LeHuffPost | Par Maeva Vitela sur http://www.huffingtonpost.fr/2014/07/31/test-predisposition-suicide_n_5636994.html?utm_hp_ref=france-cest-la-vie&ir=France+C%27est+La+Vie
31/07/2014
SANTE - Il arrive que des gens viennent à penser au suicide comme étant l'unique solution à leur mal. Selon une étude américaine, certaines personnes seraient pré-disposées à commettre cet acte dramatique. Cette différence d'approche face au suicide serait due à une mutation génétique qui rendrait les personnes plus fragiles enclines à commettre le pire. Cette mutation serait détectable grâce à une simple prise de sang.
Les scientifiques de l'université Johns Hopkins (Maryland) ont mené à bien une étude où ils ont découvert qu'une certaine altération chimique sur un gène qui, en lien avec un stress particulier, rendrait le danger de passage à l'acte plus grand.
La zone du cerveau impliquée dans l'inhibition de pensées négatives
Ces scientifiques ont effectivement étudié la façon dont certaines substances chimiques, des méthyles, agissent sur le gène SKA2 qui joue un rôle clé car il supprime les effets des hormones produites par le stress. Selon eux, si le fonctionnement de ce gène est affecté par un changement chimique, le cerveau est incapable de mettre fin aux effets des hormones sécrétées par le stress et l'anxiété ce qui peut pousser une personne au suicide. Ces chercheurs, dont les travaux ont été publiés mercredi dans l'American Journal of Psychiatry, ont étudié des échantillons de 150 cerveaux. Ils ont constaté que les personnes qui s'étaient suicidées avaient des teneurs très élevées de substances chimiques qui altèrent le gène SKA2, l'empêchant de supprimer les effets des hormones produites par le stress.
L'équipe de recherche dirigée par le docteur Zachary Kaminsky, a fait des analyses sur les cerveaux de malades mentaux et de personnes saines qui ont mis fin à leurs jours, ainsi que de personnes décédées de causes naturelles. Le gène SKA2 est un gène présent dans le cortex préfrontal du cerveau, c'est la zone du cerveau impliquée dans l'inhibition de pensées négatives et qui contrôle le comportement impulsif.
Ce gène joue un rôle de traitement du stress. Les situations stressantes qui peuvent être facilement surmontées par une personne lambda, le seront très difficilement voire pas du tout, par une personne chez laquelle ce gène ne fonctionne pas bien.
Une mise en œuvre compliquée
Les chercheurs ont également réalisé des tests sur 325 sujets en vie. Ils ont pu garantir à 80% que certains candidats avaient déjà pensé au suicide ou avaient fait une tentative par le passé. Les résultats sont allés jusqu'à 90% pour les sujets qui présentent un risque de suicide grave et 96% pour le groupe des plus jeunes participants. Tout ça en examinant ce simple gène SKA2 tout en prenant en compte l'âge, le sexe et les niveaux de stress et d'anxiété.Le professeur Zachary Kaminsky rappelle que le suicide est un problème majeur de notre société. La découverte de cet indicateur génétique de la vulnérabilité du cerveau aux effets du stress et de l'anxiété peut permettre une prise en charge en amont des personnes fragiles. "Avec un test comme le nôtre, nous pourrions être en mesure d'endiguer le taux de suicide en identifiant les personnes et intervenir suffisamment tôt pour éviter une catastrophe", affirme-t-il. Ce test sanguin ne sera pas disponible avant au moins cinq à dix ans, a estimé Kaminsky à CNN.
voir aussi article A blood test for suicide?" sur Johns Hopkins Medicine. du 30 juillet 2014 ( en anglais)
Références étude citée :
Jerry Guintivano, Tori Brown, Alison Newcomer, Marcus Jones, Olivia Cox, Brion S. Maher, William W. Eaton, Jennifer L. Payne, Holly C. Wilcox, Zachary A. Kaminsky. Identification and Replication of a Combined Epigenetic and Genetic Biomarker Predicting Suicide and Suicidal Behaviors. American Journal of Psychiatry, 2014;
From
the Department of Psychiatry and Behavioral Sciences, Johns Hopkins
University School of Medicine, and the Department of Mental Health,
Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Baltimore.
Address correspondence to Dr. Kaminsky (zkamins1@jhmi.edu).
http://ajp.psychiatryonline.org/article.aspx?articleID=1892819