Publié le 10/12/2022 https://www.jim.fr/*
En Australie comme ailleurs, la Covid-19 a mis à rude épreuve les
professionnels de santé. Afin d’apprécier l’impact de cette crise
sanitaire sur la psychopathologie des « travailleurs de la santé »
qui, à l’instar des cordonniers, seraient parfois « les plus mal
chaussés », une étude réalisée à Melbourne s’est efforcée d’évaluer
« la prévalence et les prédicteurs des pensées suicidaires ou
d’automutilation » chez ces professionnels durant cette pandémie et
« la recherche d’aide » éventuelle, en cas de telles pensées
suicidaires ou d’automutilation.
Surtout, cette enquête met en évidence un phénomène préoccupant car seulement moins de la moitié (environ 47 %) des professionnels de santé concernés par ce risque de dépression ou d’automutilation recherchent une aide et un soutien médical ou psychologique. Toutefois, cette aide est plus volontiers acceptée par les plus jeunes (moins de 30 ans : OR = 1,78 ; IC : 1,13–2,82) ou les sujets avec des antécédents psychiatriques (OR = 4,47 ; IC : 3,25–6,14). Cette étude souligne ainsi deux aspects inquiétants : un professionnel de santé sur dix en Australie a éprouvé des pensées suicidaires ou autodestructrices pendant la pandémie, mais « la plupart des intéressés n’ont pas recherché une aide. Les auteurs préconisent donc une action forte et soutenue pour protéger la sécurité des personnels concernés et leur « fournir en urgence un soutien significatif.
[1] https://supervisorconnect.med.monash.edu/projects/australian-covid-19-frontline-health-workers-study-understanding-psychosocial-effects-covid
Un professionnel de santé sur 10 en Australie
En s’appuyant sur des données de l’Australian COVID-19
Frontline Healthcare Workers Study (étude australienne sur les
travailleurs de santé en première ligne durant la COVID-19, cf. le
site de l’Université Monash[1]), les auteurs ont effectué une
enquête en ligne auprès de 7 795 professionnels de santé, lors de
la deuxième vague de Covid-19 en Australie. Reflet de la
prédominance féminine dans le personnel de santé en Australie où 85
% du personnel de l’aide sociale et 75 % des praticiens sont des
femmes, la plupart des participants sont des femmes (n = 6 300,
soit environ 81 %). On constate que 10,5 % des participants ont eu
des pensées suicidaires ou autodestructrices sur une période de
deux semaines.
Et sans surprise, les professionnels de santé ayant éprouvé ce
type de pensées ont connu des taux plus élevés de dépression,
d’anxiété, de trouble de stress post-traumatique ou d’épuisement
professionnel que leurs pairs. Les risques de suicide ou de pensées
autodestructrices se révèlent les plus élevés chez les personnes
ayant des amis ou de la famille infectés par la Covid-19
(Odds Ratio OR = 1,24 ; intervalle de confiance à 95 % IC :
1,06–1,47), chez les sujets « vivant seuls » (OR = 1,32 ; IC :
1,06–1,64), chez les jeunes de moins de 30 ans (comparativement aux
plus de 50 ans : OR = 1,7 ; IC : 1,36–2,13), chez les hommes
(relativement aux femmes : OR = 1,81 ; IC : 1,49–2,20), chez ceux
ayant une consommation d’alcool élevée (OR = 1,58 ; IC :
1,35–1,86), une mauvaise santé physique (OR = 1,62 ; IC :
1,36–1,92), une inquiétude accrue quant à leurs revenus (OR = 1,81
; IC : 1,54–2,12), ou des antécédents de maladie mentale (OR = 3,27
; IC 2,80–3,82). À l’inverse, on observe que le fait d’avoir des
enfants à charge constitue un facteur protecteur du risque de
pensées suicidaires ou d’automutilation (OR = 0,75 ; IC :
0,61–0,92).
Et moins de la moitié ont demandé de l’aide
Surtout, cette enquête met en évidence un phénomène préoccupant car seulement moins de la moitié (environ 47 %) des professionnels de santé concernés par ce risque de dépression ou d’automutilation recherchent une aide et un soutien médical ou psychologique. Toutefois, cette aide est plus volontiers acceptée par les plus jeunes (moins de 30 ans : OR = 1,78 ; IC : 1,13–2,82) ou les sujets avec des antécédents psychiatriques (OR = 4,47 ; IC : 3,25–6,14). Cette étude souligne ainsi deux aspects inquiétants : un professionnel de santé sur dix en Australie a éprouvé des pensées suicidaires ou autodestructrices pendant la pandémie, mais « la plupart des intéressés n’ont pas recherché une aide. Les auteurs préconisent donc une action forte et soutenue pour protéger la sécurité des personnels concernés et leur « fournir en urgence un soutien significatif.
[1] https://supervisorconnect.med.monash.edu/projects/australian-covid-19-frontline-health-workers-study-understanding-psychosocial-effects-covid
Dr Alain Cohen