dans "Conduites addictives chez les adolescents : usages, prévention et accompagnement
INSTITUT NATIONAL DE LA SANTE ET DE LA RECHERCHE MEDICALE (France)
Collection : Expertises collectives
Date de remise : Février 2014
En France, les niveaux de consommation de certaines substances psychoactives, en particulier l'alcool, le tabac et le cannabis, demeurent élevés chez les adolescents, en dépit des évolutions de la réglementation visant à limiter l'accès des mineurs à ces produits et des campagnes de prévention répétées. Dans le contexte de l'élaboration du Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) a sollicité l'Inserm pour établir un bilan des connaissances scientifiques sur les vulnérabilités des adolescents (âgés de 10 à 18 ans) à l'usage de substances psychoactives dont la consommation est notable chez les jeunes et pour lesquelles un risque de comportement addictif est avéré (alcool, tabac, cannabis), mais aussi aux pratiques identifiées comme pouvant devenir problématiques (jeux vidéo/Internet, jeux de hasard et d'argent). La commande de la MILDT portait également sur l'analyse des stratégies de prévention et d'intervention efficaces pour cette tranche d'âge. Pour répondre à cette demande, l'Inserm a réuni un groupe pluridisciplinaire d'experts en épidémiologie, santé publique, sciences humaines et sociales, addictologie, neurosciences et communication.
Extraits P236
"Suicidalité
Dans l’étude Young in Norway Longitudinal Study sur 2 033 sujets âgés de 12 à 16 ans suivis pendant 13 ans, la fréquence de tentatives de suicide était augmentée chez les consommateurs de cannabis (OR=2,9; IC 95% [1,3-6,1]) (Pedersen, 2008).
L’étude longitudinale sur plus de 50 000 conscrits suédois a montré une association entre consommation de cannabis et fréquence ultérieure plus élevée de décès par suicide (OR=1,62; IC95% [1,28-2,07]) (Price et coll., 2009). Cependant,cette relation semble davantage liée aux problèmes psychologiques ou comportementaux retrouvés chez les consommateurs de cannabis qu’à la consommation elle-même, et disparaît si l’on ajuste les résultats en tenant compte des facteurs confondants (OR=0,88; IC95% [0,65-1,20]; Price et coll., 2009).
D’autres études cas-témoins ont révélé une association entre consommation de cannabis et fréquence ultérieure plus élevée de tentatives de suicide ou de suicide (Chabrol et coll., 2008 ; Buckner et coll., 2012a).
Dans une étude de jumeaux, la dépendance au cannabis augmentait le risque d’idéation suicidaire et de tentatives de suicide, avec un risque augmenté chez les sujets qui avaient commencé leur consommation avant l’âge de 17 ans (Lynskey et coll., 2004).
Cependant, dans l’étude longitudinale canadienne Adolescent Health Study sur 976 sujets, âgés de 15-16 ans à l’entrée dans l’étude, suivis pendant deux ans, le risque de tentatives de suicide chez les consommateurs de cannabis n’était pas augmenté (Rasic et coll., 2013).
Lire le rapport : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/144000396-conduites-addictives-chez-les-adolescents-usages-prevention-et-accompagnement?xtor=EPR-526