mardi 30 septembre 2025

Point Recherche Vers une nouvelle approche dynamique de l’évaluation du risque suicidaire

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Point Recherche

Vers une nouvelle approche dynamique de l’évaluation du risque suicidaire

Publié le 22 septembre 2025

Aiste Lengvenyte, Praticien Hospitalier au Département d’Urgence et Post-Urgence Psychiatrique au CHU Montpellier, membre de l’alliance FondaMental.  

Philippe Courtet, Professeur de Psychiatrie, Université Montpellier, Responsable de la Chaire de Prévention du suicide de la Fondation Fondamental. 

Les limites des évaluations « statiques » 

Les méthodes traditionnelles d’évaluation du risque suicidaire reposent majoritairement sur des facteurs dits « statiques » : antécédents de tentative, diagnostic psychiatrique, sexe, âge. Ces éléments permettent d’estimer un danger à long terme, mais restent aveugles face aux fluctuations rapides qui peuvent précéder une tentative de suicide. Or, dans certains cas, le risque peut évoluer en quelques heures. C’est pourquoi nous proposons dans cet article de considérer le suicide non pas comme un événement soudain et isolé, mais comme le résultat d’un processus dynamique, un système complexe, en déséquilibre progressif, qui envoie des signaux avant-coureurs mesurables. 

Détecter les signaux faibles en temps réel  

Pour repérer ces signaux précoces, la recherche s’oriente vers des outils de suivi en temps réel : questionnaires envoyés plusieurs fois par jour sur smartphone, capteurs connectés mesurant le sommeil, le rythme cardiaque ou l’activité physique, et même extraction automatisée de données contenues dans les dossiers médicaux. Ces données, parfois enrichies d’analyses biologiques (cortisol, cytokines, marqueurs de plasticité cérébrale), peuvent ensuite être traitées par des algorithmes d’intelligence artificielle capables d’identifier des motifs imperceptibles à l’œil nu. Les premiers résultats sont prometteurs : ces modèles surpassent souvent les évaluations cliniques classiques. Ils ne sont pour le moment pas encore prêts pour une utilisation clinique mais leur développement est rapide.  

Le cadre de la théorie des systèmes dynamiques 

La théorie des systèmes dynamiques nous permet de mieux comprendre comment le risque suicidaire évolue. À l’approche d’un « point critique », le système perd sa capacité à revenir rapidement à un état d’équilibre après un stress. C’est le signe d’une diminution de la résilience, c’est-à-dire de la capacité de l’individu à faire face à cet évènement stressant. Concrètement, cela se manifeste par une plus grande instabilité émotionnelle, des idées suicidaires plus variables, des troubles du sommeil ou encore des difficultés d’attention. Certaines variations biologiques suivent la même logique, notamment une hausse du cortisol (hormone associée au stress) ou des marqueurs inflammatoires. Ces signes indiquent que le stress et le système immunitaire interagissent, ce qui affaiblir encore davantage une personne déjà vulnérable.  

Des interventions « just-in-time » 

En intégrant ces indicateurs psychologiques, physiologiques et biologiques en temps réel, il devient possible d’imaginer des interventions dites « just-in-time » (juste à temps) : un message de soutien, une téléconsultation ou un ajustement de traitement déclenchés précisément au moment où le risque s’élève. Cette approche permettrait une prise en charge plus réactive, en évitant des hospitalisations inutiles et en concentrant les ressources sur les périodes critiques. À terme, le suivi du risque suicidaire pourrait ressembler à la surveillance glycémique dans le diabète : régulier, personnalisé, et préventif. 

Défis et perspectives 

Cette approche soulève toutefois plusieurs défis : la fatigue chez les patients induite par la saisie fréquente de données, la protection de la vie privée, la transparence des algorithmes, et surtout la responsabilité éthique d’intervenir rapidement en cas de détection d’un danger imminent. Des études à grande échelle seront nécessaires pour valider ces outils et les intégrer de manière pragmatique dans les parcours de soins. 

En remplaçant une vision figée du risque par une compréhension dynamique, cette approche ouvre la voie à une prévention plus fine, plus personnalisée, et potentiellement salvatrice. Repérer plus tôt les trajectoires à risque, adapter les soins en continu, et au final, sauver des vies. 

 

LA CRISE SUICIDAIRE GUIDE POUR LES MEMBRES DE L'ENTOURAGE

 A l’occasion de la journée internationale de prévention du suicide, le GH_FondationVallée_PaulGuiraud met à disposition un guide pour les membres de l’entourage.
👉 Consultez ce guide 👇 et sur le site Internet : https://lnkd.in/eMXEZ3DA

https://www.gh-paulguiraud.fr/sites/default/files/2025-07/FVPG-guide%20crise%20suicidaire-page%20a%20page.pdf 

 



Vers un premier plan national de prévention du suicide au Cambodge

Vers un premier plan national de prévention du suicide au Cambodge

Le Cambodge prépare son premier plan d’action multisectoriel de prévention du suicide, à la suite d’un atelier national réunissant plus de 230 participants issus de tous les secteurs.
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 25 septembre 2025

Début 2025, le ministère de la Santé du Cambodge, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’initiative LIVE LIFE, a organisé à Phnom Penh un atelier de deux jours consacré pour la première fois à l’analyse de la situation du suicide dans le pays. Plus de 230 représentants des 25 provinces y ont participé, incluant autorités publiques, société civile, secteur éducatif, partenaires internationaux et religieux.

L’ouverture de l’atelier par le ministre de la Santé, le professeur Chheang Ra, en présence de plus de 100 responsables gouvernementaux, a marqué un engagement politique fort. Les discussions ont été guidées par le Département de la santé mentale et de la lutte contre les addictions, avec l’appui de l’OMS.
Facteurs de risque et expériences vécues

À partir du cadre LIVE LIFE, les participants ont identifié plusieurs facteurs de risque : faiblesse des services de santé mentale en zones rurales, traumatismes intergénérationnels, stigmatisation, ainsi que l’accès aux pesticides et aux médicaments.

Des survivants du régime khmer rouge ont témoigné des effets durables des traumatismes de guerre sur le comportement suicidaire. De leur côté, les jeunes générations sont confrontées à d’autres vulnérabilités, notamment la violence et la précarité économique.

Kesor, une étudiante venue seule de sa province, a partagé son expérience : « Je ne voulais pas être un fardeau pour ma famille… Il y a eu un moment où j’ai pensé à mettre fin à ma vie ». Soutenue par un conseiller en santé mentale, elle a progressivement retrouvé confiance et équilibre : « J’ai commencé à comprendre ce que je traversais… Je pouvais de nouveau manger, sortir et suivre mes cours ».

Les discussions ont aussi souligné l’importance des réseaux familiaux et religieux, en particulier le rôle des moines bouddhistes et des leaders spirituels, comme relais de confiance pour réduire la stigmatisation.
Un plan d’action multisectoriel en préparation

Les échanges ont posé les bases du premier plan national de prévention du suicide. Un groupe de travail interministériel finalise actuellement ce document, qui prévoit plusieurs mesures clés : limiter l’accès aux moyens létaux, engager les médias, développer les compétences psychosociales chez les adolescents et renforcer les réponses des services de santé et des communautés.

Pour le Dr Chhit Sophal, directeur du Département de la santé mentale et de la lutte contre les addictions : « Ce plan d’action multisectoriel fondé sur le programme LIVE LIFE est une avancée majeure pour le Cambodge et constituera le socle de la prévention du suicide pour les années à venir ».

Cette démarche illustre un changement de paradigme : au-delà du traitement médical, il s’agit d’intégrer les réalités sociales, économiques et culturelles pour bâtir des solutions de santé mentale enracinées dans l’expérience vécue des populations. 

https://lepetitjournal.com/cambodge/vers-un-premier-plan-national-de-prevention-du-suicide-au-cambodge-422665

REPLAY · C’EST LE MOMENT · 10/09/2025

 REPLAY · C’EST LE MOMENT · 10/09/2025


Le 10 septembre DERNIER, le 3114 A ORGANISÉ SON PREMIER événement au Théâtre Sébastopol de Lille : « C’est le moment ».

« C’est le moment », c’était une soirée originale où il était question de libération de la parole, de témoignages, de sensibilisation autour d’un sujet encore très tabou dans notre société.

En cette année où la santé mentale est la Grande Cause nationale, le sujet du suicide et de sa prévention est essentiel et nous concerne toutes et tous.

Vous pouvez retrouver le replay de la soirée sur la chaîne Youtube du 3114 ou ci-dessous !

   

  https://3114.fr/actualite/cest-le-moment/

RECHERCHE : HOPAIR : pair-aidance et Hope Box pour prévenir le suicide

Extraits de l'article  Prévenir le suicide et mieux comprendre les psychoses débutantes : deux projets de recherche innovants en psychiatrie

Mis en ligne le 10 septembre 2025 https://www.ch-le-vinatier.fr/actualites-23/*

une étude sur la prévention du suicide par la pair-aidance et la Hope Box, . Des avancées clés pour la psychiatrie, la santé mentale et la santé publique.


  L’édition 2024 des Projets de Recherche Vinatier a retenu neuf initiatives portées par les équipes de l’hôpital Le Vinatier – Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole. Ce programme encourage les idées innovantes pour améliorer la prise en charge psychiatrique, la prévention et la recherche clinique.

Parmi ces projets, deux se distinguent en s’attaquant à une fenêtre de vulnérabilité précoce, c’est-à-dire des moments où l’intervention peut avoir un impact décisif :

  • HOPAIR soutient les personnes suicidantes durant leur hospitalisation en unité de courte hospitalisation pour mieux préparer leur sortie.
  • BIND cible les premiers épisodes psychotiques, une phase clé pour limiter l’aggravation des troubles et favoriser le rétablissement.

→Projets de recherche Vinatier « nouvelles approches thérapeutiques » 

HOPAIR : pair-aidance et Hope Box pour prévenir le suicide

Le projet HOPAIR est mené par Tamara Vernet (IPA) au Vinatier (centre de prévention du suicide) et Priscilla Evo à l’Hôpital Édouard Herriot. Il cible un enjeu majeur : la prévention du suicide.

Chaque année, près de 200 000 tentatives de suicide sont recensées en France. Les premiers jours d’hospitalisation et la sortie sont une période à haut risque de réitération.

La Hope Box : un outil concret

La Hope Box est une boîte personnelle dans laquelle les personnes concernées peuvent placer des objets, photos, écrits ou souvenirs porteurs de sens et révélateurs de ses raisons de vivre. Il s’agit d’un outil pratique mobilisant les cinq sens et les stratégies de coping des personnes en cas de crise. Ainsi, la boite permet de se reconnecter à ce qui est précieux, rassurant ou inspirant dans sa vie pour maintenir l’espoir.

→Pour en savoir plus sur la prévention du suicide au Vinatier  

La pair-aidance : l’expérience et l’expertise au service des soins

Les médiateurs de santé pair sont des professionnels ayant vécu des troubles psychiques. Ils sont formés pour accompagner et soutenir les personnes concernées en partageant leur expérience de rétablissement. Ces pairs renforcent l’engagement dans les soins, la connectivité et suscitent l’espoir.

Une intervention combinée et prometteuse

Le projet HOPAIR teste l’association de ces deux approches. L’objectif : mesurer la faisabilité et l’impact à trois mois sur l’intensité du désespoir, le sentiment d’efficacité personnelle et les raisons de vivre des personnes concernées.

→En cas d’idées suicidaires, contactez le 3114 

https://www.ch-le-vinatier.fr/actualites-23/prevenir-le-suicide-et-mieux-comprendre-les-psychoses-debutantes-deux-projets-de-recherche-innovants-en-psychiatrie-1418.html?no_cache=1&cHash=65db3f137ea010bf07c8538a6c58ec3c 

OMS EUROPE Améliorer la prévention du suicide en renforçant l’accès aux soins

Améliorer la prévention du suicide en renforçant l’accès aux soins

12 septembre 2025

Les points forts de l’événement

Le 12 septembre 2025, un webinaire sur la prévention du suicide a réuni des personnes ayant une expérience vécue et des représentants des secteurs de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, d’organisations non gouvernementales (ONG) et du monde de l’enseignement pour discuter de la manière de prévenir le suicide en renforçant l’accès aux soins grâce à une approche multisectorielle.

Ce webinaire fait partie de la série intitulée « Enough waiting: reshaping mental health care » [Assez attendu : repensons les soins de santé mentale], dans le cadre du projet « Relever les défis de la santé mentale dans les 27 pays de l’Union européenne, en Islande et en Norvège », financé par l’Union européenne.

Le suicide reste l’un des problèmes de santé publique les plus aigus, et pourtant évitables, d’Europe. Malgré la baisse des taux de suicide observée sur une longue période, les progrès sont inégaux et des écarts persistent. 

« Le suicide reste un problème de santé publique et, selon les estimations de 2021, nous avons [chaque année] plus de 47 000 décès par suicide dans l’Union européenne », explique Ledia Lazeri, conseillère régionale pour la santé mentale à l’OMS/Europe. « Ce sont 47 000 décès de trop. » 

Les intervenants ont souligné que le fait de disposer de services n’implique pas nécessairement que l’on y accède. Les stratégies nationales doivent se traduire par des mesures locales et donner aux personnes les moyens d’agir. Les orateurs ont également formulé une mise en garde : de nouveaux risques (dont les médias sociaux et les contenus préjudiciables amplifiés par l’intelligence artificielle) exigent des approches innovantes.

Expériences des pays en matière de prévention du suicide

Les participants ont entendu des exemples concrets de toute l’Europe. Par exemple, après une vaste consultation de tous les secteurs, Malte est en train de mettre la dernière main à un plan de lutte spécifiquement axé sur le suicide, intégré à sa stratégie de santé mentale. Constatant que la santé mentale relève d’une responsabilité partagée et présente des aspects psychologiques, physiques, sociaux et culturels, ce pays a fait intervenir dans ce processus de multiples ministères, des ONG, la police, le secteur de l’enseignement, les médias et même l’industrie du loisir.

La Slovénie englobe désormais la prévention du suicide dans son programme national de santé mentale afin de combler les lacunes existant au niveau thérapeutique et sur le plan de la recherche d’aide, en associant les services avec des lignes directrices pour les médias et avec les premiers secours en matière de santé mentale.

Dans le cadre du nouveau plan national danois de prévention du suicide a été créé un conseil de 35 membres qui peut remédier aux goulets d’étranglement présents dans la pratique, par exemple en standardisant le suivi en cas de signes d’automutilation et en organisant une coordination avec les organes de presse – tout en publiant des données au niveau municipal pour déterminer les interventions locales et le partage des responsabilités.

À la base des interventions, l’expérience vécue 

Dans le deuxième volet du webinaire, les participants ont eu l’occasion d’entendre des témoignages de personnes ayant une expérience vécue. 

Živilė Valuckienė, cardiologue en Lituanie, a raconté comment, après avoir tenté de mettre fin à ses jours il y a 9 ans, elle a été hospitalisée contre son gré et a subi un traitement avec des médicaments psychotropes. « Les effets secondaires étaient insupportables et, à l’hôpital, le traitement psychiatrique m’a laissé le sentiment d’être déshumanisée, en détresse, désespérée. » Quelques jours après sa sortie de l’hôpital, elle a refait une tentative de suicide. 

« Je trouve que le système psychiatrique n’a pas réussi à me voir comme une personne à part entière, plutôt que seulement comme une patiente », a-t-elle déclaré. La guérison de Živilė a commencé lorsque des personnes l’ont perçue comme un individu, et non comme un diagnostic. 

« Ce dont j’avais le plus besoin tout au long de ma convalescence, c’est de compréhension, d’empathie et d’un espace sécurisé pour communiquer mes sentiments sans être jugée. » Dans le cadre du travail qu’elle effectue actuellement contre la stigmatisation en Lituanie, Živilė crée des espaces pour un dialogue franc et ouvert, ce qui montre comment la prévention résulte d’un changement de mentalité, permettant de prendre moins de risques quand on dit « J’ai besoin d’aide ».

Golli Marboe, journaliste autrichien, a perdu son fils, qui s’est suicidé. Il a expliqué que la postvention protège les communautés, rappelant aux participants que des récits relatés de manière responsable et l’« effet Papageno » (lorsque les médias rapportent des récits empreints d’espoir, racontant des guérisons et des rétablissements après une crise suicidaire) peuvent limiter les risques. 

Golli a également expliqué que le projet « Mental Health Days in Schools » (journées d’absence justifiée pour raison de santé mentale) a touché environ 150 000 élèves dans toute l’Autriche. Il a souligné que le succès réside dans l’apprentissage conjoint des élèves, des enseignants et des parents, ainsi que dans un recours à des outils garantissant l’anonymat, pour faire entendre les voix timides. Son message a résumé l’un des thèmes essentiels de la journée : « La postvention, c’est de la prévention ». 

John F. Meehan, directeur de l’Office national de prévention du suicide, en Irlande, a expliqué que l’Irlande, pour mettre ce thème en pratique, adopte des démarches proactives. Il s’agit notamment d’une enquête nationale sur les personnes endeuillées par un suicide (qui a révélé des impacts importants et durables et l’absence du soutien souhaité), d’un réseau d’agents de liaison pour le deuil après un suicide, qui contactent de manière proactive les familles à domicile, et de Safe Harbour [Havre de paix], un recueil d’ouvrages illustrés qui aide les enfants et leurs parents à parler de la perte liée à un suicide.

En général, les intervenants s’accordaient sur la nécessité d’associer un leadership national multisectoriel fort à une démarche participative faisant intervenir des personnes au vécu pertinent, et de considérer la postvention comme de la prévention, en assurant une prise en charge proactive afin que personne ne soit seul dans sa souffrance. 

Onie Sandersan, de l’OMS, a fait remarquer que « le suicide est un phénomène tellement multiforme qu’il ne peut être cantonné à un secteur spécifique. Ce problème doit être abordé par de très nombreux secteurs, car seule une approche stratégique et coordonnée entre les différents acteurs concernés permettra de réduire le nombre de suicides. »

Le guide pratique « LIVE LIFE » de l’OMS a été présenté comme un outil concret à l’intention des pays. En outre, la déclaration finale de la conférence régionale de haut niveau sur la santé mentale dans toutes les politiques, qui s’est tenue à Paris en juin 2025, a été évoquée et qualifiée de plan d’action concis définissant les priorités et les mesures à prendre collectivement pour que la Région européenne de l’OMS puisse relever les défis en matière de santé mentale grâce à une collaboration intersectorielle.

L’événement

L’OMS/Europe organise un webinaire pour examiner les stratégies de prévention du suicide en mettant l’accent sur le renforcement de l’accès aux soins par l’adoption d’une approche multisectorielle. 

Le suicide reste un problème de santé publique dans la Région européenne de l’OMS, et constitue l’une des principales causes de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans. Plus de 120 000 personnes meurent par suicide chaque année, soit plus de 300 suicides par jour.

Les facteurs de risque dépassent le cadre des troubles mentaux et s’étendent à des réalités socio-économiques et sanitaires telles que la solitude, le chômage, les douleurs chroniques, la maltraitance, la discrimination et les situations d’urgence. La stigmatisation empêche souvent les personnes concernées d’accéder à des soins en temps utile, et bien que la plupart des individus envisageant de mettre fin à leur vie consultent des professionnels de santé, leurs tendances suicidaires passent souvent inaperçues en raison de la fragmentation des systèmes.

Le webinaire

Cette séance sera l’occasion de mettre en évidence la manière dont le renforcement de l’accès aux soins par l’adoption d’une approche multisectorielle reliant services de santé, services sociaux, éducation, lieux de travail et communautés peut améliorer la prévention. Les thématiques suivantes seront abordées :
  1. les approches visant à améliorer l’accès aux soins en temps opportun pour les personnes à risque, avec des études de cas réels ;
  2. les stratégies de postvention (après une tentative de suicide ou un décès par suicide) du point de vue des personnes ayant survécu à une tentative de suicide et des personnes endeuillées par le suicide ;
  3. les facteurs favorables et défavorables à l’application de ces stratégies dans divers contextes européens.
Les intervenants seront des représentants des secteurs de la santé, de l’éducation, de la protection sociale et du domaine social, des représentants d’organisations non gouvernementales et du monde universitaire, ainsi que des personnes ayant une expérience vécue. 

Pour participer à ce webinaire, veuillez cliquer sur le lien.

À propos de la série de séminaires

Cet événement fait partie de la série de webinaires de l’OMS/Europe intitulée « En finir avec l’attente : repenser les soins de santé mentale » et organisée dans le cadre du projet financé par l’Union européenne « Relever les défis de la santé mentale dans les 27 pays de l’Union européenne, en Islande et en Norvège. » Le projet aide les pays à élargir l’accès à des soins de santé mentale et à des services de prévention de qualité, et encourage la collaboration intersectorielle pour lutter contre le suicide et d’autres problèmes de santé mentale dans la Région.

Cette annonce d'événement a été mise à jour le 10 septembre 2025. Une version précédente indiquait de manière inexacte que le nombre de suicides par an était de 150 000 dans la Région européenne de l’OMS. Selon les dernières estimations de 2021, ce chiffre est de 120 000 par an.
Source https://www.who.int/europe/fr/news-room/events/item/2025/09/12/default-calendar/improving-suicide-prevention-by-enhancing-access-to-care
so 

lundi 29 septembre 2025

RAPPORT Repérage et gestion de la souffrance psychique et de la crise suicidaire. Bilan 2024 des formations "Sentinelle" et "Évaluation" Bourgogne-Franche-Comté.

Étude/rapport

Repérage et gestion de la souffrance psychique et de la crise suicidaire. Bilan 2024 des formations « Sentinelle » et « Évaluation » Bourgogne-Franche-Comté

Les formations « Sentinelle » et « Évaluation » visent à structurer le repérage des personnes à risque et leur accompagnement vers le soin, grâce à un réseau de personnes-relais.
En 2024, 43 sessions de formations départementales ont eu lieu, 29 formations « sentinelles » et 14 formations « évaluation », regroupant au total 519 stagiaires.
Télécharger le bilan 


 

Source https://www.promotion-sante-bfc.org/publications/reperage-et-gestion-de-la-souffrance-psychique-et-de-la-crise-suicidaire-bilan-2022-des-formations-sentinelle-et-evaluation-bourgogne-franche-comte 



Prévention du suicide : l’OMS en soutien stratégique pour une riposte nationale en Côte d’Ivoire

Prévention du suicide : l’OMS en soutien stratégique pour une riposte nationale en Côte d’Ivoire

À l’occasion de la 23 Journée mondiale de prévention du suicide, organisée le 10 septembre 2025 à Abidjan, un panel de haut niveau s’est tenu à l’Institut National de Santé Publique (INSP) d’Adjamé, réunissant des experts nationaux des domaines de la psychologie, de la psychiatrie, de la santé publique et des confessions religieuses. 

Organisé par le Programme national de promotion de la santé mentale, cet événement a rassemblé divers acteurs autour du thème « Changeons le discours sur le suicide », un appel fort soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui en fait un pilier de sa stratégie globale de prévention. 

Pour être efficaces, l’OMS encourage les pays à user de trois leviers essentiels : l’élaboration de stratégies fondées sur des données probantes, l’amélioration de l’accès à des soins de qualité, et le renforcement du soutien aux personnes en détresse. 

En Côte d’Ivoire, le suicide reste un phénomène encore peu documenté, bien que préoccupant. Avec 23 cas pour 100 000 habitants par an, l’OMS estime que le pays pourrait figurer parmi ceux ayant un taux de mortalité par suicide élevé en Afrique. En effet, une étude menée entre 2019 et 2021 par le Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, avec l’appui technique et financier de l’OMS, a permis de recenser 418 suicides et 927 tentatives, avec une prévalence marquée chez les jeunes adultes (25-34 ans) et les adultes d’âge moyen (35-59 ans). 

Pour tenter d’expliquer ce phénomène, les experts réunis pointent plusieurs facteurs : les crises sociopolitiques successives, la rupture du dialogue intergénérationnel, l’influence des réseaux sociaux sur la construction identitaire des jeunes, et l’érosion des valeurs culturelles et traditionnelles. Face à cette réalité, les recommandations convergent : renforcer les capacités communautaires pour détecter les signes d’alerte, accompagner les individus dans la construction de leur résilience personnelle, former les guides religieux à l’écoute active, et multiplier les centres d’écoute et d’appel. 

L’OMS a particulièrement salué l’initiative du ministère de la Santé visant à mettre en place un Observatoire national de prévention du suicide, un outil crucial pour combler le déficit de données et orienter les politiques publiques. « Des interventions, un traitement et un soutien efficaces et opportuns, basés sur les données factuelles, peuvent contribuer à prévenir le suicide et les tentatives de suicide », a rappelé Dr Ambroise Ané, Chargé de programmes au bureau de l’OMS en Côte d’Ivoire. 

Pour son soutien à la fois technique, financier et stratégique, l’OMS se positionne comme un acteur clé dans la lutte contre ce fléau silencieux, et renforce l’espoir d’une réponse nationale plus structurée, humaine et efficace.



Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
KONÉ Souleymane

REPORTAGE LE VINATIER (69) Santé mentale : pour mieux suivre leurs patients, ces soignants en psychiatrie se déplacent à domicile

Santé mentale : pour mieux suivre leurs patients, ces soignants en psychiatrie se déplacent à domicile

Au Centre hospitalier du Vinatier, dans la périphérie lyonnaise, le déploiement de secours mobiles à domicile améliore le suivi des patients et permet de désamorcer de nouvelles crises psychiques ou suicidaires.

Chaque intervention débute de la même manière… un départ à deux, un médecin, un infirmier. "Là, on part retrouver une patiente de 25 ans", lance Chloé Bois, psychiatre au Vinatier, en démarrant sa voiture. Depuis quatre ans, tous les pôles adultes de l’établissement spécialisé en santé mentale se sont dotés d’une équipe mobile pluridisciplinaire : une dizaine d’infirmiers, plusieurs médecins, des psychologues et des ergothérapeutes. En tout, une vingtaine de soignants par équipe pour suivre plus d’une centaine de patients.

"Une nouvelle pièce du puzzle" au service des patients

"Les collègues psychiatres de l’hospitalisation sentent que c’est un petit peu fragile et donc nous, on va sécuriser ce moment un peu stratégique de la sortie d’hospitalisation pour éviter que les soins s’arrêtent d’un coup", détaille Chloé Bois, que France Inter a suivi à l'occasion d'une journée spéciale consacrée à la santé mentale. "Quand le patient passe par les urgences, là, c’est un peu différent. C’est qu’il y a soit un état de crise psychique, soit une crise suicidaire, soit une décompensation de maladie psychiatrique. À ce moment-là, l’enjeu pour nous, c’est d’offrir des soins à domicile pour éviter une ré-hospitalisation."

Une prévention ciblée, extrêmement bien rodée, du sur-mesure pour ces patients fragiles. "Avec la création de ces équipes mobiles, on a vraiment eu l’impression qu’il y avait une nouvelle pièce du puzzle qui était créée et que cela permettait d’aller chercher des personnes qu’on perdait de vue habituellement ou qui sortaient du système de soins", s’enthousiasme cette jeune psychiatre. "Ce sont par exemple des personnes qui avaient été hospitalisées et qu’on perdait ensuite ou qui arrêtaient totalement leur traitement."

Un suivi temporaire pour les patients les plus fragiles

Les malades sont reçus dans des locaux adaptés du CMP, centre médico-psychologique, du Vinatier ou directement à leur domicile. Mais entre les lapins posés par certains patients, les oublis de rendez-vous, ces soignants s’adaptent en permanence. "C’est le cas de notre patiente de ce matin", explique l’infirmière Anaïs Buffelard. "On devait la retrouver au CMP. Elle n’est pas venue. Je l’ai appelé, je lui ai proposé une visite à domicile. Et elle a accepté."

On retrouve l’équipe mobile au neuvième étage d’un immeuble de la banlieue lyonnaise. Une jeune femme de 25 ans leur ouvre la porte, elle avait déjà été hospitalisée il y a quelques mois, mais ses idées suicidaires ont persisté. Après la visite, la psychiatre et l’infirmière décident d’un accompagnement poussé : trois visites par semaine, des appels entre chaque passage plus un traitement à prendre. "J’ai comme l’impression qu’ils s’inquiètent presque plus que moi de ma propre vie", explique Daniela. "Je pensais que quand j’allais rentrer chez moi, tout allait s’arrêter, mais pas du tout, ils me suivent et ça me rassure énormément." Ce suivi a même permis de mieux comprendre les souffrances de cette jeune femme, exhumant des épisodes douloureux dans son passé.

Ce service renforce le lien et la confiance entre soignants et malades. "Les patients sont très souvent surpris, et dans le bon sens du terme de ce suivi", assure Pierre-François Godet, chef du pôle psychiatrie générale au Vinatier, en charge de ces équipes mobiles. "La plupart de nos patients sont souvent seuls. Et quand ils rentrent d’une hospitalisation, un moment toujours très dur, ça leur permet de voir qu’il existe encore un lien. C’est capital pour eux."

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-reportage-de-france-inter/le-grand-reportage-du-mercredi-24-septembre-2025-6790158 

ETUDE RECHERCHE SUEDE Risque accru de dépression et de psychose après l'accouchement chez les mères

Risque accru de dépression et de psychose après l'accouchement chez les mères
Publié le 25/09/2025 https://news.ki.se/* "Increased risk of depression and psychosis after childbirth among mothers"

La dépression et la psychose sont plus fréquentes chez les femmes après un accouchement qu'avant, mais le risque de tentatives de suicide diminue. C'est ce que démontrent deux nouvelles études du Karolinska Institutet. Les résultats suggèrent que les recommandations nationales en matière de dépistage peuvent aider les femmes à obtenir de l'aide plus tôt.

Les troubles mentaux liés à la grossesse et à l'accouchement peuvent avoir des conséquences à long terme sur la santé des femmes. Durant cette période, des changements biologiques et psychosociaux majeurs surviennent, susceptibles d'accroître la vulnérabilité à la dépression, à l'anxiété et à d'autres troubles psychiatriques. Malgré les recherches antérieures, les connaissances restent limitées, notamment concernant l'évolution des différents diagnostics psychiatriques avant, pendant et après la grossesse.

Dans une nouvelle étude, les chercheurs ont utilisé les données des registres suédois couvrant toutes les femmes qui ont accouché en Suède entre 2003 et 2019, soit un total de près de 1,8 million de grossesses.

L'étude, publiée dans la revue Molecular Psychiatry, montre que les problèmes de santé mentale ont augmenté au fil du temps durant cette période, notamment avant la grossesse. Pendant la grossesse elle-même, le nombre de nouveaux diagnostics diminue, mais après l'accouchement, le risque augmente à nouveau, notamment pour la dépression et les psychoses.

Emma Bränn. Photo : N/A

« Nous constatons que le risque de dépression est environ 20 % plus élevé entre la 5e et la 15e semaine suivant l'accouchement, par rapport à l'année précédant la grossesse. Pour la psychose, le risque est jusqu'à sept fois plus élevé au cours des 20 premières semaines suivant l'accouchement », explique Emma Bränn, , auteure principale de l'étude et chercheuse à l' Institute of Environmental Medicine, du Karolinska Institutet.

L'introduction en 2010 de recommandations nationales pour le dépistage de la dépression chez les femmes enceintes a ouvert la voie à un dépistage plus précoce des troubles mentaux. En comparant les femmes ayant accouché avant et après 2010, les chercheurs ont constaté que le pic des diagnostics de dépression survenait plus tôt après l'accouchement chez les femmes ayant accouché après l'introduction de ces recommandations.

« Nous ne constatons pas que davantage de personnes reçoivent un diagnostic, mais le dépistage pourrait signifier que les femmes sont identifiées plus tôt et n'ont pas à souffrir aussi longtemps avant de pouvoir obtenir le soutien et l'aide dont elles ont besoin », explique Emma Bränn. 

Risque plus faible pour d'autres diagnostics psychiatriques

L'étude montre également que le risque d'autres diagnostics psychiatriques, tels que l'anxiété, les troubles liés au stress et la toxicomanie, est plus faible pendant la grossesse et après l'accouchement qu'avant. Les chercheurs pensent que cela pourrait être dû à des changements biologiques, à des changements de mode de vie et à une consultation médicale accrue pendant la grossesse.

Yihui Yang. Photo : N/A

Une autre étude du même groupe de recherche a examiné le risque de suicide lié à la grossesse et à l'accouchement. Dans cette étude, publiée dans Nature Human Behaviour, les chercheurs ont constaté que les mères étaient moins susceptibles de tenter de se suicider pendant et après la grossesse que les pères. C'est le contraire de ce que les chercheurs observent habituellement dans la population générale, où les femmes ont tendance à avoir des taux de tentatives de suicide plus élevés que les hommes. Chez les pères, le risque a diminué au cours des dix premières semaines suivant l'accouchement, pour ensuite augmenter à nouveau.

« Nos résultats suggèrent que les mères et les pères sont moins susceptibles de tenter de se suicider immédiatement après la naissance d'un enfant, en particulier les mères », explique Yihui Yang, auteure principale et doctorante au même département. Elle poursuit :

Bien que les tentatives de suicide pendant et après la grossesse soient rares, elles peuvent avoir des conséquences dévastatrices et sont souvent évitables. Il est donc important que les professionnels de santé effectuent des bilans de santé réguliers pendant et après la grossesse afin d'identifier les parents en difficulté et de leur proposer un soutien pour prévenir le suicide.

L'étude de Molecular Psychiatry a été financée en partie par la Fondation de la Faculté de médecine d'Uppsala, tandis que les deux études ont été financées par le Karolinska Institutet, Forte et le Conseil suédois de la recherche. Les chercheurs déclarent n'avoir aucun conflit d'intérêts.


Publications

”Maternal psychiatric disorders before, during, and after pregnancy: a national cohort study in Sweden Running title: Maternal perinatal psychiatric disorders”, Emma Bränn, Jerry Guintivano, Yihui Yang, Louise Lundborg, Marion Opatowski, Fang Fang, Unnur A. Valdimarsdóttir, Emma Fransson, Alkistis Skalkidou, Yi Lu, Donghao Lu, Molecular Psychiatry, online September 25, 2025, doi: 10.1038/s41380-025-03212-9

”Sex difference in parental risk of suicide attempt during and after pregnancy in Sweden”, Yihui Yang, Emma Bränn, Emma Fransson, Krisztina D. László, Fang Fang, Fotios C Papadopoulos, Unnur A Valdimarsdóttir, Alkistis Skalkidou, Donghao Lu, Nature Human Behaviour, online September 25, 2025, doi: 10.1038/s41562-025-02311-5.

source https://news.ki.se/increased-risk-of-depression-and-psychosis-after-childbirth-among-mothers













La dépression et la psychose augmentent après l'accouchement tandis que le risque de suicide diminue

La dépression et la psychose sont plus fréquentes chez les femmes après l'accouchement qu'auparavant, mais le risque de tentatives de suicide diminue. Ceci est démontré par deux nouvelles études de Karolinska Institutet. Les résultats suggèrent que les directives nationales de dépistage peuvent aider les femmes à obtenir de l'aide plus tôt.

La mauvaise santé mentale en relation avec la grossesse et l'accouchement peut avoir des conséquences à long terme pour la santé des femmes. Au cours de cette période, des changements biologiques et psychosociaux majeurs se produisent qui peuvent augmenter la vulnérabilité à la dépression, à l'anxiété et à d'autres conditions psychiatriques. Malgré des recherches antérieures, les connaissances ont été limitées, en particulier en ce qui concerne les différents diagnostics psychiatriques se développent avant, pendant et après la grossesse.

Dans une nouvelle étude, les chercheurs ont utilisé des données de registres suédois couvrant toutes les femmes qui ont accouché en Suède entre 2003 et 2019 – un total de près de 1,8 million de grossesses.

L'étude, publiée dans la revue Molecular Psychiatry, montre que la santé mentale a augmenté au fil du temps au cours de cette période, en particulier avant la grossesse. Pendant la grossesse elle-même, le nombre de nouveaux diagnostics diminue, mais après l'accouchement, le risque augmente à nouveau, en particulier pour la dépression et la psychose.

Nous pouvons voir que le risque de dépression est environ 20% plus élevé pendant les semaines 5 à 15 après l'accouchement, par rapport à l'année précédant la grossesse. Pour la psychose, le risque est jusqu'à sept fois plus élevé au cours des 20 premières semaines après l'accouchement. « 

Emma Bränn, premier auteur de l'étude, chercheur, Institut de médecine environnementale, Karolinska Institutet

Lorsque les directives nationales pour le dépistage des femmes enceintes pour la dépression ont été introduites en 2020, elle a ouvert la possibilité de détecter plus tôt une maladie mentale. En comparant les femmes qui ont accouché avant et après 2020, les chercheurs ont vu que le pic de diagnostic de dépression s'est produit plus tôt après l'accouchement chez les femmes qui ont accouché après l'introduction des directives.

« Nous ne voyons pas que davantage de personnes sont diagnostiquées, mais le dépistage pourrait signifier que les femmes sont identifiées plus tôt et n'ont pas à souffrir tant qu'elles peuvent obtenir le soutien et l'aide dont ils ont besoin », explique Emma Bränn.

L'étude montre également que le risque de diagnostics psychiatriques, tels que l'anxiété, les conditions liés au stress et la toxicomanie, est plus faible pendant la grossesse et après l'accouchement par rapport au précédent. Les chercheurs pensent que cela peut être dû à des changements biologiques, à des changements de style de vie et à une augmentation des contacts avec les soins de santé pendant la grossesse.

Une autre étude du même groupe de recherche a étudié le risque de suicide en relation avec la grossesse et l'accouchement. Dans l'étude, publiée dans Nature Human Behavior, les chercheurs ont constaté que les mères étaient moins susceptibles de tenter de se suicider pendant et après la grossesse par rapport aux pères. C'est l'opposé de ce que les chercheurs observent généralement dans la population générale, où les femmes ont tendance à avoir des taux de suicide plus élevés que les hommes. Pour les pères, le risque a diminué au cours des dix premières semaines après l'accouchement, pour augmenter à nouveau.

« Nos résultats suggèrent que les mères et les pères sont moins susceptibles de tenter de se suicider immédiatement après avoir eu un enfant, en particulier les mères », explique le premier auteur Yihui Yang, doctorant à l'Institut de médecine environnementale, Karolinska Institutet. Elle continue:

« Bien que les tentatives de suicide pendant et après la grossesse soient rares, elles peuvent avoir des conséquences dévastatrices et sont souvent évitables. Il est donc important que les prestataires de soins de santé effectuent des examens réguliers pendant et après la grossesse pour identifier les parents qui ont du mal et offrent un soutien pour prévenir le suicide. »

L'étude dans Psychiatrie moléculaire a été financé en partie par la Uppsala Medical Faculty Foundation, tandis que les deux études ont été financées par Karolinska Institutet, Forte et le Swedish Research Council.

 

info plus Yang, Y., Bränn, E., Fransson, E. et al. Sex difference in parental risk of suicide attempt during and after pregnancy in Sweden. Nat Hum Behav (2025). https://doi.org/10.1038/s41562-025-02311-5
https://www.nature.com/articles/s41562-025-02311-5#citeas 

Un avis du CESE plaide pour un meilleur accompagnement pour améliorer la santé des femmes en situation périnatale

Le suicide, première cause de mortalité après l'accouchement

"Mgane Fleury"

Le nombre de suicide chez les mères, dans l'année qui suit l'accouchement, est en augmentation en France.

L'ESSENTIEL Le suicide est la première cause de décès des mères dans l'année après l'accouchement. Un avis du CESE plaide pour un meilleur accompagnement pour améliorer la santé des femmes en situation périnatale. Cela passe notamment par un renforcement des PMI, une meilleure communication sur la santé mentale des mères, une amélioration de l'égalité entre les deux parents et un renforcement du dispositif des 1.000 premiers jours.

Un suicide maternel toutes les trois semaines en France. Selon le 7e rapport de l'ENCMM (Enquête Nationale Confidentielle sur les Morts Maternelles), paru en avril 2024, le suicide est la première cause de mortalité des mères dans l'année qui suit la naissance, avant les maladies cardiovasculaires. En France, ce chiffre est en augmentation, au contraire des autres pays européens où il stagne voire régresse.

Une dégradation de la santé mentale après l'accouchement

Un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), comprenant 23 propositions pour "améliorer la santé des femmes en situation périnatale" a été adopté le 23 septembre. Selon le texte, 10 % des mères présentent un épisode dépressif au cours de leur grossesse, et la dépression du post-partum touche 16,7 % des mères, dans les deux mois suivant l'accouchement. Cette période est aussi marquée par une forte prévalence de l'anxiété dite pathologique. Au cours de son audition par la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité CESE, en janvier dernier, la Docteure Sarah Tebeka, psychiatre spécialisée en psychiatrie périnatale, déclarait : "Sur 20 femmes enceintes, deux mois après l'arrivée de leur bébé, une a déjà eu l'idée de se faire du mal au cours de la semaine précédente. On parle ici d'idées suicidaires." Pour elle, la "santé mentale est la principale complication de la grossesse".

Suicide chez les mères : un "phénomène grave"

Sans accompagnement, ces dépressions peuvent conduire au suicide. Pour la Dr Sarah Tebeka, il s'agit d'un "phénomène grave, mais situé en haut de l'iceberg". "S'intéresser à ces suicides permet de voir de nombreux mécanismes pour mieux comprendre pourquoi ces femmes n'ont pas pu avoir accès aux soins qui leur étaient nécessaires, prévient-elle. Cela permet de tirer des conséquences pour éviter ces suicides et diminuer ce taux, mais aussi de façon plus large pour essayer de mieux prendre en charge la majorité des patientes."

Dans son avis, le CESE défend quatre axes pour améliorer l'accompagnement des mères en post-partum. Elle propose notamment un renforcement des protections maternelles et infantiles (PMI), avec une augmentation des budgets et des effectifs. "Les PMI sont en première ligne pour repérer les risques (dépression, violences, précarité), mais manquent cruellement de moyens", alerte le texte.

Le second axe concerne la communication autour de la santé mentale des mères afin de mieux informer sur les troubles mentaux en post-partum. Aussi, elle demande un remboursement à 100 % de l'entretien postnatal précoce, actuellement pris en charge à 70 %.

La troisième assemblée constitutionnelle française conseille aussi d'introduire la "notion d'égalité de responsabilité entre les parents" en plus de l'égalité de droits, avec une réforme du congé paternité. Sa durée actuelle, 28 jours contre 16 semaines pour les mères, est perçue comme un frein à l'égalité.

Enfin, le CESE recommande de structurer le dispositif des 1.000 premiers jours. Considéré comme "une fenêtre d'opportunité pour agir sur la santé future de l'enfant et le bien-être de la mère", l'organisme reproche un "manque de visibilité, de moyens, et de coordination". Ce dispositif avait été lancé en 2021, après les conclusions d'une commission dédiée. Cette période est considérée comme cruciale dans le développement de l'enfant.

Ces différentes recommandations du CESE, rapportées par Marie-Josée Balducchi et Anouk Ullern, doivent être maintenant présentées aux pouvoirs publics.

Cet article est paru dans Pourquoi docteur (site web)
 

vendredi 26 septembre 2025

MANISFESTATION Prévention du suicide chez les jeunes – 27 novembre 2025 Golbey (88)

 Prévention du suicide chez les jeunes – 27 novembre 2025

La commission spécialisée en santé mentale du Conseil territorial de santé des Vosges a le plaisir de vous inviter à son colloque intitulé « Agir ensemble pour la prévention du suicide des jeunes ». le 27 novembre 2025 de 9h30 à 16h30 au centre culturel et d’animation de Golbey.

Cette journée sur le thème de la « prévention du suicide » est destinée à tous professionnels œuvrant auprès des jeunes.

Les inscriptions se font en ligne en cliquant sur ce lien : https://www.grand-est.ars.sante.fr/colloque-sur-la-sante-mentale-et-la-prevention-du-suicide-chez-les-jeunes-27-novembre-2025-golbey?PPuJZcs8Edn8sN2CMVxHDknKm7MjkGsygChjBShSYSRq3r98RecfV49KetxxXd9r=A1UV4kMDMin_UnuKvYXqAO18vqjOWe_3EKBJTMwT5fU

mardi 23 septembre 2025

À Menton (06) , des "sentinelles" formées pour prévenir les crises suicidaires

A Menton, des "sentinelles" formées pour prévenir les crises suicidaires
Les Conseils locaux de santé mentale du territoire ont consacré une journée entière à la prévention du suicide, dans le cadre de la mobilisation nationale. Une quarantaine de professionnels ont déjà été formées.
LR
La rédaction • nice-matin
CRÉÉ LE 20 septembre 2025 • 11:00
MIS À JOUR LE 19 septembre 2025 • 23:55

Lancée en 2019, la mobilisation autour de la prévention et de la prise en charge de la crise suicidaire engagée par les deux Conseils locaux de santé mentale (CLSM) du territoire de la Riviera française (Menton et Roquebrune-Cap-Martin) prend de l’ampleur chaque année, grâce à l’opération nationale "Septembre Jaune". Et cette nouvelle dynamique s’est intensifiée dans le contexte de l’après-Covid, marqué par une hausse des vulnérabilités psychiques.

Le CLSM de Menton a développé ses actions partenariales (collectivités, Agence Régionale de Santé, Centre hospitalier psychiatrique du secteur Sainte-Marie et Centre régional de prévention du suicide) pour sensibiliser tous les acteurs sociaux et éducatifs du terrain et favoriser la mise en place d’outils et de formations visant à renforcer le repérage, l’accompagnement et le soutien des personnes en détresse. Il affirme ainsi son rôle central dans la lutte contre le suicide et la promotion de la santé mentale, qui a été reconnue comme "Grande cause nationale" cette année.

En France, 8.868 suicides ont été recensés en 2023 et 200.000 tentatives de suicide ont lieu chaque année.

"Les gens sont très en demande d’aide sur notre territoire, car l’inquiétude est montante depuis le Covid" précise Céline Nifle, coordinatrice du CLMS de Menton. "Le suicide touche tous les âges, avec une incidence élevée chez les femmes victimes de violences conjugales. Le plus de passages à l’acte concernent les plus de 50 ans, chez les jeunes, la situation est préoccupante, souvent en rapport avec les réseaux sociaux...".

Mais le territoire mentonnais est en manque d’offres de soins dans ce domaine (en particulier les vallées), et souffre d’une pénurie de médecins libéraux. D’où la volonté et le besoin d’aller chercher partout des partenaires qui puissent inclure dans leur activité ce volet de la santé mentale: des établissements scolaires, des associations sportives, sociales, tournées vers la jeunesse, la culture... et même des usagers!

Première concrétisation: une quarantaine de professionnels et acteurs de la vie sociale locale – mairies, CCAS de Menton et R.C.M., I.M.E Bariquand-Alphand, Centre de santé médico-psychologique de Menton, CPTS, professionnels du maintien à domicile, assistantes sociales, aides-soignants, personnels éducatifs, etc.) –, ont pu bénéficier d’une formation spécialisée.

Désormais constitués en réseaux, ils déploient leurs compétences sur le territoire en qualité de "sentinelles" pour les uns (acteurs de prévention et de repérage des situations à risques) et d’"évaluateurs" pour les autres (acteurs du 1er niveau de prise en charge et d’orientation vers les recours spécialisés).

Jeudi matin, au Palais de l’Europe, ces "lanceurs d’alerte", déjà formés au dépistage et à l’évaluation de la crise suicidaire, se sont regroupés pour échanger leurs premières expériences sur le terrain, accompagnés par leurs formateurs, des psychologues cliniciens, qui ont rappelé les outils d’identification disponibles pour leurs missions sur le territoire mentonnais.
Répétition générale

Une sorte de répétition générale qui permet de porter des "regards croisés, de se parler et d’échanger pour mieux se connaître entre professionnels", précise Céline Nifle. L’une des participantes avoue qu’être confrontée à une personne au bord de la crise suicidaire est très compliqué. "La première fois, je ne savais pas quoi faire... Je venais tout juste de faire la formation, mais j’ai préféré appeler le 15. Je leur ai exposé la situation avec les bons mots", témoigne-t-elle. "D’où l’intérêt d’un langage commun", lui répond la formatrice. "En transmettant aux médecins les éléments nécessaires à la prise en charge de la personne et en qualifiant précisément la situation, vous avez augmenté ses chances de survie" ajoute-t-elle, précisant que le Centre 15 va être renforcé en novembre par une équipe de régulation psychiatrique.

Des propos forts qui ont pris toute leur résonance dans ce groupe d’hommes et de femmes très à l’écoute des formateurs, et on l’imagine, des personnes fragiles qu’ils sont amenés à rencontrer dans leur vie professionnelle. De la souffrance au passage à l’acte, ils sont ainsi le maillon précieux d’une opportunité d’interventions, où ils peuvent encore interagir sur la désescalade, "car jusqu’au dernier moment, l’être humain est en instinct de survie...". Après avoir revu les notions essentielles (la posture relationnelle, comme l’empathie, l’écoute active, la disponibilité, sans jugement, les risques et la dangerosité du potentiel suicidaire ou encore ses propres limites comme le dépassement de ses angoisses, la fusion émotionnelle, etc.), tous ont travaillé en atelier avec des mises en situation.

L’après-midi, acte II de la journée sur le campus de Sciences Po, où les différents dispositifs de prévention et d’accompagnement de la crise suicidaire ont été présentés aux nombreux participants. Notamment la ligne nationale directe dédiée à la prévention du suicide, le 3114*, mais aussi le dispositif d’alerte des personnes à risque de récidive (VigilanS) et celui dédié aux adolescents (ASMA).

Le CLSM de Menton poursuivra ses formations aussi longtemps que nécessaire. Des actions au service des populations de la Riviera française sont à venir.

CLSM de Menton - Tél. 04.92.41.76.33. *3114: plateforme téléphonique d’aide et de soutien aux professionnels et au grand public pour la prévention du suicide. 

https://www.nicematin.com/societe/vie-locale/a-menton-des-sentinelles-formees-pour-prevenir-les-crises-suicidaires-1002677

vendredi 19 septembre 2025

Renforcement de la formation de l’équipe médico-soignante pour une gestion efficace du risque suicidaire en pédopsychiatrie : initiative lyonnaise

Renforcement de la formation de l’équipe médico-soignante pour une gestion efficace du risque suicidaire en pédopsychiatrie : initiative lyonnaise - 17/09/25
Doi : 10.1016/j.sagf.2025.07.096
Olga Samsonova : cadre de santé, Yassmine Masri : pédopsychiatre, Laurence Chabrier : auxiliaire de puériculture, Ambre Tatangelo : infirmière diplômée d’État
HFME, Bron, France 
dans Revue Sages-Femmes

Résumé
Introduction
L’unité de pédopsychiatrie de l’Hôpital femme mère enfant (HFME) accueille principalement des adolescents à risque suicidaire (RS) ou ayant déjà commis un ou plusieurs passages à l’acte autoagressif. Cette population est particulièrement vulnérable, et l’incidence des pensées suicidaires chez les moins de 18 ans a considérablement augmenté depuis 2017. En France, près de 13,1 % des adolescents ont eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois. La pandémie de Covid-19 a exacerbé cette situation, avec une augmentation de 40 % des pensées suicidaires chez les jeunes. À l’échelle mondiale, le suicide est la troisième cause de mortalité chez les 15–29 ans.
Face à ce contexte préoccupant, il a été nécessaire d’adapter et de réorganiser notre dispositif de soins pour répondre au mieux à nos missions. L’agencement architectural et fonctionnel du service a été réaménagé afin d’améliorer nos capacités de contenance physique et psychique. De plus, il a été incontournable d’actualiser la formation des professionnels pour qu’ils puissent mieux accompagner les adolescents en crise. Les objectifs de ces adaptations sont de mieux accompagner les adolescents en crise, de renforcer la sécurité et le bien-être des patients, et d’optimiser les conditions de travail des soignants.
Matériels et méthodes
Formation des référents : documentation sur les meilleures pratiques en pédopsychiatrie, outils de benchmarking, ressources du Réseau mère–enfant de la francophonie (RMEF).

Sensibilisation de l’équipe médico-soignante (EMS) : matériel pédagogique sur le RS, échelle de risque urgence dangerosité (RUD), outils pour les séances de double écoute, escape game RS. Éducation et prévention : dispositif « Plan de sécurité », ressources pour l’hôpital de jour, matériel pour le projet Vigilans. Formation des référents : formations approfondies des référents du service, benchmarking dans les autres unités de soins pédopsychiatriques du Rhône, création d’un groupe de pédopsychiatrie au sein du RMEF. Sensibilisation de l’EMS : formation de l’ensemble de l’équipe au RS, réflexion globale sur le parcours de soins des patients avec RS, organisation de séances de double écoute avec l’équipe du Centre de prévention du suicide, déploiement de l’échelle RUD, création d’un escape game RS. Éducation et prévention : mise en place du dispositif « Plan de sécurité », création de places en hôpital de jour pour les patients à haut RS, projet-pilote de déploiement du dispositif Vigilans en pédopsychiatrie HFME.

Résultats

Les initiatives mises en place ont permis :

• la formation des référents : améliorer les compétences des référents, harmoniser les pratiques avec les autres unités de soins pédopsychiatriques du Rhône, et renforcer la collaboration au sein du RMEF ;

• la sensibilisation de l’EMS : augmenter la sensibilisation de l’équipe au RS, améliorer la coordination des soins, et introduire des outils innovants comme l’échelle RUD et l’escape game RS ;

• l’éducation et la prévention : renforcer la sécurité des patients grâce au Plan de sécurité, offrir des solutions adaptées avec l’hôpital de jour, et tester le dispositif Vigilans pour une meilleure prévention du RS.

Impacts
Les impacts observés incluent plusieurs aspects positifs. Tout d’abord, la formation des référents a permis une meilleure prise en charge des adolescents en crise suicidaire. Cela a également contribué à réduire le turn-over des professionnels, tout en améliorant la qualité des soins prodigués. Ensuite, la sensibilisation de l’EMS a renforcé la cohésion des professionnels. Cette sensibilisation a également amélioré la gestion des crises suicidaires, grâce à l’intégration de nouvelles pratiques et outils innovants. Enfin, les initiatives en matière d’éducation et de prévention ont augmenté la sécurité des patients. Elles ont également permis une meilleure prévention du RS et offert un soutien accru aux patients à haut risque.

Conclusion
Les initiatives de l’unité de pédopsychiatrie de l’HFME ont significativement amélioré la prise en charge des adolescents en crise suicidaire, renforçant la qualité des soins et la cohésion de l’équipe. Les perspectives incluent le développement continu des compétences des référents, l’intégration de nouveaux outils et méthodes, et l’extension des dispositifs de prévention comme le projet Vigilans à d’autres unités de pédopsychiatrie.

Les promoteurs du projet envisagent également d’utiliser de nouvelles techniques de thérapie comportementale dialectique pour améliorer la prise en charge des adolescents en crise suicidaire, consolidant ainsi les acquis, améliorant les pratiques, et maximisant les bénéfices pour les enfants en pédopsychiatrie.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Source https://www.em-consulte.com/article/1763062

mardi 16 septembre 2025

ROYAUME UNI Suicide des jeunes pères : une crise invisible révélée par une étude

Suicide des jeunes pères : une crise invisible révélée par une étude choc

Au Royaume-Uni, des chercheurs révèlent un déséquilibre massif dans la prise en charge psychologique des nouveaux parents. Le père reste bien souvent en dehors du radar médical, malgré une période de vulnérabilité majeure au sein du foyer.


De la grossesse à la paternité, un bouleversement silencieux

Le passage à la parentalité redéfinit l’équilibre psychologique, y compris chez les hommes. Durant les mois qui précèdent la naissance puis au fil des premières années de vie de l’enfant, certains pères vivent un isolement émotionnel profond. Ce malaise reste souvent tu, masqué par des attentes sociales qui valorisent la retenue et la solidité masculine. Pourtant, une partie d’entre eux traverse un véritable effondrement intérieur.

Entre 8 et 13% des pères présenteraient des symptômes dépressifs dès la grossesse ou durant les mois suivants la naissance, selon une étude menée par Swansea University. Ces troubles restent rarement identifiés ou pris en charge. Contrairement aux mères, les pères ne bénéficient d’aucun suivi systématique, alors même qu’ils sont eux aussi confrontés à une fatigue intense, à de possibles modifications hormonales et à la pression d’un nouveau rôle social.

Ce déséquilibre initial peut prendre racine bien avant la naissance. Dès les premiers rendez-vous médicaux, les professionnels concentrent leur attention sur la mère et l’enfant à venir. Le père devient spectateur, rarement interrogé sur son vécu, ses doutes ou ses ressources. Cette mise à distance se prolonge après l’accouchement, où l’accompagnement psychologique reste entièrement tourné vers la maternité.

Les 1 001 jours où le suicide des jeunes pères explose dans l’ombre

Une analyse approfondie des registres de santé au Pays de Galles, couvrant les années 2002 à 2021, a révélé un chiffre saisissant. Durant les 1 001 premiers jours de vie de leur enfant, 107 pères se sont suicidés, contre seulement 16 mères. Ce rapport de un à sept ne reflète pas une fragilité intrinsèquement masculine, mais bien une inégalité criante de prise en charge, comme le rappelle l’étude dirigée par la professeure Ann John.

Cette période de 1 001 jours, qui s’étend de la conception aux deux ans de l’enfant, constitue un moment de grande vulnérabilité. Le stress parental, les difficultés économiques, l’absence de sommeil et le sentiment d’incompétence peuvent se combiner en un cocktail explosif, surtout pour les jeunes pères issus de milieux précaires ou sans soutien social proche. Les chercheurs estiment que deux à trois bébés perdent leur père par suicide chaque semaine au Royaume-Uni.
Malgré l’importance de ces données, aucune institution ne mesure officiellement le suicide paternel à l’échelle nationale. Contrairement à la mortalité maternelle, régulièrement suivie et documentée, les décès des pères restent dissous dans les chiffres généraux. Cette absence d’indicateurs spécifiques limite les possibilités d’intervention ciblée, alors que des signes précurseurs pourraient être détectés dès la naissance, voire en amont.

https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/suicide-des-jeunes-peres-une-crise-invisible-revelee-par-une-etude-choc-211711.html 

lundi 15 septembre 2025

Semaines pour la santé mentale partout en Tchéquie avec un focus sur le suicide, sous-estimé dans les statistiques

Semaines pour la santé mentale partout en Tchéquie avec un focus sur le suicide, sous-estimé dans les statistiques

09/09/2025https://francais.radio.cz/*


Source: Týdny pro duševní zdraví


Avec un taux officiel de suicide de 11,6 cas pour 100 000 habitants, qui serait toutefois sous-estimé, la Tchéquie dépasse légèrement la moyenne européenne de 10,2 décès par suicide pour 100 000 habitants, ont indiqué les spécialistes à l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide qui a lieu le 10 septembre. Ce jour-là commencent en Tchéquie les Semaines pour la santé mentale, qui proposent un éventail d’actions de sensibilisation et de déstigmatisation des troubles psychiques. Plusieurs campagnes visent les populations à risque, à savoir les personnes âgées et les jeunes.

« Demander de l’aide, dire ‘non’, faire une pause, sortir du lit, pleurer et se confier : tout cela demande du courage », rappellent plusieurs personnalités tchèques, dont le président Petr Pavel et son épouse Eva, dans la vidéo de la campagne intitulée, elle aussi, « To chce odvahu » (slogan que l’on pourrait traduire en français comme ‘Cela demande du courage’). Cette campagne de prévention, lancée par plusieurs ONG (Nevypusť duši, Flaminia) en collaboration donc avec le cabinet du président de la République, vise la jeune génération.



« Nous la souhaitons forte, résiliente et capable d’assumer ses responsabilités », expliquent les organisateurs. Selon une enquête réalisée en 2023, 70 % des enfants et des adolescents en situation de mal-être ont peur de demander de l’aide par crainte de ne pas être écoutés, voire d’être rejetés.

Sur le nouveau site Tochceodvahu.cz, ils peuvent trouver les liens de différentes organisations classées selon les régions, ainsi que les coordonnées des spécialistes de la santé mentale et autres conseils encore.
Un autre site qui vient d’être lancé, s’adresse, lui, aux personnes âgées qui constituent également un groupe vulnérable : en Tchéquie, près d’un tiers de décès par suicide concernent les seniors. Sur le long terme, le comportement suicidaire se manifeste notamment chez les hommes de plus de 70 ans et chez les femmes de plus de 80 ans.

« En 2023, année pour laquelle nous avons les données les plus récentes, 1 253 personnes se sont donné la mort en Tchéquie », a déclaré Eva Tušková, de l’Institut national de la santé mentale (NUDZ).
Cela représente en moyenne 3,4 cas de suicide par jour, les hommes étant nettement plus nombreux à se donner la mort que les femmes. Toutefois, selon le NUDZ et l’Institut d’information et de statistiques de santé (ÚZIS ČR), une partie des suicides n’apparaît probablement pas dans les statistiques officielles. Des données plus précises devraient être fournies par les statistiques pour l’année 2024, qui prennent en compte non seulement les données médicales, mais aussi l’enregistrement des suicides par la la police nationale. Ces chiffres plus précis devraient être publiés fin septembre.


« Sur la base d’un contrôle de la qualité des données relatives aux causes de décès, il apparaît que le nombre de suicides a été sous-estimé en Tchéquie pendant longtemps, et nous devrions d'autant plus aborder ce sujet dans les débats sociétaux (…) mais aussi dans les relations interpersonnelles. Soyons attentifs à nos proches et à notre entourage, n’ayons pas peur de poser des questions et d'écouter », a déclaré dans ce contexte Nicolas Say, chercheur à l’Institut national de la santé mentale.
Source: Týdny pro duševní zdraví



Organisées depuis 1990 à travers le pays, les Semaines pour la santé mentale (Týdny pro duševní zdraví) proposent des débats, conférences, ateliers et autres événements consacrés à la prévention, le traitement et la déstigmatisation des troubles psychiques. Le programme est prévu jusqu’au 10 octobre et vise aussi à présenter les différents établissements de services sociaux ainsi que des centres communautaires actifs dans le domaine de la santé mentale. Selon les organisateurs de l’institut NUDZ, une attention particulière sera accordée cette année au bien-être sur le lieu de travail.

Auteur: Magdalena Hrozínková
source https://francais.radio.cz/semaines-pour-la-sante-mentale-partout-en-tchequie-avec-un-focus-sur-le-suicide-8862240