Une
 solution législative pour la prévention du suicide chez les étudiants :
 plaider en faveur du consentement libre et éclairé en réponse aux 
préoccupations liées au bien-être des étudiants
d'apres article https://www.hepi.ac.uk/* 10 février 2025 Par Emma Roberts
       
        
         Rédigé par le Dr Emma Roberts, directrice du département de droit à l'Université de Salford .
         La
 perte d’un étudiant par suicide est une tragédie profonde et 
déchirante, qui laisse les familles et les proches dévastés et révèle 
des lacunes critiques dans les systèmes de soutien au sein de 
l’enseignement supérieur. Chaque décès est non seulement une tragédie 
personnelle, mais aussi un échec systémique, soulignant le besoin urgent
 pour les établissements d’enseignement supérieur de renforcer leurs 
cadres de protection.
         Des données gouvernementales récentes ont révélé que 5,7 % des étudiants locaux ont signalé un problème de santé mentale à leur université en 2021/22, soit une augmentation significative par rapport à moins de 1 % en 2010/11
 . Malgré cette prise de conscience croissante des problèmes de santé 
mentale, le secteur de l'enseignement supérieur est aux prises avec la 
persistance alarmante des suicides d'étudiants.
         L’Office for National Statistics (ONS) a fait état d’ un
 taux de 3,0 décès pour 100 000 étudiants en Angleterre et au Pays de Galles au cours de l’année universitaire se terminant en 2020, ce qui équivaut à 64 vies perdues.
 Derrière chaque statistique se cache une famille en deuil, des 
questions sans réponse et la possibilité troublante que davantage aurait
 pu être fait. Ces statistiques obligent les universités à affronter des
 vérités dérangeantes sur leur capacité à soutenir les étudiants 
vulnérables.
         Le
 temps des solutions fragmentaires est révolu. Pour faire face à cette 
crise, des réformes audacieuses et systémiques sont nécessaires. L’une 
de ces réformes – l’introduction d’un système de consentement facultatif
 pour les contacts avec les services sociaux – pourrait transformer la 
façon dont les universités répondent aux étudiants en crise.
Un modèle de consentement par opt-outÀ
 l’heure actuelle, les universités ont généralement recours à des 
systèmes de consentement, dans lesquels les étudiants sont invités à 
désigner une personne à contacter en cas d’urgence. Ce système est connu
 sous le nom de modèle de consentement de Bristol. Lorsque ce système 
existe, il n’est pas toujours utilisé lorsque les étudiants sont 
confrontés à de graves problèmes de santé mentale. La réticence provient
 souvent de la crainte de ne pas respecter les lois sur la 
confidentialité et de la peur des répercussions juridiques. Cette 
hésitation peut entraîner des retards critiques dans l’implication du 
réseau de soutien d’un étudiant au moment où son bien-être peut être le 
plus menacé, ce qui empêche les universités de fournir des interventions
 rapides et vitales. En outre, les données suggèrent que de nombreux 
étudiants, en particulier ceux qui souffrent de problèmes de santé 
mentale, ne font pas appel à ces systèmes, ce qui empêche les 
institutions d’avertir leurs proches lorsque de graves problèmes 
surviennent. 
          Toutes les universités ne disposent pas d’un tel système. Et 
certaines universités, bien qu’elles puissent avoir un processus de « 
personne désignée », ne disposent pas de l’infrastructure nécessaire 
pour activer de manière appropriée le mécanisme de mise en relation avec
 la personne à contacter en cas d’urgence lorsque cela est le plus 
nécessaire. 
          Un modèle de consentement par option inverserait cette règle 
par défaut, en inscrivant automatiquement les étudiants dans un système 
où une personne de confiance – comme un parent, un tuteur ou un contact 
choisi – peut être informée si leur bien-être soulève de graves 
inquiétudes. Inspirée du système de consentement par option de don 
d’organes en vigueur en Angleterre et au Pays de Galles, cette approche 
donnerait la priorité à la protection sans porter atteinte à l’autonomie
 des étudiants. 
          La confidentialité doit être équilibrée avec la nécessité de 
protéger la vie. Un modèle de consentement par option offre précisément 
cet équilibre, en créant un filet de sécurité proactif qui soutient les 
étudiants tout en respectant leur indépendance.
Disposition législativePour
 qu'un tel système soit efficace, il doit être soutenu par une 
législation solide et des garanties pratiques. Les principales mesures à
 prendre sont les suivantes :
         - Communication complète
 : les universités doivent expliquer clairement le but et le 
fonctionnement du système de retrait lors de l’intégration des 
étudiants, en veillant à ce que les individus soient pleinement informés
 de leurs droits et de leurs options.
 - Déclencheurs définis
 : les critères permettant de solliciter un contact avec l'enfant 
doivent être transparents et appliqués de manière cohérente. Il peut 
s'agir d'absences prolongées, de comportements inquiétants ou de menaces
 explicites de préjudice.
 - Examens réguliers
 : les étudiants devraient avoir la possibilité de mettre à jour ou de 
retirer leur consentement tout au long de leurs études, garantissant que
 le système reste flexible et respectueux de l’évolution des 
circonstances personnelles.
 - Protection de la vie privée
 : les établissements doivent partager uniquement les informations 
essentielles avec le contact désigné, garantissant ainsi la préservation
 de la confidentialité plus large de l'étudiant.
 - Formation du personnel
 : le personnel universitaire, y compris le personnel des services 
académiques et professionnels, doit recevoir une formation régulière sur
 la reconnaissance des signes de crise de santé mentale, la gestion des 
limites de confidentialité et le respect des exigences du système de 
retrait. Cette formation contribuerait à garantir que les interventions 
sont opportunes, appropriées et conformes aux normes juridiques et 
institutionnelles.
 - Rapports et audits
 : les universités devraient mettre en place des mécanismes de rapport 
et d’audit solides pour évaluer l’efficacité du système de refus. Cela 
devrait inclure la tenue de registres des cas où le contact avec les 
services sociaux a été invoqué, le suivi des résultats et la réalisation
 d’audits périodiques pour identifier les lacunes ou les domaines à 
améliorer. Des rapports transparents permettraient non seulement 
d’améliorer la responsabilisation, mais aussi de favoriser la confiance 
entre les parties prenantes.
 
Les leçons du modèle du don d’organesLe
 système de refus du don d’organes mis en place au Pays de Galles et en 
Angleterre démontre l’efficacité d’une refonte du consentement pour 
favoriser l’intérêt général. Après sa mise en œuvre, la confiance du 
public a été maintenue et le nombre de donneurs d’organes enregistrés a augmenté
 . Une approche similaire dans l’enseignement supérieur pourrait établir
 une base de référence proactive pour la protection sans contraindre les
 étudiants à participer.
Surmonter les obstacles juridiques et culturelsLa
 crainte de dépasser les limites légales constitue un obstacle courant à
 la mise en œuvre de telles réformes. Actuellement, les universités 
hésitent à violer la confidentialité, même dans des situations 
critiques, de peur de trahir la confiance et la vie privée et de 
déclencher des poursuites judiciaires. L'inscription du système de 
retrait dans la loi, qui comprendrait les principales mesures énumérées 
ci-dessus, donnerait aux établissements la clarté et la confiance 
nécessaires pour agir de manière décisive, garantissant ainsi la 
cohérence dans l'ensemble du secteur. Sur le plan culturel, les 
universités doivent répondre au scepticisme potentiel en engageant le 
dialogue avec les étudiants, le personnel et les familles sur les 
objectifs et les garanties du système.
         La nécessité d’une action législative
         Pour
 garantir la mise en œuvre réussie d’un système de consentement par 
refus, des mesures décisives sont nécessaires de la part du gouvernement
 et des établissements d’enseignement supérieur. Le gouvernement doit 
prendre l’initiative en légiférant sur l’introduction de ce système, 
créant ainsi une approche cohérente à l’échelle du secteur pour 
préserver le bien-être des étudiants. Sans action législative, les 
universités resteront hésitantes, manquant de la clarté juridique et de 
la confiance nécessaires pour adopter un modèle aussi audacieux.
         La
 législation est le seul moyen de garantir que chaque étudiant, quel que
 soit l’endroit où il étudie, bénéficie du même niveau élevé de 
protection, mettant fin à la loterie actuelle des codes postaux dans les
 pratiques de protection dans l’ensemble du secteur.
         Un appel à l’action collective
         Les
 universités ne doivent cependant pas attendre sans rien faire que la 
législation prenne forme. Elles ont l’obligation morale de commencer dès
 maintenant à combler les lacunes de leurs systèmes de notification des 
prestations sociales. En élargissant ou en introduisant des systèmes 
d’adhésion volontaire comme mesure provisoire, les établissements 
peuvent commencer à combler ces lacunes, à recueillir des données 
essentielles et à affiner leurs pratiques en prévision d’une transition 
sectorielle.
         Les
 universités devraient s’unir au sein d’organismes sectoriels pour faire
 pression sur le gouvernement en faveur d’une réforme législative, 
démontrant ainsi leur engagement collectif à protéger les étudiants. En 
outre, les établissements doivent engager leurs communautés – étudiants,
 personnel et familles – dans un dialogue transparent sur les avantages 
et les garanties du modèle de retrait, garantissant une large base de 
compréhension et de soutien pour sa mise en œuvre éventuelle.
         Cette
 double approche, qui associe une action institutionnelle immédiate à 
une réforme législative à long terme, constitue une voie pragmatique et 
proactive. Les universités peuvent commencer à sauver des vies dès 
aujourd’hui tout en jetant les bases d’un cadre de protection solide, 
cohérent et juridiquement soutenu pour l’avenir.
         Établir une nouvelle norme pour la protection des étudiants
         La
 crise croissante de santé mentale chez les étudiants exige plus que de 
la bonne volonté institutionnelle : elle nécessite un changement 
systémique. Bien que le taux de suicide parmi les étudiants de 
l’enseignement supérieur soit inférieur à celui de la population 
générale, cela ne doit pas être un motif de complaisance. Chaque perte 
est une tragédie profonde et un signal clair que des améliorations 
systémiques sont nécessaires de toute urgence pour sauver des vies. Les 
établissements d’enseignement supérieur ont le devoir de donner la 
priorité au bien-être des étudiants et doivent s’assurer que leurs 
environnements offrent les normes de sécurité et de soutien les plus 
élevées. Un système de consentement de retrait pour les contacts avec 
les services sociaux n’est pas une panacée, mais il représente une étape
 essentielle vers la création d’environnements universitaires plus sûrs 
et plus favorables.
         Le
 secteur de l’enseignement supérieur reconnaît depuis longtemps 
l’importance du bien-être des étudiants, mais ses cadres actuels restent
 fragmentés et réactifs. Cette proposition est à la fois audacieuse et 
réalisable. Elle s’aligne sur les tendances sociétales en faveur d’une 
protection proactive, reflète une approche bienveillante du bien-être 
des étudiants et offre un mécanisme juridiquement solide pour prévenir 
de futures tragédies.
         Le
 suicide de 64 étudiants en une seule année universitaire est un rappel 
brutal de l’échec du statu quo. En adoptant un système de consentement 
libre et éclairé, les universités peuvent créer une culture de soins qui
 sauve des vies, soutient les familles en deuil et remplit son devoir de
 protection des étudiants.
         Il
 est temps d’agir. Avec le soutien du législateur et l’engagement de 
l’ensemble du secteur, cette réforme pourrait devenir la pierre 
angulaire d’une réponse nationale plus humaine et plus efficace à la 
prévention du suicide chez les étudiants.
https://www.hepi.ac.uk/2025/02/10/a-legislative-solution-to-student-suicide-prevention-advocating-for-opt-out-consent-in-response-to-student-welfare-concerns/