http://www.jim.fr/e-docs/suicides_en_uniforme_146510/document_actu_med.phtml
Réalisée aux États-Unis à partir de données concernant «
près d’un million de soldats ayant servi entre 2004 et
2009 », et sur le modèle de l’enquête de Framingham en matière
cardiovasculaire, Army STARRS[1] (Army Study To Assess Risk and
Resilience in Service members) est une étude visant à
apprécier le risque et la résilience chez les militaires américains
qui évalue notamment la place du suicide chez les militaires. Dans
cette population (où la prévalence des idées suicidaires s’élève à
13,9 %), les projets d’autolyse concernent 5,3 % des intéressés, et
les tentatives commises 2,4 % d’entre eux, avec « pour la plupart
des cas » un début de climat suicidaire préalable à l’engagement
dans l’armée. Plus du tiers des tentatives de suicide survenues
après l’engagement s’enracinent en fait dans des troubles mentaux
préalables à ce choix du port de l’uniforme. L’augmentation du
risque de suicide chez les militaires est associée à la notion d’un
déploiement opérationnel « actuel ou préalable. » Ce
résultat est toutefois en contradiction avec celui d’une autre
enquête épidémiologique (Millennium Cohort Study) qui ne
décelait « aucune association entre déploiement opérationnel et
suicide », mais plusieurs différences méthodologiques entre
les deux études expliqueraient ces conclusions opposées.
Parmi les facteurs augurant d’une tentative de suicide, on constate sans surprise la présence d’une « dépression majeure ou d’un trouble explosif intermittent » qui se révèlent des antécédents prédictifs « particulièrement importants », d’où l’intérêt de dépister ces troubles psychiatriques dans les entretiens évoquant les contextes médicaux des sujets postulant pour un emploi dans l’armée. Une crainte légitime de l’institution militaire est en effet de recruter des personnels déjà fragiles avant d’embrasser la carrière des armes, et risquant de percevoir leur engagement dans l’armée comme une « solution » (factice) pour traiter les difficultés antérieures de leur existence : mésestime de soi, dépression, phobie sociale, stress post-traumatique…
Les auteurs soulignent la nécessité d’une « meilleure connaissance des facteurs associés à des comportements suicidaires », surtout chez les sujets les plus vulnérables. Vu le taux de suicide élevé, même parmi les soldats n’ayant jamais approché les fronts de bataille, on peut espérer que l’identification de ces facteurs de risque suicidaire permettra de minimiser leur portée.
[1] http://www.armystarrs.org/
Dr Alain Cohen
Parmi les facteurs augurant d’une tentative de suicide, on constate sans surprise la présence d’une « dépression majeure ou d’un trouble explosif intermittent » qui se révèlent des antécédents prédictifs « particulièrement importants », d’où l’intérêt de dépister ces troubles psychiatriques dans les entretiens évoquant les contextes médicaux des sujets postulant pour un emploi dans l’armée. Une crainte légitime de l’institution militaire est en effet de recruter des personnels déjà fragiles avant d’embrasser la carrière des armes, et risquant de percevoir leur engagement dans l’armée comme une « solution » (factice) pour traiter les difficultés antérieures de leur existence : mésestime de soi, dépression, phobie sociale, stress post-traumatique…
Les auteurs soulignent la nécessité d’une « meilleure connaissance des facteurs associés à des comportements suicidaires », surtout chez les sujets les plus vulnérables. Vu le taux de suicide élevé, même parmi les soldats n’ayant jamais approché les fronts de bataille, on peut espérer que l’identification de ces facteurs de risque suicidaire permettra de minimiser leur portée.
[1] http://www.armystarrs.org/
Dr Alain Cohen