vendredi 28 juillet 2017

PRESSE La psychothérapie tient ses états généraux à Paris

La psychothérapie tient ses états généraux à Paris
Marie Boëton, le 24/07/2017 *la-croix.com*

Le 8e Congrès mondial de psychothérapie se déroule à partir du 24 juillet à Paris, au siège de l’Unesco. Si la figure du « psy » s’est banalisée dans l’opinion française, les personnes souffrant de dépression consultent encore peu.

La « prise en charge thérapeutique des migrants », la « e-thérapie », « le traumatisme environnemental », voici quelques-uns des thèmes figurant en bonne place au programme du 8e Congrès mondial de psychothérapie qui s’ouvre le 24 juillet à Paris. Objectif de ce colloque : l’échange de bonnes pratiques, la création de groupes de travail thématiques et, à terme, l’élaboration d’une charte éthique reconnue dans le monde entier.

Après Durban (Afrique du Sud) il y a trois ans, les psychothérapeutes convergent cette fois vers Paris. L’occasion de faire un état des lieux de la psychothérapie en France. « La figure du "psy" s’est banalisée chez nous. Avant, aller chez le psy, c’était être fou. Ça, c’est totalement dépassé », assure Pierre Canouï, pédopsychiatre et président de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P).
Les psys sont partout

En France, les psys sont en effet partout : dans les crèches, à l’école, au travail. Plus un drame ne se produit sans qu’une cellule psychologique ne soit immédiatement mise en place. On estime entre 10 et 15 % la part des Français ayant déjà consulté, les femmes étant deux fois plus nombreuses que les hommes à avoir suivi une thérapie.

L’image du "psy" dans l’opinion a évolué, notamment du fait de la diversification des prises en charge avec, notamment, une montée en puissance des thérapies cognitives et comportementales. « Les thérapies courtes ont séduit un public qui, auparavant, ne se serait jamais engagé en analyse », décrypte le spécialiste. Et ce, par crainte de devoir s’engager dans un travail au long cours. « Mais aussi du fait de l’image dont pâtit l’analyse, renchérit Pierre Canouï. Elle est perçue comme étant réservée à une certaine élite. »
Le coût reste un obstacle

Banalisée, la psychothérapie s’est-elle pour autant démocratisée ? Pas sûr. La prise en charge de la dépression reste l’apanage des médecins généralistes, loin devant les psychiatres et les psychothérapeutes. Dans ce contexte, la réponse pharmacologique précède, de loin, la thérapie par la parole. En cause : le non-remboursement des consultations, les délais d’obtention des rendez-vous (en centre médico-psychologique, notamment) et, enfin, la réticence des patients à suivre une psychothérapie. Tels sont en tout cas les trois principaux freins recensés par une étude de la DREES en 2012.

« Le coût de la séance, autour de 60 €, constitue un véritable obstacle, insiste Xavier Briffault, chercheur au CNRS et auteur de La Santé mentale. Aujourd’hui, la psychothérapie s’adresse, de fait, aux classes sociales supérieures. » À l’entendre, il est urgent de proposer des séances gratuites, y compris en cabinet libéral, à certains publics cibles, à commencer par les personnes ayant fait une tentative de suicide.

Une expérimentation pour rembourser les consultations aux jeunes « en souffrance psychique »

L’idée fait son chemin. Une expérimentation, votée dans le dernier projet de loi de financement de la sécurité sociale, permet ainsi aux jeunes en souffrance psychique (de 6 à 22 ans) de consulter un psychologue en cabinet libéral tout en bénéficiant d’une prise en charge de la sécurité sociale. Et ce dans la limite de dix séances.
Marie Boëton
http://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sante/psychotherapie-tient-etats-generaux-Paris-2017-07-24-1200865014