Semaine de prévention du suicide : l’état des lieux des conduites suicidaires
Communiqué de presse
Paru le 03/02/2025
Une hausse récente des décès par suicide et une relative stabilité des hospitalisations
Selon
les dernières données mises à disposition par le CépiDC (Inserm), 9 200
décès par suicide ont été recensés en 2022. Le taux de suicide brut
atteint 13,3 décès pour 100 000 habitants et un niveau trois fois plus
élevé chez les hommes que chez les femmes (20,8 et 6,3 pour 100 000,
respectivement) (graphique 1).
En baisse constante depuis le milieu
des années 1980, le taux de suicide parait avoir atteint un niveau
plancher au tournant de la décennie 2020. Une première hausse du taux de
suicide relevée en 2018 est en grande partie dues à une rupture de
série statistique liée à l’amélioration de la collecte des données et
doit être interprétée avec précaution. Néanmoins, le taux de décès par
suicide en 2022 augmente légèrement par rapport à 2021 (13,0) et 2020
(13,1).
S’agissant des tentatives de suicide,
les données les plus fiables et stables dans le temps reposent sur le
dénombrement des hospitalisations pour gestes auto-infligés (GAI), qui
englobent sans pouvoir les distinguer les tentatives de suicide et les
automutilations non suicidaires telles que les scarifications1
. 77 601 personnes de plus de 10 ans ont été hospitalisées au moins une
fois pour GAI dans les établissements de soins somatiques en 2023, soit
128 personnes pour 100 000 en 2023. Ce chiffre est relativement stable
par rapport aux années précédentes, à l’exception de l’année 2020,
marquée par le Covid qui a largement affecté les services de prise en
charge hospitalière.
Une hausse spectaculaire des hospitalisations chez les adolescentes et les jeunes femmes au cours de la dernière décennie
L’augmentation du nombre d’hospitalisations pour GAI chez les adolescentes et les femmes de moins de 25 ans, observable dès 2017, s’accélère à partir de 2020 et persiste au-delà de la période post-covid (graphique 2). 516 femmes de 15 à 19 ans sur 100 000 ont été hospitalisées en 2023 pour GAI, plus de quatre fois le taux observé chez les hommes (113 sur 100 000) et en hausse de 46 % par rapport à 2017. Dans le même temps, les hospitalisations pour gestes auto-infligés ont nettement reculé chez les femmes de 30 à 69 ans et chez les hommes de 30 à 59 ans. De ce point de vue, les inégalités entre les femmes et les hommes se réduisent nettement de 35 à 70 ans, tandis qu’elles ont fortement augmenté entre les jeunes femmes et leurs aînées.
Au contraire, le taux de décès par suicide des jeunes est cinq fois et demie plus faible que la moyenne (2,4 pour 100 000 contre 13,3). Les jeunes femmes demeurent la population chez qui le taux de suicide est le plus faible, mais celui-ci a augmenté de près de 40 % entre 2020 et 2022 – passant de 1,15 à 1,60 – tandis que celui des hommes restait relativement stable avant 45 ans.
Les hommes âgés, groupe au risque suicidaire le plus élevé
Souvent associé aux jeunes – chez qui celui-ci constitue la 2e cause de mortalité – le risque de décès par suicide est néanmoins, de très loin, beaucoup plus élevé chez les personnes les plus âgées, les femmes comme chez les hommes (graphique 3). Le taux de suicide des personnes âgées de 85-94 ans est de 35,2 pour 100 000, près du triple du taux mesuré pour l’ensemble de la population. Les hommes de 85 à 94 ans font face à un risque huit fois plus élevé que les femmes du même âge et 25 fois plus important que les hommes de moins de 25 ans. De plus, leur taux augmente nettement entre 2021 et 2022, passant de 77 à 86 suicides pour 100 000 habitants.
- 1Une partie substantielle des tentatives de suicide ne conduit pas à une hospitalisation et, inversement, nombre d’automutilations non suicidaires en font l’objet.