Extraits programme du congres français de Psychiatrie Congrès 2022 – Lille du 30 novembre au 3 décembre
Session S29
Salle : Les Beffrois 4.2B
03/12/2022 - 09:15:00 - 10:45:00
S29 - Médicaments psychotropes et risque suicidaire : entre bénéfices et dangers
Président : Guillaume Vaiva - LilleThème
Thérapeutique
Auteurs
M. Tournier (1, 2), A. Demesmaeker (3), F. Jollant (4, 5, 6, 7, 8)
Adresse des auteurs
(1)
Université de Bordeaux, unité Inserm U1219, BPH, équipe AheaD, Bordeaux
(2) Centre hospitalier Charles Perrens, Bordeaux (3) Centre hospitalier
universitaire de Lille (4) Hôpital Universitaire de Jena, Allemagne (5)
CHU de Nîmes, France (6) GHU Paris psychiatrie et neurosciences, France
(7) Université McGill, Montréal, Canada (8) Équipe MOODS, CESP, Inserm,
Université Paris-Saclay, Le Kremlin-Bicêtre, France
Résumé
Alors
que les troubles psychiatriques et l’état psychiatrique aigu sont des
facteurs de risque suicidaire majeurs, la plupart des traitements
médicamenteux efficaces sur ces troubles et ces symptômes n’ont pas
montré d’efficacité claire sur la prévention de ces actes. Certains sont
même soupçonnés d’en augmenter le risque. Les orateurs feront le point
sur l’impact des médicaments psychotropes sur le risque de conduites
suicidaires à travers la présentation de trois études originales.
Alice Demesmaeker présentera l’impact des médicaments psychotropes sur le risque de récidive suicidaire chez les 972 participants de la cohorte Algos. Il était uniquement retrouvé un accroissement du risque suicidaire associé aux traitements par benzodiazépines anxiolytiques (HR 1,87 ; IC95% 1,25-2,81) et hypnotiques (HR 1,80 ; IC95% 1,17-2,72), sans effet modérateur positif ou négatif pour les autres classes médicamenteuses.
Marie Tournier décrira une étude pharmaco-épidémiologique de cas croisés menée sur la base nationale de l’Assurance maladie française (111 550 patients avec TS et 12 312 victimes de suicide) afin d’évaluer l’association entre benzodiazépines et risque de suicide ou TS. Il est retrouvé un risque accru de délivrance de benzodiazépines dans les 30 jours précédant un suicide ou une hospitalisation pour TS, à la fois chez des patients traités pour un trouble psychiatrique (OR 1,80 (1,65-1,97) et 2,77 (2,69-2,86), respectivement) et chez des personnes qui n’étaient pas identifiées comme souffrant d’un tel trouble (OR 1,45 (1,34-1,57) et 1,74 (1,69-1,78), respectivement).
Fabrice Jollant exposera les résultats d’un essai clinique randomisé, comparant en aveugle à un placebo l’efficacité de la kétamine administrée par voie intraveineuse sur les idées suicidaires, chez 156 patients hospitalisés et ne présentant pas de symptôme psychotique (étude KETIS ; promoteur : CHU de Nîmes ; investigateur principal : Dr M. Abbar). Au 3ème jour, 63% des patients sous kétamine vs 31,6% des patients sous placebo (OR 3,7 (1,9-7,3) p<0.001) sont en rémission totale d’idées suicidaires, un effet qui semble médié par la douleur psychologique. Cet effet positif est particulièrement marqué chez les patients souffrant de trouble bipolaire mais pas de trouble dépressif ou autre. La tolérance à court terme est excellente. Le bénéfice se maintient à 6 semaines.
Cette session soulignera l’importance de revoir nos pratiques cliniques à la lumière de ces nouvelles connaissances.
Alice Demesmaeker présentera l’impact des médicaments psychotropes sur le risque de récidive suicidaire chez les 972 participants de la cohorte Algos. Il était uniquement retrouvé un accroissement du risque suicidaire associé aux traitements par benzodiazépines anxiolytiques (HR 1,87 ; IC95% 1,25-2,81) et hypnotiques (HR 1,80 ; IC95% 1,17-2,72), sans effet modérateur positif ou négatif pour les autres classes médicamenteuses.
Marie Tournier décrira une étude pharmaco-épidémiologique de cas croisés menée sur la base nationale de l’Assurance maladie française (111 550 patients avec TS et 12 312 victimes de suicide) afin d’évaluer l’association entre benzodiazépines et risque de suicide ou TS. Il est retrouvé un risque accru de délivrance de benzodiazépines dans les 30 jours précédant un suicide ou une hospitalisation pour TS, à la fois chez des patients traités pour un trouble psychiatrique (OR 1,80 (1,65-1,97) et 2,77 (2,69-2,86), respectivement) et chez des personnes qui n’étaient pas identifiées comme souffrant d’un tel trouble (OR 1,45 (1,34-1,57) et 1,74 (1,69-1,78), respectivement).
Fabrice Jollant exposera les résultats d’un essai clinique randomisé, comparant en aveugle à un placebo l’efficacité de la kétamine administrée par voie intraveineuse sur les idées suicidaires, chez 156 patients hospitalisés et ne présentant pas de symptôme psychotique (étude KETIS ; promoteur : CHU de Nîmes ; investigateur principal : Dr M. Abbar). Au 3ème jour, 63% des patients sous kétamine vs 31,6% des patients sous placebo (OR 3,7 (1,9-7,3) p<0.001) sont en rémission totale d’idées suicidaires, un effet qui semble médié par la douleur psychologique. Cet effet positif est particulièrement marqué chez les patients souffrant de trouble bipolaire mais pas de trouble dépressif ou autre. La tolérance à court terme est excellente. Le bénéfice se maintient à 6 semaines.
Cette session soulignera l’importance de revoir nos pratiques cliniques à la lumière de ces nouvelles connaissances.
Mots Clés
suicide, tentative de suicide, idées suicidaires, psychotropes, benzodiazépines, kétamine
Références
-
Demesmaeker A, Chazard E, Vaiva G, Amad A. A pharmacoepidemiological
study of the association of suicide reattempt risk with psychotropic
drug exposure. J Psychiatr Res. 2021 Jun;138:256-263.
- Tournier M, Bénard-Laribière A, Jollant F, Hucteau E, Diop PY, Pariente A, Oger E, Bezin J. Risk of suicidal behavior associated with benzodiazepine use: a nationwide case-crossover study. En préparation.
- M Abbar, Ch Demattei, W El-Hage, P-M Llorca, L Samalin, P Demaricourt, R Gaillard, Ph Courtet, G Vaiva, Ph Gorwood, P Fabbro, F Jollant. Ketamine for the acute treatment of severe suicidal ideation: double blind, randomised placebo controlled trial. BMJ 2022.
- Tournier M, Bénard-Laribière A, Jollant F, Hucteau E, Diop PY, Pariente A, Oger E, Bezin J. Risk of suicidal behavior associated with benzodiazepine use: a nationwide case-crossover study. En préparation.
- M Abbar, Ch Demattei, W El-Hage, P-M Llorca, L Samalin, P Demaricourt, R Gaillard, Ph Courtet, G Vaiva, Ph Gorwood, P Fabbro, F Jollant. Ketamine for the acute treatment of severe suicidal ideation: double blind, randomised placebo controlled trial. BMJ 2022.
Déclaration de conflit d'intérêt
Aucun lien d'intérêt à déclarer
***
Session JSIRP6
Salle : Théatre Marie Curie
30/11/2022 - 16:00:00 - 17:00:00
JSIRP6B - Mise en place et description d’un groupe thérapeutique à destination des jeunes à risque de passage à l’acte suicidaire au CHU de Montpellier : le groupe CARES
Orateur : Julie CABROL - MontpellierThème
Enfants et Adolescents / Périnatalité
Auteurs
J.Cabrol (1), A.Goujon (1)
Adresse des auteurs
(1) Hôpital St Eloi, 80 Av Augustin Fliche, 34000 Montpellier
Résumé
La
crise sanitaire a eu un impact sur la santé mentale des jeunes, avec
notamment depuis début 2021, une augmentation des passages aux urgences
pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l'humeur chez
les adolescents de 11-17 ans. Cette augmentation des besoins a
déséquilibré une situation qui était déjà fragile, avec un manque de
place régulier sur les lits d’hospitalisation à temps plein de
pédopsychiatrie. Pour faire face à cette tension, l’équipe de l’Unité de
Consultation, Diagnostic et Soins du MPEA St Eloi (hospitalisation de
jour) a été sollicitée afin de mettre en place rapidement une
intervention ambulatoire spécifique pour cette population de jeunes à
risque de passage à l’acte suicidaire, qui puisse être proposée au
décours du passage aux urgences, ou dès qu’un risque est repéré lors
d’un suivi. Nous avons ainsi mis en place dès Mars 2021 ce programme
d’accompagnement spécifique pour prévenir le passage à l’acte suicidaire
dans cette population à risque, qui réponde à la demande des familles
et des professionnels.
Le programme CARES (Comprendre et Agir sur la Régulation Emotionnelle et les comportements Suicidaires) s’adresse aux jeunes de 12 à 17 ans avec idées suicidaires actives et / ou ayant déjà effectué un geste suicidaire. Il se déroule sur huit séances à raison de deux séances hebdomadaires pendant 4 semaines. Le programme vise à fournir des stratégies pour faire face aux crises émotionnelles et mettre en place des stratégies plus adaptées pour faire face à ces crises. Il s’inspire de différentes approches dont les TCC (restructuration cognitive, résolution de problème), la thérapie dialectique pour la régulation émotionnelle, la tolérance à la détresse émotionnelle, la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) utilisée pour un travail d’activation comportementale, et de l’utilisation du Safety Plan. Ce groupe est animé par des soignants (IDE, psychologue). Les visites de pré-admission sont assurées par une IDE.
Un groupe de guidance parentale spécifique plus espacé (4 séances) a été proposé de façon simultanée afin d’accompagner les parents dans leur ajustement.
Nous proposons ici de détailler le programme destiné aux adolescents qui est en cours d’évaluation.
Le programme CARES (Comprendre et Agir sur la Régulation Emotionnelle et les comportements Suicidaires) s’adresse aux jeunes de 12 à 17 ans avec idées suicidaires actives et / ou ayant déjà effectué un geste suicidaire. Il se déroule sur huit séances à raison de deux séances hebdomadaires pendant 4 semaines. Le programme vise à fournir des stratégies pour faire face aux crises émotionnelles et mettre en place des stratégies plus adaptées pour faire face à ces crises. Il s’inspire de différentes approches dont les TCC (restructuration cognitive, résolution de problème), la thérapie dialectique pour la régulation émotionnelle, la tolérance à la détresse émotionnelle, la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) utilisée pour un travail d’activation comportementale, et de l’utilisation du Safety Plan. Ce groupe est animé par des soignants (IDE, psychologue). Les visites de pré-admission sont assurées par une IDE.
Un groupe de guidance parentale spécifique plus espacé (4 séances) a été proposé de façon simultanée afin d’accompagner les parents dans leur ajustement.
Nous proposons ici de détailler le programme destiné aux adolescents qui est en cours d’évaluation.
Mots Clés
Adolescents, Suicide, Intervention, Programme, Groupe, TCC
Références
Déclaration de conflit d'intérêt
pas de conflits d'intêret
Voir le programme en entier https://congresfrancaispsychiatrie.org/wp-content/uploads/2022/11/Programme-CFP22_web.pdf
