Le suicide : question individuelle ou sociétale ?
Suicide: individual or societal question?
* * *
Publié le mardi 01 octobre
2013 par
Élodie Faathsur http://calenda.org/260467?utm_source=lettre
Résumé
Dans le cadre d’un colloque de portée
internationale, les doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH) et
du centre de recherches sur les littératures et la sociopoétique (CELIS)
se proposent d’aborder le thème du suicide par un biais
pluridisciplinaire. Ce colloque se propose de poursuivre le
questionnement sur le suicide à travers une perspective
pluridisciplinaire, notamment la philosophie, l’histoire, le droit, la
littérature, la médecine et autres, afin d’en dégager plus globalement
les enjeux et les contradictions, et d’en apprécier les différentes
facettes, de sa répression institutionnelle à ses représentations les
plus fantaisistes en passant par sa réappropriation individuelle au nom
d’idéaux divers.
Annonce
Argumentaire
Dans le cadre d’un colloque de portée internationale, Le suicide : question individuelle ou sociétale ? (12-13 juin 2014, Clermont Ferrand) les doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH) et
du Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique
(CELIS) se proposent d’aborder le thème du suicide par un biais
pluridisciplinaire.
Le
suicide est un phénomène qui n’épargne aucune culture, aucun âge,
aucune condition sociale et aucun sexe : qu’y a-t-il de plus universel
et pourtant de plus occulté que le suicide ?
C’est
une banalité intéressante à rappeler : l’individu ne choisit pas de
naître ; si la vie est considérée comme un don aussi mystérieux que
précieux, le suicide est naturellement vécu et perçu d’emblée comme un
drame incompréhensible : pourquoi donc vouloir délibérément s’ôter la
vie ?
Mais
il est aussi un tabou social qu’il faut taire et esquiver davantage
encore que la simple mort : comment accepter que la volonté soit en
effet dirigée vers l’inexistence, que l’instinct de survie devienne un
désir de mort ?
La
réaction la plus spontanée consiste à chercher la cause de cet acte
fatidique dans une faiblesse physiologique ou un trouble du discernement
; il est légitime et quelque peu rassurant de réduire le suicide à une
pathologie en montrant que c’est une faillite de la vie, un manque de
santé ou un déséquilibre psychique, qui a conduit à la mort ; si dans
certaines conditions le suicide est en effet un événement brutal et
insensé qui aurait pu et doit être évité par des mesures de prévention
relevant des politiques de santé publique, une question mérite cependant
d’être posée : n’y a-t-il que de « mauvais » suicide ?
La
mort, l’événement le plus individuel qui soit, doit-elle être évaluée à
l’aune de valeurs générales et contrôlée par des interdictions
publiques ? D’un point de vue strictement moral, la réponse s’impose
avec trop d’évidence : un geste ultime qui enlève la possibilité même de
remédier à une souffrance et qui ne peut faire advenir aucun avenir
doit être tenu comme un mal radical et absolu.
Cependant,
sans même faire l’apologie du suicide, certains philosophes et
littérateurs n’ont pas trouvé de raisons de se suicider dans un mal-être
devenu invivable, mais dans un impératif d’existence supérieur et une
affirmation particulière de la liberté individuelle ; ils ont ainsi
donné une positivité esthétique, philosophique, éthique ou politique, à
l’annihilation de soi, trouvé une signification dans la perte de tout
sens : il faut interroger les modalités de ce suicide commis au nom
d’une plénitude de l’être et d’une conception de la vie qui se prétend
élevée et lucide : comment devenir soi-même en supprimant ce soi-même ?
Et après le suicide, qu’advient-il de ceux qui restent ?
Moyen
de contestation ou expression d’appartenance (suicides collectifs),
tour à tour fascinant et stigmatisé, maintenant des relations ambiguës
avec les valeurs sociales et pénales (le suicide assisté considéré en
France comme homicide), le suicide ne cesse d’interroger et d’imprégner
l’imaginaire collectif. Ce phénomène, problématique et pourtant constant
chez l’être humain, semble remettre en cause la notion de communauté et
de cohésion.
Les
oscillations des conceptions criminologique et victimologique n’ont eu
de cesse au cours de l’histoire de ponctuer un acte personnel. En 2007,
l’affaire Vincent Humbert positionne le suicide comme débat social. La
réprobation sociale a longtemps conditionné cet acte, mettant un terme à
la vie, au rang d’infraction pénale. En 1810, le Code Pénal français
met un terme à cette pénalisation du suicide. « En Angleterre, précise
George Minois dans Histoire du suicide : La société occidentale face à
la mort volontaire (1995), la dépénalisation est très tardive : les
sanctions religieuses ne sont abolies qu’en 1823, et les sanctions
civiles en 1870. Il faut attendre 1961 pour que le suicide ne soit plus
considéré comme un crime ». Mais cette dépénalisation du suicide n’a pas
stoppé les nombreuses interrogations et réflexions que cet acte suscite
encore. Ainsi, les formes d’euthanasie ou d’assistance au suicide sont
actuellement condamnées en France. La cour européenne des Droits de
l’Homme a déclaré que le suicide n’entre pour l’instant dans le champ
d’aucun Droit de l’Homme alors que certains pays comme les Pays-Bas ou
le Luxembourg autorisent le suicide assisté ou le suicide actif. En
France, le Comité Consultatif National d’Ethique a rendu en juillet 2013
son rapport recommandant de ne pas légaliser l’assistance au suicide ou
l’euthanasie.
Si
le suicide entretient l’intérêt de la recherche universitaire, il
semble pourtant n’avoir pas livré tous ses secrets. La recherche en
psychologie et sociologie a élaboré une base à la réflexion et mis en
place une approche scientifique qui semble prévaloir jusqu’ici.
Ce
colloque se propose de poursuivre le questionnement sur le suicide à
travers une perspective pluridisciplinaire, notamment la philosophie,
l’histoire, le droit, la littérature, la médecine et autres, afin d’en
dégager plus globalement les enjeux et les contradictions, et d’en
apprécier les différentes facettes, de sa répression institutionnelle à
ses représentations les plus fantaisistes en passant par sa
réappropriation individuelle au nom d’idéaux divers.
Quelques orientations non exhaustives peuvent être envisagées :
- Philosophie/Histoire du suicide ;
- Suicide et décision/répression (interdits actuels autour du suicide : suicide des enfants/adolescents ou des personnes âgées) ;
- Représentations/Scénarisations du suicide dans l’art et la littérature ;
- Au nom de quelle valeur morale ou sociale interdire le suicide ? Pourquoi mettre en place une politique de Santé publique de prévention des suicides ? Sur quel fondement ?
Modalités de soumission
Prière d’adresser les propositions de contribution (500 mots maximum) par courrier électronique à : doc.acdd.celis@gmail.com
avant le 1er décembre 2013.
Date limite de réponse et de confirmation / Deadline of acceptance : 31 janvier 2014.
Comité scientifique
- Pascale Auraix-Jonchière, Pr Littérature française
- Philippe Bourdin, Pr Histoire moderne
- Baptiste Boyer, Dr Médecine légale
- Anne-Blandine Caire, Pr Droit privé
- Charles-André Dubreuil, Pr Droit Public
- Pierre Ganivet, Mcf Histoire du Droit
- Laurent Gerbaud, Pr Service de santé universitaire
- Pierre-Michel Llorca, Pr Psychiatrie
- Catherine Milkovitch-Rioux, Mcf Littérature française
- Saulo Neiva, Pr Littérature portugaise et brésilienne
- Bertrand Nouailles, Agrégé et Dr en Philosophie
- Agnès Roche, Mcf Sciences Politiques
- Jean-Baptiste Perrier Mcf Droit Pénal
Comité d’organisation
Caroline Crépiat, Anaïs Gayte, Alice Juliet, Camille Moisan, Grégory Bouchaud, Gheorghe Derbac.
Bibliographie sélective
BACQUÉ, Marie-Frédérique (dir.), La Médecine face à la mort : Alliance ou combat ?, Paris, L’Esprit du Temps, 2013.
BAUDELOT, Christian, ESTABLET, Roger, Suicide, l’envers de notre monde, Paris, Editions du Seuil, 2006.
BAYET, Albert, Le suicide et la morale, (thèse), Paris, Librairie Félix Alcan, 1922.
BRAUD, Michel, La tentation du suicide dans les écrits autobiographiques 1930-1970, Paris, PUF, coll. « Perspectives critiques », 1992.
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CHEYNET de BEAUPRE, Aline, « Quand le vif saisit la mort», RJPF, 01/04/2013.
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Lieux
- Clermont-Ferrand, France (63)
Dates
- dimanche 01 décembre 2013
Mots-clés
- suicide, interdisciplinarité, droit, médecine, littérature
Contacts
- Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS) Doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH)
courriel : doc [dot] acdd [dot] celis [at] gmail [dot] com
Source de l'information
- Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS) Doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH)
courriel : doc [dot] acdd [dot] celis [at] gmail [dot] com
Pour citer cette annonce
« Le suicide : question individuelle ou sociétale ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 01 octobre 2013, http://calenda.org/260467