Bordeaux : le centre Abadie fête les cent ans de ses unités pour adolescents suicidaires
Pour les cent ans du centre Abadie, le directeur du CHU, Yann Bubien, et les psychiatres Xavier Pommereau et Manuel Bouvard étaient réunis. © Crédit photo : Gaëlle Richard
Par Gaëlle Richard - g.richard@sudouest.fr
Publié le 30/11/2022 à 11h11
Les unités de ce centre régional de soin à l’enfant et à l’adolescent devraient déménager à l’hôpital Saint-André en 2026
Le centre Abadie fête cent ans de toutes les unités qui le composent. En réalité, le centre bordelais spécialisé dans la prise en charge des adolescents suicidaires a été créé en 1956, il a donc 66 ans. Sous l’autorité du CHU Bordeaux, il est composé de quatre unités elles-mêmes spécialisées dans le soin aux enfants, aux adolescents et aux jeunes adultes selon leur âge et les troubles qu’ils présentent : alimentaires, suicidaires, anxieux. Célébrer ce qui fait l’esprit et les racines du centre était important pour renforcer la cohésion d’équipe avant un déménagement à l’hôpital Saint-André, projet visé pour être effectif en 2026.
À sa création, le centre était destiné aux adultes, il mêlait la neurologie et la psychiatrie. Dans les années 1970, la neurologie intègre le site de Pellegrin, la psychiatrie celui de Charles-Perrens et le centre Jean-Abadie se destine à la médecine dont la médecine psychosomatique. En 1992, le service qui fonde le centre Abadie actuel est créé, c’est la première unité française ouverte dédiée à la prise en charge d’adolescents et jeunes adultes en situation de crise suicidaire.
En 2001, ouvre l’Unité universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Ce qui fonde l’esprit du centre Abadie, selon les professionnels actuels et les anciens dont certains sont venus fêter cet anniversaire, c’est la transversalité entre les différents métiers des 111 professionnels. Chaque année, le centre Abadie reçoit 300 adolescents.
Avis externes
La particularité du centre est de travailler sur le soin en s’appuyant sur les capacités des adolescents, artistiques et sportives. Il a noué des liens avec une multitude d’associations ou structures comme la Rock School Barbey, le Krakatoa, le Musée d’Aquitaine, la Fabrique Pola, le Bassin des Lumières, le CAPC, le Fifib, l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine, le Centre régional des droits de l’enfant, des artistes et des associations. Une partie des bâtiments du centre a été rénovée en 2008 grâce à l’opération Pièces jaunes de Bernadette Chirac mais le centre espère de nouveaux financements pour accueillir dans de meilleures conditions les enfants en souffrance, notamment pour pouvoir rénover l’espace de vie commune.
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Société
Santé mentale des ados : "J'adore vivre", confie Julianne dix ans après sa tentative de suicide
Bordeaux
De France Bleu Gironde
Mardi 29 novembre 2022 à 18:20 Par Arnaud Carré https://www.francebleu.fr*
A 25 ans, cette Bordelaise est une jeune femme épanouie. Le résultat d'un long parcours de soins au sein du centre Jean Abadie. Rencontre.
Julianne a été suivie pendant neuf ans par les équipes du centre Jean Abadie. © Radio France - Arnaud Carré
Sous les tatouages, la cicatrice témoigne encore du passage à l'acte. "Suite à une tentative de suicide à l'âge de 15 ans, je suis arrivée ici en urgence. J'ai suivi mon parcours pendant neuf ans, ce qui est assez long. Ca a été difficile en tant qu'adolescente de se mettre à parler."
D'abord les mots qui ne veulent pas sortir. Puis des débuts de discussion qui s'achèvent souvent par des portes qui claquent. Mais petit à petit, les infirmiers, psychologues, psychiatres, éducateurs, diététiciennes, profs de sport, aident Julianne à se reconstruire et à sortir "de ce long tunnel". Avec comme point commun, la parole. Au cœur du travail des équipes du centre Jean Abadie de Bordeaux.
"Parler, c'est la clé, explique Julianne. Je pense qu'à l'époque on ne parlait pas autant de la santé mentale qu'aujourd'hui. Grâce aux réseaux sociaux, je pense que les jeunes ont plus conscience de ça. Mais il faut vraiment parler et consulter dès le début."
le docteur Xavier Pommereau ( gauche) a créé il y a 30 ans une unité ouverte pour les enfants suicidaires, une première en France. © Radio France - Arnaud Carré
La jeune femme a repris ses études, s'est installée à Toulouse et depuis un an, elle se dit complètement guérie. " Ca me fait beaucoup rire mais on dit souvent de moi que je suis une amoureuse de la vie. Je le pense. Aujourd'hui j'adore vivre. Si c'était à refaire, je le referai parce ce que c'est ce qui m'a aussi amenée à être ce que je suis aujourd'hui ."
Julianne est aujourd'hui prof de danse et avoue faire très attention. Au cas où une de ses jeunes élèves voudrait comme elle entrer dans le tunnel.
Arnaud Carré France Bleu Gironde
https://www.francebleu.fr/infos/societe/sante-mentale-des-ados-j-adore-vivre-confie-julianne-dix-ans-apres-sa-tentative-de-suicide-4295843