solution, c'est la parole »
On ne parle plus de malade mental. On parle de troubles psychiques. On parle de personnes qui vivent avec des troubles psychiques. Mais c'est important que le langage évolue pour le respect des personnes et pour la déstigmatisation en général.
La crise suicidaire, ça va être vraiment un pic où, pour le coup, la personne ne voit qu'une seule solution qui est le suicide. Alors qu'évidemment, c'est faux. La seule solution, c'est évidemment la parole. Et le fait de partager ça, d'appeler le 3114, d'appeler des associations. Parce que le message, c'est ça. C'est qu'il y a des ressources qui existent. »
Louise Leboyer
Publié le 9 septembre 2025
À l'occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide du 10 septembre, il est important de rappeler les signes qui peuvent alerter l'entourage et prévenir un passage à l'acte.
Accompagner une personne qui est touchée par un trouble mental peut être particulièrement éprouvant et déroutant pour l’entourage. Lorsque des pensées suicidaires font surface et que la vie d’un proche semble être en danger, il est impératif de demander de l’aide à un professionnel. Il est notamment possible d’appeler le 3114, le numéro national de prévention du suicide. Mais encore faut-il mettre le doigt sur ce type de schémas de pensée. Malheureusement, les signes d'un potentiel passage à l'acte ne sont pas toujours visibles.
Une crise suicidaire peut se manifester de plusieurs manières. Il peut notamment s’agir de troubles du sommeil, de changements d’humeur et de comportement, d’une perte d’intérêt pour des choses ou des événements qui apportaient de la joie auparavant, une irritabilité, une consommation d’alcool ou de substances accrue, de l’anxiété ou une tendance à s’isoler. Mais il arrive que le comportement d’une personne ayant montré les signes de pensées suicidaires soit à l’opposé de ce que l’on imagine. Et il ne faut surtout pas relâcher sa garde.
La prise de décision
Lorsqu’une personne souffrant de dépression ou ayant déjà exprimé des pensées suicidaires se montre soudainement joyeuse ou relâchée, il est impératif de se montrer très vigilant. Le fait de changer de comportement et d’afficher une attitude positive peut vouloir dire que la personne a pris la décision de mettre fin à ses jours. Mener un combat contre un trouble mental est souvent synonyme de longues souffrances et d’une douleur quasi permanente.
Prendre la décision de mourir peut soulager quant au fait que cette douleur ne sera plus là pour longtemps et qu’il n’y a plus de lutte à mener pour faire taire les pensées suicidaires. « L'idée de mettre fin à leur douleur peut les soulager, tout comme le soulagement que nous ressentons lorsque la douleur physique est apaisée », explique Doreen Marshall, psychologue et professionnelle dans la prévention du suicide, au HuffPost.
Rassurer les proches
Ce changement de comportement peut aussi être un moyen de masquer la gravité de la situation aux proches afin de ne pas les inquiéter. « C'est pourquoi il est extrêmement important de ne pas cesser de mesurer le risque de suicide lorsque l'on constate une amélioration soudaine des symptômes », conclut Danielle Dellaquila.
« Selon les experts en prévention du suicide et les personnes qui ont fait une ou des tentatives de suicide par le passé, une des meilleures façons d’aider une personne à risque est d’entamer une conversation sur le suicide et de soutenir la personne à trouver le bon type d’aide », recommande le site InfoSuicide. Si le fait de poser des questions peut sembler contre-productif, c’est au contraire un moyen d’établir la connexion avec la personne. « Le fait de demander à une personne si elle a des pensées ou des sentiments à propos du suicide ne la poussera pas à se suicider. En fait, donner à quelqu'un l'occasion de parler de ses sentiments peut réduire le risque qu'il passe à l'acte », assure le site de la MayoClinic.
https://www.psychologies.com/actualites/sante-mentale/Prevention-suicide-signe-peut-predire-passage-acte-563153
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Suicide : les actions de prévention en Île-de-France
8 septembre 2025
https://www.iledefrance.ars.sante.fr*
Le 10 septembre a lieu la journée mondiale de prévention du suicide. A cette occasion, focus sur les dispositifs déployés en Île-de-France pour accompagner les personnes à risque suicidaire et les professionnels qui leur viennent en aide.
Une priorité de santé publique
La prévention du suicide est un enjeu majeur de santé publique. Bien que le taux de suicide soit en baisse tendancielle depuis 20 ans, la France présente l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe, avec 9 203 décès estimés en 2017, selon l’observatoire du suicide. Selon une étude de la fondation FondaMental, le fardeau économique des suicides et tentatives de suicide en France en 2019 s’élève à 24 milliards d’euro, en tenant compte des coûts directs sanitaires et post mortem, ainsi que des coûts indirects liés notamment à la perte de productivité et la prise en charge du handicap.
Selon le Bulletin de Santé Publique Ile-de-France de 2023, 4 % des Franciliens de 18-85 ans ont déclaré avoir pensé à se suicider, proportion comparable à celle observée dans le reste de la France. En Île-de-France, un passage à l’acte concerne 6 % des personnes de 18-85 ans, les femmes bien plus que les hommes (respectivement 7 % et 4 %). En plus des jeunes, les agriculteurs, les personnes détenues, les minorités sexuelles et les personnes âgées sont particulièrement concernées par le risque suicidaire.
La prévention du suicide, et plus généralement la promotion de la santé mentale, est l’une des priorités du Projet régional de santé 2023-2028, dans sa fiche 1.6 du Schéma Régional de Santé. L'Agence, aux côtés de ses partenaires est engagée dans une stratégie globale qui comprend : le développement d’outils de suivi des suicides et des tentatives de suicide, des actions de prévention auprès des personnes à risque suicidaire et celles ayant déjà réalisé un passage à l’acte, la mise en place de formations au repérage, à l’évaluation du risque suicidaire et à l’intervention de crise auprès des personnes en crise suicidaire mais aussi des actions de postvention et d’accompagnement des personnes qui ont connu un suicide dans leur environnement et entourage.
Zoom sur quelques actions mises en place en Île-de-France :
Le 3114 : le numéro de prévention du suicide
Le 3114, est un numéro national de prévention du suicide lancé dans le cadre de la stratégie nationale de prévention du suicide. Un centre répondant est ouvert en Île-de-France depuis janvier 2023 porté par le GHU Paris psychiatrie et neurosciences et l’AP-HP.
Ce dispositif d’aide à distance est accessible 7j/7 et 24h/24. Il a pour but d’apporter une réponse réactive et personnalisée à toute personne confrontée à une crise suicidaire, ainsi qu’à ses proches aidants, aux professionnels, aux endeuillés du suicide et aux institutions impactées. Il permet de répondre à un public assez large et à l’ensemble des situations : accueil, écoute et orientation. Les répondants sont des psychologues et des infirmiers qui ont eux-mêmes une expérience en psychiatrie et dans le champ du suicide.
Depuis sa création, le 3114 a reçu plus de 200 000 appels venant de l’Île-de-France.
En savoir plus : 3114.fr
Le dispositif VigilanS : un suivi et un accompagnement des personnes à risque de réitération suicidaire
La survenue d'une tentative de suicide multiplie par 4 le risque de suicide ultérieur. Pour prévenir ce risque, le maintien du contact avec les personnes est essentiel. C’est l’enjeu du dispositif VigilanS né en 2015 dans les Hauts-de-France et qui est aujourd’hui effectif dans chaque département d’Île-de-France.
Toute personne prise en charge pour une tentative de suicide se voit proposer son inclusion dans VigilanS au moment de sa sortie. Elle est alors suivie et régulièrement contactée par des « vigilanseurs », des soignants formés qui pourront répondre efficacement en cas de mal-être ou de problème. Elle peut également les joindre directement via un numéro gratuit. Parallèlement, son médecin traitant et éventuellement son psychiatre traitant reçoivent un courrier les informant de l’organisation du dispositif et de l’entrée de leur patient dans celui-ci. Ils disposent eux aussi d’un numéro téléphonique dédié pour répondre à leurs questions.
Depuis leur création sur la région, les 4 dispositifs VigilanS franciliens ont inclus dans leurs suivis plus de 10 000 patients.
Selon l'évaluation de Santé publique France, le risque de réitération suicidaire ou de décès par suicide est réduit de 38% pour les patients un an après leur inclusion dans VigilanS.
En savoir plus : Santé publique France
Les formations en prévention du suicide
Les actions de formation forment un pilier de la stratégie de prévention du suicide et ont plusieurs déclinaisons :Des formations en prévention du suicide visant à constituer un réseau Sentinelle de prévention et d’orientation dans la population.
La formation spécifique des professionnels pour le dépistage, l’évaluation, l’orientation et l’intervention de crise.
Trois formations standardisées construites par le GEPS (Groupement d'Etudes et de Prévention du Suicide) sont déployées à l’échelle régionale :Les formations « Evaluation et Orientation » et « Intervention de Crise » s’adressent aux professionnels cliniciens et visent à leur donner les clés pour évaluer et intervenir face à une crise suicidaire.
La formation « Sentinelle », ouverte à tous, vise à renforcer les habiletés et dispositions spontanées de citoyens ou professionnels non-soignants pré-identifiés pour repérer, au sein de leur communauté de vie, les signes d’alerte d’un risque suicidaire et orienter les personnes repérées vers les ressources d’évaluation et/ou de soin adaptées.
En savoir plus sur les formations
La promotion de la postvention
En Île-de-France, des dispositifs de postvention, après un suicide, se développent, que ça soit des dispositifs de postvention pour les professionnels de la santé confrontés au suicide de patients (développement hospitalier de ressources), ou d’accompagnement d’endeuillés par suicide (association Empreintes, etc.).
Une plateforme d’informations et de ressources, la plateforme Espoir, recense les ressources à proximité.
En savoir plus : espoir-suicide.fr et empreintes-asso.com
Nightline : une association qui prend soin de la santé mentale des jeunes
Le dispositif Nightline œuvre pour améliorer la santé mentale des jeunes, et notamment des étudiants, dans le cadre de la prévention du suicide.
Découvrir Nightline
Aller plus loin
Liens utiles
Que faire et à qui s’adresser face à une crise suicidaire ?
Psycom, site ressource sur la Santé mentale
Infosuicide.org : portail d'informations, espace d'échanges et de débats
Le 3114 : le numéro de prévention du suicide
https://www.iledefrance.ars.sante.fr/suicide-les-actions-de-prevention-en-ile-de-france-0
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« Aucune célébrité en France ne soutient notre cause » : la prévention du suicide peine à mobiliser
La journée mondiale de prévention du suicide, c’est le 10 septembre. En France, chaque année, environ 9 000 personnes mettent fin à leurs jours. Le sujet reste tabou et peine à trouver sa place dans l’espace médiatique.
Le suicide fait près de 9 000 morts par an. Un chiffre qui a tendance à baisser depuis trente ans, contrairement aux idées reçues.
Par Samuel Cogez Journaliste aux faits-divers justice à La Voix du Nord Arras depuis 2006 Publié: 6 Septembre 2025 https://www.lavoixdunord.fr/*
Elle ne ménage pas ses efforts, arpentant la France aux côtés de psychiatres spécialisés. Nathalie Pauwels, responsable du programme Papageno destiné à prévenir la contagion suicidaire, peine pourtant à mobiliser. Cette année, le 10 septembre, le message de la journée mondiale de prévention du suicide sera en plus parasité par la contestation sociale. Mais même sans cela, le message a du mal à passer… En témoigne la pétition en forme de manifeste, « Parle moi de ton silence », lancée en février, qui approche péniblement les 10 000 signatures.
« Je reçois plein de messages de personnes qui trouvent la démarche de cette pétition essentielle, mais qui ne veulent pas signer ou être identifiées », constate madame Pauwels. Pour donner plus d’écho à l’initiative, Papageno a contacté 150 personnes, – artistes, chanteurs, journalistes, acteurs… –, ayant tutoyé le suicide, sans succès. « Soit on n’a aucune réponse, soit un refus d’engagement sur ce sujet, déplore Nathalie Pauwels. On n’a pas de visibilité, de porte-parole. Personne en France, comme célébrité, ne soutient notre cause. Et qui va inviter en plateau un expert de la prévention du suicide ? »
Tabou et idées reçues
Le suicide reste tabou. On recense chaque année 200 000 tentatives officielles, mais le fléau est mal connu et véhicule des idées reçues. Il touche toutes les catégories sociales, fait trois fois plus de morts chez les hommes que chez les femmes, et concerne « très largement les personnes âgées, selon le psychiatre Charles-Édouard Notredame. Avec assez peu de tentatives mais des gestes très vite létaux ». Autre idée reçue : il n’y a pas plus de suicide. Le nombre de décès par suicide baisse depuis trente ans en France (– 30 %).
« La question du suicide est entachée d’idées reçues, les gens l’associent à la faiblesse, la lâcheté, explique madame Pauwels. C’est un tabou car ça touche à la mort, il y a beaucoup de culpabilité des proches. Le silence complique le travail de prévention ». Et ce alors qu’on parle pourtant de plus en plus de santé mentale.3114, numéro national de prévention du suicide, 7j/7, 24h/24.
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L’interview du samedi Prévention du suicide : « Il faut oser dire à l’autre que l’on s’inquiète pour lui »
Cette année l’ARS Grand Est a fait de la prévention du suicide une priorité. Le sujet est encore tabou mais Fabienne Ligier, psychiatre et spécialiste du sujet, a une conviction : parler du suicide peut sauver des vies.
Propos recueillis par Magalie Delle-Vedove - 06 sept. 2025
Fabienne Ligier professeure de Psychiatrie, psychiatre au Centre Psychothérapique de Nancy (CPN), coordinatrice médicale du centre régional de prévention du suicide Grand Est. Photo Magalie Delle-Vedove
Cette année l’ARS Grand Est a fait de la prévention du suicide une priorité, la région est-elle particulièrement concernée ?
Le taux de décès par suicide baisse mais il peut encore diminuer grâce à la prévention car le suicide est une cause de mortalité majoritairement évitable. En France, le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 18-25 ans, la première chez les 25-34 ans. Ces données sont préoccupantes mais il faut rappeler que la mortalité par suicide a baissé depuis l’an 2000, la prévention est donc efficace. En Lorraine, deux départements ont un bilan plus préoccupant, les Vosges et la Meuse. Les départements ruraux cumulent des facteurs de risques comme le taux de chômage, l’isolement et l’accès aux soins. La prise en charge est compliquée si on ne peut pas voir son médecin, un psychologue ou un psychiatre. Des chercheurs ont pu évaluer, en réalisant des autopsies psychologiques de personnes décédées par suicide, qu’il existe dans plus de 80 % des cas une dépression ou une addiction non traitée, voire non diagnostiquée. La crise suicidaire est accompagnée d’un débordement émotionnel, quelle qu’en soit la cause initiale. Ces éléments de souffrance sont parfois non repérés par les soignants et l’entourage, car souvent non évoqués par les personnes suicidaires.
Tout changement de comportement brutal, survenue de signes d’anxiété, repli sur soi, désinvestissement affectif, troubles du sommeil, de l’alimentation, conduites à risques. Il faut aussi garder à l’esprit que parfois la dépression, l’envahissement émotionnel se manifestent par de l’agressivité ou de l’agitation. Le changement d’attitude doit alerter tout comme certains éléments de langage : « Je n’en peux plus », « il n’y a plus rien à faire ».
Pas facile de graduer la souffrance mais qu’est ce qui fait qu’une personne va tenter de se suicider et qu’une autre non ?
Certaines trajectoires de vie émaillées de violences précoces sont plus à risques mais certains individus sont résilients. Il y a de nombreux facteurs de risques comme l’isolement, la précarité, le manque d’accès aux soins, un trouble psychique, le chômage, la violence subie dans l’enfance ou à l’âge adulte. Il y a aussi des facteurs de protection comme le soutien social, la capacité à demander de l’aide, une activité valorisante, le fait de pouvoir exprimer ses émotions parce qu’on appartient à une communauté, qu’on se sent appartenir à un groupe. Il est important de permettre à nos enfants de s’exprimer, et ce, même dans une société qui a tendance à abraser les réactions émotionnelles. Le suicide est une pathologie du lien, la personne en souffrance a le sentiment d’être un poids pour les autres, d’être déconnectée. Elle a du mal à demander de l’aide d’autant que son estime d’elle-même est souvent dégradée et accompagnée d’un sentiment de honte en crise suicidaire. Il faut oser dire à l’autre que l’on s’inquiète. Le suicide ne correspond pas à une volonté de mourir, mais au besoin de mettre fin à une douleur physique ou morale insupportable. La personne désire, au fond, « vivre autrement ». Elle ne trouve pas d’autre issue que le suicide car quand une personne est en crise suicidaire elle présente une « tunnellisation cognitive ». Cela signifie qu’elle ne perçoit plus les ressources sur lesquelles elle peut s’appuyer. Il n’y a donc pas de prédéterminisme mais bien d’un côté des facteurs de risque personnels, familiaux et contextuels et de l’autre des facteurs de protection. Le suicide a une cause multifactorielle.
On dit que quelqu’un qui parle de son suicide ne passe pas à l’acte, c’est une idée reçue ?
Oui et je dirais même qu’il faut s’inquiéter quand une personne verbalise des idées suicidaires. Une autre idée reçue consiste à croire que questionner une idée suicidaire encourage un passage à l’acte, c’est faux. En parler soulage. Il ne faut jamais banaliser les tentatives de suicide. Ce n’est pas une façon « de se faire remarquer ».
Concrètement que peut-on faire pour prévenir le suicide ?
Pour prévenir, il faut connaître. Il est important de parler du suicide pour que cela ne soit plus un tabou, pour que des mesures puissent être mises en place pour soutenir les personnes à risque et celles en souffrance. Il y a des ressources comme le 31 14 , un numéro de téléphone gratuit, qui fonctionne jour et nuit et toute l’année et dont les équipes sont constituées de professionnels (psychologues, infirmières, psychiatres). Il est aussi dédié aux proches qui s’inquiètent ou à ceux qui ont été affectés par un suicide. Il ne faut jamais hésiter à appeler.
Septembre jaune : des marches pour briser le silence qui entoure le suicide
Chaque jour, le suicide fait des victimes en silence. Et si la prévention contre le suicide a du sens toute l’année, c’est au mois de septembre qu’on dénombre le plus grand nombre d’actions de prévention à destination du grand public. Septembre Jaune est une initiative née de la volonté de combattre le suicide par l’information, la sensibilisation et le soutien. Cette année, à l’occasion de la journée internationale de prévention du suicide, le Centre Psychothérapique de Nancy (CPN) et le Centre Ressource Prévention Suicide Grand Est (CRPS) organisent des événements de sensibilisation en région. À Nancy par exemple et pour la deuxième édition , rendez-vous est donné le dimanche 7 septembre de 10 h à 13 h, à l’auditorium de la Pépinière, pour une marche accessible à toutes et tous d’un peu moins de trois kilomètres. L’événement sera ponctué de moments d’animations sur les stands. De la même façon, à Épinal et cette fois-ci pour la première fois, une marche jaune sera organisée le 14 septembre à partir de 10 h. Rendez-vous au parc du château pour deux kilomètres de promenade égayée par des animations. Ces deux marches citoyennes visent à sensibiliser à la souffrance psychique et à faire connaître le 31 14, le numéro national de prévention du suicide.
▶ Inscription gratuite mais obligatoire
Pour la marche de Nancy : https://forms.office.com/e/ff54UmkA1r
Pour la marche d’Épinal : https://forms.office.com/e/0LgBG3TscM
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Septembre jaune : un mois pour briser le silence sur le suicide
05 septembre 2025 https://destinationsante.com/*
Le mois de septembre est le mois de prévention du suicide, encore trop souvent tabou. Ce silence nuit à la prévention et à la recherche d’aide pour les personnes en souffrance. En effet, des dispositifs de soutien existent et devraient être connus de tous, comme le 3114, le numéro national de prévention du suicide.
Septembre jaune est un mois de prévention du suicide, dont la journée mondiale se tiendra le 10 septembre. Les chiffres du suicide, l’une des manifestations les plus graves des problèmes de santé mentale, ne baissent plus, en France, ces dernières années après un recul significatif de 30 % depuis les années 2000.
Le suicide en chiffres
En France, en moyenne, 25 suicides sont enregistrés par jour, soit 9 000 par an. Et près de 200 000 tentatives de suicide.
Le suicide est la première cause de mortalité maternelle jusqu’à un an après l’accouchement. Il est aussi la première cause de mortalité évitable chez les 25-35 ans. 2ème cause, après les accidents de la route, chez les 18-25 ans.
Entre 2017 et 2023, les tentatives de suicides déclarées ont grimpé de 50 % chez les 18 – 24 ans. Et une hausse massive des hospitalisations pour gestes auto-infligés chez les adolescents ont été recensés : + 70 % chez les 10 – 14 ans, 46 % chez les 15 – 19 ans, 54 % chez les 20 – 24 ans. Les hommes sont en premières lignes, avec 3,5 fois plus de décès par suicide que les femmes. Le risque augmente chez les personnes âgées ; les décès par suicide sont 25 fois plus élevés chez les hommes de 85 à 94 ans que chez les hommes de 25 ans.
Le besoin de prévention est bien là, mais le tabou qui persiste entrave l’accès aux ressources et à l’information. « Si on ne parle pas du suicide, les personnes qui ont des idées suicidaires ont l’impression que c’est interdit, que c’est tabou. Le résultat est que ces personnes se sentent honteuses et coupables, ce qui empire leur état et ce qui les empêche d’aller vers les ressources d’aide. Il faut que ça s’arrête. On ne peut pas garder la souffrance des personnes qui ont des idées suicidaires sous silence », lâche Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’Enfant et de l’Adolescent au CHU de Lille (Nord) et coordinateur national adjoint du 3114.
Quels dispositifs pour lutter contre le suicide ?
Le 3114 est un dispositif encore peu connu du grand public, numéro national de prévention du suicide, disponible pour l’ensemble de la population. Cette ligne nationale a été officiellement ouverte le 1er octobre 2021. 7jours//7, 24 heures/24, le service est assuré par des professionnels, psychologues et infirmiers, spécifiquement formés. Ceux-ci assurent une prise en charge des personnes qui présentent des idées suicidaires alors que l’accès aux soins standards est souvent difficile.
Le numéro permet aussi d’apporter soutien et conseils aux personnes qui s’inquiètent pour un proche.
Le 3114 étoffe la stratégie nationale de prévention du suicide, impulsée par la feuille de route « Santé mentale et psychiatrie 2018 », pilotée au national par la Direction générale de la Santé (DGS) et en région par les agences régionales de santé (ARS).
Il complète le dispositif VigilanS, qui maintient le contact avec les personnes hospitalisées après une tentative de suicide. Objectif : réduire le risque de récidive. « Les patients qui bénéficient du dispositif sont contactés par une équipe de ‘vigilanseurs’ sur une période allant de quelques jours à 6 mois après une tentative de suicide. Le contact peut se faire par téléphone ou par voie postale », explique Santé publique France qui avait publié en 2023 les résultats d’une évaluation de Vigilans. Celui-ci réduirait de 38 % le risque de réitération suicidaire (passage aux urgences ou hospitalisation pour tentative de suicide ou décès par suicide) dans les 12 mois qui suivent une tentative de suicide, par rapport à ceux qui n’ont pas bénéficié du dispositif.
La formation de personnes capables de repérer et d’orienter une personne qui présente des idées suicidaires (réseau sentinelle) et la prévention de la contagion suicidaire (notamment via le programme Papageno) participent à cet effort de prévention.
Durant ce mois de septembre, plusieurs événements auront lieu pour faire connaître le 3114, sensibiliser et prévenir le suicide. Une campagne sera aussi relayée sur les réseaux sociaux, mettant en avant un parapluie jaune, rempart aux idées suicidaires.
Source : CHU de Lille, Santé publique France
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet
https://destinationsante.com/septembre-jaune-un-mois-pour-briser-le-silence-sur-le-suicide.html
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Septembre jaune : un mois pour briser le silence sur le suicide
Eloise BAJOU - Par destinationsante.com
Publié le 05/09/2025 https://www.sudouest.fr/sante/destination-sante/septembre-jaune-un-mois-pour-briser-le-silence-sur-le-suicide-25799413.php
Septembre jaune est un mois de prévention du suicide, dont la journée mondiale se tiendra le 10 septembre. Les chiffres du suicide, l’une des manifestations les plus graves des problèmes de santé mentale, ne baissent plus, en France, ces dernières années après un recul significatif de 30 % depuis les années 2000.
En France, en moyenne, 25 suicides sont enregistrés par jour, soit 9 000 par an. Et près de 200 000 tentatives de suicide.
Le suicide est la première cause de mortalité maternelle jusqu’à un an après l’accouchement. Il est aussi la première cause de mortalité évitable chez les 25-35 ans. 2ème cause, après les accidents de la route, chez les 18-25 ans.
Entre 2017 et 2023, les tentatives de suicides déclarées ont grimpé de 50 % chez
les 18 – 24 ans. Et une hausse massive des hospitalisations pour gestes auto-infligés chez les adolescents ont été recensés : + 70 % chez les 10 – 14 ans, 46 % chez les 15 – 19 ans, 54 % chez les 20 – 24 ans. Les hommes sont en premières lignes, avec 3,5 fois plus de décès par suicide que les femmes. Le risque augmente chez les personnes âgées ; les décès par suicide sont 25 fois plus élevés chez les hommes de 85 à 94 ans que chez les hommes de 25 ans.
Le besoin de prévention est bien là, mais le tabou qui persiste entrave l’accès aux ressources et à l’information. « Si on ne parle pas du suicide, les personnes qui ont des idées suicidaires ont l’impression que c’est interdit, que c’est tabou. Le résultat est que ces personnes se sentent honteuses et coupables, ce qui empire leur état et ce qui les empêche d’aller vers les ressources d’aide. Il faut que ça s’arrête. On ne peut pas garder la souffrance des personnes qui ont des idées suicidaires sous silence », lâche Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’Enfant et de l’Adolescent au CHU de Lille (Nord) et coordinateur national adjoint du 3114.
Quels dispositifs pour lutter contre le suicide ?
Le 3114 est un dispositif encore peu connu du grand public, numéro national de prévention du suicide, disponible pour l’ensemble de la population. Cette ligne nationale a été officiellement ouverte le 1er octobre 2021. 7jours//7, 24 heures/24, le service est assuré par des professionnels, psychologues et infirmiers, spécifiquement formés. Ceux-ci assurent une prise en charge des personnes qui présentent des idées suicidaires alors que l’accès aux soins standards est souvent difficile.
Le numéro permet aussi d’apporter soutien et conseils aux personnes qui s’inquiètent pour un proche.
Le 3114 étoffe la stratégie nationale de prévention du suicide, impulsée par la feuille de route « Santé mentale et psychiatrie 2018 », pilotée au national par la Direction générale de la Santé (DGS) et en région par les agences régionales de santé (ARS).
Il complète le dispositif VigilanS, qui maintient le contact avec les personnes hospitalisées après une tentative de suicide. Objectif : réduire le risque de récidive. « Les patients qui bénéficient du dispositif sont contactés par une équipe de ‘vigilanseurs’ sur une période allant de quelques jours à 6 mois après une tentative de suicide. Le contact peut se faire par téléphone ou par voie postale », explique Santé publique France qui avait publié en 2023 les résultats d’une évaluation de Vigilans. Celui-ci réduirait de 38 % le risque de réitération suicidaire (passage aux urgences ou hospitalisation pour tentative de suicide ou décès par suicide) dans les 12 mois qui suivent une tentative de suicide, par rapport à ceux qui n’ont pas bénéficié du dispositif.
La formation de personnes capables de repérer et d’orienter une personne qui présente des idées suicidaires (réseau sentinelle) et la prévention de la contagion suicidaire (notamment via le programme Papageno) participent à cet effort de prévention.
Durant ce mois de septembre, plusieurs événements auront lieu pour faire connaître le 3114, sensibiliser et prévenir le suicide. Une campagne sera aussi relayée sur les réseaux sociaux, mettant en avant un parapluie jaune, rempart aux idées suicidaires.
https://www.sudouest.fr/sante/destination-sante/septembre-jaune-un-mois-pour-briser-le-silence-sur-le-suicide-25799413.php