La santé mentale des enfants : un enjeu de société pour développer le bien-être des enfants
Mardi 16 Novembre 2021 https://www.defenseurdesdroits.fr/*
A l’occasion du 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, la Défenseure des droits, Claire Hédon, et son adjoint Défenseur des enfants, Eric Delemar, rendent public ce jour leur rapport annuel consacré aux droits de l’enfant : Santé mentale des enfants : le droit au bien-être.
Le défaut de prise en charge des troubles de santé mentale et les manquements aux droits qui en découlent constituent une entrave au bon développement de l’enfant et à son intérêt supérieur, que deux années de vagues épidémiques ont contribué à aggraver.
La Défenseure des droits appelle à prendre la pleine mesure de l’enjeu décisif que représente la bonne santé mentale des enfants et à agir urgemment pour sortir des approches fragmentaires et strictement sanitaires. Elle souhaite que la santé mentale soit appréhendée dans sa globalité, conformément à l’approche retenue par l’OMS, en lien avec la santé physique et avec l’environnement dans lequel évolue l’enfant, comme l’environnement familial et scolaire, les relations affectives, les conditions de vie, les réseaux sociaux, etc.
Les nombreuses saisines traitées par l’institution soulignent de manière récurrente le manque de professionnels du soin et de structures adaptées, mais aussi la difficulté pour les professionnels d’avoir une approche globale de la situation d’un enfant. L’insuffisante prise en compte du bien-être de l’enfant, notamment dans le cadre de la scolarité avec, par exemple les situations de harcèlement, empêche les enfants d’accéder pleinement à leur droit à l’éducation.
Il faut donc répondre aux insuffisances dont souffre le secteur de la santé mentale, notamment dans ses aspects spécifiques touchant aux soins en pédopsychiatrie, en investissant massivement pour développer les offres de prise en charge et d’accompagnement, les propositions de suivi, les lieux d’écoute.
L’intérêt supérieur de l’enfant, consacré par la Convention internationale des droits de l’enfant, impose une prise en charge précoce et rapide du bien-être de l’enfant.
C’est pourquoi, la Défenseure des droits et le Défenseur des enfants demandent au gouvernement de considérer la santé mentale des enfants comme une priorité des politiques publiques et formulent 29 recommandations à destination des pouvoirs publics dans lesquelles ils soulignent, par exemple, l’urgence à agir pour développer des dispositifs d’accueil des jeunes enfants, l’accompagnement à la parentalité, les moyens accordés au réseau de la PMI sur le territoire, et la formation aux droits contre le harcèlement scolaire.
CP - Défenseur des droits - Rapport sur la santé mentale des enfants
Synthèse du rapport
Article sur le sujet
La santé mentale des jeunes mise en péril par la crise sanitaire
Paris - La Défenseure des droits Claire Hédon alerte mercredi sur l'état de la santé mentale des jeunes mise à mal par la crise sanitaire, avec une augmentation des troubles dépressifs et une insuffisante prise en charge psychiatrique, dans son rapport annuel sur les droits de l'enfant.
La Défenseure des droits Claire Hédon alerte sur l'état de la santé mentale des jeunes mise à mal par la crise sanitaire, avec une augmentation des troubles dépressifs et une insuffisante prise en charge psychiatrique afp.com/Olivier DOULIERY
Par AFP
Publié le 17/11/2021 https://www.lexpress.fr/*
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Troubles anxieux, phobies sociales... L'état de la santé mentale des jeunes mise à mal par la crise sanitaire
Troubles anxieux, phobies sociales... L'état de la santé mentale des jeunes mise à mal par la crise sanitaire AFP - DENIS LOVROVIC / Archives
Publié le 17/11/2021 https://www.ladepeche.fr/*
l'essentiel Dans son rapport annuel sur les droits de l'enfant, la Défenseure des droits alerte ce mercredi sur l'état de la santé mentale des jeunes mis à mal par la crise sanitaire.
La Défenseure des droits Claire Hédon alerte mercredi 17 novembre sur l'état de la santé mentale des jeunes mis à mal par la crise sanitaire, avec une augmentation des troubles dépressifs et une insuffisante prise en charge psychiatrique, dans son rapport annuel sur les droits de l'enfant.
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"Il a été démontré que le premier confinement a conduit à une hausse générale des syndromes dépressifs et même à un doublement chez les 15-24 ans (10% d'entre eux présentaient un syndrome dépressif en 2019, contre plus de 20% en 2020)", relève-t-on dans ce rapport qui constate une hausse des "troubles anxieux" et "phobies sociales".
Publié à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, le 20 novembre, le rapport s'appuie sur les réclamations reçues par le Défenseur des droits (3000 chaque année), ainsi que la consultation d'enfants et de professionnels (médecins et infirmières scolaires, enseignants et éducateurs, psychiatres, pédiatres...).
La fermeture des établissements scolaires et l'enseignement à distance ont aggravé "les risques d'addiction" aux écrans, a relevé le Défenseur des Enfants Eric Delemar lors d'une conférence de presse mardi. Les professionnels "nous ont interpellés sur les difficultés des rythmes circadiens, des troubles alimentaires, du sommeil des enfants, qui étaient épuisés dans les écoles, qui souffrent de problèmes d'attention. Les professeurs ont du mal à les mobiliser sur des projets", a-t-il poursuivi.
Priorité publique
"Les demandes de consultations en pédopsychiatrie ont augmenté, les retards ont augmenté", a déclaré Mme Hédon aux journalistes, jugeant que la santé mentale de l'enfant devait devenir une "priorité publique". "Tout le monde de la pédopsychiatrie alerte sur le manque de moyens, on ne peut pas avoir six mois ou un an de délai d'attente pour avoir rendez-vous avec un psy", relève Mme Hédon, soulignant le manque de pédopsychiatres, de psychologues dans les Centres médico-psychologiques (CMP) et les centres médicaux psycho-pédagogiques" (CMPP), qui permettent une prise en charge publique.
Or "une prise en charge très rapide d'un enfant en situation difficile" peut résoudre les difficultés "en quelques séances", alors que "si on laisse traîner", les conséquences peuvent être graves sur le long terme, y compris "à l'âge adulte", relève-t-elle, réclamant une "étude longitudinale sur les effets à long terme de la crise sanitaire sur la santé mentale" des jeunes.
"La santé mentale est une des conditions de l'apprentissage et de la réussite scolaire", souligne Claire Hédon, prévenant qu'"un enfant qui ne va pas bien deviendra un adulte qui va mal" et qui vivra dans "une société qui va mal".
La rédaction avec AFP
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Santé mentale : un rapport demande l'interdiction de mélanger adultes et enfants en psychiatrie
Bérangère Lepetit
17/11/21 Aujourd'hui en France (site web)
C'est une pratique préoccupante et méconnue du grand public, pourtant en vigueur depuis des années dans le milieu hospitalier.Faute de lits suffisants dans les services de pédopsychiatrie- voire en leur absence dans certains départements - certains mineurs peuvent parfois être accueillis dans les unités destinées aux adultes. Une situation qui, en plus de mettre mal à l'aise enfants et adolescents vulnérables, peut aussi leur faire courir des risques. « Il y a urgence à agir ! » alerte la Défenseure des droits, Claire Hédon qui publie ce mercredi son rapport annuel coécrit pendant un an avec Éric Delemar, le Défenseur des enfants.
À l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, qui se tient samedi 20 novembre, ils émettent vingt-neuf recommandations dans ce document intitulé « Santé mentale des enfants : le droit au bien-être ». Avec pour objectif d'alerter les pouvoirs publics sur le manque de moyens alloués à la pédopsychiatrie en France, le nombre insuffisant de structures de soin mais aussi la nécessité d'une meilleure prévention en milieu scolaire.
Des services submergés
En bonne place, figure donc cette mesure : « La Défenseure des droits recommande au ministre de la Justice, garde des Sceaux, et au ministre des Solidarités et de la Santé de proposer l'inclusion dans la loi de l'interdiction d'accueil d'un mineur en unité psychiatrique pour adulte. » Une requête liée aux saisines effectuées ces dernières années auprès des Défenseurs des droits et des enfants à ce sujet, mais aussi une demande portée depuis longtemps par les soignants. « Il y a quelques mois, nous avons été alertés à la suite de l'agression sexuelle d'une enfant de 13 ans dans un service psychiatrique», rapporte ainsi Éric Delemar.
« La crise sanitaire a été un révélateur de difficultésqui existaient depuis des années, met en garde Claire Hédon qui estime à 25 le nombre de départements dépourvus de lits spécifiques en pédopsychiatrie. Mais même dans ceux qui en sont dotés, parfois, il y a embouteillage dans la prise en charge. Or, s'occuper de la santé mentale de l'enfant, c'est aussi s'occuper de son avenir d'adulte épanoui et d'une société qui va mieux. »
« Ne dramatisons pas non plus la situation, tempère Viviane Kovess-Masfety, psychiatre et épidémiologiste. Quand il n'y a pas assez de place en pédopsychiatrie, les enfants vont en pédiatrie. Il ne faut pas croire qu'on met des fillettes de 5 ans avec des grands schizophrènes. Le problème vient aussi du fait qu'on envoie en psychiatrie des enfants confrontés à des troubles psychologiques de base comme des problèmes d'éducation. Résultat : ces services sont submergés. »
Renforcer la médecine scolaire
« Depuis 30 ans, il est compliqué de faire hospitaliser les mineurs en psychiatrie car ce qui a été privilégié historiquement c'est le soin ambulatoire, pour que l'enfant puisse rejoindre ses parents le soir. Or, quand la souffrance est trop grande ou le trouble trop important, le séjour long est nécessaire. Les moyens manquent cruellement, comme en psychiatrie en général », déplore Christine Barois, pédopsychiatre. Reste une question. « Quelle est la solution alternative ? Quand l'ado est violent et qu'il n'y a de places que dans les services pour adultes, on fait quoi ? On le laisse chez ses parents ? » interroge-t-elle, dubitative.
Dans leur rapport, Claire Hédon et Éric Delemar insistent aussi sur la prévention à renforcer en France, à la nécessité de faire « de la médecine scolaire et du service social aux élèves une véritable priorité » ou « à permettre à chaque enfant scolarisé d'accéder à des activités permettant le développement de ses compétences psychosociales ».
« Il y a des mesures concrètes à mettre en place, notamment à l'école, pour lutter contre les questions de harcèlement, avec les modules dédiés à l'éducation aux droitsqui permettent de libérer la parole, de susciter des prises de conscience », poursuit Claire Hédon. Chaque année, ce sont 3 000 saisines que reçoit le Défenseur des droits concernant les atteintes aux droits des enfants, et, alerte-t-il, « nombreuses sont celles qui concernent la santé mentale ».
Cet article est paru dans Aujourd'hui en France (site web)
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Covid-19 : les méfaits de la crise sanitaire sur la santé mentale des jeunes
Un rapport souligne que l’état de la santé mentale des enfants a été mis à mal par les effets de la pandémie, avec une augmentation des troubles dépressifs et une insuffisante prise en charge psychiatrique.
Le Monde avec AFP Publié le 17 novembre 2021 https://www.lemonde.fr/*
Dans son rapport annuel sur les droits de l’enfant, la Défenseure des droits, Claire Hédon, alerte, mercredi 17 novembre, sur les conséquences néfastes de la crise sanitaire sur l’état de la santé mentale des jeunes.
« Il a été démontré que le premier confinement a conduit à une hausse générale des syndromes dépressifs et même à un doublement chez les 15-24 ans (10 % d’entre eux présentaient un syndrome dépressif en 2019, contre plus de 20 % en 2020) », relève ce rapport qui constate une hausse des « troubles anxieux » et des « phobies sociales ».
Publié à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre, le rapport s’appuie sur les réclamations reçues par la Défenseure des droits (3 000 chaque année), ainsi que la consultation d’enfants et de professionnels (médecins et infirmières scolaires, enseignants et éducateurs, psychiatres, pédiatres…). Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Covid-19 et santé mentale : « Beaucoup de jeunes enfants ne dorment plus, pleurent beaucoup, s’alimentent mal »
La fermeture des établissements scolaires et l’enseignement à distance ont aggravé « les risques d’addiction » aux écrans, a relevé le Défenseur des enfants, Eric Delemar, lors d’une conférence de presse, mardi. Les professionnels « nous ont interpellés sur les difficultés des rythmes circadiens, des troubles alimentaires, du sommeil des enfants, qui étaient épuisés dans les écoles, qui souffrent de problèmes d’attention. Les professeurs ont du mal à les mobiliser sur des projets », a-t-il poursuivi.
Priorité publique
« Les demandes de consultations en pédopsychiatrie ont augmenté, les retards ont augmenté », a expliqué Mme Hédon, jugeant que la santé mentale de l’enfant devait devenir une « priorité publique ».
« Tout le monde de la pédopsychiatrie alerte sur le manque de moyens, on ne peut pas avoir six mois ou un an de délai d’attente pour avoir rendez-vous avec un psy », relève Mme Hédon, soulignant le manque de pédopsychiatres, de psychologues dans les centres médico-psychologiques (CMP) et les centres médicaux psycho-pédagogiques (CMPP), qui permettent une prise en charge publique. Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Confinés ou déconfinés, les enfants victimes invisibles de la pandémie »
Or « une prise en charge très rapide d’un enfant en situation difficile » peut résoudre les difficultés « en quelques séances », alors que « si on laisse traîner » les conséquences peuvent être graves sur le long terme, y compris « à l’âge adulte », relève-t-elle, réclamant une « étude longitudinale sur les effets à long terme de la crise sanitaire sur la santé mentale » des jeunes.
« La santé mentale est une des conditions de l’apprentissage et de la réussite scolaire », souligne Mme Hédon, prévenant qu’« un enfant qui ne va pas bien deviendra un adulte qui va mal » et qui vivra dans « une société qui va mal ».
Vingt-neuf recommandations
Les enfants et jeunes ont eu l’impression de ne pas être écoutés ni consultés pendant cette crise sanitaire, a observé le Défenseur des enfants. « Ils retournaient au lycée pour passer des évaluations, mais quand il s’agissait d’apprendre ils étaient seuls à la maison, livrés à eux-mêmes », a-t-il observé, remarquant que nombre d’entre eux n’envisageaient plus de poursuivre leurs études. Lire aussi Article réservé à nos abonnés A l’hôpital Robert-Debré, l’« explosion » des troubles psychiques chez les enfants
Les collégiens se sont plaints que « tout était axé sur les gestes barrières » et « se faisaient disputer quand le masque était mal mis ». « Cette pression a éloigné les enfants des apprentissages. »
Quant à se faire soigner, c’est impossible pour un enfant si ses parents n’en ont pas l’initiative, a-t-il dit, regrettant le manque d’espace de parole pour les enfants.
Sur le harcèlement scolaire également, source de nombreuses réclamations auprès de la Défenseure des droits, les enfants ne sont pas assez écoutés : « Ce qui nous frappe à chaque fois, c’est le temps de réaction de l’institution scolaire pour réagir. On n’a pas su écouter l’enfant à temps, au bon moment, on s’étonne qu’il n’ait pas parlé, mais qu’est-ce qu’on a prévu pour recueillir la parole de l’enfant ? », déplore Mme Hédon.
Le rapport fait vingt-neuf recommandations plus générales, comme permettre à chaque enfant d’accéder à des dispositifs d’accueil du jeune enfant, développer le « soutien à la parentalité », ouvrir des « maisons des adolescents » dans chaque département.
Lire aussi Article réservé à nos abonnés Covid-19 : « Une politique coordonnée est nécessaire pour réparer les conséquences des confinements sur les enfants »
Le Monde avec AFP
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/17/covid-19-les-mefaits-de-la-crise-sanitaire-sur-la-sante-mentale-des-jeunes_6102364_3244.html