lundi 30 octobre 2023

Côtes-d'Armor et Finistère Suicide et mal-être en agriculture : la MSA réagit

Suicide et mal-être en agriculture : la MSA réagit

Depuis plusieurs années, la MSA d'Armorique (Côtes-d'Armor et Finistère) aide ses ressortissants et les accompagne face à une situation de souffrance ou de détresse.
La MSA d’Armorique recevait Olivier Demaisin (troisième personne en partant de la droite) coordinateur national interministériel du Plan de prévention en mal-être en agriculture. ©Manon LE YAN


Par Manon Le Yan Publié le 24 Oct 23 https://actu.fr/*
 
« Le suicide en agriculture est un sujet récurrent depuis de nombreuses années. La MSA a réagi en travaillant de son côté. C’est un sujet tabou qui a été brisé en 2019 avec la sortie du film d’Edouard Bergeon, Au nom de la terre. Diffusé dans les ministères, il a permis d’ouvrir les yeux des politiques et de débloquer des choses », explique Olivier Demaisin, coordinateur national interministériel du Plan prévention mal-être en agriculture.


La MSA d’Armorique (Côtes-d’Armor et Finistère) recevait, la semaine dernière à Plestin-les-Grèves, l’ancien député.

L’occasion de rappeler les grands chantiers de son programme de lutte contre le mal-être des populations agricoles, ainsi que les actions et les moyens qu’elle déploie au quotidien.
Une feuille de route nationale

C’est en novembre 2021 que le Gouvernement a dévoilé la feuille de route élaborée pour accompagner les agriculteurs, leurs salariés et leur famille en situation de mal-être. Cette feuille de route se situe dans le prolongement du Rapport Demaisin dans lequel 29 propositions ont été formulées pour améliorer les actions de sensibilisation et d’accompagnement des agriculteurs en difficulté.


La MSA, répond présent et poursuit le déploiement d’actions et d’initiatives depuis 2011, notamment dans le cadre des plans d’actions contre le suicide.

« Il y a un coordinateur nommé par le préfet dans chaque département. C’est un appui énorme. Chaque département a ses spécificités. Ce ne sont pas les mêmes problématiques selon les territoires. Nous organisons des échanges, des temps de sensibilisation. Chaque secteur a sa façon de travailler. Nous devons harmoniser le tout, garder ce qui est bon et améliorer ce qui l’est moins. Nous mettons tout en réseau pour qu’on aille tous ensemble vers le mieux-être », note Olivier Demaisin.
Sept étapes

Le premier chantier concerne la prévention des actes suicidaires. L’objectif est de mettre en œuvre la stratégie nationale de prévention du suicide dans le monde agricole.Vidéos : en ce moment sur Actu


Second chantier, l’accès au droit. Il s’agit de lever les obstacles qui bloquent l’accès aux droits.

L’absorption des chocs sur le revenu est le thème du troisième chantier. Il est question d’étaler les dettes et les dispositifs de prises en charge en cas de perte ou baisse soudaine de revenu.

La MSA joue le jeu et propose l’étalement quand cela est possible.


Chantier numéro quatre : la reconnaissance des maladies professionnelles. Les agriculteurs voient rarement le médecin. Il faut améliorer la prise en charge et prendre en compte les pathologies psychiques liées au travail.

Chantier cinq : santé, sécurité et qualité de la vie au travail. L’objectif : intégrer la prévention du mal-être (risques psychosociaux) dans la politique de santé au travail pour des salariés et des agriculteurs.

Sixième étape, conciliation vie personnelle et familiale/vie professionnelle. « Des exploitations viables, mais aussi vivables », formule Marc Fesneau.

Enfin, chantier accompagner les transitions agricoles pour en diminuer les risques psychosociaux.
La déclinaison régionale du plan mal-être

Dans chaque département, le préfet met en place un comité « plénier » dédié à la prévention du mal-être agricole avec : les administrations de l’État concernées, la MSA, les collectivités locales, la chambre d’agriculture, etc.

Ce comité se réunit deux fois par an et il garantit la feuille de route du plan interministériel, facilite la coordination entre les acteurs impliqués et les partenaires, garantit l’offre de service sur le territoire, lève les difficultés rencontrées, dresse le bilan des mesures prises selon les indicateurs spécifiques, valorise les actions partenariales engagées sur le territoire.


Dans chaque département, le comité plénier est doté d’un comité « technique » qui doit dans un premier temps élaborer un diagnostic partagé et faire un recensement des outils disponibles à l’échelon territorial.

Ce comité n’a pas vocation à traiter de sujets individuels en lien notamment avec des situations de mal-être. Le traitement de ces situations se fait au sein de la cellule de prévention du suicide de la MSA, des accompagnements des travailleurs sociaux et pour la partie économique, dans le cadre des cellules.
Le réseau sentinelle

En juillet 2013, la MSA d’Armorique, qui avait créé une cellule de prévention suicide en 2012, met en place un réseau de sentinelles dont l’objectif est de compléter le maillage Prévention déjà existant sur ses territoires et d’améliorer le filet de sécurité pour aider les personnes en souffrance.

Les sentinelles sont des personnes anonymes bénévoles (professionnelles ou non, retraités, conseillers en prévention, élus, travailleurs sociaux, etc.) volontaires, majeures, formées et soutenues par des professionnels de la prévention pour tenir un rôle de repérage et d’orientation des personnes en situation de mal-être, repérer les signes précurseurs et intervenir en amont.

Elles constituent un relais entre la personne en difficulté et les structures spécialisées (en soins, aide sociale, économique).

La MSA d’Armorique compte 170 sentinelles formées, dont 41 nouvelles en 2022.

« Nous proposons des solutions pour les agriculteurs en souffrance. Notre dynamique est d’ » aller vers » », précise Bernard Simon, président de la MSA d’Armorique.
Pratique. Le 28 novembre, formation sentinelle à Châteaulin. Conférence sur la Qualité de vie et des conditions de travail à destination des actifs agricoles, le 9 novembre à Landrévarzec, le 16 novembre à Landivisiau à 20 h 30. Agri’Ecoute : 09 69 39 29 19, accessible 24 h/24, 7j/7, gratuit. Numéro national de prévention du suicide : 31 14.

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