Publié le 17/04/2024 https://www.lyonne.fr*
Pensées suicidaires, désarroi grandissant… Pas simple de parler santé mentale des jeunes. La semaine dernière à Toucy, cinq classes de seconde du collège-lycée Pierre-Larousse prenaient la thématique à bras-le-corps. "Beaucoup de travail est fait actuellement sur ce sujet compliqué. Les jeunes ne vont pas trop bien. Sans avoir fait d’étude, on le ressent quand même sur l’établissement", témoigne l’infirmière Pascale Millière, référente pour la cité scolaire poyaudine et les écoles du secteur rattachées au collège. À travers leur service sanitaire, des étudiants en santé de l’Université de Bourgogne à Dijon, trois en médecine et trois en pharmacie, ouvraient le débat en théorie et en pratique.
"Certains groupes avaient du mal à exprimer leur soutien"
Sur le tableau vert de cette salle de classe, apparaissent quatre priorités lorsqu’un camarade ne va pas bien : "remarquer, faire le premier pas, discuter, l’aider à se faire aider". En 3e année de médecine, Aidan Wilson trouvait opportun d’aborder cette problématique "plus marquante" que les autres. "Dans ce travail cadré et pertinent, il y a des raisons personnelles mais aussi une envie de transmettre des informations utiles."
En lien avec l’Université de Lille, la cité scolaire a choisi de poursuivre la démarche, après la venue d’étudiants de l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) d’Auxerre. "Maintenant, le service sanitaire est obligatoire dans tous les cursus d’étudiants en santé. Nous, en tant qu’établissement, nous ne sommes pas obligés de l’accepter", explique l’infirmière à Toucy.
Sur fond de climat sociétal lourd, Manon Gourbeyre, en médecine, évoque une double augmentation. "Des consultations aux urgences dues aux conduites suicidaires. Et, chez les ados et jeunes adultes, des troubles dépressifs et anxieux. Le Covid n’a rien arrangé."
Sorte de mises en situation, des scènes proposées s’inspirent du contexte familial ou de l’établissement. Les élèves ont un rôle, l’improvisent, se concertent, analysent la situation. L’expérience développe chez les jeunes l’empathie, la compassion. "J’ai fait exprès de mettre quelqu’un de renfermé et doux dans un rôle plus méchant", soutient Sara Babonneau, en 5e année de pharmacie. Des conditions "réelles" pas si faciles à gérer pour les lycéens, répartis en demi-groupes. "Certains avaient du mal à exprimer leur soutien. Dur de rassurer. Décontenancés, ils ne savaient pas quoi dire."
(photo V. T.)
"Même si vous ne connaissez pas la personne, il faut bien tenter
quelque chose. Lui demander son ressenti, rebondir sur ce qu’elle dit et
s’adapter à son discours."
Manon Gourbeyre (Étudiante en 3e année de médecine à l'Université de Dijon, intervenue à Toucy)
Un exercice impliquait le personnage de Maëlle, assez braqué. "Elle n’arrêtait pas de dire oui ou non", réagit un lycéen. Une élève partage ses astuces. "On a proposé à Maëlle d’aller voir l’infirmière, à plusieurs, chacun à des heures différentes." Sara opte pour "un endroit calme, sans adulte". Un cadre hors lycée peut se révéler aussi libérateur et apaisant.
"Ils nous ont initiés à avoir de l’empathie"
"On leur a donné des ressources : les adultes et professionnels à qui parler, dire qu’ils n’ont pas à prendre une telle charge mentale lorsqu’ils vont mal", transmet Aidan. "La présentation ne vise pas celui ou celle qui va mal. C’est la démarche qu’on devrait adopter si on repère quelqu’un en mal-être."
Bien que la personne nous soit inconnue, "il faut bien tenter quelque chose", motive Manon. "Lui demander son ressenti, rebondir sur ce qu’elle dit et s’adapter à son discours." La mettre en confiance. "Plus vous la ferez parler, plus vous vous mettrez à sa place", complète Sara. Les six étudiants mobilisés à Toucy, au-delà de solutions à court terme, invitent les lycéens à "appuyer sur ces ressources autour de vous".
Mathilde, 15 ans, en ressort convaincue. "Ils nous ont initiés à avoir de l’empathie, à essayer d’écouter la personne pour l’aider. Et les petits sketchs, c’était sympa ! Le mal-être, je ne l’ai pas vécu aussi violemment mais je savais que cela existait. Pouvoir apprendre des choses essentielles sur ma santé mentale me paraît intéressant."
Exemples de "ressources gratuites et confidentielles".
À Auxerre : Maison des adolescents (03.86.40.65.05), Consultation
jeunes consommateurs (03.86.51.46.99), Centre de santé sexuelle
(03.86.49.59.00).
À Toucy : Centre médico-psychologique (03.86.72.13.32). 31 14 : numéro national de prévention du suicide.
https://www.lyonne.fr/toucy-89130/actualites/mal-etre-et-sante-mentale-des-etudiants-de-dijon-viennent-en-aide-a-des-lyceens-de-toucy_14487080/