Méthodes de suicide
14 mars 2012
14 mars 2012
Publiée
dans la revue « European Child & Adolescent Psychiatry » en avril
2011, une étude s’intéresse aux méthodes de suicides utilisées par les
enfants et les adolescents. Elle souligne les stratégies de prévention
basées sur la restriction de l’accès à ces méthodes.
L’étude a pour objectif de voir si les méthodes
utilisées par les jeunes (0-19 ans) sont les mêmes que celles choisies
par les adultes. Elle se base sur les suicides en Suisse de 1998 à 2007
et ne tient pas compte des suicides assistés.
Bien que le taux de suicide ait reculé en Suisse ces
deux dernières décennies, le suicide reste une des causes principales de
mortalité chez les15-29 ans, nous rappelle l’étude. La restriction de
l’accès aux méthodes de suicide est une approche très importante dans la
prévention du suicide, d’où l’intérêt, pour l’équipe de chercheurs
ayant réalisé l’étude, de comprendre les différences de comportement, et
le choix des méthodes qui en découle, selon l’âge et le genre.
En résumé, les résultats de l’étude montrent que les
méthodes les plus utilisées par les jeunes hommes de 0 à 19 ans sont les
armes à feu (26,1%), la pendaison (25.2%), les rails de train (20.8%)
et le saut dans le vide (19.5%). Comparés aux hommes de plus de 19 ans,
les suicides sur les rails de train et par un saut dans le vide sont
particulièrement surreprésentés chez les enfants et les adolescents.
Concernant les jeunes femmes de 0 à 19 ans les méthodes
prédominantes sont les rails de train (31.8%), le saut dans le vide
(23.4%), la pendaison (18.7%) et les intoxications (16.8%). Les suicides
sur les rails de train sont surreprésentés, en comparaison avec les
femmes de plus de 19 ans.
Une des raisons avancée pour expliquer la
surreprésentation des suicides sur les rails de train chez les jeunes
est la grande accessibilité de cette méthode en Suisse, en effet, le
réseau ferroviaire y est très développé.
D’autre part, l’étude souligne le caractère souvent
impulsif du suicide chez les jeunes. Au vue de cet aspect
l’accessibilité des méthodes létales est directement liée avec le nombre
de passage à l’acte.
L’effet est clair pour les suicides par armes à feu :
plus l’accessibilité et la « familiarité » aux armes est grande, plus le
risque de passer à l’acte est élevé. Aux Etats-Unis et en Suisse par
exemple, où la concentration des armes à feu est particulièrement forte,
cette méthode est l’une des plus fréquentes lorsqu’on compare les taux
de suicide et les méthodes utilisées.
Aux vues des méthodes privilégiées par les jeunes,
l’étude conclu en soulignant l’importance des stratégies de prévention
par la réduction de l’accès aux méthodes. Réduire l’accessibilité des
armes à feu, sécuriser les « hot-spots » au abord des rails de train et
des ponts sont des moyens efficaces pour prévenir les suicides. En
parallèles de ces mesures, les médias doivent appliquer les lignes
directrices qui prévalent en la matière, et ce afin d’éviter tout risque
d’imitation et de glorification auprès du lectorat, dont les jeunes
forment un groupe particulièrement vulnérable.
Référence : European Child & Adolescent Psychiatry, Methods of suicide used by children and adolescents, Urs Hepp, Niklaus Stulz, Jürg Unger-Köppel& Vladeta Ajdacic-Gross, Springer, Volume 20, Number 4, Avril 2011
SOurce http://www.stopsuicide.ch