mardi 30 septembre 2025

OMS EUROPE Améliorer la prévention du suicide en renforçant l’accès aux soins

Améliorer la prévention du suicide en renforçant l’accès aux soins

12 septembre 2025

Les points forts de l’événement

Le 12 septembre 2025, un webinaire sur la prévention du suicide a réuni des personnes ayant une expérience vécue et des représentants des secteurs de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, d’organisations non gouvernementales (ONG) et du monde de l’enseignement pour discuter de la manière de prévenir le suicide en renforçant l’accès aux soins grâce à une approche multisectorielle.

Ce webinaire fait partie de la série intitulée « Enough waiting: reshaping mental health care » [Assez attendu : repensons les soins de santé mentale], dans le cadre du projet « Relever les défis de la santé mentale dans les 27 pays de l’Union européenne, en Islande et en Norvège », financé par l’Union européenne.

Le suicide reste l’un des problèmes de santé publique les plus aigus, et pourtant évitables, d’Europe. Malgré la baisse des taux de suicide observée sur une longue période, les progrès sont inégaux et des écarts persistent. 

« Le suicide reste un problème de santé publique et, selon les estimations de 2021, nous avons [chaque année] plus de 47 000 décès par suicide dans l’Union européenne », explique Ledia Lazeri, conseillère régionale pour la santé mentale à l’OMS/Europe. « Ce sont 47 000 décès de trop. » 

Les intervenants ont souligné que le fait de disposer de services n’implique pas nécessairement que l’on y accède. Les stratégies nationales doivent se traduire par des mesures locales et donner aux personnes les moyens d’agir. Les orateurs ont également formulé une mise en garde : de nouveaux risques (dont les médias sociaux et les contenus préjudiciables amplifiés par l’intelligence artificielle) exigent des approches innovantes.

Expériences des pays en matière de prévention du suicide

Les participants ont entendu des exemples concrets de toute l’Europe. Par exemple, après une vaste consultation de tous les secteurs, Malte est en train de mettre la dernière main à un plan de lutte spécifiquement axé sur le suicide, intégré à sa stratégie de santé mentale. Constatant que la santé mentale relève d’une responsabilité partagée et présente des aspects psychologiques, physiques, sociaux et culturels, ce pays a fait intervenir dans ce processus de multiples ministères, des ONG, la police, le secteur de l’enseignement, les médias et même l’industrie du loisir.

La Slovénie englobe désormais la prévention du suicide dans son programme national de santé mentale afin de combler les lacunes existant au niveau thérapeutique et sur le plan de la recherche d’aide, en associant les services avec des lignes directrices pour les médias et avec les premiers secours en matière de santé mentale.

Dans le cadre du nouveau plan national danois de prévention du suicide a été créé un conseil de 35 membres qui peut remédier aux goulets d’étranglement présents dans la pratique, par exemple en standardisant le suivi en cas de signes d’automutilation et en organisant une coordination avec les organes de presse – tout en publiant des données au niveau municipal pour déterminer les interventions locales et le partage des responsabilités.

À la base des interventions, l’expérience vécue 

Dans le deuxième volet du webinaire, les participants ont eu l’occasion d’entendre des témoignages de personnes ayant une expérience vécue. 

Živilė Valuckienė, cardiologue en Lituanie, a raconté comment, après avoir tenté de mettre fin à ses jours il y a 9 ans, elle a été hospitalisée contre son gré et a subi un traitement avec des médicaments psychotropes. « Les effets secondaires étaient insupportables et, à l’hôpital, le traitement psychiatrique m’a laissé le sentiment d’être déshumanisée, en détresse, désespérée. » Quelques jours après sa sortie de l’hôpital, elle a refait une tentative de suicide. 

« Je trouve que le système psychiatrique n’a pas réussi à me voir comme une personne à part entière, plutôt que seulement comme une patiente », a-t-elle déclaré. La guérison de Živilė a commencé lorsque des personnes l’ont perçue comme un individu, et non comme un diagnostic. 

« Ce dont j’avais le plus besoin tout au long de ma convalescence, c’est de compréhension, d’empathie et d’un espace sécurisé pour communiquer mes sentiments sans être jugée. » Dans le cadre du travail qu’elle effectue actuellement contre la stigmatisation en Lituanie, Živilė crée des espaces pour un dialogue franc et ouvert, ce qui montre comment la prévention résulte d’un changement de mentalité, permettant de prendre moins de risques quand on dit « J’ai besoin d’aide ».

Golli Marboe, journaliste autrichien, a perdu son fils, qui s’est suicidé. Il a expliqué que la postvention protège les communautés, rappelant aux participants que des récits relatés de manière responsable et l’« effet Papageno » (lorsque les médias rapportent des récits empreints d’espoir, racontant des guérisons et des rétablissements après une crise suicidaire) peuvent limiter les risques. 

Golli a également expliqué que le projet « Mental Health Days in Schools » (journées d’absence justifiée pour raison de santé mentale) a touché environ 150 000 élèves dans toute l’Autriche. Il a souligné que le succès réside dans l’apprentissage conjoint des élèves, des enseignants et des parents, ainsi que dans un recours à des outils garantissant l’anonymat, pour faire entendre les voix timides. Son message a résumé l’un des thèmes essentiels de la journée : « La postvention, c’est de la prévention ». 

John F. Meehan, directeur de l’Office national de prévention du suicide, en Irlande, a expliqué que l’Irlande, pour mettre ce thème en pratique, adopte des démarches proactives. Il s’agit notamment d’une enquête nationale sur les personnes endeuillées par un suicide (qui a révélé des impacts importants et durables et l’absence du soutien souhaité), d’un réseau d’agents de liaison pour le deuil après un suicide, qui contactent de manière proactive les familles à domicile, et de Safe Harbour [Havre de paix], un recueil d’ouvrages illustrés qui aide les enfants et leurs parents à parler de la perte liée à un suicide.

En général, les intervenants s’accordaient sur la nécessité d’associer un leadership national multisectoriel fort à une démarche participative faisant intervenir des personnes au vécu pertinent, et de considérer la postvention comme de la prévention, en assurant une prise en charge proactive afin que personne ne soit seul dans sa souffrance. 

Onie Sandersan, de l’OMS, a fait remarquer que « le suicide est un phénomène tellement multiforme qu’il ne peut être cantonné à un secteur spécifique. Ce problème doit être abordé par de très nombreux secteurs, car seule une approche stratégique et coordonnée entre les différents acteurs concernés permettra de réduire le nombre de suicides. »

Le guide pratique « LIVE LIFE » de l’OMS a été présenté comme un outil concret à l’intention des pays. En outre, la déclaration finale de la conférence régionale de haut niveau sur la santé mentale dans toutes les politiques, qui s’est tenue à Paris en juin 2025, a été évoquée et qualifiée de plan d’action concis définissant les priorités et les mesures à prendre collectivement pour que la Région européenne de l’OMS puisse relever les défis en matière de santé mentale grâce à une collaboration intersectorielle.

L’événement

L’OMS/Europe organise un webinaire pour examiner les stratégies de prévention du suicide en mettant l’accent sur le renforcement de l’accès aux soins par l’adoption d’une approche multisectorielle. 

Le suicide reste un problème de santé publique dans la Région européenne de l’OMS, et constitue l’une des principales causes de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans. Plus de 120 000 personnes meurent par suicide chaque année, soit plus de 300 suicides par jour.

Les facteurs de risque dépassent le cadre des troubles mentaux et s’étendent à des réalités socio-économiques et sanitaires telles que la solitude, le chômage, les douleurs chroniques, la maltraitance, la discrimination et les situations d’urgence. La stigmatisation empêche souvent les personnes concernées d’accéder à des soins en temps utile, et bien que la plupart des individus envisageant de mettre fin à leur vie consultent des professionnels de santé, leurs tendances suicidaires passent souvent inaperçues en raison de la fragmentation des systèmes.

Le webinaire

Cette séance sera l’occasion de mettre en évidence la manière dont le renforcement de l’accès aux soins par l’adoption d’une approche multisectorielle reliant services de santé, services sociaux, éducation, lieux de travail et communautés peut améliorer la prévention. Les thématiques suivantes seront abordées :
  1. les approches visant à améliorer l’accès aux soins en temps opportun pour les personnes à risque, avec des études de cas réels ;
  2. les stratégies de postvention (après une tentative de suicide ou un décès par suicide) du point de vue des personnes ayant survécu à une tentative de suicide et des personnes endeuillées par le suicide ;
  3. les facteurs favorables et défavorables à l’application de ces stratégies dans divers contextes européens.
Les intervenants seront des représentants des secteurs de la santé, de l’éducation, de la protection sociale et du domaine social, des représentants d’organisations non gouvernementales et du monde universitaire, ainsi que des personnes ayant une expérience vécue. 

Pour participer à ce webinaire, veuillez cliquer sur le lien.

À propos de la série de séminaires

Cet événement fait partie de la série de webinaires de l’OMS/Europe intitulée « En finir avec l’attente : repenser les soins de santé mentale » et organisée dans le cadre du projet financé par l’Union européenne « Relever les défis de la santé mentale dans les 27 pays de l’Union européenne, en Islande et en Norvège. » Le projet aide les pays à élargir l’accès à des soins de santé mentale et à des services de prévention de qualité, et encourage la collaboration intersectorielle pour lutter contre le suicide et d’autres problèmes de santé mentale dans la Région.

Cette annonce d'événement a été mise à jour le 10 septembre 2025. Une version précédente indiquait de manière inexacte que le nombre de suicides par an était de 150 000 dans la Région européenne de l’OMS. Selon les dernières estimations de 2021, ce chiffre est de 120 000 par an.
Source https://www.who.int/europe/fr/news-room/events/item/2025/09/12/default-calendar/improving-suicide-prevention-by-enhancing-access-to-care
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