Un programme de formation pour prévenir les suicides en Ehpad
08/01/2020 Par Nadia Daki http://www.gazette-sante-social.fr*
La Fédération régionale de recherche en psychiatrie
et santé mentale Hauts-de-France a développé un programme de formation à
l’égard des personnels des Ehpad en vue de réduire les suicides dans
leur établissement. Le premier bilan est positif tant au niveau des
chiffres que de la perception des professionnels.
La Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale
(F2RSM Psy) Hauts-de-France a rendu publique en juin son étude sur la
prise en charge des conduites suicidaires en Ehpad. L’entrée en Ehpad
peut représenter un moment de fragilité pour certaines personnes. C’est
pourquoi, en 2015, l’agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France
décidait de financer un programme de prévention et confiait son
évaluation à la fédération F2RSM Psy.Formation des professionnels
« Ce programme, le plus important à ce jour en France, est une déclinaison de la formation créée par le Pr Jean-Louis Terra, en novembre 2015 et février 2016. Pendant deux jours, des formateurs sont allés à la rencontre de professionnels (majoritairement des médecins, des infirmiers et des aides-soignants) volontaires pour aborder ce sujet sensible qu’est le suicide », indique Laurent Plancke, responsable de l’observatoire régional de la santé mentale F2RSM Psy.
L’idée est de former des professionnels qui deviendront à leur tour des formateurs dans leur propre structure. Vingt-huit sessions de formation ont été réalisées au cours desquelles 427 salariés ont été formés. « L’entrée en Ehpad est un moment particulier dans la vie d’une personne. Ce moment clé peut être considéré comme protecteur ou anxiogène », souligne Laurent Plancke.
Pendant la session, de nombreux points sont abordés comme les signes précurseurs d’une crise suicidaire. « L’un des objectifs est de déconstruire les idées fausses comme celle de réduire le désir de suicide à une dépression. Certes, la dépression représente un risque majeur mais la crise suicidaire résulte plutôt d’une conjonction de facteurs », précise le responsable de l’observatoire.
Signaux précurseurs d’une crise
Le placement en institution et ses répercussions psychologiques constituent une des clés de voûte du programme. Cette étape peut se caractériser par une émergence ou une aggravation d’idées et de conduites suicidaires parfois associées au déracinement qu’elle peut représenter. « Néanmoins, certains professionnels nous ont confié qu’il leur était difficile de parler de la mort avec leurs résidents. »
Au-delà du malaise que le sujet peut créer, il est des représentations sociales sur lesquelles les formateurs doivent s’attarder. Certaines d’entre elles, confondant dépendance et vieillesse, peuvent nourrir la conception selon laquelle le suicide offre une sorte de porte de sortie aux personnes âgées dont les conditions de vie sont jugées insupportables. « Alors même que la crise suicidaire se caractérise, en réalité, par un état réversible et temporaire. C’est pourquoi il est important de bien distinguer les signaux précurseurs d’une crise. »
La crise suicidaire peut durer entre six et huit semaines. Pendant cette période, le suicide est perçu comme la solution pour mettre fin à une souffrance actuelle. « La personne ne veut pas mourir, elle veut arrêter de souffrir. Huit personnes sur dix donnent des signes précurseurs de leur intention avant le passage à l’acte », explique le Pr Jean-Louis Terra dans les supports de formation. En état de crise, la personne est submergée par les émotions. La perception de la réalité est embrouillée et elle n’arrive plus à trouver des solutions à ses difficultés. Elle peut alors se tourner vers des solutions inadaptées, tant elle est démunie ou empressée à trouver un apaisement.
L’ancienne ministre du Travail, Myriam El Khomri, a
remis fin octobre au gouvernement son rapport pour rendre plus
attractifs les métiers du grand âge. Son constat est alarmant : salaires
faibles, taux d’accidents du travail trois fois supérieur à la moyenne
nationale, difficultés de recrutement, etc. Elle préconise la création
de 92 300 postes en cinq ans pour mieux encadrer les seniors en Ehpad.
Pour ce faire, l’État devra mobiliser 825 millions d’euros par an pour
le recrutement et la formation. Un investissement nécessaire, selon
elle, pour faire face à la population grandissante de personnes âgées
Selon les prévisions, le nombre de personnes dépendantes devrait
augmenter de 7 % d’ici à 2025 pour atteindre 1,5 million.
Prévention du passage à l’acte suicidaireLe spécialiste conseille d’aborder directement les intentions suicidaires tout en faisant preuve d’une grande écoute. « Identifier la crise suicidaire et en évaluer la gravité rendent possibles l’action thérapeutique et donc la prévention du passage à l’acte suicidaire ». Parmi les conduites préventives, l’éloignement des moyens létaux est une pratique courante. Il se matérialise par exemple par la gestion des médicaments par le personnel infirmier ou encore par la fermeture des entrebâilleurs des fenêtres. « Mais, lors de notre évaluation de la formation, les professionnels nous ont confié les limites de ces mesures. Certaines d’entre elles peuvent être vécues comme une réduction de liberté voire comme une infantilisation.
Justifiées pour les personnes en risque suicidaire, ces mesures doivent-elles être imposées à tous ? Les recommandations de prévention du suicide, enseignées ou rappelées durant le stage, s’inscrivent dans un contexte où d’autres enjeux sont bien sûr présents.
Les objectifs de santé publique peuvent entrer en contradiction avec les valeurs de liberté et d’autonomie », remarque Laurent Plancke.
Baisse du taux de morbidité suicidaire
À l’issue des formations menées jusqu’en 2018, la F2RSM Psy a souhaité mesurer l’impact de ces dernières via un questionnaire et des entretiens. « La satisfaction rencontrée est élevée. Cependant, nous avons constaté que les Ehpad avaient été recrutés sur la base d’une relation préexistante avec les équipes de formation. Il est vraisemblable que leur sensibilité à la problématique suicidaire a contribué à l’inscription de leurs salariés. La très bonne acceptabilité que nous avons pu observer est liée, au moins en partie, à ces prédispositions favorables », rapporte Laurent Plancke.
Les taux de morbidité suicidaire, quant à eux, ont significativement baissé après le stage. Les 72 Ephad ayant répondu au questionnaire sur les cas de tentative de suicide et de suicide enregistrés avant et après la formation avaient une capacité de 6 846 places. 31 tentatives de suicide ont été enregistrées durant l’année précédant la première session de formation et 16 après. Les taux de tentative de suicide étaient de 453 pour 100 000 personnes avant formation et 172 après formation. « Si le programme devait être poursuivi ou répliqué, il gagnerait à toucher un plus grand nombre de salariés par Ehpad et à se déployer dans des territoires non touchés jusqu’alors. Certains connaissent pourtant une surmortalité suicidaire très marquée comme le Calaisis, la Flandre intérieure ou le secteur de Lens-Hénin », indique Laurent Plancke.
Laurent Plancke, responsable de l’observatoire régional de la santé mentale F2RSM Psy
« La statistique ne permet pas de rendre compte de tout »
« Dans la région, 800 personnes mettent fin à
leurs jours dont un tiers sont des personnes âgées. Nous occupons la
troisième place, après la Bretagne et la Normandie. Aller à la rencontre
de professionnels de terrain est une démarche à la fois intéressante et
nécessaire. Lors des entretiens d’évaluation post-formation, les
professionnels ont indiqué avoir désormais moins de difficultés pour
évoquer ce sujet tabou. Ils sont plus outillés et disposent de
connaissances spécifiques qui leur permettent d’être plus alertes. Parmi
les points à améliorer : le public visé. Les stagiaires étaient
majoritairement volontaires. La question se pose pour atteindre un plus
grand nombre de professionnels et notamment, un public prioritaire. »
Chiffres Clés
- Le programme de formation à la gestion de la crise suicidaire en Ehpad a été déployé dans le Nord et le Pas-de-Calais de septembre 2016 à juin 2018.
- 9 binômes, pour la plupart évoluant dans des équipes de psychogériatrie, ont effectué 28 sessions de formation.
- Le programme a touché 110 établissements, 427 salariés, et
potentiellement 9849 résidents, soit plus d’un quart des Ehpad du Nord
et du Pas-de-Calais (30 % des personnes y étant hébergées).
http://www.gazette-sante-social.fr/57174/un-programme-de-formation-pour-prevenir-les-suicides-en-ehpad
***Info + :
La prise en charge des conduites suicidaires en Ehpad : évaluation d’un programme de formation dans le Nord et le Pas-de-Calais, 2019
Financé par l’Agence régionale de santé Hauts-de-France, un programme de formation à la gestion de la crise suicidaire en Ehpad a été déployé dans le Nord et le Pas-de-Calais de septembre 2016 à juin 2018. Il a connu une portée importante, puisqu’il a touché 110 établissements, 427 professionnels y travaillant, et -potentiellement-9849 personnes y résidant, soit plus d’un quart des Ehpad du Nord et du Pas-de-Calais 30% des personnes y étant hébergées. La satisfaction rencontrée a été élevée, tant de la part des équipes de formation formées par J.-L. Terra selon une méthodologie de gatekeepers que de la part des personnels des Ehpad. Bien que peu de changements organisationnels aient été rapportés lors des entretiens sur site plusieurs mois après la formation, l’aisance à aborder les conduites suicidaires, avec les personnes hébergées et entre collègues a été largement majorée ; de même, le programme a permis une amélioration significative des connaissances, savoir-faire et des représentations. L’éloignement des moyens létaux, déjà appliqué avant les stages, est assez généralisé ; il pose des problèmes éthiques de limitation de liberté et d’autonomie. La distinction entre pensées suicidaires et passages à l’acte n’est pas toujours faite et les troubles dépressifs parfois assimilés aux risques suicidaires. Les taux de morbidité suicidaire ont significativement baissé après le stage, ce qui suggère son effet protecteur ; il n’est par contre pas possible de conclure à son effet sur la mortalité suicidaire, événement très rare (même si les taux sont plus élevés chez les personnes âgées). Non dépendantes du programme de formation, les relations avec les secteurs de psychiatrie se sont avérées très inégales selon les Ehpad ; ce partenariat est pourtant indispensable, en cas de passage à l’acte suicidaire notamment.
Si le programme devait être poursuivi ou répliqué, il gagnerait à toucher un plus grand nombre de salariés par Ehpad et à se déployer dans des territoires non touchés (certains connaissent pourtant une surmortalité suicidaire très marquée).
Téléchargez le rapport complet
Retrouvez le Psy.Brèves n°15 en lien avec ce sujet - source https://www.f2rsmpsy.fr/prise-charge-conduites-suicidaires-ehpad-evaluation-drun-programme-formation-nord-pas-calais-2019.html
***
Hauts-de-France: des professionnels d'Ehpad formés au risque suicidaire Plus de 400 professionnels d'une centaine d'Ehpad du Nord et du Pas-de-Calais ont bénéficié d'un programme de formation au risque suicidaire des résidents, qui a été évalué par la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale. S'il n'a pas révolutionné les organisations, il a permis d'améliorer les connaissances et de libérer les échanges sur un sujet encore tabou.
Le taux de suicide des personnes âgées est élevé: selon les chiffres du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC), l'un des laboratoires de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en France, sur près de 10.400 suicides survenus en 2010, 28% ont concerné des personnes âgées de 65 ans et plus.
Dans ce contexte, l’agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France a financé un programme de formation à la gestion de la crise suicidaire en Ehpad dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais de septembre 2016 à juin 2018, peut-on lire dans une étude publiée dans la revue Psy. Brèves de juin.
Au total, il s'est déroulé dans 110 Ehpad (soit un peu plus d'un quart des établissements de ces territoires) et a touché 427 professionnels.
Le Pr Jean-Louis Terra a formé des binômes (issus majoritairement d'équipes de psychogériatrie), qui ont ensuite eux-mêmes transmis leurs connaissances à des professionnels d'Ehpad (en moyenne quatre par établissement).
Ces connaissances portaient sur "les données épidémiologiques, la physiopathologie de la crise suicidaire, l’évaluation du potentiel suicidaire et les étapes d’intervention de crise suicidaire".
La Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale (F2RSM Psy) Hauts-de-France a évalué l'impact de la formation sous deux angles: les évolutions en termes de processus (organisation) et de résultats (morbi-mortalité suicidaire). En seconde intention, l'objectif était de "décrire l’assimilation des savoirs et savoir-faire transmis durant la formation, la mise en oeuvre des conduites à tenir et l’identification des difficultés".
Pour ce faire, la fédération s'est servie de trois outils:
- une enquête par questionnaire auto-administré, en début et fin de formation, sur les connaissances et les représentations en suicidologie, la satisfaction et les caractéristiques des répondants
- une enquête par entretien semi-structuré, 17 mois en moyenne après la formation, avec les directeurs d’Ehpad formés (soit un sur cinq, tirés au sort), "sur la problématique générale des conduites suicidaires, l’opinion sur le stage suivi, les changements intervenus depuis la formation, l’évaluation et prise en charge du risque et de la crise suicidaire et les relations avec les professionnels et la famille à propos des conduites suicidaires"
- enfin, une enquête de prévalence des tentatives de suicide et des suicides au sein de la population des résidents des Ehpad, avant et après la formation, via un questionnaire spécifique.
Les résultats montrent "une hausse significative des connaissances déclarées dans le questionnaire passé en début et fin de formation" avec notamment une meilleure définition de la crise suicidaire, des facteurs de risques suicidaires chez la personne âgée et enfin, des situations où il est nécessaire de contacter un service et lequel.
Les personnes formées sont aussi plus au clair sur leurs représentations. Par exemple, en fin de stage, "les niveaux d’accord augmentent sur l’idée que les personnes qui veulent se suicider donnent une indication sur leur intention à leur entourage" et "que le risque de suicide est plus élevé chez les personnes ayant fait une tentative".
S'agissant des entretiens, 59 personnes ont été interviewées au cours de 23 entrevues. Ils révèlent "que le changement rapporté le plus important concerne les échanges autour des conduites suicidaires, avec les résidents et au sein du personnel. L’expression du désir de mort est moins banalisée."
Si les professionnels peinent encore à aborder ce sujet, "la parole semble plus fluide, l’appréhension levée, par la conviction acquise qu’en parler est nécessaire pour mieux prévenir ou gérer la crise suicidaire".
En revanche, peu de changements organisationnels ont été rapportés plusieurs mois après la formation. Par exemple, l’entretien de pré-admission d'un résident prend en compte les tendances suicidaires signalées par des tiers, "mais les antécédents ne sont pas recherchés systématiquement", révèle la fédération.
Enfin, elle constate que "le psychologue occupe une place centrale dans la gestion du risque suicidaire" et que "la formation a souvent permis que les soignants prennent une part plus importante dans son évaluation". Les transmissions, orales et écrites, ont aussi été renforcées.
A côté de cela, "l’échelle de risque, urgence, dangerosité (RUD) est très rarement employée" et "il n’y a pas eu de protocolisation de la gestion du risque".
La F2RSM Psy remarque aussi que "l'association des familles semble assez systématique" et qu'elle "contribue à l’appréciation de la situation de la personne". Quant au médecin généraliste, "il est systématiquement informé quand un risque ou un passage à l’acte suicidaire est enregistré, mais sa disponibilité est très limitée".
"Les résidents suivis en centre médico-psychologique avant leur admission en Ehpad continuent à l’être, mais les comptes rendus de visites ou de consultations sont plutôt rares et les relations très inégales", note-t-elle encore.
Globalement, "l’organisation d’un déplacement pour consulter le psychiatre est complexe à organiser et perturbante pour le résident" et lorsque des troubles mentaux apparaissent après admission, l’équipe mobile de psychogériatrie est appelée.
"Les relations n’ont pas particulièrement évolué depuis la formation à la prise en charge de la crise suicidaire ; il arrive cependant que l’équipe de psychogériatrie puisse être plus sollicitée parce que la formation a amélioré les liens avec les professionnels de l’Ehpad, ou au contraire l’être moins parce que ces derniers ont amélioré leur niveau de compétence et se sentent mieux armés pour gérer le risque suicidaire", montre encore l'étude.
Elle a également soulevé la question du dilemme entre liberté et sécurité, concernant "les mesures d’éloignement des moyens létaux". Environ un Ehpad sur trois "la question de la liberté et de sa restriction a été abordée".
"Cette question éthique se cristallise sur les fenêtres, dont l’entrebâilleur est le plus souvent verrouillé, et les médicaments, dont la dispensation est assurée par le personnel infirmier. Justifiées pour les personnes en risque suicidaire, ces mesures doivent-elles être imposées à tous?", questionne l'étude, notant que "les objectifs de santé publique peuvent entrer en contradiction avec les valeurs de liberté et d’autonomie".
Enfin, 72 Ehpad (soit 65,4% du total) ont renseigné l'enquête de prévalence sur les cas de tentative de suicide et de suicide enregistrés avant et après la formation. Sur 6.846 places, l'étude recense 31 tentatives de suicide (TS) enregistrées durant l’année précédant la première session de formation et 16 après. Les taux de TS étaient de 453 pour 100.000 personnes avant formation et 172 après formation, baisse statistiquement significative.
Concernant la mortalité par suicide, un cas a été reporté avant la formation contre trois après, "mais les très faibles effectifs ne permettent aucune conclusion sur la significativité des écarts de taux", précise la fédération.
En conclusion, elle note que "le programme de formation à la gestion de la crise suicidaire en Ehpad a connu une portée importante" et que "la satisfaction rencontrée a été élevée".
"Bien que peu de changements organisationnels aient été rapportés […], l’aisance à aborder les conduites suicidaires, avec les personnes hébergées et entre collègues a été largement majorée", sans oublier "une amélioration significative des connaissances, savoir-faire et des représentations".
La fédération rappelle que "l'éloignement des moyens létaux, déjà appliqué avant les stages, est assez généralisé" et qu'il "pose des problèmes éthiques de limitation de liberté et d’autonomie".
Elle relève enfin que "le taux de morbidité suicidaire diminue significativement après la formation, et ce alors qu’elle a vraisemblablement augmenté l’attention sur le phénomène étudié", indiquant que "ce résultat plaide pour une efficacité du programme, sans pour autant que l’imputabilité de cette baisse puisse être formellement établie".
En revanche, elle souligne qu'"il n’est pas possible de conclure à un effet sur la mortalité suicidaire, événement très rare".
Enfin, l'étude permet de constater que "les relations avec les secteurs de psychiatrie", qui ne dépendent pas du programme de formation, "se sont avérées très inégales selon les Ehpad". Un partenariat "pourtant indispensable, en cas de passage à l’acte suicidaire notamment".
"Si le programme devait être poursuivi ou répliqué […] il gagnerait à toucher un plus grand nombre de salariés par Ehpad" et "à se déployer dans des territoires non touchés, dont certains connaissent pourtant une surmortalité suicidaire très marquée", note enfin la F2RSM Psy.
cbe/ab
F2RSM - Prise en charge des conduites suicidaires en EHPAD
9 juillet 2019
Financé par l’Agence régionale de santé
Hauts-de-France, un programme de formation à la gestion de la crise
suicidaire en Ehpad a été déployé dans le Nord et le Pas-de-Calais de
septembre 2016 à juin 2018. Il a connu une portée importante, puisqu’il a
touché 110 établissements, 427 professionnels y travaillant, et
-potentiellement-9849 personnes y résidant, soit plus d’un quart des
Ehpad du Nord et du Pas-de-Calais 30% des personnes y étant hébergées.
La satisfaction rencontrée a été élevée, tant de la part des équipes de
formation formées par J.-L. Terra selon une méthodologie de gatekeepers
que de la part des personnels des Ehpad. Bien que peu de changements
organisationnels aient été rapportés lors des entretiens sur site
plusieurs mois après la formation, l’aisance à aborder les conduites
suicidaires, avec les personnes hébergées et entre collègues a été
largement majorée ; de même, le programme a permis une amélioration
significative des connaissances, savoir-faire et des représentations.
L’éloignement des moyens létaux, déjà appliqué avant les stages, est
assez généralisé ; il pose des problèmes éthiques de limitation de
liberté et d’autonomie. La distinction entre pensées suicidaires et
passages à l’acte n’est pas toujours faite et les troubles dépressifs
parfois assimilés aux risques suicidaires. Les taux de morbidité
suicidaire ont significativement baissé après le stage, ce qui suggère
son effet protecteur ; il n’est par contre pas possible de conclure à
son effet sur la mortalité suicidaire, événement très rare (même si les
taux sont plus élevés chez les personnes âgées). Non dépendantes du
programme de formation, les relations avec les secteurs de psychiatrie
se sont avérées très inégales selon les Ehpad ; ce partenariat est
pourtant indispensable, en cas de passage à l’acte suicidaire notamment.
Si le programme devait être poursuivi ou répliqué, il gagnerait à toucher un plus grand nombre de salariés par Ehpad et à se déployer dans des territoires non touchés (certains connaissent pourtant une surmortalité suicidaire très marquée).
Pour en savoir plus
Source : F2RMS, juillet 2019
Si le programme devait être poursuivi ou répliqué, il gagnerait à toucher un plus grand nombre de salariés par Ehpad et à se déployer dans des territoires non touchés (certains connaissent pourtant une surmortalité suicidaire très marquée).
Pour en savoir plus
Source : F2RMS, juillet 2019
***
Prise en charge des conduites suicidaires en EHPAD Évaluation d’un programme de formation dans le Nord et le Pas-de-Calais
Rapport de la f2rsmpsy Hauts de France
Mai 2019
Acces rapport https://www.hauts-de-france.ars.sante.fr/system/files/2019-07/evaluation%20formations%20prevsuicide%20EHPAD.pdf
Source https://www.hauts-de-france.ars.sante.fr/psychogeriatrie
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Psy.Brèves n°15, juin 2019. Réduire la morbi-mortalité suicidaire en Ehpad. Évaluation d’un programme de formation dans le Nord et le Pas-de-Calais
sur www.f2rsmpsy.fr*
La Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France a procédé à l’évaluation de l’impact d’un programme de prévention des conduites suicidaires en Ehpad ; après avoir été formés, des membres d’équipes mobiles de psychogériatrie ont, à leur tour, appris aux professionnels des Ehpad à détecter et prendre en charge les personnes hébergées en crise suicidaire. Ce programme a touché 110 établissements et 427 professionnels, qui rapportent une grande satisfaction d’avoir suivi le stage et une plus grande aisance à aborder les conduites suicidaires, avec les personnes et entre eux, depuis la formation. En termes de résultats, le taux de morbidité suicidaire diminue significativement après la formation, et ce alors qu’elle a vraisemblablement augmenté l’attention sur le phénomène étudié ; ce résultat plaide pour une efficacité du programme, sans pour autant que l’imputabilité de cette baisse puisse être formellement établie.
Téléchargez le Psy.Brèves n°15
https://www.f2rsmpsy.fr/psy-breves-nd15-juin-2019-reduire-morbi-mortalite-suicidaire-ehpad-evaluation-drun-programme-formation-nord-pas-calais.h
1er post juin 2019