Plus d'un an et demi après le crash délibéré d'un avion de la
Germanwings dans les Alpes par un pilote dépressif ayant entraîné la
mort des 150 passagers, une équipe de la Harvard T.H. Chan School of
Public Health révèle que plus de 10 % des pilotes de ligne présentent
des symptômes dépressifs.
« Des centaines de pilotes en activité aujourd'hui présentent des symptômes peut-être sans avoir la possibilité d'être traités en raison de la crainte de retombées négatives sur leur carrière », s'inquiètent les auteurs.
Peur de la stigmatisation
Dans une étude chez près de 1 850 pilotes et publiée dans « Environmental Health », les chercheurs dressent pour la première fois un tableau de la santé mentale de la profession, avec un focus sur les symptômes dépressifs et les idées suicidaires. Les auteurs expliquent avoir eu recours à un questionnaire anonyme en raison de l'effet dissuasif très fort pour les pilotes à déclarer souffrir de troubles dépressifs.
Le questionnaire, qui portait sur la santé et la satisfaction au travail, comportait des items standardisés de deux tests anglo-saxons validés, le Job Content Questionnaire pour la satisfaction au travail et le NHANES (pour National Health and Nutrition Examination Survey).
Les symptômes dépressifs étaient spécifiquement évalués à l'aide du module PHQ-9 des études NHANES (pour Patient Health Questionnaire) et de ses 9 questions, correspondant aux 9 critères pour le diagnostic de troubles dépressifs dans le DSM-IV. Un score PHQ-9 ≥ 10, – score qui peut varier de 0 à 27 –, est le seuil retenu pour parler de dépression (sensibilité et spécificité à 88 %).
Des idées suicidaires
Au total, 3 485 pilotes de ligne de 50 pays ont été invités à participer. Plus de la moitié (52,7 %, n =1837) ont répondu en totalité à l'enquête et 1866 (53,5 %) l'ont fait au moins pour moitié. La majorité des pilotes a répondu des États-Unis (45,5%), devant le Canada (12,6 %), l'Australie (11,1 %), l'Europe (11,7 %), l'Amérique du Sud (4,7 %) et l'Afrique du Sud (0,2 %). En Europe, les pays ayant participé le plus sont l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Plus de 10 % des pilotes avaient un score ≥ 10, plus précisément 12,6 % des 1 848 (n = 233) ayant répondu au PHQ-9 et 13,5 % des 1 430 pilotes ayant volé les 7 jours précédents. Soixante-quinze (4,1 %) ont même rapporté des idées suicidaires dans les 2 semaines passées. La proportion des dépressions était plus élevée en cas de prise de somnifères, et parmi les victimes de harcèlement sexuel ou verbal.
Les hommes pilotes étaient davantage en proportion à rapporter de façon quasi quotidienne avoir une perte d'intérêt, un sentiment d'échec, des troubles de concentration et penser qu'ils seraient mieux morts. Les femmes pilotes étaient proportionnellement plus nombreuses à se sentir dépressive au moins 1 jour dans le mois précédent et étaient plus souvent diagnostiquées comme ayant une dépression.
Même s'il est difficile de généraliser ces résultats, en conviennent les auteurs, « il y a un nombre significatif de pilotes en activité souffrant de symptômes dépressifs », concluent-ils. Les auteurs appellent les compagnies aériennes à faciliter l'accès à un traitement préventif de santé mentale. D'autres facteurs de risque, tels que les décalages du rythme circadien et du sommeil, sont à l'étude.
« Des centaines de pilotes en activité aujourd'hui présentent des symptômes peut-être sans avoir la possibilité d'être traités en raison de la crainte de retombées négatives sur leur carrière », s'inquiètent les auteurs.
Peur de la stigmatisation
Dans une étude chez près de 1 850 pilotes et publiée dans « Environmental Health », les chercheurs dressent pour la première fois un tableau de la santé mentale de la profession, avec un focus sur les symptômes dépressifs et les idées suicidaires. Les auteurs expliquent avoir eu recours à un questionnaire anonyme en raison de l'effet dissuasif très fort pour les pilotes à déclarer souffrir de troubles dépressifs.
Le questionnaire, qui portait sur la santé et la satisfaction au travail, comportait des items standardisés de deux tests anglo-saxons validés, le Job Content Questionnaire pour la satisfaction au travail et le NHANES (pour National Health and Nutrition Examination Survey).
Les symptômes dépressifs étaient spécifiquement évalués à l'aide du module PHQ-9 des études NHANES (pour Patient Health Questionnaire) et de ses 9 questions, correspondant aux 9 critères pour le diagnostic de troubles dépressifs dans le DSM-IV. Un score PHQ-9 ≥ 10, – score qui peut varier de 0 à 27 –, est le seuil retenu pour parler de dépression (sensibilité et spécificité à 88 %).
Des idées suicidaires
Au total, 3 485 pilotes de ligne de 50 pays ont été invités à participer. Plus de la moitié (52,7 %, n =1837) ont répondu en totalité à l'enquête et 1866 (53,5 %) l'ont fait au moins pour moitié. La majorité des pilotes a répondu des États-Unis (45,5%), devant le Canada (12,6 %), l'Australie (11,1 %), l'Europe (11,7 %), l'Amérique du Sud (4,7 %) et l'Afrique du Sud (0,2 %). En Europe, les pays ayant participé le plus sont l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Plus de 10 % des pilotes avaient un score ≥ 10, plus précisément 12,6 % des 1 848 (n = 233) ayant répondu au PHQ-9 et 13,5 % des 1 430 pilotes ayant volé les 7 jours précédents. Soixante-quinze (4,1 %) ont même rapporté des idées suicidaires dans les 2 semaines passées. La proportion des dépressions était plus élevée en cas de prise de somnifères, et parmi les victimes de harcèlement sexuel ou verbal.
Les hommes pilotes étaient davantage en proportion à rapporter de façon quasi quotidienne avoir une perte d'intérêt, un sentiment d'échec, des troubles de concentration et penser qu'ils seraient mieux morts. Les femmes pilotes étaient proportionnellement plus nombreuses à se sentir dépressive au moins 1 jour dans le mois précédent et étaient plus souvent diagnostiquées comme ayant une dépression.
Même s'il est difficile de généraliser ces résultats, en conviennent les auteurs, « il y a un nombre significatif de pilotes en activité souffrant de symptômes dépressifs », concluent-ils. Les auteurs appellent les compagnies aériennes à faciliter l'accès à un traitement préventif de santé mentale. D'autres facteurs de risque, tels que les décalages du rythme circadien et du sommeil, sont à l'étude.
Références étude citée
Airplane pilot mental health and suicidal thoughts: a cross-sectional descriptive study via anonymous web-based survey Alexander C. Wu 1, Deborah Donnelly-McLay, Marc G. Weisskopf, Eileen McNeely, Theresa S. Betancourt and Joseph G. Allen
JGAllen@hsph.harvard.eduDepartment of Environmental Health, Harvard T.H. Chan School of Public Health
Environmental Health201615:121
Published: 15 December 2016