Publié le 22/06/2014 sur http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/21_psy/e-docs/ou_aller_a_la_messe_protege_du_suicide_146047/document_actu_med.phtml
« La religion est l’opium du peuple » estimait Karl
Marx. Si certaines dérives (intégristes ou sectaires) sont certes
condamnables, cet aphorisme est cependant excessif, car la religion
peut contribuer à apaiser les souffrances psychiques, comme
l’indique une étude réalisée aux États-Unis à l’Université George
Mason de Fairfax (Virginie) à partir de données issues de l’enquête
épidémiologique NHANES III[1] pour évaluer si des sujets
participant souvent à des offices religieux se révèlent « moins
enclins à se suicider » que d’autres sans pratique fréquente
d’une religion.
Cette recherche s’inscrit dans la lignée de travaux antérieurs tendant à « montrer que la pratique d’une religion peut constituer un facteur de protection contre le suicide. » Mais comme ces recherches précédentes restaient de nature rétrospective, elles méritaient d’être complétées par une étude prospective. S’appuyant sur une régression de Cox (modèle à risque proportionnel)[2], cette analyse confirme les résultats des études rétrospectives : après prise en compte d’autres critères pertinents (sexe, âge, importance de la famille, usage d’alcool ou de drogues, antécédents de troubles dépressifs ou de tentative de suicide...), les sujets assistant fréquemment à des services religieux « sont moins susceptibles de mourir par suicide » que d’autres sans cette implication religieuse. Autrement dit, la pratique d’une religion s’avère « un facteur de protection à long terme contre le suicide. »
Ce constat n’est guère étonnant, dans la mesure où les religions offrent des réponses pré-établies (vraies ou fausses, c’est un autre débat) pouvant combler le vide existentiel ressenti par maints candidats au suicide, et l’angoisse liée à certaines « questions métaphysiques » vieilles comme l’humanité : quel est le sens de la vie, comment supporter la souffrance, la vieillesse, la maladie, la mort ?… Certains n’ont d’ailleurs pas manqué de comparer la psychanalyse (voire toute psychothérapie) aux religions en disant que Freud avait réintroduit une forme de confession dans le judaïsme (à l’image du christianisme) et dans l’entretien médico-psychologique.
[1] National Health and Nutrition Examination Survey (Enquête nationale sur la nutrition et la santé) : cf. http://www.cdc.gov/nchs/nhanes/nh3data.htm
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gression_de_Cox
Dr Alain Cohen
Cette recherche s’inscrit dans la lignée de travaux antérieurs tendant à « montrer que la pratique d’une religion peut constituer un facteur de protection contre le suicide. » Mais comme ces recherches précédentes restaient de nature rétrospective, elles méritaient d’être complétées par une étude prospective. S’appuyant sur une régression de Cox (modèle à risque proportionnel)[2], cette analyse confirme les résultats des études rétrospectives : après prise en compte d’autres critères pertinents (sexe, âge, importance de la famille, usage d’alcool ou de drogues, antécédents de troubles dépressifs ou de tentative de suicide...), les sujets assistant fréquemment à des services religieux « sont moins susceptibles de mourir par suicide » que d’autres sans cette implication religieuse. Autrement dit, la pratique d’une religion s’avère « un facteur de protection à long terme contre le suicide. »
Ce constat n’est guère étonnant, dans la mesure où les religions offrent des réponses pré-établies (vraies ou fausses, c’est un autre débat) pouvant combler le vide existentiel ressenti par maints candidats au suicide, et l’angoisse liée à certaines « questions métaphysiques » vieilles comme l’humanité : quel est le sens de la vie, comment supporter la souffrance, la vieillesse, la maladie, la mort ?… Certains n’ont d’ailleurs pas manqué de comparer la psychanalyse (voire toute psychothérapie) aux religions en disant que Freud avait réintroduit une forme de confession dans le judaïsme (à l’image du christianisme) et dans l’entretien médico-psychologique.
[1] National Health and Nutrition Examination Survey (Enquête nationale sur la nutrition et la santé) : cf. http://www.cdc.gov/nchs/nhanes/nh3data.htm
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gression_de_Cox
Dr Alain Cohen