publié le 21.01.22
Communiqués et dossiers de presse SantéSanté mentale
Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé et Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, ont réuni ce vendredi 21 janvier le 5ème comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie. A cette occasion les ministres ont salué l’engagement des professionnels de la psychiatrie et appelé à la mobilisation de tous les acteurs du secteur pour amplifier la mise en œuvre de la feuille de route « santé mentale et psychiatrie », considérablement enrichie par les Assises de la santé mentale.
A l’occasion du comité stratégique réunissant l’ensemble des acteurs de la santé mentale et de la psychiatrie, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a salué l’engagement des professionnels du secteur. Dans un contexte de fortes tensions démographiques et alors que la demande de soins s’est particulièrement accrue sous l’effet de la crise Covid, le ministre a souligné la capacité du secteur de la santé mentale et de la psychiatrie à innover dans l’intérêt de la prise en charge des Français.
M. Olivier Véran a rappelé que la préservation de la santé mentale
des Français est une préoccupation constante du Gouvernement. En
témoignent les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie,
clôturées par le Président de la République en septembre dernier,
preuve d’un engagement au plus niveau de l’Etat pour faire de la santé
mentale une priorité sociétale. Les mesures qui y ont été annoncées ont
considérablement enrichi la feuille de route du Pr Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la Psychiatrie. Cette feuille de route est constituée aujourd’hui d’une
cinquantaine d’actions déclinées autour de trois axes complémentaires.
S’agissant de la « promotion du bien-être mental et la prévention de la souffrance psychique », Olivier Véran a rappelé que tout au long de la crise, l’état de santé mentale de la population a été régulièrement suivi notamment via les enquêtes de Santé Publique France. Pour sensibiliser le grand public aux risques en santé mentale liés à la crise épidémique, et lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques, des campagnes nationales de communication et de prévention ont été mises en place en 2021 et seront poursuivies.
Les Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM) initialement développés dans le milieu universitaire et qui permettent une détection précoce de la souffrance psychique par les pairs, concernent déjà 10 000 secouristes. Leur montée en puissance se poursuit et s’élargit à de nouveaux publics et à de nouveaux secteurs professionnels.
Le dispositif VigilanS de prévention de la récidive suicidaire, déployé aujourd’hui dans 16régions a concerné l’an passé 22 000 personnes. Il est complété depuis le 1er octobre dernier par la ligne 3114 du numéro national d’appel de prévention du suicide. Les 11 centres répondants, dont 3 ouverts 24h/24, assurent aujourd’hui la réponse pour l’ensemble du territoire national. Avec 27.000 appels reçus en 3 mois, ce dispositif a pleinement démontré son utilité.
Concernant les actions pour des parcours de soins accessibles, plus fluides et de qualité, l’effort s’est amplifié et accéléré. Rappelant la progression de 2,4% des crédits alloués à la psychiatrie en 2021, Olivier Véran a souligné que la dynamique de transformation de l’offre psychiatrique a été accompagnée financièrement d’une nouvelle enveloppe de 40 millions d’euros. Elle permettra de soutenir 87 projets pour renforcer la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, dont 24 projets pour la psychiatrie périnatale. Ces projets complèteront les engagements de la stratégie des « 1000 premiers jours » portée par Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé. Elle permettra également le soutien de 42 projets dans le cadre du fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie.
Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ont permis par
ailleurs d’annoncer une sériede mesures fortes, attendues par le
secteur :
la création à titre expérimental des « maisons de l’enfant et de la famille » ;
le renforcement des « Maisons des Ados », des CMP IJ, des CMP, des équipes mobiles psychiatriques, et de l’Accueil familial thérapeutique ;
la mise en place d’un volet psychiatrique du SAS ;
la création de lits à la demande ;
la création d’équipes mobiles psychiatriques intervenant auprès des personnes âgées en EHPAD et autres Etablissements Médico-Sociaux.
La mise en œuvre de ces mesures sera précisée avant la fin de ce trimestre, à l’issue de travaux en cours menés notamment avec la Commission Nationale de la Psychiatrie (CNP) présidée par le Pr. Michel Lejoyeux.
Enfin, mesure phare annoncée par le Président de la République, le dispositif « MonPsy » permettra dès le printemps prochain aux personnes ayant des troubles psychiques d’intensité légère à modérée, de bénéficier de 8 séances remboursées chez un psychologue conventionné avec l’assurance maladie.
Sophie Cluzel a rappelé les avancées enregistrées et les perspectives ouvertes par les mesures relatives à l’insertion sociale des personnes en situation de handicap psychique : soutien résolu à l’autodétermination des personnes concernées via la pair-aidance (600 Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM), promotion de l’intervention de pairs professionnels) ; aide aux aidants, via la Stratégie nationale de mobilisation et de soutien « Agir pour les aidants » 2020-2022 ; politique active d’insertion dans l’emploi et pour l’accès au logement, via l’habitat inclusif et le programme « un chez soi d’abord » étendu aux jeunes ; renforcement des équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP) ou encore le recrutement prévu sur trois ans de 500 psychologues et infirmiers pour intervenir dans les lieux d’hébergement et d’accueil.
En conclusion, le ministre des Solidarités et de la Santé a tracé les perspectives pour ancrer pleinement l’ambition portée par la feuille de route actualisée dans les territoires avec le développement d’une culture de la santé mentale et de la prévention, la promotion d’une approche populationnelle et le renforcement de l’attractivité de la psychiatrie ou encore la consolidation des projets territoriaux de santé mentale afin d’accompagner ces dynamiques.
Olivier Véran a déclaré que « les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, clôturées parle Président de la République, ont marqué un tournant supplémentaire dans le soutien à la discipline renforçant la feuille de route santé mentale et psychiatrie. Un cap est aujourd’hui fermement fixé, avec des orientations fortes du gouvernement et des mesures concrètes. Elles nous permettent d’engager les évolutions commandées par le contexte et les besoins et attentes des personnes et professionnels concernés »
Sophie Cluzel a déclaré que « L’approche transversale de la politique de santé mentale mobilisée par la feuille de route a permis d’appréhender tous les aspects de la citoyenneté pour renforcer l’autodétermination des personnes en situation de handicap psychique : le bien être mental, la prévention de la souffrance psychique, l’accès aux soins, mais aussi à l’emploi, au logement, à la vie sociale, à l’échange et au partage avec les autres. Il s’agit de donner aux personnes les moyens d’être acteur de leurs parcours de vie »
Le document dressant le bilan complet de la feuille de route santé mentale et psychiatrie sera disponible sur le site du ministère des solidarités et de la sante : https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/sante-mentale/Feuille-de-route-de-la-sante-mentale-et-de-la-psychiatrie-11179/
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Extraits Discours d’Olivier Véran au Congrès de l’Encéphale 2022 - Palais des Congrès
19 janvier 2022 source https://solidarites-sante.gouv.fr/*
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"Je constate que nous vivons aujourd’hui un moment que je qualifierais
de paradoxal et d’exceptionnel pour la santé mentale et la psychiatrie
en France :
D’un
côté, jamais la pression n’a été aussi forte, les difficultés aussi
importantes, avec la démographie préoccupante et le déficit
d’attractivité de la discipline, l’épuisement des équipes… ;
D’un
autre côté, nous n’avons jamais eu un tel engagement au plus haut
niveau politique en faveur de la santé mentale et de la psychiatrie,
avec la volonté affirmée d’en faire un vrai sujet sociétal, appuyé par
la prise de conscience collective de leur importance respective.
À ce titre, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie des
27 et 28 septembre derniers, clôturées par le président de la
République, ont marqué un tournant majeur comme je le disais, avec au
moins trois messages essentiels :
La santé mentale, partie intégrante de notre santé, est un sujet qui nous concerne tous et qui doit être appréhendé comme tel ;
Elle doit s’appréhender globalement dans ses différentes dimensions, de la prévention et du soin notamment ;
Elle requiert une mobilisation collective qui doit perdurer au-delà de ce qui est né durant la crise.
Un cap est aujourd’hui fixé, avec des orientations fortes du gouvernement et des mesures concrètes.
La feuille de route santé mentale et psychiatrie, lancée il y a trois ans et demi par Agnès Buzyn et pilotée par le délégué ministériel Frank Bellivier s’est ainsi considérablement enrichie des mesures dédiées dans le Ségur de la santé et des 30 mesures des Assises. En bref, certaines mesures complètent et concrétisent des actions déjà inscrites, quand d’autres ouvrent de nouveaux champs d’action.
Au total, une cinquantaine d’actions-phares composent aujourd’hui notre feuille de route, déclinées autours de ses trois axes, dont je vais partager les principaux enjeux avec vous.
2. S’agissant du premier axe, des avancées majeures sont enregistrées pour promouvoir le bien-être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance psychique et prévenir le suicide.
L’état de santé mentale de la population a été régulièrement suivi tout au long de la crise, grâce à la production par Santé publique France de tableaux de bord incluant des données sur les enfants et les jeunes, et des vagues mensuelles de l’enquête CoviPrev.
Une enquête pérenne sur la santé mentale des enfants de moins de 11 ans, pour lesquels nous ne disposions pas d’information globale jusqu’ici, est en cours de mise en oeuvre en milieu scolaire.
La lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques, de leur représentation et des personnes qui en sont atteintes, a connu une impulsion décisive sous l’effet de la crise Covid.
Les campagnes de communication de Santé publique France ont fait sortir la santé mentale du silence et de la « clandestinité » qui l’entouraient. En 2021 des campagnes de communication à destination du grand public ont été lancées et nous poursuivrons cette communication, principalement à destination des jeunes.
S’agissant de la promotion du bien-être mental, le développement des compétences psycho sociales y participe pleinement. Elles peuvent être mises en place dans tous les milieux de vie, dès le plus jeune âge.
Comme annoncé aux Assises, nous présenterons sur ce premier trimestre avec l’Éducation nationale une stratégie multisectorielle, pour un cadre de référence partagé à leur déploiement vers les enfants et les jeunes.
La prévention de la souffrance psychique quant à elle, passe notamment par la solidarité. Le développement du programme des Premiers Secours en Santé Mentale y contribue et je tiens beaucoup au développement de ce dispositif qui a fait ses preuves à l’étranger et qui est également un très beau vecteur de sensibilisation.
Le déploiement de ce programme initié dans les universités se poursuit avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal et des modules de formation complémentaires sont en cours de déploiement pour les adolescents ou les personnes âgées.
Parallèlement, la diffusion de ce programme va se poursuivre auprès des agents des 3 fonctions publiques, via une circulaire interministérielle. Son extension vers d’autres secteurs est encouragée, par exemple dans le cadre du plan de prévention du mal-être des agriculteurs, que nous avons présenté le 24 novembre dernier avec Julien Denormandie et Laurent Pietraszewski.
Le dipositif VigilanS de prévention de la récidive suicidaire est, quant à lui, déployé dans 16 régions et 22 000 patients ont été inclus dans le dispositif en 2021. Cette année, au-delà de l’objectif régional, nous viserons une couverture plus large des départements.
Parallèlement, nous avons ouvert avec succès le 1er octobre dernier la ligne 3114 du numéro national d’appel de prévention du suicide. 11 centres répondants, dont 3 en « H 24 » assurent aujourd’hui la réponse pour l’ensemble du territoire national.
27 000 appels ont été reçus ; une part significative de ces appels (10 à 15%) concerne une crise suicidaire en cours et ont nécessité une intervention des secours : ceci tend à montrer l’utilité vitale du dispositif. En 2022, pour le renforcer, de nouveaux centres répondants seront ouverts ; des actions de communication ciblées seront également menées.