L’objet de cette thèse était de
mettre en lumière la problématique du suicide chez les amérindiens Teko
et Wayampi habitant sur les rives de l’Oyapock, au sud de la Guyane
française, sur une période donnée allant de 2008 à 2015.
Dans le cadre d’une thèse de médecine
générale, il s’agit d’évoquer le sujet d’une manière globale, pouvant
emprunter alternativement les voies de la psychiatrie, de la santé
publique, de la médecine de proximité, mais aussi celles de la
sociologie, de la psychologie ou de l’anthropologie.
Dans le cadre particulier de ce travail, le but final était de permettre la connaissance de la réalité accablante d’un échec de prise en charge en termes de santé publique dans un territoire de l’état français et de pouvoir améliorer la prise en charge de cet écueil, en tant que soignant.
Dans le cadre particulier de ce travail, le but final était de permettre la connaissance de la réalité accablante d’un échec de prise en charge en termes de santé publique dans un territoire de l’état français et de pouvoir améliorer la prise en charge de cet écueil, en tant que soignant.
Introduction
En 2013 en Guyane française, dans la
communauté amérindienne de Camopi, ont été recensés par les Centres
Délocalisés de Prévention et de Soin (CDPS) 6 suicides chez des
adolescents âgés de 13 à 18 ans. Ce phénomène suicidaire s’est prolongé
les années suivantes. L’étude menée avait pour objectif de décrire cette
épidémie et d’identifier les facteurs associés à la tentative de
suicide (TS).
Dans une première partie, la problématique de ces communautés autochtones a été resituée dans son contexte historique, géographique et démographique; dans un second temps ont été abordées les règlementations françaises et internationales qui encadrent le sujet et dans un troisième temps, les définitions en termes de psychiatrie de la problématique suicidaire étudiée ont été posées, et les plans d’actions contre le suicide déjà existants en Guyane, en métropole et dans le monde, ont été exposés.
Dans une première partie, la problématique de ces communautés autochtones a été resituée dans son contexte historique, géographique et démographique; dans un second temps ont été abordées les règlementations françaises et internationales qui encadrent le sujet et dans un troisième temps, les définitions en termes de psychiatrie de la problématique suicidaire étudiée ont été posées, et les plans d’actions contre le suicide déjà existants en Guyane, en métropole et dans le monde, ont été exposés.
Matériel et méthode
L’étude était épidémiologique,
observationnelle et rétrospective. Une première partie concernait le
recensement des TS et des suicides entre 2008 et 2015, chez les
Amérindiens connus des CDPS. La deuxième partie comprenait un
questionnaire, adressé aux Amérindiens qui avaient fait une TS dans
cette même période.
Résultats
Le taux de suicide annuel était plus
élevé durant les trois dernières années de la période étudiée. Il était
équivalent à 296 pour 100 000 habitants, soit plus de 18 fois le taux de
suicide annuel en France métropolitaine. Le taux de létalité était de
30.4% contre 8.2%. La tranche d’âge des 10-20 ans regroupait 71% des
décès par suicide et il n’y avait pas de différence significative entre
les sexes. Le conflit interpersonnel constituerait le principal
évènement de vie stressant déclaré par les enquêtés (52%), sans compter
les deuils auxquels ils ont été exposés dans l’entourage proche. La
dépendance à l’alcool (30% des enquêtés), serait liée significativement à
l’occurrence de TS, sous l’emprise de l’alcool (p=0.03). La récidive de
TS serait liée significativement à la consommation de cannabis
(p=0.03). La dépression était retrouvée chez 45% des enquêtés et la
maltraitance dans l’enfance chez 33%. Les enquêtés ont déclaré que leur
TS leur avait été dictée par un esprit dans 58% des cas.
Conclusion
Des points névralgiques de la
problématique du suicide chez les amérindiens de la commune de Camopi
ont été mis en évidence. Des propositions de réponses ont été amenées,
dans une logique d’actions qui devront être menées avant tout par la
communauté amérindienne, en concert avec la Cellule pour le Mieux-être
des Populations de l’Intérieur.
Article extrait de la thèse de Rémi PACOT, Docteur en médecine