mardi 14 mai 2024

NOTICE ARTICLE Conduites suicidaires de la personne âgée : état des connaissances

Conduites suicidaires de la personne âgée : état des connaissances - 26/04/24

Doi : 10.1016/j.npg.2024.04.002 
S. Richard-Devantoy a, b, F. Jollant a, c, d, e, f,
a Institut de recherche en santé mentale Douglas, McGill Group for Suicide Studies (MGSS), université McGill, Montréal, Québec, Canada 
b Département de psychiatrie, CISSS des Laurentides, Saint-Jérôme, Québec, Canada 
c Faculté de médecine, université Paris-Saclay, Le Kremlin-Bicêtre, France 
d Service de psychiatrie, hôpital Bicêtre, APHP, Le Kremlin-Bicêtre, France 
e Service de psychiatrie, CHU de Nîmes, Nîmes, France 
f Equipe Moods, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), Inserm, Le Kremlin-Bicêtre, France 

Auteur correspondant : Service de psychiatrie, CHU Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France.Service de psychiatrie, CHU Bicêtre78, rue du Général-LeclercLe Kremlin-Bicêtre94270France
Sous presse dans NPG. Épreuves corrigées par l'auteur. Disponible en ligne depuis le Friday 26 April 2024

Résumé
En France, près de 8500 personnes décèdent de suicide chaque année dont plus de 30 % ont plus de 65 ans alors que cette classe d’âge représente environ 20 % de la population générale. Les taux de suicide sont les plus élevés parmi les hommes de 75 ans et plus, atteignant 49,5 pour 100 000 habitants, bien supérieur au taux moyen qui est de 13,4. Les tentatives de suicide sont moins fréquentes que pour les populations plus jeunes, en partie en raison d’une plus forte létalité des gestes suicidaires. Entre 3 et 5 % des personnes de plus de 65 ans ont exprimé des idées suicidaires au cours de la dernière année. Outre l’âge et le sexe, les principaux facteurs de risque suicidaires sont la maladie mentale, notamment la dépression, les troubles anxieux et les addictions ; les troubles neurocognitifs en début d’évolution ; la maladie physique douloureuse et invalidante, ou au pronostic vital engagé ; l’isolement social ; des événements de vie récents difficiles notamment les conflits interpersonnels, les difficultés financières, le veuvage chez les hommes, les changements de domicile, les maltraitances familiales et institutionnelles. La crise suicidaire est un état fluctuant et temporaire, de durée variable et sémiologiquement polymorphe. La douleur psychique est au cœur de la crise suicidaire ; le désespoir, les ruminations et les troubles du sommeil sont des éléments fréquents de ce tableau clinique. Nous décrivons ici brièvement plusieurs modèles cliniques, psychologiques et neurocognitifs du processus suicidaire. Au niveau individuel, la prévention du suicide repose sur l’identification des idées suicidaires de manière bienveillante et sans jugement, en reconnaissant la souffrance du sujet ; la mobilisation de l’entourage et des soignants, et la disponibilité ; la restriction d’accès à tout moyen létal ; le traitement actif de la maladie mentale, notamment de la dépression, des troubles anxieux et des addictions ; et la réduction de la douleur physique. La France a mis en place depuis 2018 une stratégie nationale de prévention du suicide dont une des conséquences positives générales pourrait être la déstigmatisation, la fin de nombreuses idées reçues délétères et la mobilisation de nombreux acteurs au niveau des territoires autour de cette question. Le suicide de la personne âgée n’est pas une fatalité. Toutefois, la législation attendue sur les soins de fin de vie pourrait venir heurter la prévention du suicide des personnes âgées.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Sujet âgé, Conduite suicidaire, Crise suicidaire, Épidémiologie, Prise en charge

Plan
Épidémiologie descriptive des conduites suicidaires
Dans le monde
En France
Facteurs de risque des conduites suicidaires
Clinique de la crise suicidaire
Modélisation des conduites suicidaires
Le modèle médical stress-vulnérabilité
Le modèle interpersonnel de Joiner
Le modèle motivationnel-volitionnel intégré de O’Connor
Le modèle en trois étapes de Klonsky
Compréhension neurocognitive des conduites suicidaires
La prévention du suicide au niveau individuel
Identifier les idées suicidaires
Ne pas rester seul et être disponible
Restreindre l’accès aux moyens létaux
Traiter la maladie mentale et la douleur physique
La stratégie nationale de prévention du suicide en France
Conclusion
Déclaration de liens d’intérêts